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Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

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par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

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SECTION II : LA PHILOSOPHIE CONFUCEENNE COMME SOURCE D'INSPIRATION DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA CHINE

La philosophie confucéenne semble occuper une place prépondérante dans la politique étrangère de la Chine. A cet effet, tout en s'interrogeant sur la pertinence de cette assertion, il s'agira de décrypter la prégnance de la doctrine confucéenne dans les principes fondateurs de la politique étrangère chinoise. Nous nous attèlerons d'abord à établir le lien entre la doctrine confucéenne et les principes directeurs de la politique étrangère de la Chine (Paragraphe I). Ensuite, à mettre en exergue le marquage confucéen qui caractérise la coopération entre la Chine et le reste du monde (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA DOCTRINE CONFUCEENNE DANS LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA CHINE

Il s'agira d'analyser, dans ce paragraphe, la coexistence pacifique (A) et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats (B), lesquels semblent cadrer avec la philosophie confucéenne

A) La coexistence pacifique

La coexistence pacifique se définit comme un principe des Relations Internationales fondé sur le respect mutuel des nations, la non-ingérence dans les affaires intérieures, la non agression, l'égalité réciproque entre les Etats91(*). Dans la conception confucéenne, l'objectif visé est d'enseigner la voie, c'est-à-dire les règles, pour parvenir à la paix et au juste gouvernement des hommes. Cette philosophie contribue ainsi à la pacification des relations sociales, d'où le principe de la coexistence pacifique adopté par la Chine dans sa politique étrangère.

Dans la « Déclaration conjointe de Pékin » de 200692(*), il ressort de ses extraits que : « Nous déclarons que le développement de nos relations amicales et de notre coopération sont en concordance avec les cinq principes de la coexistence pacifique(...). Nous élevons une voix en faveur du multilatéralisme93(*) et de la démocratie dans les relations internationales. Nous soulignons que la diversité du monde doit être respectée et préservée, que tous les pays du monde, grands ou petits, riches ou pauvres, puissants ou faibles, doivent se témoigner mutuellement de l'estime, se traiter d'égal à égal et de vivre dans la paix et l'amitié ». Ces principes renvoient directement au discours des non alignés94(*) : respect mutuel de la souveraineté et de l'intégrité territoriale ; pacte de non-agression ; non-ingérence dans les affaires d'autrui ; égalité et bénéfices mutuels ; coexistence pacifique. Dans ce cadre, note Cabestan, le leadership du PCC a promu depuis 2003 un discours international dans lequel il tend la perche à ses voisins et au reste du monde pour montrer que la Chine n'a plus aujourd'hui d'ennemis. Au gré des circonstances, les expressions « peaceful rise », « peaceful development », et dernière en date, « domestic and international harmony », deviennent les concepts clés de la politique chinoise95(*).

A ce jour, les chinois ont participé à plusieurs opérations de maintien de la paix en Afrique. Eric Nguyen déclare à ce sujet qu' « en janvier 2003, Pékin a dépêché un contingent en République Démocratique du Congo pour y effectuer des missions de surveillance et de reconstruction (Mission des Nations Unies au Congo ou Monuc) ». Il poursuit, qu'en 2005, « un second contingent est envoyé au Libéria »96(*). Et selon Adam Segal, chercheur au Council on Foreign Relations : « La Chine est préoccupée par son image. (...) Elle veut rassurer le reste du monde sur le caractère pacifique et responsable de sa montée en puissance »97(*).

B) La non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats

La non-ingérence, d'après Le Dictionnaire du vocabulaire juridique (2002), est l'interdiction faite à un Etat d'interférer dans le domaine de compétence d'un autre Etat en vertu des principes d'égalité et de souveraineté des Etats98(*).

Confucius a consacré un grand nombre de paragraphes à l'art de gouverner. La vertu « shu » par exemple, symbolise le respect d'autrui et de soi même, et est exprimée par la règle d'or de Confucius : « ne faites jamais à autrui ce que vous ne voulez pas qu'on vous fasse »99(*).

Comme l'expriment les Entretiens de Confucius : « le sage admet à son école tous les hommes, sans distinction (de bons ou de méchants, d'intelligents ou de peu perspicaces), afin que tous cultivent la vertu ». Aussi, poursuivent-ils, que l'essentiel est de servir la justice humaine afin de « remplir les devoirs propres à l'homme, honorer les esprits, mais s'en tenir à distance »100(*). Dès lors, on comprend bien pourquoi la Chine mène une politique de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, et pourquoi elle est souvent accusée de soutenir les régimes dictatoriaux. Jean Jolly relativise cette image déviante dont la Chine est victime, en affirmant que « les chinois donnent la priorité à la stabilité politique quel que soit le type de régime »101(*). Sa présence au Soudan et dans les Etats dits « voyous » constitue à cet effet une illustration évidente à cette attitude de la Chine sur la scène internationale. Sa réticence récente au Conseil de Sécurité contre une intervention armée dans la crise libyenne atteste tout simplement du fait que la Chine n'entend pas s'immiscer dans les affaires intérieures des autres Etats, par respect de leurs souverainetés.

Ainsi, l'histoire millénaire de la Chine est faite des dynasties autoritaires et non de démocraties. Pour les dirigeants chinois, la démocratie se définit comme « la représentation de l'intérêt des personnes dans le court terme et non pas d'intérêt de la nation pour le long terme. La démocratie est le reflet de la pensée égoïste de la population »102(*). A cet effet, les chinois ne seraient pas regardants sur la démocratie103(*), les droits de l'homme, la bonne gouvernance, etc. Cependant, le « géant asiatique », dans sa politique étrangère, privilégie la formule : « business now, politics later »104(*). Comme l'observe Michal Medan, il est clair que la Chine veut exporter son modèle socioéconomique et politique à d'autres pays en développement, juste comme les Etats-Unis se sont engagés historiquement à propager la démocratie. De l'avis de Olusegun Obasanjo, alors Président du Nigéria, dans son discours adressé au Président chinois Hu Jintao en Avril 2006 à Lagos, la Chine serait le meilleur partenaire de l'Afrique. A ce propos, il affirme que : « nous souhaiterions que la Chine dirige le monde et quand ce sera le cas, nous voulons juste être derrière vous. Quand vous allez sur la lune, nous ne voulons pas être laissés derrière, nous voulons être avec vous »105(*).

* 91 C. Debbasch, op. cit., p.73.

* 92 S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.47.

* 93 La Chine émergente a bien compris la nécessité de s'intégrer à ce nouvel espace de puissance que symbolisent les Organisations internationales (OI). Pourtant, jusqu'en 1990, la Chine jetait un regard assez suspicieux sur ces institutions multilatérales, accusées de faire partie du grand complot impérialiste afin d'asseoir l'hégémonie occidentale. Par conséquent, le multilatéralisme occupera une place importante dans la stratégie chinoise d'affirmation de puissance. « In contrast to a decade ago, the world's most populous country now largely works within the international system. It has embraced much of the current constellation of international institutions, rules and norms as a means to promote its national interests» (voir: E. S. Medeiros & M. Taylor Fravel, «China's new diplomacy», Foreign Affairs, Vol 82, p.22.). Voila donc comment il convient de comprendre l'enthousiasme avec lequel la Chine est depuis jeté dans les bras du multilatéralisme.

* 94. S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.24.

* 95 J. P. Cabestan, « Chine, des armes pour faire quoi ? », Politique Internationale, N°110, Hiver 2005-2006 p.7.

* 96 E. Nguyen, Les relations Chine-Afrique, Paris, Studyrama, 2009, p.65.

* 97 Ibid., p.65.

* 98 R. Cabrillac (dir), Dictionnaire du vocabulaire juridique, Paris, Editions du Juris-Classeur, 2002, p.262.

* 99 J-C Lambelet, loc. cit., p.25.

* 100 P. Ansart, Les cliniciens des passions politiques, Paris, Le Seuil, 1997, pp.38-39.

* 101 J. Jolly, op. cit., p.101.

* 102 S. Bessière, op. cit., p.150.

* 103 Répondant aux détracteurs du régime politique de son pays et remettant le débat en perspective, Jin Chunlei, Conseiller de presse prés de l'Ambassadeur de Chine à Paris, a dit : « Dès 1916, les chinois ont réclamé le droit à la démocratie et à la science. En 1949, ils ont été émancipés et libérés. Pendant plus de trente ans, ils ont pu jouir du droit à la nourriture, à l'habillement, au logement, à l'éducation et à la politique. Tout cela constitue un progrès gigantesque dans l'histoire chinoise ».in Le Monde, 07/07/2010

* 104 M. Meidan, « China's policy: business now, politics later», Asian Perspective, Vol 30, N°4, 2006, pp.71-72.

* 105 S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.26.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore