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Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

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par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

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PARAGRAPHE II : LE MARQUAGE CONFUCEEN DE LA COOPERATION INTERNATIONALE

La Chine est présente dans tous les pays, quel que soit le régime et coopère dans des domaines aussi variés.  Ainsi, comme le disait Confucius, dans ses Entretiens « n'est-ce pas une bonne chose d'avoir des amis qui viennent de loin ?(...). Parce que ces amis apportent avec eux des modes de pensée différents et que l'on peut apprendre d'eux »106(*). C'est la raison pour laquelle la Chine ne cesse d'intensifier sa coopération internationale et, comme le note le journaliste chinois basé à Paris, Zheng Ruolin, « la Chine est devenue un partenaire majeur non seulement pour les pays occidentaux, mais également pour les pays du Sud, en Afrique et en Amérique latine notamment »107(*). C'est d'ailleurs la raison pour laquelle sa présence est remarquable, non seulement en Asie et dans les pays occidentaux (A), mais aussi dans les autres pays en développement (B).

A) Une présence remarquable en Asie et dans les pays occidentaux

Dans sa politique extérieure, l'une des stratégies que la Chine applique est la « diplomatie du pourtour »108(*). Celle-ci consiste à renforcer la position du pays face à son environnement immédiat. L'objectif est de se poser comme une puissance responsable et conciliatrice tel que l'inspire la doctrine confucéenne, afin de renforcer sa position centrale sur la scène asiatique, étape indispensable dans sa volonté d'être reconnue comme une véritable puissance mondiale. Bertrand Ateba écrit à ce sujet que, « dans le cadre de l'Asie Pacifique, aucun conflit, aucune situation ne peut être réglée sans tenir compte des intérêts de la Chine ou même sans sa collaboration »109(*).

En ce qui concerne l'Occident, le constat qui se dégage est que, aucun pays ne veut être exclu des bénéfices d'une coopération avec une Chine qui s'impose au monde et qui joue bien la carte de son économie et de son commerce florissants. Ces pays, de par leurs intérêts en Chine, acceptent cet Etat dont les pratiques et les valeurs sont loin d'être celles qu'ils défendent et promeuvent sur la scène internationale. Par conséquent, il est hors de question pour eux, de laisser échapper les opportunités économiques et commerciales que le vaste marché et la main d'oeuvre bon marché que la Chine offre. A cet effet, les Etats-Unis restent le premier partenaire commercial de la Chine, tout comme l'Union Européenne figure parmi ses partenaires commerciaux pesant de plus en plus lourds. Ces régions sont devenus d'importants importateurs des produits made in china110(*).

B) Un soutien indéniable aux autres pays en développement

L'éducation confucéenne qui s'oppose aux débordements de l'égoïsme et tend à faciliter le bon déroulement des relations sociales, est à la base du combat que les dirigeants chinois mènent depuis des lustres contre le capitalisme, système dans lequel l'individu ne pense qu'à lui-même. En effet, le fondement de la morale est la constatation faite par l'intelligence humaine que tous les hommes sont les parties d'un tout, et que leur nature ne peut se développer normalement que s'ils contribuent chacun pour sa part à la prospérité de l'ensemble. Ainsi, lorsqu'un des disciples demanda à Confucius, que faire pour devenir un homme de bien, il répondit : « cultiver en soi la capacité de conforter les autres...Cultiver en soi la force de donner au peuple paix et réconfort »111(*). C'est ce qui semble justifier la présence chinoise en Amérique latine et en Afrique. De plus, la coopération de l'Empire du Milieu avec les pays en développement est basée sur des logiques tiers-mondistes. Ainsi, si l'Amérique latine attire la Chine aujourd'hui, c'est en grande partie en raison de ses réserves énergétiques et minières112(*), dont la Chine a besoin pour alimenter sa croissance. Le sous-continent américain l'intéresse également pour ses ressources agricoles. Avec ses réserves de capitaux, sa croissance exceptionnelle et l'importance de son marché, la Chine a rapidement été assimilée par les pays d'Amérique latine à un nouvel Eldorado113(*). Les pays d'Amérique latine profitent par ailleurs des investissements chinois, qui ont connu une augmentation exponentielle au cours de ces dernières années et témoignent de l'intérêt que la Chine montre pour cette région. La visite officielle de Hu Jintao dans le sous-continent en novembre 2004 fut le point de départ de très importants investissements chinois dans plusieurs pays de la région et la concrétisation de l'intérêt de plus en plus marqué de Pékin pour l'Amérique latine. Le plus grand pays de la région, le Brésil, bénéficie ainsi actuellement d'investissements à hauteur de cinq milliards de dollars pour moderniser son gigantesque réseau ferroviaire114(*). De même que le Venezuela, qui a par ailleurs profité d'importants investissements en matière d'infrastructures énergétiques, pour un montant généralement évalué à un milliard de dollars. Grosso modo, on estime le montant des investissements chinois en cours en Amérique latine à prés de 100 milliards de dollars115(*). Ce qui fait que, « de nombreux pays d'Amérique voient dans un plus grand partenariat avec la Chine une forme d'émancipation face à l'omniprésence américaine, et accueillent donc favorablement l'attrait accru de Pékin pour le sous-continent »116(*), estime Barthélémy Courmont.

A l'instar de l'Amérique latine, l'offensive de charme de la Chine en Afrique ne date pas d'hier, et débute bien avant le miracle économique chinois. Dès les années 1950, dans le cadre d'une politique tiers-mondiste à laquelle la Chine de Mao était étroitement associée, en opposition à la bipolarité de la Guerre froide, Pékin se tourna vers l'Afrique, notamment en soutenant les mouvements indépendantistes. Le 12 janvier 2006 fut publié un Document sur la politique chinoise à l'égard de l'Afrique dans lequel étaient évoqués les objectifs de leur coopération sur les plans politique, économique, militaire et culturel. Du 03 au 05 novembre 2006, s'est tenu à Pékin le premier sommet Chine-Afrique. Ce fut l'occasion pour la Chine de consolider ses relations économiques avec environ 48 pays participants. En marge du sommet, les accords commerciaux d'une valeur de 1,9 milliards de dollars117(*) ont été signés. Le gouvernement chinois associe donc prêts à taux avantageux et initiatives diplomatiques pour soutenir les pays africains. En premier lieu, la Chine dispose d'organismes financiers comme l'Export and Import Bank of China ou Exim Bank. Elle accorde des prêts sans intérêts et des prêts à taux préférentiels aux pays africains pour les aider à se doter d'infrastructures. Abdelmajid Fassi Fihri, membre du comité directeur du Centre d'Analyse et de Propositions (CAP) pour l'Afrique, un think thank spécialisé sur les questions africaines, explique que « l'arrivée de la Chine en Afrique provoque un nouveau dynamisme économique dans les pays africains. Elle est une véritable opportunité pour eux de relancer leur développement »118(*). Ainsi, en 2006, l'Angola et la République Démocratique du Congo (RDC) se voient accorder 400 millions de dollars119(*) de crédit pour construire une voie ferrée reliant les deux pays. En 2004, Jean Ping, Ministre gabonais des Affaires étrangères, affirmait qu' « avec la Chine, tout est simple. Elle nous octroie des remises de dettes et des prêts à long terme et sans condition »120(*). C'est ainsi que l'Angola s'est vu octroyé un prêt de deux milliards de dollars à taux annuel de 1,5% et dont le remboursement s'étale sur dix sept ans. Tout comme le Nigéria, un milliard soumis aux mêmes conditions. Au Gabon, un prêt de 37,2 milliards de FCFA accompagné d'une période de grâce de sept ans, pour un taux de 3% et dont le remboursement s'étale sur vingt ans. Deuxièmement, Pékin multiplie les petits et moyens projets d'investissement en Afrique, notamment dans les domaines tels que : riziculture, ponts, hôpitaux, écoles, horticulture, routes en zone rurale. Certes, elle mène aussi de grands projets tels, la construction d'aéroports, de palais présidentiels, de stades sportifs, de barrages, de chemins de fer, etc. Les entreprises chinoises chargées d'exécuter ces projets ont investi en 2007, 12 milliards de dollars121(*) en Afrique. Et comme le souligne Aranud Rodier, président du comité Afrique du Medef, « l'Etat chinois vient avec le financement, les entreprises et la main d'oeuvre. Il fait un « package » complet avec des conditions qui sont exceptionnelles »122(*). Enfin, la Chine est devenue le troisième partenaire commercial de l'Afrique et ses investissements directs s'évaluent à 6,64 milliards de dollars à la fin de l'année 2006. Ils ont connu une augmentation en 2007123(*) (voir annexes 3&4).

CHAPITRE II :

LES INSTITUTS CONFUCIUS : LA CONSTRUCTION DE LA DIMENSION CULTURELLE DE LA PUISSANCE CHINOISE

Lorsqu'un Etat souhaite étendre son influence, faire connaitre sa valeur ou promouvoir ses particularités dans le monde, il utilise la culture comme paravent de sa stratégie de puissance. Zaki Laidi pense que « c'est l'enjeu culturel qui permet de parler de puissance et de sens »124(*). Ainsi, l'expérience a montré que les Etats qui ont le moins mis en pratique la connaissance culturelle extérieure, échouent le plus dans leurs démarches internationales. C'est pourquoi, la culture est nécessaire pour comprendre et se faire comprendre, partager, créer des liens et, diplomatiquement, être sûr de ne pas arriver dans un pays sans en connaître les usages et les coutumes. De ce fait, bien que la Chine se soit insérée relativement vite dans le cercle des grandes puissances occidentales et du Japon, il lui restait encore beaucoup d'étapes à franchir devant lesquelles elle marquait le pas. C'est pourquoi on note une prolifération de centres culturels chinois à travers le monde, connus sous l'appellation d'Instituts Confucius. Quelques questions méritent dès lors d'être posées : comment la volonté de puissance de la Chine s'exprime-t-elle à travers les Instituts Confucius ? En quoi cette politique peut-elle être considérée comme un vecteur de puissance ? La présentation du paradigme culturel de l'Institut Confucius (Section I) et l'étude de ce personnage comme un support de ce projet culturel chinois à l'échelle mondiale (Section II), constitueront les deux grandes articulations de ce chapitre.

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* 106 A. Cheng, Entretiens de Confucius, Paris, Le Seuil, 1981, p.21.

* 107 B. Courmont, Chine, la grande séduction, Paris, Choiseul, 2009, p.64.

* 108 A. Viatcheslav, Géopolitique continentale. Le monde au XXIe siècle, Paris, Armand Colin, 2006, pp.337-338.

* 109 B. Ateba, «Le poids de la Chine comme acteur structurateur de la recomposition de l'échiquier international», Revue de droit international, de sciences diplomatiques et politiques, Vol 87/N°2, mai-aout 2009, p.171.

* 110 B. Courmont, op. cit., p.47.

* 111 J-C Lambelet, loc. cit., p.23.

* 112 Ibid., p.113.

* 113 Ibid., p.30.

* 114 B. Courmont, op. cit., p. 14.

* 115 Ibid., p.115.

* 116 Ibid., p.119.

* 117 Ibid., p. 89.

* 118 C. Harbulot (dir), « Crise du Darfour : indice révélateur de la politique d'accroissement de puissance de la Chine en Afrique », Ecole de Guerre Economique, décembre 2007, pp.12-13.

* 119 E. Nguyen (2009), op. cit., p.85.

* 120 Ibid., p.86.

* 121Ibid., p.32.

* 122 Idem.,

* 123 T. Bangui, La Chine, un nouveau partenaire de développement de l'Afrique : vers la fin des privilèges européens sur le continent noir ?, Paris, L'Harmattan, 2009, p.55.

* 124 Z. Laidi (dir), « Sens et puissance dans le système international », L'ordre mondial relâché, Paris, FNSP, 1992.

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