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Quelle gouvernance des risques majeurs pour une meilleure résilience des territoires?

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par Léo MASSEY
Institut catholique de Paris - Master 2 métiers du politique et de la gouvernance 2012
  

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1-1-2-2 L'approche globale des risques majeurs

Les limites de l'approche par les aléas incitent aujourd'hui à orienter la recherche sur les risques vers la connaissance de la vulnérabilité. Comme l'évoque le géographe Jacques Donze18 en 2007 dans une préface de la revue Géocarrefour, «la vulnérabilité est au coeur des recherches actuelles».19 Il explique cette constatation d'une part par la relative instabilité du concept de vulnérabilité, et d'autre part, par le retard pris par rapport aux recherches sur les aléas. Ce retard tiendrait à l'approche analytique qui a été privilégiée par les initiateurs de l'étude des risques majeurs (ingénieurs, géologues, et géographes « physiciens »). L'approche globale des risques majeurs est actuellement développée dans les centres de recherche lyonnais et stéphanois regroupés au sein de l'UMR20 5600 du CNRS intitulé «Environnement, Ville et Sociétés».

L'approche globale emprunte également des éléments à la «cindynique». La cindynique est la science du danger qui fut élaborée dans les années 1980 pour accompagner les études de danger dans l'industrie. Elle propose une analyse systémique de la gestion des risques, en adoptant une unité conceptuelle entre tous les types de risques. Gr%oce à cette approche, des outils d'analyse tres utiles ont été développés par les industriels : les retours d'expérience et ses méthodologies comme « l'arbres des causes »21, ou les analyses de sOreté de fonctionnement comme les méthodes AMDEC 22.

Deux définitions peuvent être données à la vulnérabilité, comme le souligne le géographe André Dauphiné dans son ouvrage sur les risques et les catastrophes de 200123.

La première considere la vulnérabilité comme l'expression du niveau de conséquences prévisibles d'un aléa sur les enjeux. Ainsi pour chaque enjeu reconnu est établie une évaluation des dommages en fonction des niveaux d'aléa. Cette approche classique de la vulnérabilité s'intéresse à la mesure des endommagements potentiels des biens et des personnes et ses répercussions sur l'environnement économique. Cette définition de la vulnérabilité est quelque peu restrictive.

Depuis une vingtaine d'années, les auteurs privilégient un second type de définition. Ils
considerent la vulnérabilité comme les « conditions déterminées par des facteurs ou
processus physiques, sociaux, économiques ou environnementaux qui accentuent la

18 Jacques Donze est chercheur et ma»tre de conférences au sein de l'UMR 5600 Environnement, Ville, Société de l'Université Lyon 3 (rttaché au CNRS)

19 Jacques Donze, «Le risque : de la recherche à la gestion territorialisée», Géocarrefour, vol. 82/1-2, 2007 - URL : http:// geocarrefour.revues.org/1395

20 UMR : Unité Mixte de Recherche

21 Un arbre des causes vise à comprendre un accident. Cette démarche consiste à chercher toutes les causes de l'évenement, pour ensuite identifier les facteurs ayant généré l'évenement (techniques, humain ou organisationnels).

22 AMDEC : Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité

23 André Dauphiné, ÇRisques et catastrophes : Observer - Spatialiser - Comprendre - Gérer», Armand Colin, 2001, p19

sensibilite d'une collectivite aux consequences des aleas È24. Cette définition sert a traduire la fragilité d'un système dans son ensemble et sa capacité a surmonter la crise provoquée par un aléa. Ainsi, plus une société est apte a se rétablir après une catastrophe, moins elle sera considéré comme vulnérable.

L'étude de la vulnérabilité - ou plutTMt des vulnérabilités - nécessite une approche synthétique, qui place la société au centre de l'étude, ou sources d'aléas (de dangers) et de vulnérabilité sont indissociables. Plusieurs niveaux d'analyse de la vulnérabilité sont donc a prendre en compte. La vulnérabilité matérielle, couverte en partie par les assurances, mais également la vulnérabilité fonctionnelle d'interactions entre les enjeux, et enfin la vulnérabilité structurelle liée a l'organisation spatiale des réseaux.

La mesure de la vulnérabilité face a un aléa n'est donc pas chose simple. André Dauphiné propose plusieurs solutions pour surmonter cette complexité.

La première consiste a tout évaluer en termes financiers et a procéder a une analyse coatavantage. Les assurances fondent leur activité et leur prospérité sur ces mesures. Elles peuvent ainsi estimer le coat d'un séisme sur la CTMte d'Azur ou celui d'une crue de la Seine comparable a celle de 1910.

Une autre solution consiste a évaluer la vulnérabilité selon une durée de retour a la normale. Dans cette méthode utilisée principalement pour les inondations, aléa et vulnérabilité sont tous deux représentés par une dimension temporelle exprimée par un temps de retour. Sur une meme carte de risques, chaque parcelle de terrain est alors représentée en fonction de ces deux durées de retour. Cette démarche opérationnelle a l'inconvénient de mesurer la vulnérabilité indépendamment de tout aspect économique.

Enfin, la dernière solution développée bien plus récemment, consiste a mesurer la vulnérabilité par son inverse : la somme de la résistance et de la résilience.

La résistance est relativement simple a mesurer. Par exemple pour la résistance face aux inondations, on mesurera la capacité d'une digue a contenir les eaux. Pour la résistance face aux séismes, on mesurera la capacité des b%otiments a ne pas s'effondrer.

Par contre, la résilience est un concept plus complexe, sur lequel nous reviendrons en détail dans le 1.2. Cela nous permettra d'exposer les approches les plus récentes concernant la vulnérabilité, en lien avec l'utilisation du concept de résilience.

Nous terminerons nos réßexions sur la vulnérabilité et l'approche globale des risques, par la description du principal obstacle qu'elles rencontrent. Celui-ci est lié a la forte dissociation administrative qui existe pour traiter des différents problèmes que posent les risques majeurs. En effet, le traitement actuel des risques majeurs n'est aujourd'hui pas intégré de fagon globale dans toutes les administrations. Non seulement pour l'élaboration d'une expertise (encore centrée sur les aléas), mais également pour les problèmes d'urbanisation, de prévision et de prévention, ainsi que pour les questions liées a la sécurité des populations.

Résumons-nous.

Nous avons vu que l'expertise sur les risques majeurs s'est longtemps focalisé sur l'étude
des aléas et de leur réduction. L'approche typologique se révèle didactique pour

24 Définition du Secrétariat interinstitutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes de l'ONU, Genève, 2004

comprendre le lien entre aléa et risque. Cependant elle appara»t aujourd'hui comme limitée.

L'approche globale, se basant sur l'étude de la vulnérabilité, constitue une vision contemporaine plus pertinente. Les nombreuses recherches actuelles confirment cette réorientation de l'expertise. Malheureusement, cette vision globale des risques majeurs est encore éloignée des administrations. Cette lacune constitue un facteur supplémentaire de la vulnérabilité de nos sociétés.

Cette Çméta-vulnérabilité> se révèle être primordiale, et elle appara»t comme évidente lorsque survient une crise Çhors-cadres>.

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