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Analyse de la mortalité infanto-juvénile en Cote d'Ivoire

( Télécharger le fichier original )
par NOHOUA TRAORE
Université de Cocody-Abidjan - DEA en économie du développement 2010
  

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CHAPITRE I : CONCEPT ET MESURE DE LA MORTALITE INFANTO-JUVENILE

Dans ce chapitre, sont discutées en premier lieu les définitions et mesure de la mortalité infantile et en second lieu l'évolution et la tendance de la mortalité infantile en Côte d'Ivoire.

Section 1 : DEFINITION ET MESURE DE LA MORTALITE INFANTILE

L'objectif de cette présente section est de fournir une définition des typologies de la mortalité infantile. Mais avant, d'appréhender la population des enfants morts, il convient de préciser que l'on s'intéressera à la mortalité infantile, juvénile et infanto-juvénile.

1-1 Définition de la mortalité infantile et juvénile

La mortalité infanto-juvénile est celle qui affecte les enfants de la naissance jusqu'au cinquième anniversaire (non inclus) et se rapporte au nombre de décès d'enfants nés vivants de 0-4 ans révolus sur le nombre des naissances durant la période (dans le même pays).

La mortalité infantile est la mortalité des enfants âgés de moins d'un an autrement dit les décès infantiles survenus de (0 à 11 mois révolus).

La mortalité juvénile est celle qui est en rapport avec les décès entre 1 an et 4 ans révolus. Le taux brut de mortalité : mesure la fréquence annuelle de décès au sein d'une population .Bien qu'il soit l'indicateur le plus utilisé, il ne permet pas de caractériser l'état sanitaire de la population. En effet, sa valeur dépend non seulement du risque de mourir, mais également de la structure par âge de la population.

Taux de mortalité néo-natale : décès d'enfants de moins de 28 jours pour 1000 enfants nés vivants.

Taux de mortalité périnatale : décès d'enfants de moins de 7 jours et d'enfants sans vie pour 1000 naissances totales (nés vivants + enfants sans vie).

Taux de mortinatalité : nombre d'enfants sans vie pour 1 000 naissances totales2.

La morbidité : nombre de malades annuels rapporté à la population. Cet indice statistique sert à l'étude de la démographie, au même titre que la natalité ou la fécondité, il dépend de la structure par âge de la population représentée par la pyramide des âges qui est affectée par le

2 Source IRDES, 2009

vieillissement démographique. Le taux de morbidité nous renseigne sur les conditions sanitaires générales d'un pays et est sensible aux épidémies3.

1-2 Les indicateurs de la mortalité infantile

La mortalité infanto-juvénile est la mortalité des enfants entre leur naissance et leur cinquième anniversaire. Les démographes distinguent différents types de mortalité selon l'âge au décès de l'enfant ainsi les indicateurs permettant d'estimer les différents niveaux du phénomène sont présentés dans la figure 1-1 sous forme de calendrier.

Figure 1-1 Calendrier de la mortalité des moins de cinq ans

NAISSANTE Vivante

Présomption de viabilité (Limite conventionnelle)

Conception

 

365 jours

5ans

7jours 28jours 1an

 
 
 
 
 

Avortement
Spontané

 

Mortinatalité

Mortalité Néonatale Précoce

Mortalité Néonatale tardive

Mortalité Néonatale

Mortalité Post-néonatale

Mortalité Périnatale

Mortalité utra-ultérine
(ou foetal)

Mortalité
infantile

Mortalité juvénile

Mortalité
Infanto-juvénile

Source : LARMARANGE (2003)

3 Source, Techno-Science.net

Présenté par TRAORE Nohoua sous la direction du Professeur KOUADIO BENIE Marcel Page 14

Les deux principaux indicateurs de la mortalité sont les taux et les quotients. Les quotients de mortalité relèvent de l'analyse longitudinale (dans une génération), tandis que les taux de mortalité appartiennent à l'analyse transversale (dans une année). Dans le cas de notre étude, il s'agit d'une analyse transversale, car il est question seulement d'enfants malades reçus en pédiatrie II au CHU de Yopougon au cours de l'année 2008.

La mortalité infantile est, quant à elle, celle survenue avant l'âge d'un an. L'indicateur utilisé pour la mesurer est le rapport du nombre de décès d'enfants de moins d'un an au cours d'une année au nombre de naissances vivantes enregistrées au cours de la même année. En plus, des taux, il importe de relever quelques quotients qui sont tout de même des indicateurs de la mortalité :

> Quotient de mortalité néonatale (NN) : mesure à la naissance, la probabilité de décéder avant d'atteindre un mois exact.

> Quotient de mortalité post-néonatale (PNN) : mesure chez les enfants âgés d'un mois exact, la probabilité de décéder avant d'atteindre le douzième mois exact.

> Quotient de mortalité infantile : mesure à la naissance, la probabilité de décéder avant d'atteindre le premier anniversaire (le terme taux de mortalité infantile sera aussi utilisé pour designer le quotient de mortalité infantile).

> Quotient de mortalité juvénile : mesure chez les enfants âgés d'un an exact, la probabilité de décéder avant d'atteindre le cinquième anniversaire.

> Quotient de mortalité infanto-juvénile : mesure à la naissance, la probabilité de décéder avant d'atteindre le cinquième anniversaire4.

La robustesse de ces indicateurs dépendrait de la fiabilité des données inhérentes aux techniques d'approche de la population cible. D'où l'intérêt de la confrontation de certaines méthodes d'évaluation.

1-3 Méthodes d'évaluation

Le taux de mortalité infantile est révélateur du comportement en matière d'éducation des enfants, des conditions d'hygiène et de santé qui règnent dans les collectivités à risque et du degré de développement socio-économique d'une région. Mais, il est souvent difficile de mesurer cet indice avec précision et à peu de frais.

Les régions fortement vulnérables à la mortalité infantile sont généralement les plus difficiles
à enquêter car elles sont dépourvues d'hôpitaux, d'archives et d'infrastructures sanitaires. Les
collectivités y sont isolées et à peine alphabétisées. Les enquêtes rétrospectives demandent

4 Source EDSCI 1998-1999

beaucoup de temps et d'argent. Dans bien des cas, les mères ont oublié les circonstances particulières entourant les grossesses et les décès. En outre, il s'écoule en moyenne deux ans entre la collecte des renseignements et leur analyse.

Des chercheurs d'Amérique latine ont trouvé une nouvelle façon d'obtenir les taux de mortalité infantile dans les régions pauvres. La méthode est commode, rapide et peu coûteuse. Quand une femme accouche à l'hôpital, en clinique ou au foyer avec l'aide d'une sage-femme, on lui pose quatre questions simples sur les résultats de sa grossesse précédente :

· Avez-vous déjà mis au monde un enfant vivant ?

· Dans l'affirmative, cet enfant est-il présentement vivant ou décédé ?

· Quelle était sa date de naissance ?

· Si l'enfant est décédé, à quelle date le décès est-il survenu ?

Les concepteurs de politique de santé peuvent ainsi établir des estimations précises des taux de mortalité infantile. Le procédé repose directement sur l'information fournie par la mère et prévient les erreurs de mémoire. Cette méthode peut avoir sa place dans un système permanent de collecte de données faisant appel aux hôpitaux, cliniques et sages-femmes ou à des enquêtes périodiques par recensement.

Divers pays, dont l'Argentine, le Brésil, la Bolivie, le Pérou, la République dominicaine et le Honduras, ont obtenu des estimations précises à l'aide de cette méthode. Les résultats sont souvent plus justes que ceux que permettent d'obtenir les méthodes traditionnelles de sondage. Par exemple, le CENEP en Argentine, a réussi à évaluer la mortalité infantile avec plus d'exactitude que s'il avait utilisé les estimations fondées sur les données officielles tirées des dossiers de l'état civil sur les naissances et les décès.

Au Brésil, la méthode de collecte de données sur la mortalité infantile a été intégrée au système de santé publique de 14 municipalités situées dans trois États du Nord-est

(Pernambuco, Rio Grande del Norte et Alagoas). On sollicite surtout les hôpitaux publics se rendent habituellement les femmes pour accoucher. Les chercheurs ont approché

directement les agents de la santé pour qu'ils incitent les hôpitaux locaux à incorporer le questionnaire à leur travail quotidien. Par exemple, ce sont les infirmières qui ont recueilli les renseignements nécessaires auprès des mères, au lieu de confier les interviews à des personnes de l'extérieur. Des méthodes plus adéquates méritent d'être adoptées car une bonne mesure de la mortalité infantile permet de rendre compte de l'état réel de santé dans une population donnée et d'en prévoir l'évolution. Aussi, une meilleure appréciation du phénomène ne favorise t-elle pas la mise en oeuvre de stratégies et de politiques adéquates pour sa réduction (CERDI, 2003).

Section 2 : NIVEAUX, EVOLUTION ET TENDANCE DE LA MORTALITE INFANTILE

Dans cette section, nous montrerons d'abord le niveau actuel de la mortalité infantile, son évolution ensuite sa tendance.

2-1 Niveaux de la mortalité infantile en Côte d'Ivoire

Les taux de mortalité observés laissent entrevoir des niveaux différentiels de mortalité. La mortalité générale, c'est-à-dire la mortalité de tous âges confondus, avait baissé continuellement depuis les années 1950 avant d'enregistrer une inversion de tendance en 2006. Les causes de cette hausse de la mortalité sont nombreuses. On relève, entre autres, la dégradation continue des conditions de vie des populations, la recrudescence des grandes endémies tropicales, certaines infections comme le VIH/SIDA et les causes liées aux modes de vie moderne (consommation excessive d'alcool, accidents divers, mauvaise nutrition).

L'enquête sur les indicateurs du SIDA (EIS, 2005) a estimé la mortalité néonatale à 41%o. La plupart des statistiques de la région estiment la proportion de la mortalité néonatale à environ 40% de la mortalité infantile. La tendance de la mortalité infantile reflète celle de la mortalité générale. Le quotient de mortalité infantile, c'est-à-dire la probabilité de mourir entre la naissance et le premier anniversaire, est passée en 1998 de 112%o à 84%o en 2005 selon (l'EIS,op cite). La mortalité infanto-juvénile était de 125%o en 2005. Cet indicateur se serait amélioré par rapport à 1998 où il était de 174%o, cependant, il reste élevé.

Selon le DSRP 2009, la mortalité infantile connaît une évolution irrégulière. En 1994, elle était de 89%o et de 1998 à 1999 elle s'est hissée à 112%o. En 2005, la situation s'est améliorée et la mortalité infantile se situe à 84%o. Chez les enfants de moins de cinq ans, elle demeure élevée : 150%o en 1994, 181%o en 1998 et 125%o en 2005.

Quant à la mortalité néonatale, bien qu'en baisse, elle reste toujours élevée : 41%o en 2005 contre 62%o en 1998-1999.

2-2 Évolution de la mortalité infantile

Les données présentées au tableau 1-1 permettent de retracer l'évolution de la mortalité infantile et juvénile au cours des quinze dernières années. Les niveaux sont calculés par période quinquennale, 0-4 ans ; 5-9ans ; 10-14 ans et 15-19 ans, soit de 1990 à 2005.

Tableau 1-1 Mortalité des enfants de moins de cinq ans en Côte d'Ivoire

Quotient de mortalité néonatale, post-natale, infantile, juvénile et infanto-juvénile
par périodes de cinq ans ayant précédé l'enquête.

Nombre d'années

Mortalité

Mortalité

Mortalité

Mortalité

Mortalité

Ayant précédés

Néonatale

post-

infantile

juvénile

infanto-

L'enquête

(NN)

néonatale

(1q0)

(4q1)

juvénile

 
 

(PNN)

 
 

(5q0)

0-4

41

44

84

44

125

5-9

43

42

86

50

132

10-14

39

50

89

50

134

 

Source : EIS, 2005

Pour la période la plus récente (0-4 ans avant l'enquête), les résultats montrent que sur 1000 naissances vivantes, 84 meurent avant d'atteindre leur premier anniversaire et que sur 1000 naissances âgées d'un an, 44 n'atteignent pas leur cinquième anniversaire. Globalement, le risque de décéder entre la naissance et le cinquième anniversaire est de 125%o, soit un enfant sur huit. On note par ailleurs que la probabilité de décéder entre la fin du premier mois et le douzième mois exact (mortalité post-néonatale : 44%o) diffère peu de celle de décéder entre la naissance et le premier mois exact (mortalité néonatale : 41%o).

Quel que soit l'indicateur considéré (1q0, 4q1, 5q0), on constate que le niveau de la mortalité des enfants Ivoiriens n'aurait que peu changé au cours des quinze années ayant précédé l'enquête. En effet, entre 1993 et 2003 (années centrales des deux périodes quinquennales extrêmes), le quotient de mortalité serait passé de 89%o à 84%o.

Au cours de la même période, la probabilité pour un enfant d'un an de mourir avant son cinquième anniversaire serait passée de 50 %o à 44%o, et le quotient de mortalité infantojuvénile de 134 %o à 125%o. Cette même tendance de la mortalité infantile peut s'observer de 2003 à 2008 à travers le tableau 1-2.

Tableau 1-2 Évolution des taux de mortalité infantile en Côte d'Ivoire

Années

Taux de mortalité infantile

Variation

2003

98,33

 

2004

90,83

-7,63%

2005

90,83

0%

2006

89,11

-1,89%

2007

87,41

-1,91%

2008

85,71

-1,94%

 

Source : CIA, 2008

Évolution de la mortalité infantile de 2003-2008

2-3 Disparités et tendances de la mortalité infantile

Les disparités, dont il est question, sont celles observées entre régions en Cote d'Ivoire en termes de niveau de mortalité infantile.

2-3-1 Disparités régionales

Au niveau régional, on note que parmi les régions étudiées, trois ont un niveau de mortalité infantile supérieur à 100%o : il s'agit du Nord-est (106%o), du Centre-Ouest (119%o) et du Sud-ouest (123%o).

En outre, deux régions ont un quotient de mortalité supérieur à la moyenne nationale des cinq dernières années (84%o), ce sont le Centre (92%o) et le Centre-Est (86%o). Les régions du Centre-Nord (59%o), du Nord-Ouest (62%o) et de l'Ouest (65%o) qui sont pourtant des zones ex-assiégées présentent les meilleurs résultats concernant la mortalité des enfants de moins d'un an.

Au regard de la crise socio-politique, on aurait pu penser à priori que compte tenu de la désertion de ces zones par le personnel médical dans sa grande majorité, la situation se serait présentée différemment. L'action des organisations humanitaires a dû pallier le vide crée par ces départs. La même tendance est observée au niveau de la mortalité infantojuvénile à quelques nuances près.

On note que dans la majorité des régions (7 sur 11), le quotient de mortalité infantojuvénile est supérieur à la moyenne nationale des cinq dernières années (125%o). Selon l'EIS, 2005 c'est dans la région du Centre-Ouest que le risque de décéder entre la naissance et le cinquième anniversaire est le plus élevé (169%o) et plus faible dans les régions du Centre-Nord (83%o) et du Nord-Ouest (96%o).

2-3-2 Tendance de la mortalité infantile

Le graphique ci-dessous illustre la tendance de la mortalité infanto-juvénile en Côte d'Ivoire de 1985 à 2005.

Graphique 1-1 Tendance de la mortalité infantile et juvénile en Côte d'Ivoire

Source : EDSCI-II (1998-99) et EIS-CI(2005)

Ce graphique permet de comparer les niveaux de mortalité infantile et infanto-Juvénile de l'EIS-CI à ceux de l'EDSCI-II. L'EDSCI-II avait mis en évidence une augmentation importante de la mortalité des enfants au cours des quinze années précédent l'enquête 1998- 1999, la mortalité infantile atteignant 112%o au moment de l'enquête (estimation centrée autour de 1996) et la mortalité juvénile atteignant 77%o.

Il apparait clairement sur le graphique que les niveaux de mortalité estimés par l'EISCI pour les périodes 5-9 ans et 10-14 ans avant l'enquête (centrées respectivement autour de 1998 et 1993) sont nettement inferieurs à ceux de l'EDSCI-II pour la période la plus récente (centrée autour de 1996). En effet, pour cette période, l'EIS-CI estime la mortalité infantile à 84-86 contre 112%o à l'EDSCI-II et la mortalité juvénile à 44-50%o contre 77%o. Le manque de cohérence entre les estimations des deux enquêtes pour la même période semblerait indiquer que l'EIS-CI a sous-estimé les niveaux de mortalité, en particulier pour les périodes anciennes.

Cela s'expliquerait par ailleurs par une amélioration de la situation sanitaire ou un changement des caractéristiques de la mortalité infantile. Notre étude permettra de mettre en relief les caractéristiques propres aux enfants de l'année 2008, et d'en établir une comparaison avec les résultats des enquêtes nationales.

CHAPITRE II : LES CAUSES ET CARACTERISTIQUES DE LA MORTALITE DES ENFANTS

Il s'agira dans ce chapitre de donner les causes et caractéristiques des la mortalité infantile et de faire une analyse descriptive à partir des données d'enquête aux fins d'établir une comparaison entre nos résultats et ceux des enquêtes.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote