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Analyse socio-économique des interrelations entre aires protégées et populations locales: cas du parc w/Burkina et du terroir riverain de Kotchari

( Télécharger le fichier original )
par Abdoul Wahab ZOMBRA
Université Polytechnique de Bobo Dioulasso - Ingénieur du développement rural 2008
  

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2. 1.3. Strategies adaptatives

Nous avons vu plus haut les effets socio-économiques imputables à l'existence du Parc. L'exercice des activités de production est devenu plus que problématique dans les périphéries du W. Face à une telle situation, les populations adoptent nécessairement de nouvelles pratiques qui font partie intégrante de l'impact socio-économique de l'existence du Parc. Le tableau 10 résume les principales stratégies de culture mises en oeuvre.

Tableau 10 : Importance de personnes appliquant des technologies de culture adaptatives

 

Fumier

compost

paillage

engrais

pesticide

Sexe

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Homme
%

8

81

83

6

9

80

19

70

14

75

8,99

91,01

93,26

6,74

10,11

89,89

21,35

78,65

15,73

84,27

Femme
%

18

10

28

0

4

24

21

7

24

4

64,29

35,71

100

0

14,29

85,71

75

25

85,71

14,29

Total
%

26

91

111

6

13

104

40

77

38

79

22,22

77,78

94,87

5,13

11,11

88,89

34,19

65,81

32,48

67,52

Source : Données de l'enquête

Le tableau 10 a été construit à partir du croisement de la variable sexe aux variables relatives aux nouvelles technologies de culture. En même temps qu'il donne des informations sur le degré d'adoption des technologies de culture, il dépeint un peu la situation de pauvreté dans laquelle se trouvent les femmes de Kotchari. Comme les autres tableaux, il est fait à l'échelle des enquêtés qui s'adonnent à l'activité d'agriculture, soit 117 personnes.

Ainsi, contre l'appauvrissement des sols, les paysans utilisent principalement le fumier de ferme, le compostage, le paillage, l'engrais et les pesticides ou herbicides. La fumure organique et le paillage ne nécessitent pas beaucoup de moyens financiers si bien que leur degré d'adoption sont appréciables (respectivement 76 % et 87 % des agriculteurs). En revanche, le compostage nécessite plus de moyens et n'est pratiqué que par une minorité des agriculteurs (5 %). Quant à l'engrais et aux pesticides, leur degré d'adoption élevée (64 % et 66%) s'expliquent par l'essor de la culture cotonnière dans le terroir. Par ailleurs, la culture du coton constitue en elle-même une stratégie d'amélioration de la fertilité. En effet, la rotation - pratiquée par 77 % des agriculteurs de l'échantillon de départ - entre le coton et les cultures vivrières, permet à ces dernières de valoriser les résidus des engrais utilisés par le coton.

Le croisement de la variable sexe avec les technologies de culture traduit un peu la situation de pauvreté dans laquelle se trouvent les femmes des cinq villages visités. Le tableau ci-dessus montre en réalité une faible adoption des technologies par le genre féminin. Autrement dit, les problèmes de fertilité se posent à cette frange de la population avec plus d'acuité. Ceci peut s'expliquer par l'état de pauvreté dans lequel se trouvent les femmes de la zone ou par les limitations d'appropriation du foncier.

Pour ce qui est de l'activité d'élevage, les principales stratégies mises en place sont le pâturage illégal dans le Parc, l'utilisation des résidus de culture pour l'alimentation du bétail, la recherche de fourrage, le pacage dans les collines pendant les campagnes agricoles, la réduction du cheptel par vente, la transhumance.

Cependant, si l'utilisation des résidus de culture et la recherche de fourrage se caractérisent par des taux d'adoption relativement appréciable de 83 et 43 % respectivement, il n'en est pas de même pour le pacage dans les collines et la transhumance (Tableau 11). Ceci peut s'expliquer par l'éloignement des collines par rapport aux villages à l'exception de celui de Nangbanli qui se caractérise par un taux d'adoption de 33 %. Mais les Peul des autres villages qui, d'une part, possèdent de grands troupeaux et, d'autre part, pratiquent la transhumance, s'adonnent également au pacage dans les collines. La pratique de la transhumance reste une spécificité peule et sa faible adoption s'explique par le nombre réduit des exploitations peules dans les villages enquêtés.

Tableau 11 : Importance de personnes adoptant certaines stratégies d'élevage

Village

Résidus de culture

Recherche fourrage

Pacage collines

transhumance

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Gnimbwama
%

4

20

10

14

24

0

23

1

17

83

42

58

100

0

96

4

Nangbanli
%

5

19

18

6

16

8

24

0

21

79

75

25

67

33

100

0

Lada
%

2

22

14

10

24

0

24

 

8

92

58

42

100

0

100

0

Todouanga
%

4

18

17

5

21

1

21

1

18

82

77

23

95

5

95

5

Tchontchonga
%

3

20

7

16

20

3

19

4

13

87

30

70

87

13

83

17

Total
%

18

99

66

51

105

12

111

6

15

85

56

44

90

10

95

5

Source : Données de l'enquête

Tout comme le tableau précédent, le tableau 11 concerne uniquement les enquêtés s'adonnant à l'activité de production animale, soit 117 personnes.

Le pâturage illégal est une pratique qui prend de l'ampleur entre les mois de mai et août où le Parc est pratiquement inaccessible aux forestiers et aux pisteurs (SIDIBE, 2007). Cependant elle occasionne très souvent des saisies de troupeaux assorties d'amendes parfois élevées. Ainsi, 67 % des personnes ayant payé des amendes aux services forestiers l'ont fait pour pâturage illégal (Tableau 12). En outre, la principale source de revenu pour régler les amendes est constituée par l'épargne animale. C'est ce qui explique que 53 % des personnes enquêtées vendent leurs animaux en cas de saisie (Tableau 13) ; ce qui n'est pas de nature à favoriser l'activité d'élevage, si bien que 49 % des enquêtés affirment que leur cheptel est en baisse.

Tableau 12 : Principaux motifs de saisie dans le Parc W

 

Type infraction

Village

Pâturage

Prélèvement
produit Forestier
(PF)

Braconnage

Pâturage+
PF

Pâturage+
braconnage

Total

Gnimbwama
%

3

0

0

0

0

3

100

0

0

0

0

100

Nangbanli
%

15

1

0

1

1

18

83,33

5,56

0,00

5,56

5,56

100

Lada
%

7

1

4

1

0

13

53,8

7,7

30,8

7,7

0

100

Todouanga
%

8

5

0

7

1

21

38

24

0

33

5

100

Tchontchonga
%

16

1

0

1

0

18

88,89

5,56

0

5,56

0

100

Total

49

8

4

10

2

73

%

67

11

5

14

3

100

Source : Données de l'enquête

Le tableau 12 exprime les motifs de saisie des enquêtés dans le Parc. Il a concerné uniquement les personnes qui ont reconnu avoir versé au moins une amende aux services forestiers, soit 73 personnes.

Le pâturage illégal n'est qu'un élément de la stratégie de fraude. En réalité, au cours des deux phases de l'enquête, il est ressorti clairement que la principale source d'approvisionnement des villages en produits forestiers est le Parc. C'est-à-dire que la fraude concerne aussi la récolte des produits forestiers ligneux ou non, la sculpture et la menuiserie, la forge, la chasse et la pêche, etc. (Cf. Tableau 12). Ainsi, 61 % des enquêtés ont eu à payer des amendes au moins une fois, et 25 % ont déjà payé plus de trois fois. Les saisies qu'occasionnent ces fraudes sont généralement assorties d'amendes dont le règlement contribue à accentuer la pauvreté des populations.

Tableau 13 : Principaux motifs de vente d'animaux d'élevage

 

Vente à cause des
conflits

Vente à cause des amendes

Vente à cause de la
sécheresse

Village

Non

Oui

Total

Non

Oui

Total

Non

Oui

Total

Gnimbwama

11

12

23

20

3

23

8

15

23

%

48

52

100

87

13

100

35

65

100

Nangbanli

14

10

24

7

17

24

12

12

24

%

58

42

100

29

71

100

50

50

100

Lada

15

9

24

14

10

24

13

11

24

%

63

38

100

58

42

100

54

46

100

Todouanga

12

12

24

6

18

24

16

8

24

%

50

50

100

25

75

100

67

33

100

Tchontchonga

11

11

22

7

15

22

9

13

22

%

50

50

100

32

68

100

41

59

100

Total

63

54

117

54

63

117

58

59

117

%

54

46

100

46

54

100

50

50

100

Source : Données de l'enquête

Construit à l'échelle des enquêtés pratiquant l'élevage, le tableau 13 renseigne sur trois raisons qui justifient la réduction par vente du cheptel.

La réduction du troupeau par vente est une stratégie qui permet d'éviter les conflits éleveurs/agriculteurs et les difficultés d'alimentation en saison sèche. Les données du tableau 13 confirment cette hypothèse avec 46, 54 et 50 % des éleveurs qui vendent respectivement à cause des conflits, des amendes en cas de saisie et de la sécheresse. Cette pratique, dans un système où l'élevage est un élevage de contemplation ou constitue l'essentiel de l'épargne, est considérée comme un mal nécessaire. La réduction du cheptel d'une exploitation est synonyme d'appauvrissement.

Face à la raréfaction du bois de chauffe qui constitue la principale source d'énergie calorifique, les villageois utilisent en substitution les résidus de culture, les fèces de bovins et les coques des fruits du Baobab. Ces substituts, comme l'indiquent les données du tableau ci-dessous sont utilisés respectivement par 97 %, 33 % et 30 % des enquêtés.

Tableau 14 : Importance de l'adoption des stratégies palliatives au manque de Bois de chauffe

 

Utilisation des résidus de
culture

Utilisation des déchets
d'animaux

Utilisation des coques de
pain de singe

Village

Non

Oui

Total

Non

Oui

Total

Non

Oui

Total

Gnimbwama
%

0

24

24

22

2

24

22

2

24

0

100

100

92

8

100

92

8

100

Nangbanli
%

1

23

24

15

9

24

22

2

24

4

96

100

63

38

100

92

8

100

Lada
%

1

21

22

15

7

22

11

11

22

5

95

100

68

32

100

50

50

100

Todouanga
%

1

23

24

17

7

24

24

0

24

4

96

100

71

29

100

100

0

100

Tchontchonga
%

0

24

24

10

14

24

4

20

24

0

100

100

42

58

100

17

83

100

Total

3

115

118

79

39

118

83

35

118

%

3

97

100

67

33

100

70

30

100

Source : Données d'enquête (2008)

Ce tableau 14 exprime le degré d'adoption des stratégies palliatives au manque de bois de chauffe. Il a été construit à l'échelle des 118 répondants aux questions requises.

Ces nouvelles pratiques introduisent diverses compétitions qui à long terme peuvent porter préjudice à certaines activités de production. Au nombre de ces compétitions on peut citer : la compétition homme/animaux pour la valorisation des résidus de culture et la compétition homme/agriculture pour la valorisation des déchets d'animaux. Ces compétitions contribuent sans doute à endurcir les difficultés propres aux activités d'élevage et d'agriculture. Ces difficultés sont essentiellement d'alimentation pour la production animale et d'amélioration de la fertilité pour la production végétale.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon