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Quant s'envolent les grues couronnées et refrains sous le Sahel ou l'expression de la modernité poétique chez F. Pacéré Titinga

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par N'golo Aboudou SORO
Unversité de Bouaké - Maà®trise 2003
  

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Homme - Mort - Voyage dans l'au-delà

(connotation religieuse)

Exemple 2: La termitière

Termitière

- Sur les ruines de la. Patrie

Des termites ont construit une termitière!

( Refrains sous le Sahel, p 69)

- La frontière de Ropallin Le trait Sémantique

- Grandeurs (Quand s'envolent..., p.26) dominant = LA PATRIE

- Forêts

- La feuille royale (Quand s'envolent..., p.18)

- Tous ceux qui ont faims

Manéga

- La terre de Zida

- La Patrie de tes pères

- La patrie d'autres pères

- La vielle terre ( Quand s'envolent...)

Au premier degré la termitière symbolise "la chaîne des générations dans leur effort perpétuel de construction de la cité" ou de la Patrie. C'est d'ailleurs cette signification qui est contenue dans cette devise ou Zabyuré du poète :

"Si la termitière vit

Qu'elle ajoute

De la terre à la terre"

Pour PACERE donc: Termitière = Manéga = Patrie

Exemple 3: Le philosophe à la barbe de poussière, dans Quand s'envolent les grues couronnées

Le philosophe à la barbe de poussière.

- Qui chantait tous les soirs (pp.7-52)

Ses refrains à l'aube

- Qui chante tous les soirs (pp.31-32 -34) Le trait sémantique

- Qui bat le Kounga (p.44) dominant = Eternel! LE MAITRE INITIATEUR

- Qui bat désormais (p.46)

Ce rituel millénaire du Mogho

Timini

- Mère (pp.16-35)

- L'histoire de la grandeur

De la terre de Zida (p.8)

En effet, le philosophe à la barbe de poussière et Timini sont ceux qui ont initié Tibo ou le poète. Ils symbolisent pour lui, le savoir, la sagesse. Parce qu'ils ne sont plus là, "tout s'assombrit sous le ciel de Manéga".

Comme nous pouvons le constater, la symbolisation au premier degré n'a rien de spécifiquement africain. Elle est logique et naît du mode de pensée par analogie, ainsi que l'affirme ZADI Zaourou qui dit d'elle "proche parent de la métaphorisation"1(*)16.

b- La symbolisation au second degré

Cette symbolisation "se fonde sur l'expérience historique du groupe social considéré"1(*)17. Elle ne s'interprète donc que par rapport à l'histoire. Le sens dénoté second de la symbolisation à ce stade, correspond à une situation réellement vécue dans le passé.

Si nous reprenons les deux premiers exemples ci-dessus, nous pouvons dire qu'il y a un enrichissement de leur sens.

Exemple 1: Quand s'envolent les grues couronnées

En effet le titre du long poème de PACERE est la traduction poétique d'un chant funéraire Mossé ( peuple du Burkina Faso): le Bounvaonlobo1(*)18 . Ce mot d'après ZADI Zaourou est le résultat d'une agglutination. Il se compose en effet de "Bounvaon" qui signifie "grue couronnée" et "lobo" qui signifie "partir". Ces deux termes agglutinés donnent donc "l'envole de la grue couronnée".

Ainsi que nous le voyons, le titre de notre poème-fleuve tient de la tradition orale mossé.

Pour le poète, le bounvaonlobo a une double signification symbolique:

1- Le mossé chante le bounvaonlobo chaque fois que meurt un membre de la communauté. Pour lui l'image du défunt, c'est précisément cet oiseau migrateur qui a donné son nom à ce chant funéraire1(*)19.

PACERE en tant que moaga, hérite de ce symbole qu'il vivra personnellement de manière affective, plus intime. Il l'a ainsi récupéré sur la tradition pour la renforcer, l'enrichir.

2- En effet, "vers 6 ou 7 ans PACERE est surpris par un cortège funèbre qui chantait le "bounvaonlobo". Les porteurs de la dépouille mortelle le bousculèrent... l'enfant en fut profondément marqué. D'ailleurs toute la nuit, confesse le poète, je n'ai fait que des cauchemars. C'était à la mort de son oncle Zoundou"1(*)20.

Ce même chant, le poète dû l'écouter en 1954, le 4 janvier1(*)21, lors des funérailles de son père, le roi-lion de Manéga. "Le jeune esprit de Titinga PACERE qui n'avait que 11 ans fut alors installé dans un trouble indescriptible, emporté par la mélodie et l'harmonie des notes du chant rituel." 1(*)22

Cependant, c'est aux funérailles de Timini, en 19731(*)23 que le bounvaonlobo achève de marquer définitivement le poète.

Pour le poète donc, non seulement le mot "grue couronnée" est un héritage traditionnel, mais symbolise-t-il aussi son oncle Zoundou, son père Naba Guiegmde, le roi-lion et Timini sa mère adoptive1(*)24.

Ces trois morts constituent une seule : la mort de l'antique civilisation africaine.

En effet, Timini et le philosophe à la barbe de poussière représentaient pour le jeune "Tibo" (le poète) l'image achevée du savoir et de la sagesse. C'est le "symbole de la force morale et psychologique des grands initiés" que nous ne savons plus produire comme le dit ZADI Zaourou dans sa Thèse d'Etat. Le roi-lion et son Baloum-naba (1er ministre) symbolisaient en effet la force et l'équilibre du pouvoir politique du millénaire empire Mogho. Ainsi que nous le voyons dans ces versets extraits de Quant s'envolent les grues couronnées :

"Adieu grandeur et termitière, / Le tam-tam lourd de héraults / Adieu forêts de Kombaongo / Qui n'appellent plus les initiés, / Adieu forêts et termitières, / De l'antique terre des princes, / Adieu tam-tams sylphides! / Ainsi, Ainsi, / Battent les tam-tams / Près / Des Murs Maudits, / Grand s'envolent / Les grues / Couronnées!"

Au terme de notre réflexion, il ressort que le poète a récupéré un symbole hérité de la tradition orale et l'a fait sien. A travers ce symbole, PACERE évoque la ruine de la civilisation africaine ancienne incarnée par le roi-lion, le philosophe à la barbe de poussière et Timini. Cette civilisation qu'il regrette, à fait place à un vide créé par la colonisation. En effet la politique coloniale est à la base de la dégénérescence, de la profanation et de la laïcisation des symboles africains. Et les nouveaux pouvoirs mis en place après les indépendances ont tous failli à leur mission de restauration de l'Afrique.

Exemple 2: La Termitière

Cet autre symbole, est un héritage de la tradition orale Mossé et partant africaine que PACERE a récupéré pour en faire un symbole individuel dans sa poésie et dans sa vie.

En effet, «A l'entrée de Manega se dresse une énorme "termitière" avec cette devise (Zabyuré) "si la termitière vit, qu'elle ajoute de la terre à la terre" ». Cette oeuvre est du poète qui exploite au maximum les legs de la tradition pour galvaniser ses frères de Manéga et de l'Afrique toute entière afin qu'ils se mettent au travail. La "termitière", symbole de la collectivité, de la société, et de la solidarité, insiste sur l'unité des africains.

En effet, dans Refrains Sous le Sahel, le poème "LA TERMITIÈRE" témoigne de cette signification du second degré:

"Sur les ruines de la Patrie

Des termites

Des termites ont construit une termitière!" (p.69)

Cette strophe, constitue un refrain, comme si par le rythme profond, l'auteur faisait appel à toutes les composantes de la société Mossé et partant africaine afin qu'elles se mettent à l'oeuvre de reconstruction.

Dans cet autre refrain, dans Quand s'envolent les grues couronnées, le poète regrette l'union et le sens de la collectivité de l'Afrique traditionnelle ancienne:

"Adieu grandeur et termitière,

Le tam-tam lourd de héraults

Adieu forêts de Kombaongo

Qui n'appellent plus les initiés,

Adieu forêts et termitières,

De l'antique terre des princes,

Adieu tam-tams sylphides!"

Dans ce refrain qui apparaît aux pages 26, 29 de Quand s'envolent les grues couronnées, ainsi que dans le poème intitulé, "TERMITIÈRE", dans Refrains Sous le Sahel, "la termitière" est un symbole porteur d'une signification qui dépasse son sens dénoté et ce, selon les rapports d'égalités suivants:

Termitières = Etats modernes africains à construire

Termites = Jeunesses africaines qui doivent s'unire

C- La symbolisation au troisième degré

"Elle est la plus complexe et la plus originale, elle crée des relations nouvelles entre le symbole et son référent. Ces relations sont fondées par l'arbitraire du poète ou par un système de rapports ésotériques".1(*)25 Cette symbolisation défie donc toute logique. Pour arriver à décoder ces mots qui opèrent ces bonds et acquièrent une multitude de valeurs nouvelles, il faut être initié aux formes complexes de la parole africaine.

Exemple 1: La Termitière

Dans Quand s'envolent les grues couronnées, nous allons d'abord nous intéresser à la "Termitière". Suivons cette strophe-refrain qu'on retrouve aux pages 26, 29 et 36: 1.Et puis, /2.Et puis, /3.Manéga, /4.Manéga, /5.Plus rien du passé, /6.Plus rien du passé! /7.Manéga, / 8.Manéga! /9.Il ne reste que de loin en loin /10.Adieu grandeur et termitière, /11.le tam-tam lourd de héraults /12.Adieu forêts de Kombaongo /13.Qui n'appellent plus les initiés, /14.Adieu forêts et termitières, /15.De l'antiquité terre des princes /16.Adieu tam-tams sylphides! /17.Ainsi /18.Ainsi /19.Battent les tam-tams /20.Près /21.Des murs maudits /22.Quand s'envolent /23.Les grues /24.Couronnées!1(*)26

En effet, nous l'avons déjà montré, "La termitière" est un symbole que le poète a hérité de la tradition orale et enrichi. Cependant une lecture des versets 3, 4, 5, 10, 12, 14 et 15 nous permet de dire qu'il y a une symbolisation au troisième degré de termitière dans les versets 10 et 14. Cette symbolisation est sous-tendue par les versets 11 et 13 :

10. Adieu grandeur et termitières

11. Le tam-tam lourd des héraults

12. Adieu forêts de Koumbaongo

13. Qui n'appelle plus les initiés

14. Adieu forêts et termitières,

A l'analyse, nous constatons que ces versets sont le développement alterné de phrases de tambours distincts.

Tambour A. Tambour B

9. Il ne reste que de loin en loin

10. Adieu grandeurs et termitière

11. Le tam-tam lourd des héraults

12. Adieu forêts de Koumbaongo

13. Qui n'appelle plus initiés

14. Adieu forêts et termitières

15. De l'antique terre des princes

Si nous étendons notre analyse à tout le refrain, et même à tout le poème, nous nous rendons compte de ce que l'auteur affirme lui-même à la page 86 de son ouvrage, Le langage des tam-tams et des masques en Afrique1(*)27. En effet dans cet ouvrage, le poète affirme que la poésie dans Quand s'envolent les grues couronnées est tributaire de la très complexe littérature des tambours

mossé. En effet plusieurs tambours peuvent s'expriment à la fois. "Des phrases se succèdent, s'entrechoquent et ne se complètent pas souvent". C'est ce que nous avons tenté de montrer ci-dessus.

Fort donc de ce que la poésie de PACERE est une littérature tambourinée ou la juxtaposition de phrases développées par plusieurs tambours, nous pouvons affirmer qu'elle est réservée à une élite, aux initiés1(*)28. D'où le caractère ésotérique du symbole "termitière".

En effet dans la post-face à son oeuvre: La Guerre de femme suivie de la Termitière, ZADI Zaourou affirme que "La termitière" symbolise la parole souterraine des ancêtres et constitue pour cela une réserve inépuisable de forces au sens métaphysique, et mystique du terme. Il permet ainsi d'établir les égalités suivantes :

Force = Energie vitale = Puissance des légats de Dieu.

La "Termitière" telle qu'elle apparaît aux versets 10 et 14, nous permet d'affirmer que son référent ici est bel et bien "la parole souterraine des ancêtres" de Manéga et de l'Afrique, perdue à jamais. "Adieu", témoigne de cette vérité. Et les versets 5 et 6 ("Plus rien du passé") nous rassurent d'avantage dans notre position. Au verset 10, "grandeurs" est relié à "termitières" par la conjonction de coordination "et". Cette conjonction nous le savons, relie des termes de même nature. Cependant, ne permet-elle pas non plus de poser ces égalités de sens:

Grandeur = Termitière = Parole souterraine

Grandeur = termitière = force = Energie vitale

La mort du philosophe à la barbe de poussière, celle de Timini et celle du roi-lion ont fini par faire perdre à Manéga toute sa force, d'où ce cri de deuil et de nostalgie, "Adieu grandeurs et termitières".

En effet, les maîtres initiateurs sont partis: "Adieu forêts et termitières". Pour l'africain, la forêt (sacrée) est le lieu idéal de l'initiation, c'est le lieu où l'on acquiert le sens caché des choses. Le Burkina, pays d'origine du poète on le sait est dans une zone sahélienne, la forêt, comme d'ailleurs au Nord de la Côte d'Ivoire chez les Sénoufos, est synonyme de lieu d'initiation. Ce n'est donc pas sans raison que "forêt" et "termitières"sont liées par la conjonction de coordination "et".

Si nous juxtaposons les versets 10 et 14 nous avons:

"Adieu grandeurs et termitières

Adieu forêts et termitières".

De ce qui précède nous pouvons dire que "grandeurs", "termitières", "forêts" sont des paradigmes ainsi que "parole souterraine", "savoir" et "équilibre parfait".

Choix mystique opéré par les maîtres initiateurs: "la termitière", c'est l'énigme du pouvoir et le symbole de l'unité des contraires. Elle unit le ventre de la terre (là où résident les immortels) et le monde fini des savants, donc l'ésotérique et l'exotérique, l'opaque et le transparent1(*)29.

C'est cet équilibre qui se trouve bouleversé avec la disparition de l'Afrique traditionnelle, avec la mort du Roi-lion, du philosophe à la barbe de poussière et surtout de Timini. C'est cette dernière qui fut chargée d'élever le jeune prince Titinga ou "la terre du fétiche".

Exemple 2: le Bubale

1."A Manéga / 2.Son parent /3. Fut le bubale! /4.A l'époque /5.Où les hommes étaient encore /6. Des hommes /7.Il s'immolait /8.En recevant chaque ami!" ( NB:la numérotation est de nous.)

Dans cette séquence "les mots entretiennent des relations déconcertantes et insolites"1(*)30. Avec PACERE, le verbe "s'immoler" a subi une métamorphose. Reconstituons la phrase: "son Parent s'immolait, en recevant chaque ami". Cette phrase laisse penser que le père du poète, le Roi-Lion "s'immolait" pour recevoir ses amis. Cependant peut-on s'immoler plusieurs fois ? Le verbe conserve-t-il ici son sens étymologique ? Il n'en est rien.

Comme nous l'apprend B. ZADI Zaourou dans sa Thèse d'Etat,1(*)31 le mot bubale est un nom initiatique et celui qui le porte s'identifie, au plan mystique, à cet animal avec tout ce que cela suppose de conviction et de tension psychologique propre au bubale. Un interdit naît nécessairement d'une telle relation symbolique. Le sujet qui porte le nom "bubale" n'a ni le droit de tuer, ni le droit de manger un bubale. Or voilà qu'il le tue pour honorer son hôte. Il s'immole, écrit avec raison le poète :

"A l'époque

Où les hommes étaient encore

Des hommes"

Ici le poète remonte dans le temps pour nous situer l'époque de cette générosité qui va jusqu'au sacrifice de soi. Symbolisation du troisième degré, il a fallu que nous ayons recours à un maître pour décoder cette double signification: le père de notre poète tuait son totem pour recevoir ses amis. Il leur prouvait ainsi son attachement, mais aussi, le sacrifice qu'il était capable de faire pour eux.

Ainsi que nous le voyons, l'Africain moderne ou l'européen ne se retrouvera pas facilement devant cette métamorphose des mots: c'est une poésie d'élites, d'initiés.

La poésie "paceréenne" est une "parole profonde", "grave et lourde de conséquence". Elle est d'ailleurs largement tributaire de la "poésie médiatisée" mossé et partant de l'univers ésotérique africain. Cet univers symbolique est la recréation de l'univers réel dans sa vision unitaire ainsi que l'a écrit Ludovic IPOU, ce qui nous permet d'établir les relations d'égalité suivantes:

Univers Symbolique = Univers de l'Art = Univers du Mythe =Univers Sacré

L'univers symbolique accorde au signifié un traitement spécifique. Il se poétise en s'accomplissant1(*)32 par la fonction rythmique dont "la vocation est de révéler le symbole, de lui donner tout son sens, d'accentuer au maximum son rayonnement...."1(*)33.

Analysons donc cette fonction rythmique qui fait la spécificité de la poésie africaine avec la fonction symbolique à laquelle "elle fait pièce". Nous allons surtout nous intéresser à Quand s'envolent le grues couronnées .

3- La Fonction Rythmique

Dans leur quête de ré-enracinements, les poètes africains et surtout ceux de la deuxième génération ont créé le "rythme profond". La manière de l'organiser est la manifestation de la spécificité de la poésie écrite africaine.

Etant incapable de restituer la poly-rythmie qui caractérise la poésie orale ou médiatisée, la nouvelle poésie de ZADI Zaourou dans Fer de lance, de J.M. ADIAFFI, dans D'éclaires et de foudre ou de Maxim N'DÉBÉKA dans Soleils neufs, ainsi que celle de PACERE dans Quand s'envolent les grues couronnées, se contente, à l'aide du rythme profond de laisser apparaître entre les lignes, les indices de la manifestation potentielle de l'agent rythmique aussi bien que du public-choeur.

Examinons maintenant la circulation de la parole dans notre corpus.

a- La Circulation de la Parole-Force

Nous l'avons déjà dit: ce poème est une "parole-force" ou encore "une parole lourde" de conséquence, réservée à l'élite de la société.

En tant que telle, elle nécessite le circuit suivant, défini par ZADI Zaourou dans Césaire entre deux cultures.1(*)34

D'abord, définissons les signes que nous allons utiliser pour illustrer notre propos dans le schéma du circuit de la parole- force:

E1= Emetteur Principal

R1 = l'agent rythmique qui par la suite se transforme en E2 (Emetteur Secondaire) et Rx = le public ou n'importe quel récepteur du message émis par E1. Ainsi nous avons:

E1 1 - 2 R1

1 - 2 - 3

E2 Rx

Expliquons: E1 (Émetteur principal) émet le message (1), R1 (le récepteur 1) le rythme (2) ensuite il (E2) le transmet à Rx (3).

Le circuit de la parole-profonde ainsi que l'appelle ZADI Zaourou est donc le suivant: Emetteur ---- Agent rythmique --- Récepteur.

Retrouvons l'agent rythmique ou sa manifestation dans le poème-fleuve de PACERE et dans les autres textes.

b- L'Agent rythmique

Ainsi que nous le dit ZADI Zaourou dans sa thèse d'État "le signe de la manifestation potentielle de l'agent rythmique dans la parole poétique se reconnaît à ses formules au nombre variable qui sont réitérées un nombre X de fois."1(*)35

b-1 L'agent rythmique dans Quand s'envolent les grues couronnées

Fort de cette définition examinons le poème- fleuve du poète burkinabé. En effet, le poète à profondément rythmé Quand s'envolent les grues couronnées. Au total 6 constantes ou formules sont réitérées à travers tout le poème à des intervalles variables. Nous avons retenu ici les plus importantes. Suivons le tableau ci-dessous :

Tableau 1

N° Ordre

Constantes

Nombre de fois

Pages

1

Ici

C'est Manéga

(Ici

c'est la vieille terre)

6

5 - 6 - 24 - 25

2

Cette année là

8

9 - 10 - 11 - 14 - 17 - 23 - 24

3

C'était

En mille neuf cent soixante-huit!

12

30 - 31 - 32 - 37 41 - 42 - 44 - 45 50 - 51

4

Adieu

Adieu

Adieu

9

47 - 48 - 50 - 52 53 - 54 - 56 - 57

5

Tmini

Timini

Etait son nom

5

16 - 33 - 35 - 47 65

6

J'ai retrouvé

La terre en feu

(Timini

la terre en feu)

7

58 - 59 - 60 - 61 62 - 63 - 64

A l'analyse de ce tableau il ressort que les constantes 2 et 3 sont assimilables. La première n'est qu'une forme inachevée de la deuxième. Partant de là, nous pouvons dire que cette paire, constitue la plus efficace et la plus remarquable des constantes dans la mesure où elle est distribuée à travers tout le poème. Après elles, viennent les constantes 4 et 6 qui sont distribuées vers la fin du poème. Ensuite, nous avons la constante 5 qui embrasse tout le poème. Quant à la constante 1, elle ouvre le poème et le rythme à ses débuts. C'est elle qui par sa distribution est la moins fréquente.

Ainsi que nous le constatons, le rythme est créé par le recours à l'agent rythmique, dont la présence se manifeste par les réitérations des constantes du tableau ci-dessus. Ces refrains à chaque apparition exigent nécessairement une parole neuve. Elles sont comparables au "mot-accoucheur" dont parle ZADI Zaourou dans sa Thèse d'Etat. 1(*)36.

b-2 L'agent rythmique dans « LE REPOS » de Refrains Sous le Sahel

Dans ce poème, nous avons 3 constantes qui rythment le poème.

Suivons ce deuxième tableau:

* 116 ZADI Zaourou, Thèse d'Etat, op. cit., p.582.

* 117 ZADI Zaourou, Césaire entre deux cultures , op. cit., p.204.

* 118 YEPRI Léon, op. cit., p.6, & ZADI Zaourou, Thèse d'Etat, p.589 .

* 119 ZADI Zaourou, Thèse d'Etat, p.589.

* 120 ZADI Zaourou, Thèse d'Etat, p.589.

* 121 YEPRI Léon, id., p.7.

* 122 YEPRI Léon, ibid., p.7.

* 123 YEPRI Léon, ibid., p.7.

* 124 En effet, ZADI ZAOUROU écrit: "Timini, c'était la mère du poète, pas celle qui l'a conçu, mais celle à qui le groupe social avait demandé de l'éduquer, de l'instruire, d'en faire un homme au sens entier..." Thèse d'Etat, p.590.

* 125 Ludovic IPOU, op. cit., p.50.

* 126 Cette disposition et la numérotation sont de nous.

* 127- Parlant de la littérature des tam-tams, PECERE à écrit ceci "cette littérature est liée aux cours, aux responsables politiques, aux lieux d'exercices du pouvoir; .... Leur nombre ( les tam-tams) pour s'exprimer ensemble peut atteindre une trentaine toutes catégories comprises.... Un des tam-tams (le chef) peut dire le poème, le texte littéraire, les autres, à des moments précis, reprennent les refrains; il peut s'agir d'un débat.... Cette littérature d'ensemble est très complexe puisque des phrases se succèdent, s'entrechoquent et ne se complètent souvent pas; c'est ce qui m'a influencé dans mon recueil, Quand s'envolent les grues couronnées . op. cit., p.86.

* 128 PACERE affirme "on a voulu que le langage ne fût pas par la bouche, ne fût pas oral afin de rester réservé à une élite; cela c'est au moins depuis un millénaire (le Bendré est venu avec les Mossé au Xè siècle sur leur terroir actuel)". Op. cit., p. 83.

* 129 - ZADI Zaourou, Post-face de "La guerre de femme "suivi de La Termitière, Abidjan, NEI/NETER, 2001, pp.138-140: "chez les bété la termitière est aussi le nombril de la terre-mère" chez les dogon (Mali) elle est le clitoris de la terre-mère-épouse de Auma-Dieu. Elle heberge la reine des termites, signe du pouvoir politique de l'équilibre et de l'harmonie-".

* 130 ZADI Zaourou, Thèse d'Etat, p. 595.

* 131 idem., p. 595.

* 132 Selon ZADI ZAOUROU "c'est par la fonction rythmique que s'enrichit la parole, quelle se poétise en s'accomplissant. C'est elle qui fait pièce à la fonction, symbolique. L'équilibre entre ces deux éléments permet de surmonter la contradiction. Thèse d'Etat, p. 231.

* 133 B. ZADI ZAOIUROU, id., p. 231.

* 134 B. ZADI ZAOIUROU, op. cit., p. 181

* 135 B. ZADI ZAOUROU, Thèse d'Etat, p 599.

* 136 "Le mot-accoucheur" est une théorie de Makhily Gassama et présentée par ZADI Zaourou comme la manifestation de l'agent rthymique. Op. cit., p.600.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry