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Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

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par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

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PARAGRAPHE II : LE CONFUCIANISME DANS L'AMBITION GLOBALE DE LA CHINE

La mise en valeur des idées confucéennes par la Chine répond à une logique qui consiste à vouloir unifier le monde à ses valeurs culturelles, dans le but d'atteindre les résultats qu'elle ne peut pas avoir à travers les luttes politiques et la force militaire. C'est pourquoi, la Chine déploie les valeurs confucéennes à travers le monde (A) et, lesquelles s'avèrent au fondement du projet de création d'Instituts Confucius (B).

A) Le déploiement du confucianisme à l'échelle mondiale

Confucius est considéré comme le premier éducateur de la Chine et son enseignement a donné naissance à une doctrine qui a influencé non seulement son pays mais aussi le monde entier.

En Asie, les idées de Confucius ont pénétré la quasi-totalité des Etats de l'Asie orientale, que Barthelemy Courmont considère comme le « pré carré chinois »132(*), et ont constitué de ce fait, le pilier de la culture et des traditions nationales. Bon nombre de chercheurs postulent l'existence depuis l'Antiquité, d'une « aire culturelle confucianiste » dont la Chine est le noyau et dont la Corée, le Vietnam et le Japon sont les principaux membres. Ces trois derniers, avant que les idées confucéennes n'y pénètrent, se trouvaient, soit à la charnière de la société primitive et de la société esclavagiste, soit en train de passer de cette dernière à la société féodale. Ils n'avaient ni écriture, ni littérature, ni à plus forte raison d'écoles133(*). Après l'introduction des classiques confucéens, ils ont adopté par la suite les idéogrammes chinois et se sont dotés à l'instar de la Chine, d'écoles où l'on enseignait la doctrine du « Maitre ». L'image de Confucius a donc fait l'objet d'un culte dans toutes les écoles.

Le Japon vénérait en lui « le premier des Sages et le premier des Maitres ». Le Vietnam « le Sage qui fut le Maitre des dix mille souverains »134(*). Il était considéré comme un modèle pour les générations successives et l'incarnation la plus accomplie de la vertu. En Corée, au Japon et au Viet Nam, l'éducation féodale comme en Chine, reposait sur le respect de Confucius.

Confucius continue d'occuper une place importante dans le système éducatif des pays de la région. Le Japon, Singapour, la Corée et le Sud Vietnam (avant la réunification du pays), notamment, sont demeurés fidèles à sa pensée, surtout dans le domaine de l'éducation morale. Par exemple, en 1982, le gouvernement de Singapour a exhorté les citoyens de ce pays à étudier et à propager la doctrine de Confucius, présentée comme énonçant « les principes essentiels de l'art de gouverner et les règles morales de la vie en société »135(*). Paul Samuel Huntington affirme à ce propos que : « Lee Kuan Yew (...) s'est pris d'enthousiasme pour le confucianisme, dans lequel il voyait l'origine de la réussite de Singapour, et il est devenu le propagandiste des valeurs confucéennes dans le monde »136(*). Dans les années quatre-vingt-dix, le gouvernement de Taïwan s'est déclaré « l'héritier de la pensée confucéenne »137(*).

En Occident, les valeurs confucéennes ont exercé une influence dans certains pays. Ainsi, depuis 1600138(*), les missionnaires jésuites venus évangéliser la Chine ont répandu les idées de Confucius en Occident. C'est principalement sur les philosophes des Lumières que cette influence a été considérable. Ainsi, pour combattre le despotisme et le droit divin, ces penseurs ont cherché des arguments dans la doctrine de Confucius. Sa philosophie athée, sa vision moraliste de la politique, sa conception du caractère indissociable de la politique et de l'éthique et sa théorie de l'économie qui mettait l'accent sur la production agricole ont rempli d'admiration des penseurs tels que Voltaire ou Quesnay. Ces derniers ont utilisé Confucius à leur façon pour dénoncer les abus de leur temps et attaquer le despotisme et la doctrine du droit divin. L'occident a donc connu un véritable engouement pour Confucius. C'est ainsi que le penseur des Lumières français, Quesnay a été surnommé « le Confucius de l'Europe ». Il en est de même pour le grand poète allemand Goethe, qui s'appelait « le Confucius de Weimar »139(*), preuve du respect et de l'admiration que le « Maitre » inspirait. Fort de ce qui précède, Jacques Fame Ndongo, Ministre camerounais de l'Enseignement Supérieur, affirme que « le confucianisme a influencé bon nombre de philosophes occidentaux à l'instar de René Descartes. L'homme était au centre des préoccupations de ce philosophe chinois... »140(*).

B) L'influence du confucianisme dans le façonnage du projet chinois

Dans les années quatre-vingt dix, l'Etat chinois a envisagé de séduire ses voisins autour du sentiment d'appartenance à une même « communauté asiatique ». L'objectif était de faire prendre conscience de l'existence de valeurs partagées et d'une destinée commune. Cette tentative s'est manifestée autour de l'intérêt renouvelé du confucianisme et à cet effet, la Chine, a éprouvé le sentiment fort d'avoir une mission envers les autres pays afin de gagner de l'influence sur ceux-ci.

En novembre 2002, le premier institut universitaire de recherche sur Confucius est inauguré à l'Université du Peuple de Pékin. Selon le Président de l'Université, « nous espérons construire un pont entre les cultures moderne et traditionnelle et contribuer à faire la meilleure utilisation possible de la culture chinoise traditionnelle »141(*). Sur le plan international, la Chine est toutefois demeurée extrêmement prudente dans la promotion du confucianisme via les centres culturels. De prime abord, une rencontre a été organisée à Qufu, ville natale de Confucius, réunissant universitaires et chercheurs asiatiques et, à l'issu de laquelle les participants se sont accordés à dire que le confucianisme est une part importante de la culturelle traditionnelle chinoise, qui a eu un impact significatif en Asie orientale et même dans le monde entier142(*). Dès lors, estime Zhang Ni, journaliste à CCTV-F, que « l'intégration du confucianisme et de la culture chinoise dans plus d'un tiers des pays du monde prouvent que la coexistence entre civilisations est possible. Ce dialogue entre les civilisations du monde n'est que le premier pas vers une grande compréhension entre les nations et les cultures143(*). L'illustration ici est le choix porté à Confucius pour patronner le projet de création des centres culturels et, à ce titre, « le gouvernement chinois devait assurer à l'étranger une promotion du confucianisme avec la création d'Instituts Confucius, semblables aux « Alliances françaises » ou aux «  Instituts Goethe »144(*).

* 132 B. Courmont, op.cit., p.75.

* 133 Y. Huanyin, loc. cit., p.184.

* 134 Idem.

* 135 C. Graziella, op. cit., p.6.

* 136 S. Huntington, op. cit., p.184.

* 137 Idem.

* 138 A. Viatcheslav, op. cit.,p.28.

* 139 C. Graziella, op. cit., p.8.

* 140 Interview réalisée au Journal de 17h, CRTV Radio, le 12/08/2010.

* 141« Beijing has 1st on-campus Confucius research Center Institute», Dépêche de l'Agence Xinhua, 1er décembre 2002.

* 142 « Scholars discuss confucianism, credibility », Dépêche de l'Agence Xinhua, 27 septembre 2002.

* 143 CCTV-F, 29/09/2010

* 144 , S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.41.

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