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Besoin d'estime sociale et stratégies d'insertion professionnelle

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par Alfred Bessiga Bina
Université de Douala - Master II 2007
  

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Chapitre 1 : PROBLEMATIQUE

1.1. Contexte général de l'étude

L'insertion professionnelle qui impulse le jeune à un statut social remarquable est de plus en plus une préoccupation principale de ce dernier, et ceci devient davantage sérieux dans un contexte marqué par un ensemble de phénomènes, tels la précarité de l'emploi, la segmentation du marché du travail, le chômage, la crise économique etc.

Les transformations économiques actuelles ont pour leur part conduit à la segmentation du travail et de l'emploi. Selon la théorie de la segmentation, il n'existe plus un seul mais plusieurs marchés du travail cloisonnés. On distingue ainsi selon Tanguy (1986) le segment primaire dans lequel on retrouve des emplois intéressants et mieux payés. Dans ce segment, Orivel et Eicher (1975) catégorisent trois types de marchés.

- Le marché supérieur : c'est celui dans lequel les emplois exigent une formation initiale élevée de nature générale, une forte capacité de mobilité d'un emploi à un autre et même d'une entreprise à une autre.

- Le marché secondaire qui englobe les salariés de plus en plus nombreux mais est celui des emplois mal payés et exercés parfois dans des conditions déplorables. Sur ce marché, Maruani (1997) pense que les travailleurs n'ont besoin que de peu de formation.

- Le marché primaire, lui, nécessite une formation initiale plutôt technique et assez réduite. Pour de nombreux salariés, l'emploi est ainsi devenu précaire. Mais Paugam (2000) observe que ce n'est pas que l'emploi qui est désormais précaire. Le travail l'est devenu, lui aussi.

Maillard (1968) pense que l'entrée dans la vie active se fait mal, en ce qui concerne les jeunes, dans le domaine de l'emploi. Cette entrée dans la vie active est devenue une préoccupation pour l'humanité peut être, selon Evola (1996), à cause du chômage. Le phénomène du chômage peut s'expliquer par la croissance de la population active. Cette dernière est la tranche en age de travailler de la population totale et qui dispose d'un emploi ou est au chômage. Dans le manuel des concepts et définitions utilisés dans les publications statistiques officielles du Cameroun, la population active comprend toutes les personnes qui fournissent durant une période de référence spécifiée, la main d'oeuvre disponible pour la production des biens et des services. Ainsi, durant la période quinquennale 1996-2001, la population active camerounaise a cru faisant passer le taux d'activité de 68,3% à 71,3%.

Rappelons que le taux d'activité désigne, dans un pays donné, le niveau général de participation au monde du travail de la population en age de travailler et l'importance relative de la main d'oeuvre disponible pour la production des biens et services dans l'économie. Cette croissance de la population active a pour corollaire de nouvelles arrivées sur le marché du travail favorisées par la croissance démographique.

A coté de la croissance de la population active, il y a la crise économique qui a frappé les pays africains en général et le Cameroun en particulier à la fin des années 80. Elle a fait passer le marché du travail camerounais d'une structure formelle de l'emploi salarié à une structure de l'emploi fortement dominée par le secteur informel. Ceci s'explique par le gel des recrutements dans la fonction publique qui alors était le principal pourvoyeur d'emplois dans le secteur formel. On est ainsi passé d'environ 136000 recrutements dans la fonction publique camerounaise en 1996 à 119000 en 1999 d'après la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DSCN) de février 2000.

Le secteur formel, qu'il soit public ou privé, concentre selon l'INS (2005) moins de 10% des emplois repartis de façon quasi égale entre le privé et le public avec respectivement des taux de 4,7% (pour le privé) et 4,9% (pour le secteur public). Face à la baisse des recrutements dans le secteur public, les statisticiens de l'INS ont pensé que le secteur privé prendrait pour pérenniser les embauches dans l'économie formelle. Mais l'on a constaté que la majorité des nouveaux arrivants sur le marché de l'emploi s'orientait vers le secteur informel. En terme de création d'emplois, l'économie informelle représente, au Cameroun, le plus grand pourvoyeur d'emplois avec près de 86% de la population active occupée en 2001 selon l'INS (op. cit.). La pauvreté et le peu d'emplois générés par le gel des recrutements dans le secteur « moderne » obligent les individus à s'orienter vers les segments précaires de l'emploi, tant en milieu rural dans l'agriculture de subsistance qu'en milieu urbain dans le petit commerce et les services comme le relève l'EESI (2005). Malgré cet intérêt pour le secteur informel, celui-ci présente des inconvénients. Il se caractérise par une très grande précarité car l'EESI (op. cit.) stipule que seulement 17,3% des unités de productions informelles disposent d'un local spécifique d'activité par exemple. Ce qui a pour conséquence de les priver d'accès aux principaux services publics que sont l'eau, l'électricité, le téléphone. La montée en puissance du secteur informel comme mode d'insertion privilégié de la main d'oeuvre se traduit par la multiplication de la création des

unités de production informelle. Bien qu'il permette dans une certaine mesure, de soulager l'Etat face à l'épineux problème du chômage, il s'accompagne en même temps d'une précarisation croissante des activités et des emplois.

Les statistiques du chômage font montre de la difficulté qu'ont les jeunes à trouver un emploi. L'insertion professionnelle est ainsi, comme nous l'avons relevé précédemment, une question préoccupante pour les politiques et principalement le gouvernement. L'investigation menée par le FNE sur l'évolution annuelle des résultats dans l'Annuaire Statistique de Cameroun révèle que le taux de chômage entre 1991 et 1999 atteindrait 71,5%, conséquence d'un taux de placement (insertion) en emplois salariés de 28,5% durant la même période.

L'Enquête Camerounaise Auprès des Ménages (ECAM) dans une étude sur l'ampleur et les caractéristiques du chômage au Cameroun en 1996 disait de ce dernier qu'il est principalement urbain. A cette période, ce taux est fixé à 8,1% sur l'échiquier national. Dans une étude plus récente, l'ECAM (2005) définit au plan national un taux de chômage de 4,4% en fonction des normes du Bureau International de Travail (BIT). Ce taux au niveau urbain s'élève 10,7%. Yaoundé et Douala affichant les valeurs les plus élevées avec respectivement 14,7% et 12,5%. Ces chiffres résultent dans de nombreux cas d'un chômage longue durée et selon l'ECAM (op. cit.) 47,3% des chômeurs sont des primo demandeurs d'emploi, 60% recherchent de préférence un emploi salarié, 22% un emploi indépendant et 18% sont indifférents.

Au sens du chômage élargi (chômeurs BIT + chômeurs découragés) le taux national est 6,2%, soit un écart de 1,8% par rapport au taux du BIT. Les chômeurs découragés sont en majorité des femmes.

1.2. Problème de l'étude

Le chômage frappe durement les jeunes car le taux de chômage chez ces derniers est près de trois fois plus élevé que celui des adultes. Ce taux croit avec le niveau d'instruction. L'ECAM (op. cit.) estime à moins de 10% le taux pour le niveau du premier cycle du secondaire. Il oscille entre 10,7% et 11,8% pour le second cycle du secondaire. Il est de 13,4% pour l'enseignement supérieur. Ces jeunes chômeurs sont pour la plupart à la recherche d'un premier emploi et ne sont pas, selon l'ECAM, détenteurs d'une qualification professionnelle. Cet impact qu'ont les actants sociaux (crise de l'emploi et économique,

chômage élevé) sur les plans de vie des jeunes engendre chez ces derniers des comportements tels : la baisse de l'enthousiasme et de l'ambition, le découragement, la démotivation. Les plus jeunes, influencés par les situations déplorables de leurs aînés qui, bien que possédant des diplômes et parfois des qualifications professionnelles, se retrouvent au chômage, sont déçus et découragés ; certains tendent vers l'arrêt des études. Obiang (2003 : 58) fixe le taux d'abandon de l'école à 75-80%. C'est aussi l'avis de Malcoms (1990 : 16) quand il traite des problèmes d'abandon d'école et des cours d'alphabétisation. Ces cas d'abandon ont des raisons soit économique, soit religieuse, soit culturelle. Mais audelà des considérations sus évoquées, ce sont la pauvreté, la faible création d'emplois et le système éducatif inadéquat orienté beaucoup plus vers l'enseignement général qui selon l'ECAM (op. cit.) seraient à l'origine du chômage des jeunes.

Au Cameroun, la particularité du système éducatif veut que ce soit après avoir dépassé l'âge de la jeunesse (au-delà de 25 ans) tel que définit par le BIT que les nouveaux demandeurs d'emplois diplômés font leur première entrée sur le marché du travail. La croissance démographique tendant à augmenter l'apport des jeunes à la demande d'emploi, l'accroissement du taux de scolarisation a pour effet de retarder l'entrée dans la vie active. Le système éducatif du pays oblige donc les jeunes à allonger leur parcours quitte à engranger de nombreux diplômes pour espérer décrocher un emploi salarié dans le secteur public ou le secteur privé formel. Levy-Leboyer (1971 : 187) pense que : « le niveau de diplômes obtenus peut décider des aspirations des individus, la qualité des compétences acquises et leur valeur dans la vie active. Les titres et les diplômes que les jeunes reçoivent à la fin de leurs études ne représentent pas seulement une attestation de savoir ou de mérite. Ils impliquent aussi le fait d'entrer dans un groupe social, large ou restreint, informel ou organisé selon le cas. Les études ont donc une double utilité : donner des aspirations élevées et fournir un moyen initial (une stratégie, à notre sens) de les satisfaire. »

Mais une scolarisation prolongée est coûteuse pour tous, même pour les familles moyennes qui ne sont pas arrêtées par cette considération. Et si les revenus de la famille sont modestes, il est quasi normal que les parents fassent pression sur les enfants pour qu'ils deviennent le plutôt productifs. C'est ainsi que celui qui sera rapidement détenteur du pouvoir financier sera gratifié d'une plus grande reconnaissance au mépris parfois de sa position dans la fratrie, voir dans la famille. La comparaison sociale qui peut naître d'une

pareille situation se fonde uniquement sur l'es avoirs matériels et financiers. Il y a comme une exaltation de l'argent au mépris des valeurs morales et intellectuelles. Ainsi, certains jeunes, étant donné l'incertitude qui plane sur leur avenir, se ruent sur tout ce qui s'offre à lui en terme d'activités, n'hésitant pas à saisir toutes les opportunités au mépris même des règles éthiques et déontologiques. La prolifération des sectes et mouvements ésotériques, la vulgarisation de l'homosexualité etc. en sont les preuves flagrantes. L'objectif étant d'obtenir un emploi, c'est-à-dire un gagne pain leur permettant de subvenir à leurs besoins et parfois par snobisme.

C'est eu égard de ce qui précède que nous avons défini notre travail de recherche. Nous pensons évaluer l'incidence du besoin d'estime sociale sur les stratégies d'insertion professionnelle.

1.3. Orientation théorique de l'étude

Les théories du capital humain représentent un corpus d'énoncés généraux servant à expliquer le processus par lequel les individus à la réalisation de leur insertion professionnelle. On retrouve parmi ces théories un ensemble d'approches qui appréhende l'insertion sur la base d'un certain nombre de déterminants. Les théories du choix professionnel s'intègrent dans cette optique en tant qu'approches. On les assimile à des modèles explicatifs. Elles procèdent par l'explication et la compréhension du processus de choix professionnel, utile pour l'insertion professionnelle qui assure la transition sociale. Les théories du choix professionnel s'inscrivent comme des approches théoriques (micro théories) de la théorie du capital humain. On distingue entre autres théories, l'approche du développement vocationnel de Ginsberg (1951), l'approche du développement de l'image de soi de Super (1985), l'approche de la carte cognitive commune des professions de Gottfredson (1981).

Ces différentes approches théoriques procèdent par la construction de l'identité personnelle et professionnelle. Cette construction de l'identité personnelle et professionnelle est inhérente au développement vocationnel et passe, selon Ginsberg, par l'école, par l'image de soi pour Super et par l'établissement d'une carte cognitive commune des professions au sens de Gottfredson. Le modèle théorique du capital humain sur lequel nous

fondons notre travail de recherche est l'approche du développement vocationnel de Ginsberg.

La théorie du développement vocationnel appréhende le processus d'insertion par le choix professionnel. Ce choix résulte d'une évolution progressive en étapes et se définit par la scolarisation. La théorie du développement vocationnel est, d'après Ginsberg et al, un processus continu qui prend sa source dans l'enfance et s'étend sur toute la vie d'un individu. Il s'élabore à travers trois périodes successives et irréversibles en ce qui concerne le choix et surtout la spécification professionnelle. Elle comprend les périodes du choix fantaisisme, de l'essayisme et celle du réalisme.

La période de choix fantaisistes constitue l'étape pendant laquelle l'individu fait des choix ne correspondant ni aux caractéristiques personnelles, ni à celles professionnelles. Elles correspondent uniquement à la petite enfance où l'enfant à tendance à imiter les personnages qui lui sont familiers : ce sont les parents, les vedettes, les héros, etc.

Les travaux de Wallon (1942) sur le développement de l'enfant ont permis à Ginsberg et al de postuler que c'est une période pendant laquelle il se constitue chez l'enfant des blocs syncrétiques d'impression et de réaction, qui lui font à l'occasion, revêtir des personnages ou des fragments de personnages distincts, suivant les situations par lesquelles il est passé et par où il repasse. De plus, la formulation du choix met en évidence le fait qu'il faille également, à un moment donné, tenir compte du facteur de réalité.

Dans la période des choix essayistes, Ginsberg identifie quatre stades. Les trois premiers sont ceux où l'enfant, loin d'être lui-même une source immédiate et primitive de connaissances d'où il tirerait des intuitions applicables à la réalité externe, commence par se confondre par sa sensibilité avec toute son ambiance. L'imitation de la première période cesse peu à peu et l'enfant cherche à extérioriser par l'expression de ses besoins, désirs intérêts et attitudes.

La période du réalisme s'exprime par la maturité professionnelle. Il s'agit de la réalisation du choix professionnel qui caractérise un projet réel. Et Evola (1996) pense, à ce sujet, que certaines personnes pour des raisons qu'elles jugent nécessaires, peuvent décider d'acquérir une formation très élevée pour accéder à une profession donnée, d'autres peuvent décider d'acquérir une formation moins élevée ou d'entrer dans la vie active en poursuivant leur formation ou y revenir plus tard. Certains peuvent tout simplement changer de choix

professionnel et par ricochet de stratégie d'insertion dans le cas d'une impossibilité majeure. Les stades ginsbergiens peuvent fournir des idées sur des facteurs qui, à certains moments donnés (ou à certaines périodes) doivent être considérés lors des choix professionnels ou pour connaître des stratégies devant être déployées au cours de ce processus.

L'idée centrale dans cette théorie est que le choix professionnel, déterminant de la stratégie d'insertion professionnelle, est le résultat d'un long processus de maturation. Pour Ginsberg, le développement de la personne se fait pendant toute sa vie à travers les périodes de l'enfance, de l'adolescence, d'adulte et de vieillissement et le développement vocationnel épouse le développement de la personne à travers les phases préalables de choix professionnels, d'activité professionnelle et de la retraite.

C'est ainsi la phase du modèle professionnel structuré se traduisant par l'élaboration d'un projet professionnel utilisé comme moyen ou mieux comme stratégie d'insertion professionnelle. Il s'agit pour le jeune, selon Ginsberg, de parvenir à ce stade par le biais d'une scolarisation généralement élevée. C'est donc dans la période du réalisme que le jeune va spécifier et son choix, et la méthode par laquelle il s'emploiera pour parvenir à une insertion qui constitue la finalité du processus de choix. C'est ainsi que Ginsberg et al conçoivent la stratégie d'insertion à travers la spécification professionnelle que confèrent l'école et les études. La spécification professionnelle est fondamentale pour la construction du projet et c'est ce projet professionnel qui est le principal outil utilisé dans le processus d'insertion.

Pour Ginsberg et al, l'insertion professionnelle est la résultante d'une construction identitaire qui est à la fois personnelle et professionnelle et passe par l'école et les études dans lesquelles sont engagés les jeunes.

Le modèle théorique de Ginsberg et al ne tient pas compte des multiples changements qui ont touché le domaine du travail et de l'emploi. Cette approche s'inscrit dans une perspective qui ne prend pas en considération la segmentation du marché tant du travail que de l'emploi, l'augmentation de la demande de travail inhérente à la croissance démographique ou encore la pauvreté ambiante corollaire du chômage dont les statistiques sont assez expressives. Nous n'ignorons pas que la paupérisation des populations, la rareté de l'emploi et même la corruption sont à considérer dans un contexte où, il faut le souligner, l'école seule n'est plus garante de l'évidence de l'insertion.

Ainsi avons nous pensé qu'il était utile de vérifier l'impact du concept de besoin d'estime sociale sur le choix d'une stratégie plus qu'une autre dans le processus d'insertion professionnelle. Le besoin d'estime sociale s'inscrit dans un environnement empreint d'un malaise profond causé par le chômage en général et du chômage des jeunes dont la population est en nette augmentation en particulier. Cet environnement est celui dans lequel sévissent dans la jeunesse les fléaux sociaux tels la prostitution, l'alcoolisme, la délinquance, la promiscuité, la toxicomanie etc. ; et, par l'adoption de ces comportements, les jeunes témoignent de leur révolte à l'endroit de la société et du pouvoir politique. Ils sont, par conséquent, hostiles à toute autorité parce qu'ils se sentent abandonnés à euxmêmes, laissés pour compte. La conséquence est, à n'en point douter, le problème actuel constaté dans notre société dans une frange de la population à savoir l'inertie de la jeunesse. On peut en déduire que l'environnement social joue un rôle important dans les comportements individuels ; comportement que Fortin et Poirier (1979 : 18) considèrent comme : « la résultante des facteurs psychologiques qui regroupent à la fois la combinaison des facteurs psychiques, biologiques et sociaux». C'est la raison pour laquelle notre choix théorique en terme explicatif se base sur la théorie des besoins d'Abraham Maslow. Cette théorie postule que les besoins s'expriment dans un ordre croissant, partant de ceux physiologiques aux besoins de réalisation de soi qui constitue le dernier stade. L'avant dernier stade étant celui d'estime sociale qui nous intéresse. C'est ainsi la théorie des besoins qui constitue le corpus d'énoncés généraux ayant valeur prédictive et explicative d'un certain nombre de comportements que nous comptons utiliser pour appréhender notre sujet dont la précision de l'interrogation centrale est nécessaire.

1.4. Question de recherche et hypothèse générale

Les données établies sur le chômage par l'ECAM (2005) dénotent d'un pour assez significatif pour ce qui est du niveau d'instruction du supérieur. Ces statistiques témoignent du malaise des jeunes sur l'étendue du territoire tant au plan du BIT que du chômage élargi. Le chômage affecte trois fois plus les jeunes et concerne en grande partie les métropoles urbaines de Douala et de Yaoundé qui sont les plus touchées. La forte demande de scolarisation est une des conséquences de ce chômage. Il y a à prendre en compte aussi la précarité de l'emploi et surtout la baisse de l'embauche dans le secteur formel tant privé que

public. Le souci du demandeur d'emploi plus tant le prestige ou le statut inhérent à l'exercice d'un métier mais plutôt la volonté d'être productif. Au regard de la pauvreté ambiante et de la misère rampante, il n'est plus question de rechercher des métiers déterminés à partir de la construction de notre identité personnelle et professionnelle par le moyen de l'école au sens de Ginsberg et Al (op.cit.). C'est la raison pour laquelle l'EESI (2005) ressort que 86,8% de chômeurs sont disposés à réviser leurs prétentions salariales à la baisse.

En considérant ce qui précède, l'interrogation qui nous guide dans cette étude est ainsi formulée : Existe-t-il un lien entre le niveau du besoin d'estime sociale et la stratégie d'insertion professionnelle des jeunes ?

La réponse à cette interrogation d'ordre holistique constitue notre hypothèse générale. En tant que réponse provisoire et anticipée à la question de recherche, cette hypothèse générale sera éprouvée par les résultats de l'enquête de terrain. Nous l'avons libellée ainsi que suit : Il existe un lien entre le niveau du besoin d'estime sociale détermine la stratégie d'insertion professionnelle des jeunes.

La présente hypothèse générale nous donne l'opportunité de dire ce qui nous a conduit à cette étude et les objectifs que nous entendons poursuivre.

1.5. Objectifs et buts de l'étude

Parler de l'objectif de cette étude revient à donner le bien fondé de celle-ci, c'est-àdire ce que l'on espère atteindre en le réalisant. C'est ainsi que principalement, cette analyse vise à apporter une contribution à la gestion des questions portant sur l'insertion professionnelle au travers des stratégies qu'utilisent les jeunes pour sortir d'une situation de chômage plus que pénible. Nous ambitionnons de relever la part du besoin d'estime sociale sur le choix desdites stratégies dans la perspective d'une insertion professionnelle qui se traduit par l'obtention d'un emploi.

De façon spécifique nous voulons, par ce travail, démontrer que les modalités du besoin d'estime sociale que nous avons répertorié ont une incidence sur les stratégies adoptées par les jeunes demandeurs d'emploi. Ainsi avons-nous postulé que :

- Il existe un lien entre le fort besoin d'estime sociale et la stratégie d'insertion
professionnelle. Par ce facteur, nous voulons montrer que, selon que le niveau du besoin

d'estime sociale du jeune demandeur inscrit au FNE est élevé, la stratégie dudit jeune prendra en considération ce facteur dans sa tentative d'insertion.

- Il existe un lien entre le moyen besoin d'estime sociale et la stratégie d'insertion professionnelle dans la mesure où eu égard à ce niveau du besoin, la stratégie va subir des modifications dans le processus d'insertion.

- Il existe un lien entre le faible besoin d'estime sociale et la stratégie d'insertion professionnelle que pourra adopter un jeune diplômé du supérieur en quête d'emploi. Selon que son niveau d'aspiration sera bas, ce dernier adoptera une stratégie précise.

Ces articulations nous permettent d'évaluer l'incidence des modalités sus évoquées du concept d'estime sociale sur les stratégies des jeunes en quête d'emploi. Mais avant, il sera question de mener une analyse explicative du concept d'estime sociale. Ces objectifs s'inscrivent dans les buts que nous nous sommes assignés en décidant de mener cette investigation.

Le but de cette recherche est d'interpeller les pouvoirs publics, au cas où ils le consulteraient, sur la situation des jeunes dans le monde impitoyable du travail et de la demande d'emploi. Les nombreux problèmes auxquels ils font face méritent, un temps soit peu, de retenir l'attention. Nous comptons aussi, à travers ce travail de recherche, présenter aux décideurs, la nécessité d'oeuvrer davantage dans la lutte contre la pauvreté en dotant les jeunes d'un minimum vital leur permettant de mieux se prendre en charge. Il s'agit en outre de présenter à l'Etat la souffrance des diplômés en général et de ceux de l'enseignement supérieur en particulier. Il peut être question de voir dans quelle mesure recentrer le débat sur la valeur intellectuelle. Cette dernière qui est tributaire à la fois du bagage génétique et des apports sociaux, est garante du développement national et les politiques n'ont jamais cessé de le noter. Il est aussi question pour l'Etat d'entreprendre une structuration de ce nouveau secteur d'activité qu'est le secteur informel dont la capacité d'embauche concerne plus de 85% de ces nouveaux venus sur le marché de l'emploi, contribuant de ce fait à résorber l'épineuse question du chômage.

Enfin, nous n'ignorons pas la finalité première de cette étude qui est d'ordre académique. Il s'agit ainsi pour nous d'apporter notre contribution, aussi modeste soit-elle, au vaste domaine de la recherche en psychologie sociale en général et en psychologie de l'orientation surtout dans sa dimension portant sur l'insertion en particulier.

1.6. Intérêts et pertinence de l'étude

Le champ de la psychologie est si vaste et les rôles du psychologue si variés que les mêmes qualités ne sont pas requises partout. Ce qui nous amène à penser que cette étude pourrait intéresser les chercheurs évoluant dans le domaine de la psychologie du travail et des organisations. Cet outil, auprès des employeurs, permettant à ceux-ci de mieux insérer les jeunes au monde professionnel, en tenant compte de leurs formations, leurs aspirations et des besoins de l'économie.

Les caractéristiques du marché du travail influencent considérablement les comportements des jeunes face à l'insertion. Ainsi, cette étude se propose d'apporter un éclairage particulier aux psychologues exerçant dans l'entreprise, non seulement sur les variables significatives qui pourraient permettre de gérer les comportements des jeunes mais aussi sur des questions relatives à la compréhension des jeunes afin d'amoindrir l'inefficacité professionnelle dont ils font l'objet.

Ce travail ne devrait laisser indifférents les scientifiques et chercheurs qui oeuvrent dans le domaine de la compatibilité de l'homme avec les exigences des activités sociales, c'est-à-dire de ceux qui accordent une attention particulière à la réussite de le transition sociale chez les jeunes. Dans le but de la réalisation de l'insertion, les opérations mentales sont indissociables de l'action et comme le pense Dumora (1990), la pensée définit les objectifs, développe le processus pour les atteindre, permet d'analyser les situations réelles, d'anticiper sur les actions possibles, de faire des hypothèses, de choisir une action et d'en contrôler le déroulement. De ce point de vue, notre travail pense pouvoir fournir des informations susceptibles de générer des modifications favorables à l'aboutissement de l'insertion professionnelle d'un jeune. De même, de façon générale, l'éducateur peut s'y inspirer pour comprendre les véritables mobiles qui orientent le choix des stratégies d'insertion professionnelle des jeunes demandeurs d'emploi et peaufiner ainsi efficacement la méthode d'aide, d'orientation professionnelle.

La pertinence de ce travail s'établit au double plan scientifique et social.

Au plan scientifique, l'application du besoin d'estime sociale au processus d'insertion peut, si les hypothèses sont confirmées, permettre de recenser un nouveau déterminant des stratégies utilisées aux fins d'atteintes d'un objectif.

Au plan social, il est question d'apporter une explication conceptuelle, à la fois, sur les concepts de besoin d'estime sociale et de stratégies d'insertion professionnelle, à l'endroit d'un lecteur pas toujours avisé. Ce travail peut aussi servir au conseiller d'orientation professionnelle en terme d'apports nouveaux dans le cadre de l'exercice de sa profession.

1.7. Type d'étude

Cette investigation est à considérer sous un angle expérimental du fait de l'application de la démarche expérimentale. Elle est de type descriptif et corrélationnel.

- Descriptif, dans la mesure où elle décrit les facteurs qui soutendent le concept de besoin d'estime sociale de Maslow appliqué à notre contexte. Elle présente aussi les différentes stratégies d'insertion professionnelles par lesquelles les jeunes procèdent pour parvenir à une insertion réussie.

- Corrélationnel car elle fait référence à la relation qui existe entre les variables et veut voir la relation de dépendance ou d'indépendance qui peut s'établir entre le besoin d'estime sociale appréhendé à travers ses modalités et les stratégies d'insertion professionnelle des jeunes.

1.8. Délimitation de l'étude

Pour parler du cadre dans lequel notre investigation demeure fondamentale, nous l'avons délimitée au triple plan conceptuel, géographique et temporel.

Au plan temporel, notre étude est menée pour le compte de l'année académique 2006-2007, eu égard aux exigences de notre inscription. Elle est fixée dans le cadre de l'obtention du diplôme de Master II ou du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA).

Notre étude se déroule dans la zone géographique de la province du Littoral, département du Wouri et principalement au sein du Fonds National de l'Emploi situé dans l'arrondissement de Douala Ier. Nous avons choisi de travailler avec des jeunes chercheurs d'emploi titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur. Ce choix se fonde sur le fait que la ville de Douala est une métropole urbaine cosmopolite au sein de laquelle toutes les tendances ethniques du pays se trouvent représentées. Ce milieu est, de ce fait, le lieu d'un brassage culturel fort intéressant pouvant donner une vision holistique de ce que pourrait

être l'objet de notre préoccupation auprès de la population générale des chercheurs d'emploi sur l'étendue du territoire national.

Par ailleurs, la plupart des études ayant porté sur les jeunes tablent beaucoup plus sur les processus de choix ou de représentations professionnelles. Il nous est apparu intéressant de jeter un fondement en terme d'orientation sur la part des stratégies utilisées pour décrocher un emploi.

Du point de vue conceptuel, notre étude se propose d'appréhender la notion de besoin d'estime sociale, considérée selon Maslow comme étape importante dans la théorie des besoins pour parvenir à une auto reconnaissance (reconnaissance de soi) qu'à une reconnaissance par autrui. Il s'agit, en outre de voir le lien qu'il peut entretenir avec les différentes stratégies identifiées de l'insertion professionnelle. Il faut dire par ailleurs que ce développement conceptuel s'inscrit dans le cadre de la psychologie sociale en général.

C'est donc dans le cadre du Fonds National de l'Emploi que va se dérouler notre étude, dont le fondement théorique s'est inspiré d'une abondante littérature ayant abordée le phénomène qui fait l'objet de notre préoccupation.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein