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L'agriculture biologique au Tchad; Sa pratique et sa contribution pour la préservation des équilibres écologiques de base

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par Siadmadji ALLAISSEM
CREFELD (Centre Régional Education et de Formation Environnementale pour Lutter contre la Desertification) - Master-2 en Environnement et Developpement Communautaire 2008
  

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5.2.4. Etude de cas :

L'agriculture biologique connaît depuis quelques années dans certains pays en voie de développement (PVD), un essor fulgurant malgré un environnement institutionnel moins incitatif lié aux contraintes similaires à celles du Tchad. Plusieurs facteurs plaident davantage en faveur d'une pratique agricole saine. C'est pourquoi, nous nous proposons de faire le point sur les avancées de l'agriculture biologique en présentant des expériences réalisées dans certains pays.

Au Togo par exemple, plusieurs ONGs et associations s'activent dans la promotion et l'expansion de l'agriculture biologique. Ainsi, des résultats très encourageants ont été obtenus notamment sur la culture du coton et de l'igname biologique. Malgré ces résultats, il demeure un écueil de taille à l'essor de l'agriculture biologique, c'est l'absence d'un cadre réglementaire et législatif précis.

Les problèmes générés par la production du coton conventionnel, qui sont entre autres des cas fréquents d'intoxication alimentaire, l'endettement des producteurs du coton, l'exposition aux produits chimiques, la stérilité des sols en zone cotonnières et la cherté des intrants chimiques ont conduit à l'avènement du coton bio au Togo. Les résultats de la campagne 2001-2002 ont été très encourageants avec plus de 22,5 tonnes sur 12 hectares. Ce qui constitue presque un record.

Les ONGs développent avec les paysans les techniques, normes et stratégies bios, puis les diffusent par ses techniciens bénévoles. Actuellement, plus de1200 paysans ont été bien sensibilisés aux méthodes bios du coton. Cet exemple est à imiter dans un pays comme le notre où les paysans continuent de croupir dans la misère à travers la culture du coton.

A coté du coton bio, au Togo, l'igname et l'ananas biologiques sont produits d'une manière intensive sur environ 1600 hectares. Une partie est exportée vers l'Europe et une autre transformée localement. En raison de forte campagne menée, plusieurs ONGs se sont intéressées pour la filière et dans les années à venir, le bio prendra des proportions satisfaisantes dans ce pays.

Sur le plan institutionnel, un plan de valorisation de l'agriculture biologique au Togo (PVABT) a été crée, lequel plan contient la mise sur pied d'un comité local de certification des produits biologiques ainsi que la proposition de réforme des textes phytosanitaires existants. Pour soutenir ce plan, un réseau bio Togo a été crée sous l'impulsion des ONGs dynamiques en matière de promotion biologique. Voilà des démarches louables qui n'existent pas encore au Tchad et qui méritent d'être copiées.

A Madagascar par exemple, la filière bio a commencé depuis les années 1980. Une société française et une autre allemande ont toutes deux commencé la production d'épices et d'autres produits destinés à l'exportation. En 1993, trois entrepreneurs ont crée une association qui a pour principaux objectifs de promouvoir l'agrobiologie et de soutenir les producteurs. Entre 1994 et 1996, les sociétés privées ont reçu le soutien de l'Agence Allemande (GTZ). Les objectifs du programme étaient de renforcer les positions des producteurs bios et des sociétés potentiellement productrices des produits bios et de négocier les meilleurs termes avec les partenaires importateurs et négociants.

L'Agence Américaine pour le Développement International (USAID) a apporté son aide à la filière bio par le biais du cofinancement des séminaires sur l'agriculture biologique, du financement des cours à l'université et de biens d'autres programmes.

Avec une filière biologique de petite taille et relativement jeune à Madagascar, de nombreuses contraintes sont apparues limitant la croissance de la production et le secteur de l'exportation. Les facteurs les plus importants sont :

- le manque d'information et des connaissances sur les principes et les méthodes biologiques ;

- le manque des connaissances du règlement de la Communauté Européenne (CE) et le manque d'information sur les procédures de certification et la documentation requise ;

- le manque des normes nationales et des règles en matière de l'agriculture biologique.

Cinq agences internationales apportent actuellement leur soutien à la filière bio par le biais des projets et d'une assistance technique. Parmi les activités se trouve un projet portant le nom de PAPAT qui signifie : Projet d'Amélioration des Plantes à Tubercule. Ce projet se concentre uniquement sur l'amélioration des patates douces, du manioc et même la pomme de terre. Le projet favorise l'utilisation des fertilisants biologiques comme le compost, le fumier ...afin d'améliorer la fertilité du sol.

En 1997 et1998 par exemple, une société Malgache a exporté des pommes biologiques vers l'Allemagne. D'une part, les exportations paraissaient prometteuses. Cependant, les problèmes de qualité des fruits se posaient à l'arrivée sur le marché allemand. Ils étaient infectés par le « bitter bit », qui se traduisait par des taches brunes à l'intérieur du fruit. Cette qualité médiocre des fruits a gêné la poursuite des exportations par suite de manque d'expérience et ont contribué à l'échec de la mise en place d'un secteur biologique. Cet exemple illustre les difficultés de production et d'exportation des fruits frais biologiques de haute qualité.

Un autre exemple est celui d'une autre société malgache qui a commencé à exporter des haricots vers biologiques « extra fin » vers l'Europe fin 1998. Un importateur hollandais a demandé ce produit pour les mois de janvier à mars. L'exportateur malgache avait gagné de l'expérience dans la production des haricots par une culture en sillons pendant la saison sèche et se sentait capable d'en fournir pendant les autres mois également. Cependant, de janvier à mars, le pays a inhabituellement des pluies et la production du haricot est difficile à cause des maladies pendant les récoltes. La première expédition est arrivée sur le marché destinataire avec une qualité médiocre. L'importateur a refusé l'expédition et annulé toutes relations commerciales pour l'avenir. Au cours des autres mois de l'année, l'importateur reçoit l'approvisionnement des pays plus proches de l'Europe avec des frais de transport moindres.

Les principaux problèmes rencontrés dans ce cas sont :

- la saison d'approvisionnement et la demande étrangère ne se coïncidents pas ;

- le prix de production était élevé et pas compétitif par rapport à d'autres fournisseurs.

Ainsi donc, nous pourront dire qu'à Madagascar, malgré les efforts consentis pour la promotion du secteur bio, peu de succès ont été obtenus à nos jours. Cela est dû à certaines contraintes qu'on peut aussi rencontrer dans le cadre de la production biologique au Tchad.

Selon la revue Agridoc (2003), le Cameroun où l'agriculture emploie plus de la moitié de la population active est l'un des pays les mieux placés pour prétendre au développement d'une agriculture biologique. En effet, malgré le fait que l'agriculture ait suivi une évolution technologique, elle a su conserver les savoir-faire traditionnels qui sont convertis en agriculture biologique.

La certification reste un problème majeur empêchant le développement de l'agrobiologie. Les pionniers de cette filière sont J. Tetang (Export agro) et une autre association qui ont démarré le projet en 1990.

Au niveau des opérateurs économiques, l'Association pour la Promotion de l'Agriculture Biologique au Cameroun (ASPABIC) est la seule structure regroupant une centaine d'organisation des producteurs, des exportateurs, des chercheurs ainsi que des sympathisants de l'agriculture biologique. Les activités de celle-ci ont conduit à un accroissement des effectifs des producteurs et pour certains à des changements de convictions, passant de l'agriculture biologique passive à une pratique basée sur le cahier de charges.

Les contraintes sont d'ordre sanitaire, technique, organisationnel et externe. Le marché local reste informel et embryonnaire, mais les facteurs de son épanouissement se dessinent à savoir :

- le changement des habitudes alimentaires (demande de plus en plus croissante des produits et denrées non fertilisés aux engrais chimiques) ;

- la tendance à l'uniformisation des habitudes alimentaires ;

- l'action de l'organisation des consommateurs ;

Le circuit de commercialisation est très court et se limite à trois intervenants qui sont les, producteurs, les exportateurs et les importateurs.

Au Cameroun, les atouts pour le développement de l'agriculture biologique sont importants malgré les contraintes énoncées ci-dessus. Il y a le potentiel naturel, le potentiel humain et la conjoncture économique agricole. Le développement de la filière s'est traduit par un accroissement significatif des productions et du nombre des opérateurs.

Les producteurs se partagent en trois catégories en fonction de la taille des exploitations et du régime foncier :

- les petits producteurs fermiers qu'on rencontre dans toutes les zones. Ce sont les exploitations familiales impliquées dans le commerce qui produisent ananas, papayes, piments, avocats et diverses cultures vivrières. Ces exploitations ont des tailles allant de un à deux hectares ;

- les producteurs des exploitations commerciales. La taille des exploitations est de deux à dix hectares. Les spéculations sont ananas, papaye, cacao, café...et on les trouve surtout dans les provinces du centre ;

- les producteurs des cultures de rentes. La taille des exploitations va de cinq à plus de cent hectares. Ce sont les producteurs reconvertis à la production biologique. Les principales spéculations sont : cacao, café et palmier.

Ce secteur est prometteur au Cameroun, cependant, beaucoup reste encore à faire pour son développement. C'est pourquoi, le Tchad pour se lancer dans la pratique biologique doit tirer des leçons de toutes ces expériences.

Au Mali également, des pas importants ont été franchis notamment sur le coton, l'igname, les patates douces, les papayes et bien d'autres produits biologiques. Grâce à l'appui de Helvetas qui est une association suisse de coopération et de développement, les produits ont pris leurs marques. Des productions importantes sont faites et les travaux de recherche de qualité accompagnent ce progrès. Les contraintes et les atouts restent presque les mêmes que dans les pays étudiés ci haut.

Quant au Sénégal, le secteur de l'agriculture biologique se développe à un rythme impressionnant. ONGs et associations se multiplient, amenant les autorités politiques à accorder une oreille attentive aux préoccupations de ce secteur. Ainsi, le Conseil Sénégalais pour l'Agriculture Biologique (COSAB) est devenu un cadre de réflexion et d'action incontournable. Il impulse le développement de ce secteur.

D'une manière générale, nous dirons que ces différentes et probantes expériences sur l'agrobiologie, permettent d'en faire le point. C'est une halte pour le Tchad d'évaluer le chemin parcouru en agriculture conventionnelle et de s'orienter vers l'agriculture biologique pour ce qui reste à faire. Car la pratique bio est la seule issue pouvant l'aider à régler certains de ses problèmes environnementaux et à se hisser à une compétitivité sur le marché extérieur malgré les contraintes.

Ainsi donc, la pratique de l'agrobiologie peut contribuer réellement à la préservation des équilibres écologiques de base si les remarques et suggestions, tirées de toutes ces expériences vécues ailleurs et présentées dans le chapitre qui suit, soient prises en compte.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams