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Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

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par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

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SECTION I : LE PARADIGME CULTUREL DE L'INSTITUT CONFUCIUS

Au terme d'une réflexion consacrée à l'application au domaine des Relations Internationales du concept de « paradigme », tel que l'a réhabilité Thomas Kuhn ( soit le cadre de raisonnement général qui conditionne, à un moment donné, ce qu'il appelle une science normale), John Vasquez le définit comme l'ensemble des présomptions fondamentales que les chercheurs cultivent sur le monde qu'ils étudient. Il s'agit selon lui, d'une matrice culturelle et idéologique qui produit une représentation du monde125(*). A cet effet, la mise en place du projet culturel de création d'Instituts Confucius par la Chine sous-tend une certaine vision du monde (Paragraphe II), laquelle prendrait appui sur les éléments constitutifs du confucianisme dont on trouve dans la société chinoise (Paragraphe I).

PARAGRAPHE I : LES PRINCIPES, LES VALEURS ET L'INCARNATION SOCIALE

DU CONFUCIANISME 

Il s'agira dans ce paragraphe, de faire ressortir dans un premier temps les éléments constitutifs du confucianisme (A) et, dans un second temps de dégager l'incarnation de cette doctrine dans la société chinoise (B). 

A) Les principes et valeurs du confucianisme

Confucius a proposé un certain nombre de principes et de valeurs devant guider la société chinoise. Ses enseignements inculquent sept vertus : fidélité, altruisme, humanité, équité, conduite rituelle, droiture et connaissance126(*). Ces principes peuvent être regroupés autour de la hiérarchisation sociale, de l'attitude du souverain et de l'esprit du gouvernement pour la paix sociale, l'amélioration de soi.

Le confucianisme suppose une société très hiérarchisée où chaque individu a sa place et occupe une fonction bien définie. Mais, la société ne doit pas s'ordonner autour d'une stratification rigide et sclérosée. L'ordre social est très proche de la méritocratie dans la mesure où il est essentiel que chaque individu exerce une fonction qui corresponde à ses aptitudes et à ses talents. Ainsi, selon ce modèle, il est très important d'opérer une sélection rigoureuse des individus pour ne pas placer la mauvaise personne au mauvais poste. Le souverain lui-même n'échappe pas à cette règle, puisqu'il se doit d'être irréprochable, voire exceptionnel. Le confucianisme prône également une hiérarchisation des rapports sociaux. Les individus appartiennent à des cercles ou clans qui sont agencés de façon concentrique. La famille, cellule de base de la société chinoise, constitue le cercle le plus important. Après la famille, l'individu appartient à un village, à une région, à une province, puis à un pays. Plus le cercle est restreint, plus les liens entre individus sont forts. Chaque clan s'organise autour d'un chef qui s'apparente à un véritable chef de famille. A l'intérieur de chaque clan, le chef se doit d'être bienveillant à vis à vis de ses membres et ces derniers ont un devoir de loyauté envers lui. L'individu, membre d'un clan, est invité à faire oubli de sa personne au profit du collectif et à agir de façon désintéressée. Cependant, les relations entre membres d'un même clan sont marquées par une certaine réciprocité, de manière à éviter les abus et les comportements malhonnêtes. La doctrine confucéenne est résumée par la maxime suivante : « que l'empereur soit empereur, que le père soit père et que le fils soit fils »127(*).

La philosophie confucéenne s'attache à décrire un système de pouvoir et un mode de gouvernement qui puisse assurer la paix sociale et le bien être des individus. La description du pouvoir faite par Confucius et ses disciples est essentiellement patriarcale. En effet, la clé de voûte de toute organisation exerçant le pouvoir repose sur un chef qui possède toutes les caractéristiques d'un patriarche. Le chef doit également être un leader capable de susciter l'adhésion des membres du clan sans jamais recourir à la force. C'est obligatoirement une personne exceptionnelle et irréprochable qui montre l'exemple à ses subordonnés et irradie son entourage par sa sagesse. Son but premier est le bien être de son clan et il est amené à faire oubli de sa personne pour se dévouer corps et âme à sa mission. Par conséquent, un chef qui administre bien son organisation avec orgueil et avarice n'est pas un bon leader. Le chef possède tous les attributs d'un leader charismatique.

L'auto-perfectionnement128(*), via l'étude et le travail sur soi est une notion essentielle de la philosophie confucéenne. Toute personne est ainsi capable d'atteindre l'excellence humaine à force de persévérance et d'humilité. C'est ainsi que l'éducation et le savoir occupent une place très importante dans la société chinoise et permettent à n'importe quel individu, peu importe son origine sociale, de s'élever dans la hiérarchie et se faire respecter par ses pairs.

En ce qui concerne les valeurs, elles s'articulent autour du sens de l'humain, de l'équité rituelle, rites, morales, confiance, connaissance129(*).

Le sens de l'humain « Ren » qui constitue la valeur centrale englobante, est le sens du bien social, de la générosité, de la sollicitude, de la complaisance, de la compassion, de la bienfaisance, de la bonté humaine, de la vertu suprême, de la perfection, etc. Il s'exprime autant dans la simplicité des gestes quotidiens que dans ce qui pourraient être qualifié de « grandeur d'âme du grand homme ».

L'équité rituelle « Yi » recouvre un sens très large, allant de la justice à l'intégrité, en passant par un certain sens de l'honneur, un respect des règles, une nécessaire protection des siens qualifiant ainsi autant le comportement du « chef » que celui des membres de la communauté.

Les rites « Li » quant à eux, sont une sorte de manifestation de « courtoisie obligatoire ». Ils représentent un système de codification des relations humaines. Ainsi, le confucianisme attache beaucoup d'importance aux rites car ils permettent de réaffirmer l'identité collective des membres d'un même cercle et de se différencier des individus venant de l'extérieur. Ces rites peuvent prendre des formes variées et être plus ou moins contraignants pour les membres du clan. Il peut s'agir des cérémonies, des coutumes, d'habitudes ou de simples gestes régulièrement répétés. Dans tous les cas, ces rites doivent promouvoir l'harmonie au sein d'un groupe sans jamais être source de sclérose. Les exercices rituels constituent une éducation pacifiante par le corps qui prépare à la retenue et, plus tard, à l'autodiscipline. De plus, cette importance accordée aux exercices rituels dans l'éducation soutient une pacification des relations interindividuelles. Ce qui est visé, c'est bien un idéal d'intégration dans le groupe. Il s'agit, à travers les usages et les rituels, d'apprendre le respect des ainés, le dévouement à l'égard des parents, la réciprocité.

La morale et la vertu « De » consistent à la rectitude du comportement par rapport aux règles de la vie en société. C'est une éthique pratique qui s'impose à l'ensemble du corps social pour s'incarner dans le souverain, qui doit être exemplaire dans son comportement quotidien. La morale renforce potentiellement la pression exercée par l'oeil social contribuant à donner aux sociétés confucéennes une image de conditionnement excessif. L'éducation morale s'oppose aux débordements de l'égoïsme et tend à faciliter le bon déroulement des relations sociales.

La confiance « Xin » est indispensable à la survie de tout groupe social. C'est le respect des engagements, respecter les termes et mener à bien ce qui a été entrepris. La fiabilité est dans les actes, il faut parler preuve à l'appui, parler peu mais vrai.

La connaissance « Zhi » enfin, vise l'apprentissage des qualités humaines. Le confucianisme invite les individus à connaitre les choses par le coeur. A cet effet, une grande place est accordée à l'affectif dans la philosophie confucéenne, ce qui pousse le souverain à éprouver de l'amour envers son peuple et incite l'individu à vouloir sans cesse améliorer son comportement en vue d'atteindre l'excellence humaine.

B) L'incarnation sociale du confucianisme

Le confucianisme a eu un impact considérable dans la société chinoise. Selon Sophie Faure, quatre mots permettent de mieux comprendre le monde chinois et son fonctionnement130(*) : la hiérarchie, le clan, les cercles concentriques et les relations.

La hiérarchie se manifeste à travers les cinq relations suivantes : supérieur-inférieur, père-fils, frère aîné- frère puîné, mari-femme, amis. De ce qui précède, il n'y a pas d'ordre chinois autre que hiérarchique. Elle définit une obligation de protection bienveillante dans le sens descendant et de respect, loyauté dans le sens ascendant.

Au niveau du clan, la famille est la cellule de base de la société chinoise avec le père qui occupe une fonction centrale et rayonne sur son entourage. Ainsi, le chef de clan est souvent considéré comme un « leader charismatique », il veille paternellement au bien-être de ses membres et défend leurs intérêts. Les membres du clan sont tous solidaires et fidèles et ils manifestent un dévouement et un oubli de soi au profit du collectif. Quant aux rapports avec l'externe, ils sont marqués par une certaine méfiance a priori, allant jusqu'à la fermeture.

Les cercles concentriques quant à eux, représentent le passage de la famille au reste de la société par élargissement progressif des frontières du clan. Tout chinois est enfant d'une famille, puis d'un district, puis d'un village, puis d'une province, puis d'une région avant d'être chinois, tandis que le lien se relâche avec l'éloignement sanguin, pour passer de l'émotionnel à l'intérêt.

Les relations enfin, font la force du fonctionnement de la société chinoise. Les « guanxi » mot devenu légendaire, utilisé pour décrire les relations doivent avant tout être considérées comme un capital. C'est la logique très spéciale du business à la chinoise à laquelle est attribué le succès de la diaspora.

Toutefois, il est souvent retenu du confucianisme des points particulièrement durs131(*). De la hiérarchie qui donne une conception verticale du pouvoir, clan, cercles concentriques et relations qui permettent au pouvoir d'irriguer l'espace. Cette logique de fonctionnement a des implications à la fois positives et négatives. Positives comme l'efficacité humaine et négatives comme les abus dont fait preuve le chinois aujourd'hui. Ainsi, l'homme confucéen serait sous contrainte et sous influence qui doit respect et allégeance à la hiérarchie. Vu sous cet angle, le confucianisme serait une philosophie de la domination servant le profit du dominant au détriment du profit du dominé.

* 125 G. Dussouy, Les théories géopolitiques. Traité des Relations Internationales (I), Paris, L'Harmattan, 2006, p.12.

* 126 S. Bessière, op. cit., p.72.

* 127 E. Nguyen, op. cit., p.22.

* 128 Y. Huanyin, loc. cit., p.2.

* 129 S. Faure, Manager à l'école de Confucius, Paris, Editions d'organisation, 2003, Publié sur : www.books.google.com, (consulté le 30/03/2011).

* 130 S. Faure, op.cit., p.35.

* 131 Ibid., p.36.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld