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Politique monétaire : efficacité des instruments utilises au Cameroun

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par Kadanji ANDRE
Université de Ngaoundere - Maitrise 2005
  

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Conclusion

En résumé, après avoir fait un bref rappel sur les différents concepts dans la première partie, nous avons eu dans ce chapitre à développer les différents modèles permettant d'appréhender les relations existant entre les variables d'une manière empirique. Nous utilisons la régression simple et la régression multiple pour les différents modèles. On distingue deux variables endogènes pour plusieurs variables exogènes. Nos variables sont des indicateurs monétaires et réels. Après avoir déterminé ces différentes relations et variables, il est nécessaire de passer aux différents tests et d'en tirer les implications des phénomènes étudiés.

CHAPITRE IV : L'APPORT DES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE UTILISES AU CAMEROUN POUR L'ATTEINTE DES OBJECTIFS FINALS

Après avoir spécifié les modèles à utiliser et analyser les données, il est important de passer aux tests. Les implications d'une recherche comme celle-ci dépendent de la bonne interprétation des résultats des tests. Le volet empirique étant considéré comme l'étape importante d'une recherche, il se dégage ainsi plusieurs constats.

Dans ce chapitre, nous analyserons l'efficacité des instruments de la politique monétaire de la zone BEAC dans une première section. Dans la seconde section, il sera question des enseignements des différents tests, c'est-à-dire les instruments de la politique monétaire utilisés au Cameroun face à l'inflation et la croissance économique.

Section I : Analyse de l'efficacité des instruments de la politique monétaire de la zone BEAC

L'efficacité du nouveau dispositif de gestion monétaire dans la zone BEAC repose sur plusieurs conditions parmi lesquelles la grande sensibilité du coût de refinancement des banques au taux d'intérêt directeurs de la BEAC (Nubukpo, 2003). Ainsi après une évaluation empirique du facteur ci-dessus en Afrique de l'Ouest, certains travaux de recherche ont abouti à la conclusion selon laquelle :

- le taux d'intérêt du marché monétaire, à court terme influence significativement les taux débiteurs des banques. A long terme son impact est faible.

- Le taux de prise en pension est l'instrument de politique monétaire qui, à long terme, influence l'évolution des conditions débitrices des banques.

Dans cette section, nous analyserons l'impact de taux d'intérêt directeurs sur l'inflation au Cameroun d'une part et l'évolution de la masse monétaire et la croissance économique d'autre part.

I - L'impact des taux d'intérêt directeurs sur l'inflation au Cameroun

Le modèle économétrique retenu pour l'analyse de la politique monétaire et l'inflation, nous a permis d'effectuer un certain nombre de tests statistiques, qui sont indispensables pour notre recherche.

Dans le cadre de ce modèle nous avons estimé l'équation suivante :

IPC = C + a1TIAO + a2 TIPP + a3 Ä PIB + a4 IPM + å

L'estimation de cette équation de régression nous a donné les résultats ci-dessous. Les données utilisées pour ce travail sont les données secondaires issues des documents statistiques de la BEAC, la banque mondiale et la banque de France.

1) Présentation des résultats

Les signes attendus des coefficients a1 et a2 sont négatifs car la relation théorique entre l'inflation et les taux d'intérêt directeurs est négative. Par contre, les signes attendus du coefficient a3 et a4 sont positifs, ce qui traduit théoriquement une relation positive entre l'inflation et la croissance du PIB d'une part et l'évolution des importations d'autre part.

Nous avons estimé notre équation de régression à partir de la méthode des moindres carrés ordinaires et à l'aide du logiciel E-Views. Le nombre d'observations est de 15. Ainsi nous avons les résultats consignés dans le tableau 1.

Tableau 1 : Résultats des estimations de l'équation de l'inflation

Estimations

(1)

(2)

(3)

(5)

(7)

(8)

(9)

C

-13,577

(-1,367)*

-0,905

(-0,052)

3,069

(1,974)

-3,273

(-0,260)

-3,273

(-0,260)

-22,734

(-1,955)

-21,443

(-1,399)

TIAO

12,524

(4,993)

 
 

12,736

(0,730)

12,736

(0,730)

3,872

(2,376)

 

TIPP

-7,590

(-4,089)

0,392

(0,233)

 

-8,372

(-0,534)

-8,372

(-0,534)

 

2,900

(1,715)

ÄPIB

-0,451

(-1,274)

0,326

(0,574)

0,227

(0,624)

-1 ,581

(-0,764)

-1 ,581

(-0,764)

 
 

IPM

-0,141

(-2,155)

-0,007

(-0,069)

-0,003

(-0,032)

-0,076

(-0,917)

-0,076

(-0,917)

 
 

0,724

0,036

0,032

0,877

0,877

0,385

0,246

R² ajusté

0,614

-0,225

-0,129

0,795

0,795

0,317

0,162

F

(prob)

6,568

(0,007)

0,140

(0,933)

0,198

(0,822)

10,740

(0,006)

10,740

(0,006)

5,646

(0,041)

2,942

(0,120)

DW

2,525

1,818

1,709

2,241

2,241

1,077

0,934

Note : (*) = t de Student calculé

Source : nos calculs

- estimation 1 : régression avec la moyenne pour remplacer les valeurs manquantes du TIAO et le taux d'escompte normal (TEN) pour remplacer celles du TIPP

- estimation 2 : régression sans la variable TIAO

- estimation 3 : régression sans les variables TIAO et TIPP

- estimation 5 : régression avec les valeurs manquantes du TIAO et le TEN pour remplacer les valeurs manquantes du TIPP

- estimation 7 : régression avec les valeurs manquantes du TIAO et du TIPP

- estimation 8 : régression simple avec la variable TIAO

- estimation 9 : régression simple avec la variable TIPP

Les résultats présentés dans le tableau 1 nous permettent d'avoir plusieurs idées sur l'impact de la politique monétaire sur l'inflation au Cameroun. Ainsi, il est important de passer à l'interprétation de ces résultats.

2) Commentaires des résultats

Il s'agit dans ce sous paragraphe d'interpréter les résultats obtenus précédemment. Les différents tests effectués nous permettent de vérifier la contribution des variables exogènes à l'explication de la variable endogène (test de Student), la significativité globale du modèle (test de Fischer), la qualité de l'ajustement du modèle (coefficient de détermination R²) et la corrélation entre les erreurs d'ordre 1 (Durbin-Watson). Sans oublier d'interpréter les signes des différents coefficients.

- Etude des signes des coefficients : le signe négatif attendu de a1 n'a pas été obtenu, ce qui infirme la relation théorique entre le TIAO et l'inflation. Par contre le signe négatif attendu de a2 a été obtenu dans les estimations 1, 5 et 7, là où les observations du TIPP et/ou du TIAO de 1994 à 2004 sont prises en compte exclusion faite des valeurs manquantes de 1990 à 1993 ou encore là où ces valeurs manquantes sont remplacées. Le coefficient a2 est positif dans les autres estimations, ce qui laisse croire que lorsque le TIAO accroît l'inflation, le TIPP la réduit. Ainsi donc les deux taux neutralisent réciproquement leurs effets par rapport à l'inflation. En outre les signes des coefficients a3 et a4 sont négatifs lorsque toutes les variables du modèle sont prises en compte (estimations 1, 5 et 7), ce qui est contraire aux signes attendus de ces coefficients. Ceci infirme les relations théoriques établies dans la première partie de ce travail. Ainsi, l'impact des taux d'intérêt directeurs sur l'inflation dépend du choix du manipulateur qui peut réduire le TIAO pour diminuer l'inflation ou augmenter le TIPP pour avoir le même effet sur l'inflation. L'inflation importée influence peu l'inflation générale du Cameroun et dans un sens négatif.

- Le test de Student : le t de Student du TIAO (4,993) est supérieur à la valeur de t lue sur la table de Student (2,228) au seuil de 5% pour l'estimation 1 et pour l'estimation 8 où la variable TIAO agit seule sur l'inflation, le t=2,376 est supérieur à la valeur lue au degré de liberté 13, au seuil de 5% (2,160). Ceci veut dire que le TIAO contribue significativement à l'explication de l'inflation lorsqu'on complète les valeurs manquantes ou lorsqu'il agit seul. De même le t de Student pour le TIPP (-4,089) est supérieur à cette valeur (2,201) au seuil de 5% pour l'estimation 1. Seul le TIPP ne contribue pas à l'explication de l'inflation d'une manière significative car son t (1,715) est inférieur à la valeur lue (2,160). Pour les autres variables c'est-à-dire le PIB et l'IPM leurs t de Student sont inférieurs à la valeur lue au seuil de 5% pour toutes les estimations. Ceci dit le TIAO et le TIPP sont significatifs dans l'explication de l'inflation lorsqu'ils sont pris ensemble et avec le même nombre d'observations au seuil de 5%. S'ils n'ont pas le même nombre d'observations c'est-à-dire si on remplace les valeurs manquantes du TIPP par les valeurs du TEN, on retrouve le même résultat que si on considéré seulement les valeurs du TIPP et du TIAO de 1994 à 2004 c'est-à-dire que ces variables sont moins significatives dans l'explication de l'inflation au seuil de 5%. Si on prend le modèle dans son ensemble, on constate donc que l'inflation est expliquée en grande partie par les taux d'intérêt directeurs et les autres variables expliquent peu l'inflation (estimation 1). Le TIPP pris seul n'est pas significatif dans l'explication de l'inflation au seuil de 5%.

- Le test de Fischer : ce test nous donne les résultats suivants : pour les estimations où toutes les variables exogènes du modèle sont prises en compte (estimations 1, 5 et 7) les F empiriques (respectivement 6,568 ; 10,740 et 10,740) sont largement supérieurs à la valeur de F lue sur la table de Fischer à 5% (3,48). Ceci dit, le modèle dans sa globalité est significatif. En plus, sa significativité augmente lorsqu'on considère seule les valeurs du TIAO et du TIPP de 1994 à 2004. De même le modèle considérant la variable exogène TIAO seule (estimation 8) est aussi significatif avec une valeur calculée de F de 5,646 > 4,67 valeur lue de F. Par contre le modèle considérant le TIPP seul n'est pas significatif car F* = 2,942 < F = 4,67. Ce qui fait dire que parmi les taux d'intérêt directeurs, le TIAO explique plus l'inflation.

- Le coefficient de détermination R² : on constate que la qualité de l'ajustement du modèle est plus bonne lorsqu'on considère toutes les variables et qu'on ne remplace pas les valeurs manquantes des taux d'intérêt directeurs c'est-à-dire de 1990 à 1993 ou lorsqu'on remplace ces valeurs pour l'un de deux taux directeurs (estimations 5 et 7), car on a R² = 0,877. Ainsi lorsqu'on complète les valeurs manquantes des taux d'intérêt directeurs (TIAO et TIPP), la qualité de l'ajustement se détériore tout en restant bonne avec un R² de 0,724. Dans les autres cas la qualité de l'ajustement est mauvaise et se détériore à chaque fois qu'on ignore une variable taux d'intérêt directeur (R² < 0,5 pour les estimations 2, 3, 8 et 9). En conclusion les deux taux d'intérêt directeurs influencent la qualité de l'ajustement.

- Le test de Durbin-Watson : on a pour l'estimation 1, une valeur calculée de DW équivalente à 2,525. Cette valeur est proche de 2 d'où l'indépendance des erreurs. Par contre pour les autres estimations 2 et 3 on a respectivement : 1,818 et 1,709 qui appartiennent à l'intervalle ] 0,69 ; 1,97[ au seuil de 5% à (4, 15) degrés de liberté, d'où l'aboutissement à un test non concluant pour ces estimations. En ce qui concerne les estimations 5, 7, 8 et 9 le test de Durbin-Watson n'est pas valable, car le nombre d'observations après ajustement pour ces estimations est de 11 ce qui est inférieur au nombre requis pour ce test. Ainsi on admet que les erreurs du modèle considéré dans son ensemble sont indépendantes.

- Le test de Cusum SQ fondé sur la dynamique de l'erreur de prévision. Ce test permet de détecter les instabilités structurelles des équations de régression au cours du temps. Contrairement au test de Chow, il ne nécessite pas de connaître à priori la date de modification structurelle. L'idée générale de ce test est d'étudier l'évolution au cours du temps de l'erreur de prévision normalisée, ainsi on appelle résidu récursif une succession de prévision calculée entre t-1 pour t. Le Cusum SQ, est fondé sur la somme cumulée du carré des résidus récursifs. Si les coefficients sont stables au cours du temps, alors les résidus récursifs doivent restés dans l'intervalle défini par les deux droites. Dans le cas contraire les coefficients sont instables.

Le test représenté par le graphique ci-dessous est fait sur les variables utilisées pour l'estimation 5.

On constate pour ce test que les coefficients du modèle pris dans son ensemble sont stables. Mais à partir de 2001, on constate qu'il y a une modification et la courbe atteint le seuil maximum. Ceci peut s'expliquer par l'augmentation aiguë de l'inflation en cette année passant de 1% en 2000 pour se situer à 4,5% en 2001 et la baisse des taux d'intérêt directeurs durant cette période.

II- L'évolution de la masse monétaire et la croissance économique au Cameroun

Pour les modèles nous permettant d'analyser l'impact de la politique monétaire sur la croissance économique au Cameroun, nous avons utilisé l'équation suivante :

ÄPIBt = b0 + b1ÄMt.

Nous avons utilisé les données secondaires issues des bases de données de la BEAC ,Banque de France, etc. La régression simple nous a permis de faire l'estimation. Le signe attendu du coefficient b1 est positif. Le logiciel E-Views a été utilisé pour le traitement des données.

1) Les résultats des tests

L'estimation de l'équation de croissance révèle l'existence d'une relation entre la masse monétaire de la période t avec la croissance du PIB de la même période. La méthode des moindres carrés ordinaires est utilisée pour déterminer le coefficient de l'équation de régression. Ainsi les tests nous ont donné les résultats consignés dans le tableau 2.

Tableau 2 : les résultats des estimations de l'équations de la croissance économique

 

coefficients

t de student

Probabilités

C

0,742

0,984

0.342

ÄM2

0,263

4,204

0.001

0,576

 
 

R² ajusté

0,543

 
 

F

17,667

 

0,001

DW

1,425

 
 

Source: nos calculs

Le tableau 2 est le résumé des plusieurs tests faits à base de l'équation de la croissance. Ainsi à présent, il est important de passer à l'interprétation de ces résultats.

2) Analyse des résultats

Il s'agit ici de vérifier si la variable exogène contribue à l'explication de la variable endogène, par le test de student. De donner la significativité globale du modèle par la comparaison de la valeur du F, Fischer calculée à celle lue sur la table de Fischer. La vérification de la qualité de l'ajustement à travers le R². Nous n'oublions pas le signe du coefficient.

- Etude du signe : le coefficient b1 a confirmé le signe attendu c'est-à-dire le signe positif. Ainsi donc la croissance économique est liée à la masse monétaire par une relation positive. Ceci explique l'impact positif des instruments de la politique monétaire par rapport à la croissance économique.

- Le test de Student : la lecture de la valeur théorique du t sur la table de Student, nous permet de dégager comparativement à la valeur empirique l'enseignement suivant : la variable exogène a un t empirique de 4,204 qui est supérieur à la valeur de t lue sur la table (2,160) à un seuil de 5%. Ce qui fait dire que la masse monétaire contribue d'une manière significative à l'explication de la croissance économique.

- Le test de Fischer : la régression de l'équation de croissance affiche un F* de Fischer de 17,667 ce qui est largement supérieur à la valeur théorique de F (4,67) au seuil de 5%. Avec une probabilité de 0,001 on constate que le modèle est globalement significatif c'est-à-dire l'explication de la croissance économique par la masse monétaire est réelle. Ce test confirme la corrélation positive entre le taux de croissance de la masse monétaire de la période t et le taux de croissance du PIB de la même période.

- Le coefficient de détermination : ce test nous a permis de mesurer la qualité de l'ajustement. Il nous suggère que la variable exogène explique à 57,6% la variable endogène c'est-à-dire la croissance du PIB réel. Ainsi la qualité de l'ajustement est moyenne. Ceci peut être dû à l'absence de certaines variables qui n'ont pas été prises en considération dans le modèle. Mais, ce test montre que la croissance de la masse monétaire explique en une grande partie relative le taux de croissance de la même période.

- Le test de Durbin - Watson : pour ce modèle de la croissance, le DW est de 1,425 ce qui n'appartient pas à l'intervalle ]1,08 ; 1,36[ . Ainsi, on conclut qu'il n'y a pas auto-corrélation positive entre les erreurs du modèle.

- Le test de Cusum SQ fondé sur la dynamique de l'erreur de prévision, permet de détecter les instabilités structurelles des équations de régression au cours du temps. L'idée générale de ce test est d'étudier l'évolution au cours temps de l'erreur de prévision normalisée, ainsi on appelle résidu récursif une succession de prévision calculée entre t-1 pour t. Si les coefficients sont stables au cours du temps, alors les résidus récursifs doivent restés dans l'intervalle défini par les deux droites. Dans le cas contraire les coefficients sont instables.

Pour le modèle de la croissance on a le résultat suivant :

A la lecture ce graphique, le constat qui se dégage est la stabilité du coefficient durant la période 1992 à 2004. On peut expliquer ce fait par le maintient de la croissance du PIB dans un sens progressiste avec des faibles régressions.

En résumé, la croissance de la masse monétaire de la période t a un impact sur la croissance économique de la même période. Elle s'ajuste à 57,6% à la croissance de l'activité économique. Cette explication de la croissance économique par la croissance de la masse monétaire de la même période est significatif à 5% (F* = 17,677).

Après ces différentes interprétations, il est important de passer à présent aux différents enseignements et recommandations tirer de ce travail.

Section II : les instruments de la politique monétaire utilisés au Cameroun face à l'inflation et la croissance économique

Une étude tournée vers des considérations économiques de nos résultats nous renseigne sur les effets de la politique monétaire appliquée au Cameroun sur l'inflation et la croissance économique. Ainsi, les différents tests nous ont permis de vérifier si les relations théoriques déterminées précédemment sont validées ou non. Les résultats statistiques expliqués ci-dessus nous fournissent d'une part des repères empiriques pour vérifier nos hypothèses et d'autre part d'en tirer les enseignements pour des recommandations utiles pour l'économie Camerounaise.

I - Vérification des hypothèses

La première partie de ce travail nous a permis d'établir des relations théoriques entre plusieurs concepts et de proposer des réponses aussi théoriques à nos différentes préoccupations. Ainsi après avoir fait de nombreux tests, il sera question dans ce paragraphe de procéder à la vérification empirique de la validité ou non de nos réponses du départ. Nous ferons cette analyse d'une part pour l'inflation et d'autre part pour les effets de la politique monétaire sur la croissance économique au Cameroun.

1) En ce qui concerne l'inflation

Le modèle qui nous a permis d'analyser l'inflation a été inspiré de l'hypothèse H: les taux d'intérêt directeurs de la BEAC influencent négativement l'inflation.

L'analyse des concepts de cette hypothèse met en relation les taux d'intérêt directeurs et l'inflation. Dans cette relation, les signes des coefficients des taux d'intérêt nous intéressent pour l'appréhension de l'impact de ces taux sur l'inflation. Ainsi l'analyse statistique de nos résultats montre que le TIAO a un impact positif sur l'inflation (coefficient 12,736), ce qui contredit la relation théorique définie dans la première partie de ce travail. Par contre le TIPP avec un coefficient négatif (-8,572) confirme la relation théorique, le signe attendu est obtenu.

Cette contradiction des signes des coefficients des taux d'intérêt directeurs, nous amène à se poser des questions. Ainsi nous avons cherché à savoir lequel d'entre les taux d'intérêt est plus corrélé à l'inflation ou encore lequel contribue plus à l'explication de l'inflation. Nous avons trouvé que les deux taux d'intérêt sont corrélés d'abord entre eux d'une manière significative au niveau de 1% avec un coefficient de corrélation de 0,982. Ceci nous permet de dire que pour ressentir l'effet de la politique monétaire sur l'inflation, il faut utiliser simultanément ces deux taux d'intérêt directeurs. Individuellement, le TIAO et plus corrélé à l'inflation avec un coefficient de corrélation de 0,621 à un niveau de significativité de 5% et de sens positif c'est-à-dire lorsque le TIAO augmente, l'inflation augmente selon nos résultats. Par contre, le TIPP est corrélé à l'inflation pas de manière significative, mais dans un sens négatif si on ne considère pas les valeurs manquantes de 1990 à 1993 (coefficient de corrélation de -0,086). Ceci dit lorsque le TIPP augmente, l'inflation baisse.

Si le coefficient du TIPP en valeur absolue est supérieur au coefficient du TIAO, on dit alors que les taux d'intérêt directeurs influencent à la baisse l'inflation. Par contre, si le coefficient du TIAO est supérieur au coefficient du TIPP en valeur la décision de savoir la position de l'effet de ces taux sur l'inflation dépendra de l'écart qu'il y a entre ces différents taux d'intérêt. Ceci est le cas de nos résultats (coefficient TIAO = 12,736 et coefficient TIPP = -8,372), ainsi si l'écart entre ces taux ne permet pas au TIAO de rattraper le TIPP alors les taux d'intérêt directeurs auront un effet négatif sur l'inflation. Si cette différence est minime alors on aura un effet positif. Ainsi pour analyser l'effet de la politique des taux d'intérêt directeurs sur l'inflation, il est important de saisir l'écart existant en les deux taux intérêts. En effet, au Cameroun une augmentation du TIPP réduit l'inflation, de même une réduction du TIAO influence à la baisse l'inflation. L'inflation importée n'influence pas trop l'inflation au Cameroun. Mais, il convient de noter qu'au plan théorique, les déterminants non-monétaires de l'inflation sont : l'inflation par les coûts, l'inflation par la demande et l'inflation importée. De ce fait, l'hypothèse H1 de notre travail ne peut être validée.

2) En ce qui concerne la croissance économique

L'équation de croissance est fondée sur l'hypothèse H: la croissance de la masse monétaire a un impact faible sur la croissance économique au Cameroun.

L'estimation de cette équation révèle l'existence d'un impact significatif mais relativement faible de la croissance de la masse monétaire sur la croissance économique au Cameroun. Les résultats de notre travail concluent à une relation positive entre la croissance de la masse monétaire et la croissance économique.

Nos résultats confirment les études menées par Paho (2005) qui montre que la variable masse monétaire de la même période exerce une influence positive et faible sur la croissance économique. Le fait d'expliquer la croissance économique par la seule variable à savoir la croissance de la masse monétaire joue sur la qualité de l'ajustement (R² = 0,576). Ceci explique aussi la faible efficacité des instruments de la politique monétaire à atteindre l'objectif final de croissance économique. Les résultats de nos tests confirme nos spéculations théoriques de la première partie c'est-à-dire l'hypothèse H2 de notre travail se trouve validée.

En fait, nos résultats insistent sur l'amélioration de l'efficacité des instruments de la politique monétaire utilisés au Cameroun. Pour cela, il faut agir sur certains instruments du nouveau dispositif de la politique monétaire de la zone.

II - Les enseignements des modèles pour des instruments de politique monétaire plus efficace

La présente étude a montré que les taux d'intérêt directeurs en particulier le TIAO a un effet positif sur l'inflation, par contre le TIPP a un effet négatif sur l'inflation et que la croissance de la masse monétaire a un impact faible sur la croissance économique. Toutefois ces effets demeurent relativement faibles.

Ainsi, une amélioration des instruments et des mécanismes de transmission de la politique monétaire au secteur réel au Cameroun s'avère indispensable. Les objectifs majeurs de la politique monétaire et des crédits sont les mêmes dans presque tout les pays. Mais, il n'en va pas de même des techniques à mettre en place pour y parvenir. Celles-ci varient considérablement d'un pays à un autre selon le niveau de développement et la structure financière de chaque pays. Du fait de la faiblesse de revenu et de l'épargne, le Cameroun est constamment confronté à un manque des capitaux nécessaires au financement de l'économie. A cette cause structurelle, il faut ajouter que au Cameroun, la masse monétaire est soumise à des fortes fluctuations saisonnières, conséquences du caractère cyclique de la production agricole. C'est dire que l'action du contrôle de crédit des autorités monétaires camerounaises doit avant tout avoir pour objectif d'ajuster la liquidité globale au besoin de l'économie. Ceci veut dire qu'il faut mettre l'accent sur les instruments ayant une action sur la liquidité bancaire (politique des taux d'intérêt, open market et l'escompte).

De plus, on sait que l'objectif final de la politique monétaire de la BEAC est la stabilité monétaire. Ainsi, pour la BEAC dont la monnaie est rattachée à l'Euro par une parité fixe, l'objectif de stabilité monétaire signifie un taux d'inflation faible et un taux de couverture extérieure de la monnaie suffisant (minimum 20%). Pour évaluer le risque pesant sur cet objectif, la BEAC doit suivre étroitement l'évolution des agrégats monétaire (taux de croissance de la masse monétaire et de crédit à l'économie). Elle doit utiliser les instruments appropriés pour les actions à mener.

En ce qui concerne l'action par la quantité, la BEAC s'appuie sur l'exercice de la programmation monétaire pour arrêter les objectifs de croissance des agrégats monétaires et de refinancement compatible avec la réalisation de l'objectif de stabilité des prix (faible inflation). L'action par les taux d'intérêt inscrit dans le cadre de la nouvelle politique monétaire d'après 1990 de la BEAC doit être dynamique et plus souple. Ainsi, le gouverneur de la BEAC doit fixer les taux d'intérêt directeurs en fonction des objectifs de la politique monétaire et surtout de l'évolution de l'économie nationale et mondiale.

Le taux d'intérêt exerce une influence sur le comportement des agents économiques. Ainsi la hausse des taux d'intérêt peut décourager la consommation et stimuler l'épargne, ce qui peut être source de surliquidité des banques commerciales. Pour cela donc, la BEAC doit baisser son taux d'intérêt d'appel d'offre (TIAO) et augmenter le TIPP pour influencer les différents taux à la baisse et encourager la consommation pour diminuer la surliquidité bancaire. La non répercussion des variations des taux d'intérêt directeurs sur les taux d'intérêt nationaux peut avoir un impact important sur l'activité économique.

Conclusion

Au total dans ce chapitre, nous avons eu à présenter les différents résultats de nos tests qui nous ont permis de rejeter et d'accepter certaines de nos hypothèses. De ces différents résultats, nous avons tiré des enseignements et avons fait des recommandations. Ainsi pour une amélioration de l'efficacité des instruments de la politique monétaire utilisés au Cameroun, le travail est loin d'être achevé.

CONCLUSION GENERALE

Rappel de l'objet

Notre travail dont le thème s'intitule : « Politique monétaire : efficacité des instruments utilisés au Cameroun », avait pour objet de faire une analyse empirique de l'efficacité des instruments de la politique monétaire par rapport à la stabilité des prix et la croissance économique depuis la reforme de 1990. Nous avons défini l'efficacité comme la capacité à réaliser un objectif visé. Ainsi ce travail s'est déroulé autour de ces questions :

- Les instruments de la politique monétaire utilisés au Cameroun sont ils efficaces ?

- Quels sont les instruments théoriques de la politique monétaire ?

- Quelles sont les relations qui existent entre les instruments de la politique monétaire et les objectifs de stabilité des prix et de la croissance économique au Cameroun ?

L'objectif de notre recherche était de voir si les instruments de la politique monétaire sont d'un grand apport dans la lutte contre la pauvreté au Cameroun, indirectement à travers la réalisation des objectifs de stabilité des prix (faible inflation) et de croissance économique.

Rappel des hypothèses

Dans le souci de mener à bien notre recherche, nous avons à partir de la littérature et des travaux empiriques déjà menés dans le domaine de la politique monétaire, formulé deux hypothèses à savoir :

H: les taux d'intérêt directeurs de la BEAC influencent négativement l'inflation.

H: la croissance de la masse monétaire a un impact faible sur la croissance économique au Cameroun.

La démarche adoptée nous a permis de retenir plusieurs variables qui ont été utilisées dans la régression. Le logiciel d'analyse économétrique E-Views nous a permis de réaliser les estimations de nos équations de régression. L'estimation par la méthode des moindres carrés et les tests statistiques réalisés ont donné les résultats suivants :

Le test de Fischer permet de dire que le modèle de l'inflation pris dans son ensemble est globalement significatif à 1%. Le modèle de la croissance quant à lui est aussi globalement significatif au même seuil.

L'analyse des signes et le test de Student nous ont conduit à la conclusion suivante : le TIAO a une influence positive sur l'inflation tandis que le TIPP a une influence négative sur l'inflation. La croissance de la masse monétaire exerce un effet positif significatif sur la croissance économique. Ainsi notre hypothèse H1 n'est pas validée, par contre l'hypothèse H2 est validée.

Par ailleurs le Durbin-Watson montre que les erreurs ne sont pas auto corrélées. Les données utilisées ont été recueillies dans les documents statistiques et les sites internet de la BEAC, la Banque de France et la Banque Mondiale de 1990 à 2004.

Rappel des résultats

Les régressions multiple et simple que nous avons effectuées à l'aide du logiciel E-Views nous ont donné les résultats suivants :

Les modèles utilisés sont globalement significatifs au seuil de 1%, la plupart des variables exogènes contribuent significativement à l'explication des différents phénomènes au seuil de 5%. Certains signes attendus n'ont pas été obtenus, mais les coefficients demeurent stables dans l'ensemble. Ces résultats nous ont permis de rejeter d'une par l'hypothèse H1 et de valider l'hypothèse H2. Ce qui n'a pas confirmé l'influence négative des taux d'intérêt directeurs sur l'inflation, mais le faible impact de la masse monétaire sur la croissance économique au Cameroun a été confirmé.

Les limites de la recherche

Le thème de ce travail étant de l'actualité économique, il est inconcevable d'assister à ce débat sans travail scientifique. Il y a lieu de rappeler que tout travail de recherche expose son auteur à des critiques de tout ordre. Les critiques scientifiques résultent en fait des limites constatées dans ce travail tant sur le plan de la forme, du fond et de la méthodologie. Ainsi, ce travail initiateur à la recherche présente des possibilités de biais non seulement sur les variables retenues, mais aussi des tests, qui ne peuvent pas forcement être parfaits dans l'ensemble.

Axe futur de recherche

Du fait de la mise en oeuvre de la même politique monétaire dans la zone BEAC cette recherche pourra s'étendre à l'ensemble des pays de la zone BEAC. De même, dans le futur, il est important de voir l'influence de tous les instruments de la politique monétaire dans le contexte de la BEAC sur tous les objectifs finaux de la politique monétaire.

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

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Articles

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Mémoires

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Sites Internets

1) www.beac.int

2) www.worldbank.org

3) www.banque_france.fr

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