WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Manifestations neuropsychiatriques des accidents vasculaires cérébraux à  Kinshasa

( Télécharger le fichier original )
par Magloire Mpembi Nkosi
Université de Kinshasa - Spécialiste en Neuropsychiatrie 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

5.2. Caractéristiques cliniques

5.2.1. Antécédents personnels et familiaux

Parmi les sujets de l'étude, 80% avaient un antécédent d'HTA et 26% un antécédent de diabète. L'antécédent familial d'HTA était également présent dans 18% des cas. Nos constats rejoignent ceux des travaux consacrés à l'AVC en Afrique subsaharienne qui montrent que l'HTA et le diabète sont les principaux facteurs de risque (29). Plus précisément, l'HTA est impliquée dans 32,3% à 68% des infarctus cérébraux et dans 44% à 93,1% des hémorragies intracérébrales (75-78). Le diabète est le second facteur de risque, associé aux infarctus cérébraux dans 3,2% à 37,3% des cas (75-80). De même, ce profil des facteurs de risque est comparable à celui retrouvé dans plusieurs études en dehors de l'Afrique. En Espagne par exemple, Alzamora et al. (81) ont rapporté les facteurs de risque ci-après : HTA (66%), antécédent d'AIT (6%), Dyslipidémie (31%), diabète sucré (34%), apnée du sommeil (5%). Dans le même ordre d'idées, dans leur étude sur le rôle du stress psychologique sur la survenue de l'AVC ischémique, Jood et al. ont rapporté un lien significatif entre l'HTA, le diabète et le stress psychique perçu (82).

5.2.2. Manifestations psychiatriques

Dans le cadre de cette étude, 56% des sujets présentaient un trouble psychiatrique à l'examen clinique. Il s'agissait d'un trouble dépressif (34%), d'un trouble anxio-dépressif (10%), d'un trouble anxieux (10%) ou d'un trouble délirant (2%). Ces résultats montrent que les TPPAVC sont fréquents à Kinshasa et confirment que le risque de développer un trouble neuropsychiatrique après un AVC est élevé (48).

5.2.2.1. Troubles dépressifs

La dépression est le trouble psychiatrique le plus fréquent dans les suites d'un AVC. Les fréquences observées varient selon l'échantillon (population générale, structure hospitalière, structure de réhabilitation), le moment de l'évaluation par rapport à la survenue de l'AVC (phase précoce ou tardive) mais aussi en fonction des outils de diagnostic clinique utilisés (85). Pour Carota et al. , la fréquence de la DPAVC varie comme suit : 6 à 22% dans les deux premières semaines post-AVC, 22 à 53% à 3 mois post-AVC, 16-47% à un an, 9-41% à 3 ans, 35% à 4,9 ans et 19% à 7 ans (36).

Dans cette étude, la DPAVC a été retrouvée chez 44% des patients. Nos observations rencontrent celles généralement notées car la prévalence de la DPAVC varie entre 18 et 60% voire plus dans le monde (31). Dans le même sens, Kotila et al. (66) ont rapporté une prévalence de 41% et de 54% 3 mois après l'AVC selon que les patients bénéficiaient ou non d'un suivi après l'hospitalisation. Sinyor et al. quant à eux rapportent une prévalence de 50% (83), pendant que Chatterjee et al. observent 67,5% des cas de dépression (64). Srivastava et al. (63) ont rapporté une prévalence de 35,29%. Ce chiffre s'élevait à 56% dans l'étude de Haq et al. (84).

Il est important de noter que l'évaluation des DPAVC repose sur l'entretien clinique ; mais il peut être avantageusement complété par une évaluation des fonctions neuropsychologiques et par l'utilisation d'échelles spécifiques validées pour l'évaluation de la symptomatologie affective survenant au décours d'accidents cérébraux (85-88). Dans le cadre de cette étude, deux échelles ont été utilisées pour l'évaluation de la DPAVC. Le score  « Hospital Anxiety Depression Scale de Sigmond et Snaith (HAD) » a été appliqué à 32 des 50 patients : la moitié d'entre eux - 16 patients - présentait un état dépressif certain, ce qui correspond à 32% du total des sujets (50 patients); 5 patients présentaient un état dépressif douteux soit 10% de l'effectif total. Dix-huit patients ont été soumis au Stroke Aphasic Depression Questionnaire. Seize sujets étaient déprimés soit 32% du total des patients. En considérant les résultats de ces deux échelles, on arrive à un total de 32 patients déprimés soit 64 % du total de l'échantillon. Il apparait à ce niveau une différence entre la prévalence trouvée à l'évaluation clinique (44%) et celle trouvée par l'utilisation des échelles (64%). En effet, plusieurs éléments peuvent interférer avec le diagnostic de la DPAVC. Même si le langage et l'attention ne sont pas profondément atteints, les patients peuvent avoir du mal à répondre adéquatement aux questions lors de l'entretien (89). L'apathie est souvent présente en cas de dépression endogène. Après un AVC, l'apathie peut-être présente sans forcément être associée à une dépression (36). Ceci peut expliquer la différence des fréquences observées selon que l'on utilise ou non une échelle pour le diagnostic de la DPAVC. Ceci se rapproche du constat de Haq et al. qui ont utilisé le Patient Health Questionnaire (PHQ 9) et ont observé une prévalence de 58% (84). Cette valeur s'élevait à 28% lors de l'évaluation clinique sans échelle. Ces auteurs ont conclu qu'il était important de disposer d'un outil de diagnostic pour le suivi des patients en post-AVC.

Les rapports entre les maladies cérébrovasculaires et la dépression sont de plus en plus discutés ; et il semble que ceux-ci sont plutôt complexes et pas forcément unidirectionnels. La dépression est de plus en plus considérée comme un facteur de risque de survenue d'un AVC (90 -91) en même temps que les troubles cérébrovasculaires sont considérés comme cause potentielle de dépression surtout chez les patients âgés (92-95). Le fait que la dépression apparaisse fréquemment en post-AVC est un des arguments évoqués sur l'origine vasculaire de la dépression surtout chez la personne âgée. Du reste, un certain nombre des patients déprimés présentent des stigmates radiologiques d'AVC passés inaperçus (96). Il faut noter que l'antécédent d'AVC est un des facteurs de risque de DPAVC aux côtés du sexe féminin, de l'isolement social et de l'antécédent de dépression (97-101).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe