WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

( Télécharger le fichier original )
par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

V-PROBLEMATIQUE

Pour Michel Beaud, « la problématique, c'est l'ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet choisi ».31(*) La problématique peut aussi être définie comme l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle est une manière d'interroger les phénomènes étudiés32(*). Mais également, « la problématique est la recherche de « ce qui pose problème », c'est-à-dire d'une difficulté théorique ou pratique dont la solution n'est pas trouvée »33(*). C'est cette dernière qui semble cadrer à notre objet d'étude. La coopération sino-camerounaise met en exergue l'expression de la volonté de deux Etats d'intensifier leur coopération dans le domaine culturel.

Fort de ce qui précède, il a semblé utile de déterminer l'enjeu de la valorisation de la dimension culturelle dans les relations entre les deux pays. Que peut représenter l'Institut Confucius dans cet enjeu, et qu'est-ce qui se joue à travers l'implantation de celui-ci à l'IRIC (Cameroun) ?

VI- HYPOTHESES

Madeleine Grawitz soutient que l'hypothèse doit être rattachée à une théorie existante afin d'être en conformité avec le contenu actuel de la science34(*). Lawrence Olivier pense à la suite de ce propos que, « l'hypothèse(ou la proposition de recherche) constitue, sous la forme d'un énoncé, la réponse que le chercheur apporte aux objections qu'il a lui-même formulées face aux études qui l'ont précédé »35(*). Par rapport au problème ci-dessus posé, nous envisageons les hypothèses dont l'énoncé suit: L'Institut Confucius peut être considéré comme un outil fondamental affecté au service de la valorisation de la dimension culturelle dans la coopération sino-camerounaise.

Son implantation à l'IRIC répond à deux enjeux majeurs : l'affirmation et la capitalisation de la dimension soft de la puissance chinoise et l'investissement du marché culturel international par la Chine.

VII- CONSIDERATIONS THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES

D'après J. Huntzinger « les relations internationales doivent être abordées par trois approches : la théorie, la sociologie et l'histoire. Pour la théorie, la science des relations internationales s'interroge sur la nature et les ressorts fondamentaux de la société internationale. Par la sociologie, elle s'interroge sur les régularités de la société internationale. Par l'histoire elle s'interroge sur le déroulement de la vie internationale et la transformation de la société internationale »36(*).

A) Cadre méthodologique

M. Angers définit la méthode comme étant « ...des orientations générales quant aux façons d'aborder un objet d'étude... »37(*). A cet effet, avant de présenter la méthode d'analyse des données, il convient d'évoquer la technique de collecte des données à laquelle nous avons eu recours.

1) La technique de collecte des données

La technique renvoie à l'ensemble des procédés opératoires, destinés à collecter les données nécessaires à la vérification des hypothèses. Ce travail s'est fait à base de la lecture de divers documents écrits sur la présence chinoise en Afrique, avec un accent sur le Cameroun. Ouvrages publiés, articles scientifiques, des revues, des journaux, des discours et autres propos exprimés dans les médias par les officiels des Etats qui nous intéressent dans cette étude, des documents tirés de l'internet ont aussi été exploités. Ils ont été complétés par un protocole de recherche adressé aux responsables ainsi qu'à certains apprenants du mandarin de l'Institut Confucius. Des entretiens avec des personnes diverses, pouvant fournir des informations sur l'intervention chinoise en matière culturelle au Cameroun.

2) La méthode d'analyse des données

La méthode est un « Ensemble d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie »38(*). Cette étude nous commande le recours aux méthodes dites qualitatives. Les méthodes qualitatives renvoient à l'ensemble des techniques interprétatives qui cherchent à décrire, décoder, traduire et généralement percer le sens et non la fréquence de certains phénomènes survenant du monde social. Reposant sur la finesse des remarques découlant des faits, l'analyse qualitative permet d'établir des relations entre variables et apparaît comme un moyen efficace pour tester certaines hypothèses de recherche en établissant notamment des rapports de cause à effet39(*). Complexes, ouvertes et revêtant une forme discursive, les données qualitatives sont susceptibles de donner lieu à plusieurs interprétations. En effet, les données recueillies et analysées sont liées au chercheur par leur choix et leur interprétation. Ce qui vaut aux méthodes qualitatives d'être souvent présentées comme peu fiables. Pourtant, cela ne semble pas entamer l'attachement que les chercheurs leur témoignent. Aussi aurons-nous recours à la méthode d'analyse géopolitique.

La géopolitique est également considérée comme une méthode d'analyse des phénomènes internationaux40(*). « Elle s'interroge sur le calcul des uns et des autres et ce qui les pousse à agir »41(*). C'est conscient de cette réalité qu'Aymeric Chauprade conseille à tout chercheur soucieux de comprendre la vie internationale actuelle de s'approprier cet outil précieux et indispensable42(*). «La géopolitique est un savoir pratique et opératoire ayant pour fondement une méthode d'analyse scientifique reposant sur la prise en compte de ce que Jacques Soppelsa appelle d'une part les « tendances lourdes » et d'autre part les « variables contemporaines » de l'objet d'étude »43(*). C'est donc un moyen efficace pour analyser la valorisation de la dimension culturelle dans la coopération sino-camerounaise, en mettant un accent particulier sur l'implantation de l'Institut Confucius à l'IRIC. Il s'agit de se servir de la méthode d'analyse géopolitique afin d'« identifier les acteurs, [d'] analyser leurs motivations, [de] décrire leurs intentions... »44(*). Bref, il s'agit de se servir de cette méthode pour décrypter autant que faire se peut, les intentions profondes et généralement non avouées qui animent la RPC lorsqu'elle décide de mettre un accent particulier sur le facteur culturel dans ses relations avec le Cameroun.

B) Cadre théorique

Le terme théorie vient du grec « theorein » qui signifie observer avec émerveillement ce qui se passe pour le décrire, l'identifier et le comprendre45(*). La théorie permet de rendre compte des faits sociaux à partir d'un modèle prédéfini46(*). Pour Merle, « le détour par la théorie n'est(...) pas une évasion, mais un moyen de mieux appréhender la réalité »47(*). Ainsi, c'est la théorie qui donne une explication ou une compréhension à un phénomène. Dans le cadre de ce travail, le choix a été porté sur deux grilles d'analyse : le réalisme et la géoculture.

S'agissant du réalisme, nous pouvons affirmer que cette théorie a constitué le cadre d'analyse dominant des Relations internationales48(*) au XXe siècle, notamment dans les pays anglo-saxons49(*). Comme l'écrit Benjamin Frankel, le réalisme, comme construction intellectuelle, a dominé l'étude des Relations internationales dès le commencement. « Des sophistes et Thucydide, Machiavel et Hobbes, à E.H Carr, Hans Morgenthau, John Herz et Kenneth Waltz, les penseurs réalistes ont offert des analyses lucites sur la politique entre les nations »50(*). Frankel explique cette primauté de l'approche réaliste par le fait qu'elle a toujours proposé de « ... fournir les explications valables sur les comportements des Etats ».

Le réalisme, d'après De Senarclens et Yohan, repose sur l'hypothèse que les relations internationales désignent en premier lieu les rapports entre Etats qu'il convient d'appréhender comme acteurs souverains, rationnels, mus par la défense de leurs intérêts propres. Le réalisme privilégie donc la puissance, atout essentiel des Etats. C'est ce qui explique la volonté de chacun d'eux d'en acquérir la réalité et la reconnaissance. Elle permet à qui la détient d'influer sur la vie internationale, parfois même d'imposer dans une certaine mesure sa volonté aux autres acteurs. Toutefois, celle-ci est non seulement « relative mais également évolutive et fluctuante »51(*). Dorénavant, la puissance s'exerce de manière plus douce, sans recourir à la coercition, elle se rapproche de ce que Joseph Nye a qualifié de soft power52(*).

La coopération sino-camerounaise met en exergue deux Etats qui ont pris la décision d'accroitre leurs relations dans le domaine culturel par la mise en oeuvre d'un Institut Confucius. Or, il s'avère qu' « en Chine, à l'image de l'Italie de Mussolini, tout (est) dans l'Etat, rien hors de l'Etat, rien contre l'Etat »53(*). C'est dans cette perspective que Jean-Philippe Beja affirme que : « la RPC elle-même, qui, plus que tout autre pays, est attachée au modèle westphalien de l'Etat-nation et fait tout pour maintenir le monopole de l'Etat sur ses relations extérieures »54(*). Parlant de la quête de la puissance, Stéphanie Bessière justifie cette recherche de la puissance par la Chine, en disant qu'elle a «  perdu son statut de puissance et cherche aujourd'hui à le retrouver. De nombreux critères cumulatifs (militaire, économique, politique, niveau d'éducation, rayonnement culturel...), individuellement inopérants, interviennent »55(*). A ce titre, Hans Morgenthau pense que la culture est un instrument d'impérialisme56(*) qui consiste en une préparation de terrain pour des éventuelles conquêtes militaires ou économiques. Il dit à ce propos que « what we call cultural imperialism is the most subtle and, if we ever to successful of imperialistic policies (...). It softens up the enemy; it prepares the ground for military conquest or economic penetration »57(*). De ce qui découle, Xu Lin nuance en affirmant que « certains pays nous critiquent, redoutent un impérialisme chinois, mais nous nous sommes inspirés du modèle de l'Alliance française qui va bien au delà de l'enseignement de la langue et présente aussi le cinéma, la littérature et les arts français(...).Tout comme le British Council... »58(*). C'est pourquoi ce travail soutient que, d'un point de vue théorique, l'Institut Confucius du Cameroun peut être analysé à travers le prisme du réalisme.

La géoculture contribue également au décryptage du comportement des acteurs sur la scène internationale. La géopolitique dont cette science est issue, constitue une discipline dont l'objet est d'étudier les relations qui existent entre la conduite de la politique étrangère d'un Etat et le cadre géographique dans lequel elle s'exerce59(*). Elle « s'intéresse à (...) la compréhension des facteurs culturels... »60(*). De ce qui découle, le culturel a pris une dimension essentielle dans les équilibres géopolitiques, si bien que la prise en compte du facteur culturel dans la géopolitique a favorisé l'émergence d'un nouveau concept, à savoir la géoculture61(*).. A ce propos, Samuel Huntington affirme que « les conflits n'auront pas essentiellement pour origine l'idéologie ou l'économie. Les grandes causes de division de l'humanité et les principales sources de conflits seront culturels ». Aussi, poursuit-il, « les relations internationales qui, au cours de ces derniers siècles se sont joué dans le cadre de la civilisation occidentale se sont de plus en plus désoccidentalisées »62(*). Il revient donc à s'interroger sur les mobiles qui sous-tendent cette offensive culturelle de la RPC en terre camerounaise. La géoculture explicite donc l'expansion culturelle de la Chine en direction du Cameroun, par le biais de l'implantation de l'Institut Confucius calqué au modèle des Centres culturels occidentaux.

PREMIERE PARTIE :

LES INSTITUTS CONFUCIUS ET LA CREATION D'UN SENS DE LA PUISSANCE CHINOISE ?

En vue de saisir les raisons pour lesquelles le gouvernement chinois choisit Confucius pour patronner la création des centres culturels à travers le monde, il est intéressant d'abord de mettre en lumière l'influence de sa philosophe dans la vision chinoise du monde (Chapitre I). Ensuite, il sera indispensable de réfléchir sur les Instituts Confucius, lesquels participeraient dans la construction de la dimension culturelle de la puissance chinoise (Chapitre II).

CHAPITRE I :

L'INFLUENCE DE LA PHILOSOPHIE CONFUCEENNE DANS LA VISION CHINOISE DU MONDE

Une lecture de l'influence de sa doctrine dans les institutions et les comportements chinois révèle que Confucius serait porteur d'une vision de l'empire du milieu dans ses relations avec le reste du monde. Remarquable à bien des égards, cette influence nous amène dans un premier temps, à examiner l'apport de Confucius à la civilisation chinoise (Section I) ; et dans un second temps, à analyser la philosophie confucéenne comme source d'inspiration de la politique étrangère de la Chine (Section II).

* 31 M. Beaud, L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 1996, p.32.

* 32 R. Quivy & L.V. Campenhoudt, Manuel de recherché en sciences sociales, Paris, Dunod, 3 éd., 2006, p.101.

* 33 L. Olivier op. cit., p.24.

* 34 M. Grawitz, op. cit., p.11.

* 35 L. Olivier op. cit., p.78.

* 36 J.Huntzinger, Introduction aux relations internationales, Paris, Le Seuil, 1987, p.8.

* 37 M. Angers, Initiation pratique à la méthodologie...Anjou, Centre Educatif et Culturel, 1992, p.66. , cité par P-I. Ngo Nyouma, La coopération entre le Cameroun et la Pologne, Mémoire, DESS, IRIC, UYII, 2004.

* 38 J-F. Dominjon, Méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Montchrestien, 1997, p. 12.

* 39 M. Grawitz, op. cit., p.554.

* 40 F. Thual, Méthodes de la géopolitique. Apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Ellipses, 1996, 128.p.

* 41 P. Claval, Géopolitique et géostratégie: la pensée politique, l'espace et le territoire au XXè siècle, Paris, Nathan, 1994, p.6.

* 42 A. Chauprade, Introduction à l'analyse géopolitique, Paris, Ellipse, 1999, 320.p.

* 43 A. Cabanis (dir), Méthodologie de la recherche en droit international, géopolitique et relations internationales, Paris, Idea, 2010, p.61.

* 44 F. Thual, op. cit., p. 4.

* 45 D. Batistella, Théories des relations internationales, Paris, Presses des sciences politiques, 2e édition, 2002, p.226.

* 46 M. Gravitz, op.cit., p.294.

* 47 M. Merle, Sociologie des relations internationales, Paris, Dalloz, 1974, p.3.

* 48 L'expression « Relation internationale » désigne à la fois l'objet d'étude que sont les relations « entre nations » et la discipline qui étudie ces relations. Dans le cadre de ce travail, nous utiliserons, conformément à l'usage « Relation internationales en majuscules lorsqu'il s'agit de la discipline et « relation internationale » en minuscules lorsqu'il s'agit de l'objet (voir : Dario Batistella, Théorie des relations internationales, 3e éd. 2006, p.15.)

* 49 D. Ethier, Introduction aux relations internationales, 3e éd. Montréal, PUM, 2006, p.29.

* 50 F. Benjamin, «Restating the realist case: An introduction», Security studies, vol 5, N°3, 1996, p.xi.

* 51 S. Bessière, La Chine à l'aube du XXIe siècle : le retour d'une puissance ?, Paris, L'Harmattan, 2005, p.12.

* 52 J. Nye, dans son ouvrage intitulé le leadership américain. Quand les règles de jeu changent, Presses Universitaires de Nancy, Nancy, 1992 : estime qu'à l'ère des transformations de la puissance qui quitte le registre du hard au profit de celui du soft, la domination du partenariat est devenue un terrain d'affirmation de la puissance.

* 53 A. Brunet & J-P. Guichard, « La visée hégémonique de la Chine », cité par Adrien de Tricornot, Publié sur : www.lemonde.fr (consulté le 16/03/2011).

* 54 J-P. Beja (dir), « Chine : une dictature dans la mondialisation », Esprit,  N°280, décembre 2001, p.80

* 55 S. Bessière, op.cit., p.12. 

* 56 « L'impérialisme(...) qualifie aujourd'hui la volonté d'une nation, d'un Etat ou d'un groupe de créer une hégémonie sur d'autres nations, d'autres Etats ou d'autres groupes (...), il peut être provoqué par le sentiment d'une supériorité culturelle ou la volonté d'imposer un modèle idéologique ». S. Cordellier, Le dictionnaire historique et géopolitique du 20e siècle, Paris, La Découverte, 2000, p.347-348.

* 57 H. Morgenthau, Politics among..., New York, Alfred A. Knopf Publisher, 4e edition P.57-58.

* 58 Interview réalisée par caroline Puel, au Directeur général des instituts Confucius, Publié sur : www.lepoint.fr, (consulté le 25/05/2009)

* 59 Pascal Boniface, Lexique des Relations Internationales, Paris, Ellipses, 1995, p. 116.

* 60 R. M. Keuko, Guerre et conflits modernes : Petit lexique pour comprendre les notions, Paris, L'Harmattan, 2008, p.111.

* 61 L'auteur estime qu'avec l'effondrement de l'idéologie léniniste et par extension de l'URSS, c'est en réalité la fin de l'hégémonie américaine qui s'annonce. Trois grands mouvements traversent le système-monde et la géoculture découle de ce combat culturel. I. Wallerstein, Geopolitics and geo-culture: Essays on the changing world-system, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, in Etudes Internationales, Vol 23, N°4, 1992, p.887-889. 

* 62 S.P. Huntington, op.cit., p.22-83.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand