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Evaluation de la participation des populations au débat foncier dans le département de Padéma

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par Inoussa MAIGA
Université de Ouagadougou - Maitrise en scientes et techniques de l'information et de la communication 2010
  

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II. 4. La théorie générale de l'étude

Les recherches et les pratiques de communication sur le terrain sont nécessairement guidées par des règles théoriques. Aussi est-il impérieux de décrire avec précision le modèle théorique dans lequel s'inscrit le présent travail sur l'évaluation de la participation des populations de Padéma au débat foncier.

La théorie qui illustre au mieux cette étude est la Communication Participative pour le Développement (CPD).

Le concept de « communication participative pour le développement » est né de la combinaison de la communication pour le développement et de la recherche participative.

A l'intérieur de la perspective de communication pour le développement, deux grandes tendances se sont successivement formées: une approche privilégiant les actions de grande envergure et s'appuyant sur les médias de masse, et une approche de communication à la base, appelée aussi communication communautaire.

Ces deux tendances coexistent encore aujourd'hui, à des degrés divers. Elles sont liées à l'évolution des modèles de développement et de communication qui ont marqué les efforts de développement. Dans le premier modèle, le paradigme communicationnel a consisté à transmettre la technologie nécessaire à l'accroissement de la productivité. Tandis que le second modèle suppose l'animation du potentiel de changement d'une communauté : la notion de participation des populations au processus de développement devient donc le concept-clé.

La recherche participative, quant à elle, est une méthodologie qui part de l'identification d'un problème par les personnes confrontées à ce problème, l'identification de solutions et l'expérimentation de ces solutions. Elle se conclut par une évaluation qui permet soit de reprendre un nouveau cycle d'expérimentation, soit de diffuser les résultats.

La communication participative pour le développement lie ces deux approches. Elle se définit comme « une action planifiée, fondée d'une part, sur les processus participatifs et d'autre part, sur les médias et la communication interpersonnelle, qui facilite le dialogue entre différents intervenants réunis autour d'un problème de développement ou d'un but commun, afin d'identifier et de mettre en oeuvre une initiative concrète visant à solutionner le problème ou atteindre le but fixé, et qui soutient et accompagne cette initiative ».38(*)

La communication participative est une technique qui peut faciliter le processus de développement communautaire. Elle vise à faciliter la participation de la communauté à leurs propres initiatives de développement grâce à l'utilisation de diverses stratégies de communication.

Toutefois, BESSETTE fait remarquer qu'agir comme facilitateur n'est pas chose aisée. Les agents de développement doivent apprendre à écouter, savoir amener les gens à exprimer leurs points de vue, les aider à atteindre un consensus et à dresser un plan d'action, à travers l'instauration d'un dialogue.

Le chercheur ou agent de développement qui veut travailler avec les communautés locales se doit d'établir ce dialogue initial avec et entre les différents groupes communautaires et de le nourrir tout au long de la démarche.

C'est ainsi que BESSETTE voit en tout intervenant en développement travaillant avec une communauté, un agent de communication. Selon lui, la façon d'approcher une communauté locale, l'attitude adoptée dans l'interaction avec les membres de cette communauté, le degré de compréhension de leurs problèmes et la manière de recueillir l'information et de la partager, tout cela implique une manière d'établir un processus de communication. Et la manière dont la communication sera établie avec les gens, conditionnera la façon dont ils se sentiront concernés par les problèmes abordés et le degré avec lequel ils participeront à une initiative concrète visant à les solutionner.39(*)

Mais alors, sur quelle base peut-on dire d'un processus qu'il est participatif ou non?

BESSETTE donne quelques indicateurs permettant de juger le degré de participation d'un processus.

Pour l'auteur, le concept de participation implique directement celui de communauté. « Une communauté locale n'est pas tant un groupe homogène de personnes qu'un regroupement d'individus et de sous-groupes ayant tous leurs propres caractéristiques et intérêts »40(*), fait-il comprendre. D'où l'importance de circonscrire clairement les groupes communautaires touchés par un problème de développement et prêts à entreprendre des actions pour faire changer la situation.

Dans un processus de communication, les acteurs sont multiples et se situent à divers niveaux. La FAO41(*) cite à cet effet, la communauté villageoise, les notables et autorités traditionnelles ou religieuses, les catégories socioprofessionnelles et les partenaires au développement. La collaboration entre ces différents acteurs permet, selon BESSETTE, d'établir une relation de confiance entre les intervenants et la communauté, d'encourager et de nourrir l'échange de connaissances et d'informations et de négocier les rôles et les responsabilités.

Un second indicateur de la participation est donné lorsque les gens prennent la responsabilité de mener à bien une initiative de développement. Les membres de la communauté prennent non seulement part aux activités, mais sont engagés directement dans le processus décisionnel et dans la planification de l'initiative de développement. Il est utile « de cerner les rôles et les responsabilités des intervenants engagés dans le projet et de clarifier la contribution financière ou matérielle de chacun d'eux dans le processus ».42(*) Ces contributions, même modestes, procureront un sentiment d'appropriation des activités, sans quoi l'effort sera toujours perçu comme «l'initiative des autres ».

Le troisième indicateur de la participation est l'exercice de la démocratie. Selon BESSETTE, sans le respect des droits de la personne ni la liberté d'expression, le potentiel de la communication comme déclencheur de transformations sociales est grandement limité. La démocratie, c'est aussi accepter que «les autres» aient le droit d'exister, d'exprimer leurs points de vue en toute liberté, dans le calme, sans cultiver la haine et la violence.

Comme le dit D. Wolton « le défi de la communication est moins de partager quelque chose avec ceux dont je suis proche que d'arriver à cohabiter avec ceux, beaucoup plus nombreux, dont je ne partage ni les valeurs ni les intérêts »43(*). L'enjeu majeur de la participation, c'est alors de faire converger les intérêts divergents des individus en vue d'une cohabitation pacifique. Dans ce dessein, il est impérieux d'instaurer une communication démocratique, un dialogue véritable entre les acteurs.

Si cette philosophie n'est pas acquise au départ, la communication participative pour le développement ne serait que de peu de secours.

* 38 BESSETTE, G. Op. Cit. p. 13

* 39 BESSETTE, op. cit. pp. 9-10

* 40 Idem. p. 11

* 41 FAO. Approche participative, communication et gestion des ressources forestières : bilan et perspectives. 1995, p. 13

* 42 BESSETTE, G. Op. Cit. p. 19

* 43 Dominique Wolton, invité de Benoît Ruelle à l'émission «  Idées » sur RFI, date de la première diffusion 15 mars 2009

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore