WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Rôle du capital social dans l'appropriation par la communauté d'un projet de développement rural à  l'extrême-nord (Cameroun).

( Télécharger le fichier original )
par Laurent Parfait NDENGUE
Université Catholique d'Afrique Centrale - M.Sc en Développement et Managemrnt des Projets 2011
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE

INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE

FACULTE DE SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION

ROLE DU CAPITAL SOCIAL DANS L'APPROPRIATION PAR LA COMMUNAUTE D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL A L'EXTREME-NORD (CAMEROUN).

MASTER DEVELOPPEMENT ET MANAGEMENT DES PROJETS EN AFRIQUE

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du Master Développement et Management des Projets en Afrique 

Par : NDENGUE Laurent Parfait

Ingénieur Agronome

Option Economie et Sociologie Rurales

Sous la direction du :

Professeur. Marie Thérèse MENGUE

Sociologue

Année académique 2011

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS iii

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vi

LISTE DES TABLEAUX viii

LISTE DES FIGURES viii

LISTE DES PHOTOS viii

RESUME ix

ABSTRACT x

INTRODUCTION GENERALE 1

I. CONTEXTE DE l'ETUDE 3

II. DELIMITATION DE L'ETUDE 4

III. DEFINITION DES CONCEPTS 5

IV. INTERET DE L'ETUDE 9

V. REVUE DE LITTERATURE 10

VI. PROBLEMATIQUE 16

VII. HYPOTHESES 17

VIII. CADRE METHODOLOGIQUE 18

IX. DIFFICULTES RENCONTREES 21

X. PLAN DU MEMOIRE 21

CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE LA DESERTIFICATION DANS LE DISTRICT PAROISSIAL DE WAZZANG-KALLIAO 22

I. MILIEU PHYSIQUE 23

II. MILIEU HUMAIN 29

III. ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES 36

IV. PROBLEMATIQUE DE LA DESERTIFICATION A WAZZANG-KALLIAO 38

CHAPITRE 2 : PRESENTATION DU PROJET DE LUTTE INTEGREE CONTRE LA DESERTIFICATION 41

I. PRINCIPAUX AXES STRATEGIQUES DU PLANNATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION (PAN/LCD). 42

II. PRESENTATION DU PLID 45

III. LES RESSOURCES DU PLID 47

IV. LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS 49

V. LES ACTIVITES DU PLID 50

CHAPITRE 3 : CAPITAL SOCIAL COMME OUTIL D'APPROPRIATION D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL 62

I. LA VIE COMMUNAUTAIRE A WAZZANG-KALLIAO 63

II. APPROPRIATION DES ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION. 65

III. LES RESEAUX SOCIAUX COMME VECTEUR DE DEVELOPPEMENT 70

IV. LA CONFIANCE, VECTEUR D'APPROPRIATION DES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT 74

V. LES ENTRAVES A LA REALISATION DU PROJET 77

VI. LES RECOMMANDATIONS 79

CONCLUSION GENERALE 82

BIBLIOGRAPHIE 86

ANNEXE 99

À ma famille, mon épouse et mes deux filles.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tous ceux de prêt ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail. Il s'agit de :

§ Le Professeur Marie Thérèse MENGUE, coordinatrice du Master DMPA qui a cru en moi et m'a accordé son encadrement à travers un soutien sans pareil ;

§ Pierre Yves NDZOMO pour m'avoir guidé dans le choix de mon thème de travail ;

§ Madame EBOLO, secrétaire générale de l'UCAC pour m'avoir soutenu financièrement dans le paiement des frais de scolarité ;

§ Les AMICY dont les fonds m'ont permis de solder ma pension ;

§ Le personnel enseignant et d'appui de l'Institut Catholique de Yaoundé dont les actions ont facilité mon séjour à l'UCAC ;

§ Tous les Managers de la promotion pour l'esprit de fraternité et la gaité qu'ils ont apporté chacun en ce qui le concerne pendant les deux années de formation ;

§ L'équipe du CDD et Edouard KALDAPA, son Secrétaire Général, pour son encadrement complet et sa confiance ;

§ L'équipe du Projet PLID, en particulier Paul VANDEWNA et Denis REYANG pour leur disponibilité et l'attention dont ils ont fait preuve lors de ma collecte des données ;

§ Véronique DIASSAR, technicienne de terrain du PLID qui a facilité mon intégration dans les communautés villageoises ;

§ Les populations des villages du district paroissial de WAZZANG-KALLIAO qui ont bien voulu s'ouvrir à moi pour le bon déroulement des enquêtes de terrain ;

§ Le Père Roger BEA, Curé de la Paroisse de DOUVANGAR pour son hospitalité et son soutien spirituel pendant mon séjour à Meri ;

§ Olivier DAVID mon bienfaiteur et tous mes frères et soeurs ;

§ Danielle Francine, mon épouse, mes deux filles Agathe Gloria KOH NDENGUE et Christine Epiphanie MINSILI NDENGUE, pour leur soutien moral.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AFITEP 

:

Association Franco phonique de Management de Projets

AFNOR 

:

Association Française de Normalisation

ALPHA 

:

Association pour les Langues et la Promotion Humaine par l'Alphabétisation

BD

:

Broederlijk Delen

BPC

:

Bief en Pierres Calées

BPM

:

Bief en Pierres Maçonnées

BUCREP

:

Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population

CA

:

Conseil d'Administration

CCD

:

Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification

CCFD

:

Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement

CDD

:

Comité Diocésain de Développement

CEC

:

Club d'Epargne et des Crédits

CEMAC

:

Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CL

:

Comité Local de suivi

COMIFAC

:

Commission des Forêts d'Afrique Centrale

COPIL

:

Comité de Pilotage

CODAS-Caritas

:

Comité Diocésain d'Action Sociale et Caritas

CORDAI

:

Organisation Catholique Néerlandaise pour le Développement

CVCA

:

Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit Autogérée

CPH

:

Comité de Promotion Humaine

DSCE

:

Document de Stratégies pour la Croissance et de l'Emploi

DSRP

:

Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

DSDSR

:

Document de Stratégies de Développement du Secteur Rural

ECAM

:

Enquête camerounaise Auprès des Ménages

FA

:

Foyer Amélioré

FP

:

Femmes et Promotion

GBAD

:

Groupe de la Banque Africaine de Développement

GIC

:

Groupe d'Initiative Commune

GOIB

:

Groupes des Organismes Intervenant dans les Biefs et la Conservation des eaux et sols

IBW

:

Institutions de BrettonWoods

INS

:

Institut Nationale de la Statistique

MIDIMA

:

Mission de Développement de la Région des Monts Mandara

MINADER

:

Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural

MINEE

:

Ministère de l'Eau et de l'Energie

MINEPD

:

Ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable

MINEPAT

:

Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire

MINEPIA

:

Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales

MINFOF

:

Ministère des Forêts et de la Faune

MISEREOR

:

Organisation Catholique Allemande pour le Développement

ONG

:

Organisation Non Gouvernementale

OCDE

:

Organisation de Coopération et de Développement Economiques

ORSTOM 

:

Office de Recherche Scientifique et Technique Outre-mer

PAN

:

Programmes d'Action Nationaux

PASR

:

Programmes d'Action Sous Régionaux

PDRM 

:

Projet de Développement de la Région des Monts Mandara

PLID

:

Projet Pilote de Lutte Intégrée contre la Désertification

PMI 

:

Project Management Institute

PNGE 

:

Plan National de Gestion de l'Environnement

PNUD 

:

Programme de Nations Unies pour le Développement

PPTE 

:

Pays Pauvre Très Endetté

PRASAC 

:

Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Systèmes Agricoles d'Afrique Centrale

PRP

:

Projet de Recherche sur les Politiques

PROM-AGRI

:

Association pour la Promotion des Agriculteurs-animateurs et de l'Agriculture

RGPH

:

Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SAILD

:

Service d'Appui aux Initiatives Locales de Développement

UE

:

Union Européenne

UCEC 

:

Union des Clubs d'Epargne et de Crédit

UNOPS

:

United Nations Office for Project Service

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Répartition des enquêtés par village et regroupement social 3

Tableau 2 : Répartition de faune sauvage de Wazzang-Kalliao 28

Tableau 3 : Evolution des surfaces aménagées et des fosses compostières. 66

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Localisation de l'arrondissement de Meri 3

Figure 2 : Répartition de la population de Wazzang-Kalliao selon l'âge et le sexe. 30

Figure 3 : Evolution des groupes de producteurs de Wazzang-Kalliao entre 2005-2010. 50

Figure 4 : Perception de la communauté par les populations 63

Figure 5: Niveau du lien social dans les villages. 71

Figure 6 : Niveau de confiance des populations sur les décisions d'entreprises. 73

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Paysage marginal typique dans la communauté de Wazzang-Kalliao 38

Photo 2a : Puits en cours de fonçage à Douroum ; Photo 2b : Bief-radier réalisé à Watergas 53

Photo 3 : Reboisement à l'E.P de dans le site de Mémé 55

Photo 4a : Réflexion en groupe lors d'une formation du Comité local de Mokolo-Mboua ; 59

Photo 4b : Participants à une formation du Comité local de Salak 59

RESUME

L'appropriation d'un projet de développement par les communautés est un défi réel pour toute société. C'est d'autant plus important pour le secteur rural camerounais en proie aux conditions peu favorables et à l'insuffisance de ressources. Ce processus concerne surtout les populations qui sont au centre de la politique de développement rural. Cette recherche démontre le rôle du capital social dans l'appropriation du Projet de Lutte Intégrée contre la Désertification (PLID), par les communautés du district paroissial de Wazzang-Kalliao dans la région de l'extrême-nord au Cameroun. Une étude qualitative et quantitative, basée sur des entrevues et des questionnaires, avec les acteurs du projet a fait ressortir quatre conclusions : 1) La communauté rurale de Wazzang-Kalliao, dont les conditions de vie des populations sont rudes détient un capital social viable, mais celui-ci est menacé par l'exode rural des personnes actives. 2) Le capital social est en deux temps, dans un réseau formel et dans un réseau informel. Cependant, la participation sociale dans les réseaux formels est très faible et la plupart des activités se déroulent dans les réseaux informels. Dans ces réseaux informels, la population dépend de ses liens d'attachement, comme la famille et les amis, pour de l'aide dans les activités de développement, l'accès aux ressources et appuis divers. 3) Pour augmenter leur niveau d'appropriation des projets de développement rural, les populations doivent davantage s'entraider même si la demande importante sur la solidarité des personnes peut détruire le capital social. Par ailleurs, le niveau de confiance élevé dans la communauté a favorisé l'implication des populations aux activités du projet. Ceci a limité les principes de sélection et de détournement. 4) Le capital social peut jouer un rôle décisif pour la reconstruction d'identités locales et le retour de la confiance dans les communautés rurales camerounaises dont les institutions de développement sont tombées en ruine. A cet effet une politique publique qui reflète les besoins de tous les membres de la communauté doit être construite. Cela ne serait possible que s'il existe une société civile parmi les ruraux. Les recherches futures pourraient donc aborder la notion de construction de la société civile en milieu rural.

Mots clés : capital social, projet, développement rural, appropriation, communauté, réseaux sociaux, confiance, lutte contre la désertification, district paroissial, Wazzang-Kalliao, région de l'extrême-nord.

ABSTRACT

The appropriation of a rural development project by the communities is a real challenge for any society. This project is important for rural areas in Cameroon who are victim of the unfavourable conditions and insufficient resources or support. This process above concerns the population who are at the center of the rural development policy. This research demonstrates the role of social capital in the appropriation of PLID, by the community of the parochial district of Wazzang-kalliao in the far north region of Cameroon. A quantitative and qualitative research was done with the use of interview and questionnaires with those concerned with the project, four conclusions were brought out after analysis done, which are as follows: 1) The rural community of Wazzang-kalliao with hard living conditions of the population have a viable social capital, but this one is still threatened by the drift from the land of working population. 2) The social capital is in two phases: formal and informal network. However, the social participation in formal networks is very weak and most of the activities progresses within informal network. In these informal networks, the population depends on its attachment relationships such as family and friends for aid in the development activities and access to resources and several supports. 3) To increase the level of appropriation of the rural development project, the population must work in collaboration with one another even if the important request on the solidarity can ruin the social capital. Otherwise the high level of confidence given by the community has pushed the population to be implicated in the project to be carried out. This has limited the selection and misappropriation principles. 4) The social capital can play a decisive role in the construction of local identities and the return of confidence to the rural communities of Cameroon, whose institution of development has collapse. To that effect, a public policy which reflects the needs of all the community must be build up. This would only be possible, if a civil society exists among the country folk. Future research can bring up the notion of constructing a civil society in the rural areas.

Keywords: social capital, project, rural development, appropriation, community, social network, confidence, fight against desertification, parochial district, Wazzang-Kalliao, far north region.

INTRODUCTION GENERALE

Les projets de développement font l'objet de vives critiques dans les pays du Tiers-Monde. L'opinion publique estime que les efforts déployés dans ces projets ont été vains, à cause des résultats négatifs sur la croissance économique des pays et l'environnement écologique des populations bénéficiaires. Certains considèrent à ce jour que les projets de développement ne représentent pas une forme d'intervention étatique appropriée. Les courants de pensée néolibéraux en vogue au sein des Institutions de Bretton Woods (IBW) prônent le « désengagement de l'Etat » (Dufumier, 1999 : 9), limitant ainsi son rôle à la régulation des équilibres macro-économique et à la mise en place de quelques grandes infrastructures d'intérêt collectif. Les conséquences de cette pratique dans les pays du Tiers-Monde sont défavorables au bien-être des populations les plus pauvres. Par contre, l'expérience des nouveaux dragons de l'Asie du Sud-Est montre que les pouvoirs publics jouent des rôles décisif et positif en matière de développement, quand les fruits de la croissance ne sont pas confisqués par une minorité. La question est de savoir quelles peuvent être les modalités d'intervention les plus adéquates pour promouvoir un développement économique et social qui soit réellement bénéfique pour le plus grand nombre. A ce sujet, la Banque Mondiale (1977) soutient que les résultats des programmes publics ne sont meilleurs que s'ils sont exécutés avec la participation des bénéficiaires et lorsqu'ils exploitent le potentiel associatif de la collectivité. Pour ce qui est du Cameroun, la question de projet de développement n'est plus seulement l'apanage de la société politique. Elle concerne aussi la société civile. En effet, dans le but d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l'Etat a adopté la stratégie de développement du secteur rural en impliquant les populations dans la gestion durable du développement et des ressources naturelles (MINEPAT, 2005). Les interventions des pouvoirs publics ou privés sous la forme de projets resteront encore nécessaires pendant longtemps. Mais étant donné que de nombreux projets de développement se sont soldés par des échecs dans le passé, la tendance est à la refonte totale de la démarche et les méthodes relatives à la conception, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des projets en tirant les leçons des expériences passées (Dufumier, 1999 :10). La question de réussite des projets de développement rural se pose donc au Cameroun. C'est dans l'optique de répondre à question du rôle du capital social dans le processus d'appropriation par la communauté d'un projet de lutte intégrée contre la désertification en zone rural dans l'extrême-nord au Cameroun que nous avons mené cette étude.

I. CONTEXTE DE l'ETUDE

Face à l'augmentation de la richesse matérielle, les problèmes environnementaux prennent de plus en plus d'ampleur dans le monde. La pauvreté et la faim continuent de menacer les populations des pays en développement, l'eau douce reste rare et les émissions de gaz à effet de serre augmentent. Les modes de production et de consommation des pays développés n'ont pas changé, la désertification qui touche les pays moins avancés devient un véritable fléau et compromet d'autant plus leur développement qu'elle conduit à une détérioration des conditions de vie des populations.

Selon le Plan d'Action Nationale de Lutte Contre la Désertification (PAN/LCD), les terres arides couvrent au total plus de 6,1 milliards d'hectares sur l'ensemble du globe et 73% du continent africain seraient plus ou moins touchés par la désertification (PAN/LCD, 1997 : 1). La communauté scientifique internationale a confirmé que l'accélération des changements climatiques, qui s'accompagnait d'une aggravation des épisodes de sécheresse et d'irrégularités dans le régime des précipitations, était perçue comme une menace grandissante pour les pays touchés par la désertification. En conséquence, dans ces pays, beaucoup de personnes, en particulier dans les zones rurales, deviennent plus vulnérables, tandis que les besoins nutritionnels de la population, en constante augmentation, continuent de croître. C'est à la suite de deux grandes sécheresses qui ont sévi au Sahel, entre 1968 et 1969 et au début des années 80 (PAN/ LCD 1977 : 2), et des conséquences catastrophiques de celles-ci qu'on a pris conscience du problème de la désertification et de la nécessité de définir des stratégies pour la combattre. Ces stratégies ont beaucoup évolué au cours des années, depuis les premières approches plus globales, on est passé à une définition des stratégies beaucoup plus complexes, qui ont tendance à voir le phénomène non seulement d'une façon globale, mais aussi dans ses connexions régionales et à un niveau local.

En 1994 la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CCD) a été adoptée, conformément au consensus établi au Sommet sur l'Environnement et le Développement de Rio de Janeiro, 1992. La CCD mettra l'accent sur la mise en oeuvre d'une approche intégrée assurant l'implication et la responsabilisation des principaux acteurs concernés, et l'établissement de cadres de partenariats plus incitatifs.

Le bilan des activités de lutte contre la désertification depuis l'entrée en vigueur de la CCD fait ressortir un défaut d'appropriation des actions par les populations bénéficiaires. Par-delà les acquis incontestables de certaines actions, ces lacunes révélaient des difficultés réelles quant à l'implication véritable des populations. La dimension sociale de la problématique de lutte contre la désertification et des effets néfastes de la sécheresse, n'était pas suffisamment prise en compte dans les démarches, l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des programmes. Ce constat apparaissait au niveau de l'ensemble des partenaires, au plan interne comme dans leurs activités. Il apparaît de plus en plus évident que la lutte contre la désertification devra plus intégrer l'adaptation des normes et pratiques aux représentations sociales des utilisateurs des ressources naturelles que des normes techniques, juridiques et institutionnelles. Elle devra aussi tenir compte de la nécessité d'assurer une «équité intra et intergénérationnelle». Cette donnée devient essentielle pour mieux comprendre les formes d'implication des différents acteurs.

Le renforcement de la durabilité sociale des actions de lutte contre la désertification constitue donc le véritable défi auquel toutes ces nations sont actuellement confrontées : il faut très vite parvenir à la responsabilisation accrue d'acteurs plus nombreux, mieux équipés et formés afin de renforcer la durabilité sociale de ces actions. Il faut en même temps multiplier leur efficacité dans la promotion d'un développement équilibré et durable à travers un projet de développement. Ce dernier est d'après Olivier de Sardan (1995 : 27) « la structure d'intervention la plus répandue et la plus visible ».

C'est dans cette optique que le Comité Diocésain de Développement (CDD) du Diocèse de Maroua-Mokolo a conçu en collaboration avec BroederlijkDelen (BD) en 2005, le Projet Pilote de Lutte Intégrée contre la Désertification (PLID). Financé par l'Union Européenne, le PLID vise à apporter une contribution dans la lutte contre la désertification à travers une organisation adéquate de la population et une combinaison d'activités intégrées de conservation et d'exploitation durable des ressources eau-sol-arbre (CDD, 2010 : 2). La prochaine articulation nous permettra de faire une délimitation spatiale, temporelle et matérielle de notre travail.

II. DELIMITATION DE L'ETUDE

Dans le but de mener une étude dans un cadre scientifique, il est important pour nous de la circonscrire dans un contexte spatial, temporel et matériel.

A. Délimitation spatiale

Le capital social étant de nature contextuelle et temporelle, notre étude cherche à approfondir davantage son rôle dans l'appropriation par les populations d'un projet de développement rural, en visant une région spécifique et un projet particulier. Par souci de précision et d'objectivité, notre étude est réalisée dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao dans l'arrondissement de Meri, plus particulièrement, dans les villages de Mbozo, Houdouvou, Watergas, Ftang, Mananam, et Ouro-Kessoum.

B. Délimitation temporelle

Les conditions climatiques aléatoires qui fragilisent davantage les écosystèmes de la région de l'Extrême-Nord favorisent l'avancée du désert causant ainsi, l'insécurité alimentaire récurrente, la misère et la pauvreté. Face à ce défi, l'Eglise Catholique qui est Maroua-Mokolo, s'est donné le devoir d'agir à travers le Comité Diocésain pour le Développement (CDD) qui est son service spécialisé pour combattre l'avancée de la désertification. Depuis juillet 2005, le CDD a conduit une expérience à travers le Projet Pilote de Lutte Intégrée contre la Désertification (PLID). C'est ainsi que notre étude se situe dans la période de 2005 à 2011. L'année 2005 représentant l'année de démarrage effectif des activités du projet et 2011, l'année de notre enquête de terrain.

C. Délimitation matérielle

Appréhender l'importance du capital social dans l'appropriation d'un projet de développement nécessite d'aborder le sujet sous l'angle des interactions entre les acteurs du projet, leurs savoirs, leur savoir-faire, ainsi que les apports de ces interactions sur la réussite du projet. C'est ainsi que nous inscrivons notre recherche dans la socio-anthropologie du développement telle que développée par Jean Pierre Olivier de Sardan. Elle met en oeuvre des problématiques situées au coeur de la sociologie et de l'anthropologie. L'analyse sociologique nous permet de faire un examen des interactions entre les bénéficiaires du projet PLID, entre les différents groupes et au sein des groupes. L'analyse anthropologique nous permet de faire l'inventaire des contraintes respectives auxquelles les uns et les autres sont soumis. Après la limitation du cadre de notre étude, il convient pour nous de donner une définition des concepts clés.

III. DEFINITION DES CONCEPTS

Dans cette partie, nous essayerons de définir les quelques concepts clés de notre thème de recherche. Il s'agit du capital social, de projet, de développement rural, et d'appropriation.

A. Capital social

Afin de bien cerner le concept du capital social, il est important de faire un retour sur le terme capital dans le contexte des sciences sociales. Le capital a surtout été un terme utilisé dans un sens économique considérant l'échange de biens matériaux. C'est dans le texte de Pierre Bourdieu (1986), intitulé « The Forms of Capital », que le terme se transpose dans la sphère des sciences sociales. Il estime que la société a plusieurs sphères sociales utilise une multitude de formes de capital, notamment les capitaux économique, culturel et social, afin d'accéder à des facilités. Le travail de Bourdieu est aujourd'hui à la base du concept moderne du capital social, vaguement basé sur le dicton que « ce n'est pas ce que tu connais, mais qui tu connais qui va te faire avancer dans la vie » (Portes, 1998; Woolcock, 1998; Woolcock, Narayan, 2000). Dans son article intitulé « Capital Social », Bourdieu définit le capital social comme« un ensemble des relations sociales dont dispose un individu ou un groupe » (Bourdieu, 1980 : 2). Il s'agit de l'appartenance à un groupe dont l'ensemble des membres est doté non pas seulement de propriétés communes, mais unis par des liaisons permanentes et utiles.

Compte tenu de la nature multidisciplinaire, le concept de capital social fait l'objet de multiples définitions et interprétations. Certains insistent sur la valeur des ressources dont disposent les individus sous forme de relations sociales au sein de leur famille et de leur communauté, d'autres mettent davantage l'accent sur le rôle des réseaux et des normes dans la société civile (Dale, 205 : 5).

En sciences sociales, le capital social est l'ensemble des relations sociales afférentes à un acteur social. Il ne se compose pas des ressources tenues par des individus ou des groupes, mais de processus d'interaction sociale menant aux résultats constructifs. Il « se réfère à la valeur collective de tous les réseaux sociaux et les inclinations qui résultent de ces réseaux pour faire des choses l'un pour l'autre » (Putman, 2000).

La définition de l'OCDE est la mieux acceptée : « Réseaux, ainsi que normes, valeurs et convictions communes qui facilitent la coopération au sein de groupes ou entre ceux-ci » (OCDE, 2001 : 4). Selon cette définition, le capital social concerne les rapports qui unissent les réseaux coopératifs, leurs relations internes et externes, ainsi que les normes qui les régissent.

Le capital social repose sur quatre concepts de base à savoir : les normes sociétales, les liens et les réseaux, et la confiance à travers lesquels les individus et les collectivités ont accès à certaines ressources pour promouvoir un objectif commun (Dale, 2005). Le capital social se manifeste parmi les relations sociales des individus, et leurs organisations dans un contexte social à l'échelle d'une communauté, d'une région, ou d'un pays (Da Costa, 2007 : 5). Cela dit, le capital social n'est pas restreint à une échelle individuelle, mais à la fois individuelle et collective. La définition du capital social la plus courante, est celle de Putnam ; il décrit ce concept comme; «une caractéristique de l'organisation sociale, la confiance, les normes et les réseaux, pouvant améliorer l'efficacité de la société en facilitant l'action collective » (Da Costa, 2007 : 7). Dans le cas de l'appropriation d'un projet, nous mettrons en commun les définitions de Bourdieu et de Putman. Ainsi, nous définissons le capital social comme un ensemble des relations sociales, la confiance, les normes et les réseaux dont dispose un individu ou un groupe. 

B. Projet

Pour Courtôt (1998 : 28), on se heurte généralement à une ambiguïté et à une polysémie lorsqu'on tente de cerner ce qu'on entend par projet. En effet, ce concept ne revêt pas la même signification selon son emploi. En outre la littérature propose un large éventail de définitions de la notion de projet. Mais la plupart sont partielle et ne sont pas toujours cohérentes entre elles.

On définit communément le projet comme un ensemble d'objectifs à atteindre au cours d'une période donnée. Mais cette définition un peu généraliste se voit quelquefois diverger en fonction du contexte, des objectifs et surtout du domaine dans lequel on se situe. Ainsi, dans sa démarche de normalisation, L'AFITEP-AFNOR (1992) définie le projet comme une « démarche spécifique, qui permet de structurer méthodiquement et progressivement une réalité à venir ». Elle est mise en oeuvre pour élaborer la réponse au besoin d'un utilisateur, d'un client ou d'une clientèle et implique un objectif et des actions à entreprendre avec des ressources données (Courtôt, 1998 : 29). Gidel et Zonghero (2006 : 238) ajoutent que le projet se caractérise par des objectifs quantifiés formalisant le besoin d'un client, dans le cadre d'une mission définie, une limite dans le temps, il a une limite et une fin marqué par l'atteinte de l'objectif.

Nous allons retenir pour cette étude la définition du Project Management Institute (PMI) qui définit le projet comme toute activité réalisée une seule fois, dotée d'un début et d'une fin déterminée et qui vise à créer un produit ou un résultat unique. Il peut nécessiter la participation d'une seule ou de plusieurs personnes, sa durée déterminé dans le temps, entrepris par une seule organisation ou par un groupe d'organismes intéressés.

C. Développement rural

Le développement dans son acception actuelle regroupe deux courants de pensée : le courant économiste qui définit le développement par la croissance économique et industrielle et le courant culturaliste qui considère le développement comme étant une amélioration du bien-être social, le tout s'inscrivant dans un processus sociétal global (Ebalé, 2010). Il englobe aussi bien les dimensions économique (niveau de revenu) moteur de tout développement, que socioculturel (santé, éducation) et qualitatif (bien-être, qualité de la vie).

Olivier de Sardan (1995 : 7), conçoit le développement comme

« L'ensemble des processus sociaux induits par des opérateurs volontaristes de transformation d'un milieu social, entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs».

Il met l'accent sur les ressources des acteurs sociaux d'en bas, les capacités créatrices des gens de la base, les savoirs techniques populaires, la participation communautaire, la politique de valorisation de ressources propres au peuple, les dynamiques des sociétés locales et leur marge de manoeuvre. Nous adopterons la notion de développement rural au sens de Morize (1992). Selon lui,

«Le développement rural consiste à améliorer tout l'environnement de l'agriculteur, considéré cette fois comme le principal bénéficiaire. Il porte à la fois sur les routes, les villages, la santé, l'éducation et sur tous les services économiques et sociaux susceptibles d'améliorer non seulement la fonction productive, mais aussi le bien-être social ».

La définition du développement rural ainsi choisie nous permettra de procéder à l'analyse socio-anthropologique du capital social mis en oeuvre pour l'appropriation du PLID par les communautés du district paroissial de Wazzang-kalliao.

D. Appropriation

Nous adoptons la définition du CONSEIL DE LA SANTE ET DU BIEN-ETRE (2001), qui considère l'appropriation comme un processus par lequel un individu, un groupe ou une communauté arrive à exercer un certain contrôle sur ses conditions de vie (CONSEIL DE LA SANTE ET DU BIEN-ETRE., 2001, 8). C'est un phénomène à multiples facettes qui réfère à la fois à un pouvoir, à un processus et à une structure.

Après la définition des concepts clés, nous présenterons dans la suite, l'intérêt de notre étude.

IV. INTERET DE L'ETUDE

Notre étude présente un double intérêt : Le premier intérêt revêt un caractère social et tandis que le second un caractère scientifique :

A. Intérêt social

Depuis plus de deux décennies, les populations de la région de l'extrême-nord du Cameroun ont su maintenir en équilibre les écosystèmes. Mais aujourd'hui, le développement de l'économie de marché, l'explosion démographique, le surpâturage, amènent les populations à exercer une pression accrue sur les ressources naturelles. Face à une telle situation, la protection de l'environnement devient un devoir commun et universel de respect du bien collectif, destiné à tous1(*).Conduire une étude sur le capital social et la lutte contre la désertification en milieu rural revient à clarifier les pesanteurs dans la mise en oeuvre des programmes/projets et d'interroger le degré d'implication et d'appropriation des bénéficiaires. Ce travail peut être un outil adéquat pour les différents acteurs intervenants dans le domaine du développement, en général, et de la lutte contre la désertification en particulier. Ainsi, ces promoteurs de développement pourront mieux concevoir les projets/programmes conformément aux réalités socioculturelles des populations cibles.

B. Intérêt scientifique

Notre travail de recherche met en exergue les notions de capital social et de développement au Cameroun. A la suite d'autres études2(*) dans le domaine, nous nous proposons d'apporter des éléments d'analyse sur le rôle du capital social dans la l'appropriation d'un projet de développement à partir des informations issues de la mise en oeuvre du PLID. L'apport de notre travail se situe au niveau où nous aborderons le capital social comme outil qui peut promouvoir l'appropriation des activités de lutte contre la désertification. En analysant ce thème, nous relevons que l'avancée du désert n'a pas pour seule cause le climat, les facteurs socioculturels y participent également. Ainsi, l'introduction d'un projet de lutte contre intégrée contre la désertification peut remettre en cause des coutumes antédiluviens et désorganiser la société. Dès lors, l'adhésion de la communauté au projet dépend des stratégies adoptées. Celle du PLID consiste à former certains membres de la communauté pour qu'ils deviennent des collaborateurs. Notre travail adopte en outre la démarche d'appropriation d'un projet par la population cible, dans une logique qui veut de plus en plus que les bénéficiaires soient les principaux acteurs de leur développement. Enfin, ce travail ne s'en veut pas moins servir d'outil de réflexion continue renvoyant constamment le lecteur à la dimension sociale dans les initiatives de lutte contre la désertification en général, et de la gestion durable des ressources naturelles en milieux arides en particulier. A la suite de l'analyse des intérêts social et scientifique, nous passerons en revue quelques études menées sur le capital social, la lutte contre la désertification et le développement rural.

V. REVUE DE LITTERATURE

Depuis plus de dix ans, le concept du capital social attire de plus en plus d'attention dans le domaine des sciences sociales (Da Costa, 2007 : 4). Sa popularité est attribuée au fait que le concept permet de prendre une nouvelle vision sur certaines problématiques pouvant ainsi offrir de nouvelles conclusions. Dans le cadre d'un projet de développement rural, le capital social devient une ressource parmi d'autres, telle que le capital humain, le capital économique, la gouvernance, la technologie et l'équité, pour son implémentation.

Aujourd'hui, il est entendu que le concept du capital social provient de trois épistémologies différentes. De prime abord, la première mention du capital social provient du sociologue français, Pierre Bourdieu qui définit le capital social comme « l'ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d'un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d'interconnaissance» (Bourdieu, 1980 : 3). Il a fait allusion à l'importance du contexte formel et informel du capital social lors d'une recherche où il démontrait l'importance des liens et des réseaux sociaux parmi les membres de l'élite française pour entretenir leur statut dans le milieu. Il a ainsi démontré que le capital social était une ressource acquise par l'individu pour son bien-être individuel. Il met aussi l'emphase sur l'importance que joue le capital économique et culturel sur le capital social d'un individu.

En mettant en oeuvre cette perspective, Bourdieu élabore une véritable anthropologie du capital social reproduisant à travers des pratiques ayant leurs sources dans les représentations et les volontés des agents guidés par leur habitus. Cette catégorie est simultanément structurée et structurante et permet à chacun d'élaborer des stratégies pour se réaliser comme être social appartenant au groupe. Enjeu de compétition, le capital social est acquis et protégé à travers une violence symbolique au fondement du lien social, renvoyant à une légitimité fournie par la nature, la religion ou encore les croyances populaires.

Le travail du sociologue américain, Coleman (1998), dans son étude concernant le succès scolaire parmi les étudiants des écoles catholiques comparativement aux écoles publiques, a démontré que les étudiants des écoles catholiques avaient un meilleur succès dû aux liens qu'ils entretenaient en participant à des activités de l'Église Catholique à l'extérieur de l'école. En conclusion, il a démontré qu'il y a un lien direct entre le capital social et le capital humain (spécifiquement l'éducation) illustrant que le capital social n'est pas seulement une ressource individuelle, mais aussi une ressource pour la communauté. Pour illustrer un changement de la participation et l'engagement civique dans les associations et dans la pratique du droit de vote qui nuit à la démocratie du pays Robert Putnam dans son livre « Bowling Aloïne », a démontré déclin de la participation publique, en utilisant comme prémisse le déclin de 40% des clubs de bowling et l'augmentation de 10% du bowling individuel aux États-Unis (Putman, 2000). Sa thèse principale de Putnam stipule que les réseaux créés par l'engagement civique produisent des normes de réciprocité générale parmi les membres de ces réseaux, ce qui encourage la coordination et la communication en produisant des voies qui favorisent l'échange d'information. Il a démontré à son tour que le capital social joue un rôle important, non seulement pour l'individu, mais aussi pour la communauté. Il a aussi que le capital social peut aussi jouer un rôle dans l'application des politiques publiques, conduisant le statut du capital social d'un concept à celui d'un outil (Field, 2003). Son travail sur la société américaine a ajouté la valeur morale au concept de capital social. En effet, il le considère comme producteur de l'enclenchement civique  et d'une large mesure sociale de santé communale. Il transforme également le capital social d'une ressource possédée par des individus à un attribut des collectivités, se concentrant sur des normes et la confiance comme producteurs de capital social à l'exclusion des réseaux.

Depuis, le capital social est perçu comme une ressource pour la société, et comme un outil qui peut contribuer à la collaboration et à la coordination de la collectivité. Ces grands courants de pensée démontrent que le concept de capital social est autant une ressource individuelle que collective qui se manifeste dans les contextes formel et informel. Le formel est constitué de groupes reconnus formellement auxquels les membres doivent s'inscrire ou payer un tarif pour en faire partie (Putman, 2000). Ce contexte est plutôt connu aujourd'hui sous la forme de vie associative et société civile incluant entre autres les associations, les syndicats, et les partis politiques, les GIC, les organisations de producteurs agricoles. Pour identifier le capital social d'un individu ou d'une collectivité, quantifier le contexte formel n'est pas suffisant pour donner un portrait global du capital social, car une grande partie de celui-ci se manifeste dans un contexte informel. Les groupes informels sont plus difficiles à quantifier et se manifestent de différentes façons, par exemple, les groupes de femmes, les sociétés d'intérêts communs, et les groupes d'activités sociales. Ces groupes sont plutôt constitués de personnes ayant des liens plus forts comme les amis, les voisins et la famille (Putman, 2000). Tandis que les personnes participantes aux groupes formels ont plutôt des liens plus faibles comme des connaissances. Par contre, ces observations ne sont pas absolues, il est possible d'avoir des liens faibles dans les groupes informels et des liens forts dans les groupes formels (Field, 2003). Le capital social se forme en créant des liens d'attachement (bonding), des liens d'accointance (bridging), et des liens instrumentaux (linking) entre individus ou les collectivités. Les liens d'attachement consistent plutôt de membres de la famille, les amis et les voisins, ce sont les liens qui offrent un support quotidien pour des tâches anodines, tel que garder les enfants ou faire une course. Les liens d'accointance sont constitués de personnes qui ont un même statut social, mais qui participent dans des groupes différents, tels que des collègues de travail dans deux endroits différents (ou plus), ou des associations connexes qui ont un but commun, mais opèrent dans des milieux différents. Les liens instrumentaux sont constitués de personnes dans des positions sociales plus élevées telles que les professeurs, les chefs syndicaux et les politiciens, qui offrent des occasions d'avancement personnel ou professionnel pour une personne ou un groupe afin de promouvoir un objectif (Woolcock et al., 2000).

Le travail de Woolcock (1998), en tant qu'économiste de développement international à la Banque mondiale, démontre le fonctionnement de ces liens pour le développement économique dans son étude des communautés pauvres dans les pays en voie de développement. Il illustre l'importance des liens d'attachement dans ces communautés comme une ressource importante à leur survie afin de bénéficier d'un certain développement économique. Il constate d'ailleurs que ces liens d'attachement permettent aux individus d'aller cultiver des liens d'accointances et instrumentaux afin de pouvoir sortir de la pauvreté, et qu'un bon équilibre entre ces trois types de liens est optimal pour l'avancement d'un individu ou d'une collectivité (Woolcock, 1998; Woolcock et al. 2000).

Par contre, le capital social n'est pas toujours une ressource positive. En effet, de la même manière qu'il bénéficie aux membres du réseau et aux non membres, à travers le développement de forts liens sociaux, il peut également être exploité dans un but socialement et économiquement pervers. La recherche de Portes portant sur les ghettos de Miami, démontre que les liens d'attachement sont parfois plus importants que les liens d'accointance ou instrumentaux, formant des groupes dominants qui influencent les membres de la communauté (Portes, 1998). Ce manque d'équilibre parmi les trois types de liens a un effet plutôt négatif sur la communauté, surtout si les groupes dominants ont des objectifs communs négatifs. Donc, en négligeant les liens d'accointances et instrumentaux, les membres de cette communauté passent à côté d'une ressource importante qui contribuerait à leurs objectifs individuels ou communs (Portes, 1998). Il a identifié quatre conséquences négatives du capital social qui sont l'exclusion des étrangers ; les réclamations d'excès sur des membres de groupe ; les restrictions à la liberté individuelle et les normes de mise à niveau de haut en bas ». Il croit que ces conséquences, et la nature inégale de l'accès au capital social doivent être équilibrées contre la vue optimiste, si le capital social se veut utile comme outil pour l'analyse et la transformation sociales.

Un dernier ingrédient important dans la construction du capital social est la confiance. Elle est l'engrenage du concept en tant que ressource pour l'action collective. Sans confiance par rapport aux liens, les réseaux restent douteux et incapables d'être utilisés pour promouvoir la participation et donc atteindre un objectif commun (Da Costa, 2007 : 9). Putnam a clairement démontré cet aspect dans sa première étude en Italie où le taux de vote était plus haut dans le Nord comparativement au Sud, où la Mafia est plus présente et la corruption des membres instaure une aire de non-confiance envers les politiciens (Da Costa, 2007 : 10).

Fukuyama a une théorie très simple. Pour lui, la capacité d'une nation à développer les institutions qui la rendent puissante et performante dépend de l'aptitude à la confiance de sa population, aptitude qui trouve son origine dans les valeurs inhérentes à la culture. Pour Olivier de Sardan, l'une des leçons majeures que l'on puisse tirer de l'étude de la vie économique est que « la prospérité d'une nation et sa compétitivité sont conditionnées par une seule et unique caractéristique culturelle omniprésente et le niveau de confiance propre à la société » (Olivier de Sardan, 1995 :128).Selon cette règle, le monde se sépare en deux camps : celui des pays à « haute confiance », et celui des pays à « basse confiance » (Ponthieux, 2004).

Pour tous ces auteurs, le capital social est une notion importante pour les performances socioéconomiques tant des individus que des collectivités. Il se veut un concept mesurable. Sa mesure peut se baser, soit sur des actions menées en commun, par exemple dans un cadre associatif ou groupe de travail, soit sur la confiance que les individus ont les uns dans les autres.

L'étude des approches dominantes du capital social fait ressortir un intérêt général commun par la manière dont la dynamique des relations sociales pourrait constituer un atout important et être génératrice de résultats variés. Par exemple, Bourdieu s'est intéressé à la manière dont les élites pouvaient recourir à leurs réseaux sociaux pour renforcer et reproduire leur statut privilégié. Coleman lui a examiné comment le capital social, au sein des collectivités dans lesquelles règne une grande cohésion, avait aidé à soutenir les espérances des familles à l'égard des études de leurs enfants, et ce faisant, réduit les taux de décrochage à l'école secondaire (Odia Ndongo et al, 2006). Notre analyse à nous portera sur le rôle que peut jouer le capital social des communautés dans l'appropriation du projet pilote de lutte intégrée contre la désertification.

Dans l'anthropologie et développement, Jean-Pierre Olivier de Sardan fait savoir qu'on peut parler de développement du seul fait qu'il existe ce qu'il appelle une « configuration développementiste » c'est-à-dire un :

« univers largement composite d'experts, de bureaucrates, des responsables d'ONG, de chercheurs, de techniciens, de chefs de projets, d'agents de terrain, qui vivent en quelque sorte du développement des autres, et mobilisent ou gèrent à cet effet des ressources matérielles et symboliques considérables » (Olivier De Sardan, 1995).

Ceci, rejoint la thèse de Georg Simmel, qui a pensé qu'assister les nécessiteux c'est atténuer les extrêmes de la différenciation sociale dans le but de les pérenniser afin que la structure sociale soit fondée sur cette différenciation. Durkheim a d'ailleurs formulé des conclusions analogues. Réduire la pauvreté nécessite donc d'agir sur les réseaux sociaux.

Vue sous cet angle, l'appropriation d'un projet de développement serait donc la manifestation des réseaux de relations dont disposent les acteurs et institutions dites de développement. Pourtant, le développement implique la transformation, mieux le changement social qui provoque « l'angoisse ». Et pour que la transformation soit acceptée, elle doit être « conforme à ce qui s'est toujours fait ou à ce qui ne pouvait manquer de se produire » (Rist, 1998). Nous dirons donc avec Olivier de Sardan qu'il faut d'abord essayer de comprendre comment ce changement sera fait avant d'oeuvrer pour sa réalisation. Ainsi, pour que le développement soit effectif, il faut qu'il existe une multitude d'acteurs sociaux qui le favorisent. Cependant, aucun modèle d'analyse économique en laboratoire ne peut prévoir les interactions entre ces acteurs. Mais seule la socio-anthropologie peut tenter de les décrire et interpréter (Olivier de Sardan, 1995 :10).

Le développement rural se présente donc comme une multitude d'interventions plus ou moins cohérentes destinées à infléchir l'évolution du secteur concerné, même si cette diversité d'interventions rend souvent la mise en oeuvre des projets de développement complexes (Dufumier, 1996 : 98). La communication est donc nécessaire pour renforcer la cohésion sociale en « échangeant les informations et des solutions et pour contrôler le conflit ».

Le problème que pose l'appropriation des actions de développement rural est propre à la nature même des projets. Ainsi, avant même d'être mis en oeuvre, un projet de développement est un ensemble en partie incohérent, car doté de cohérences disparates. A cet effet, tout projet de développement d'après Jean-Pierre Olivier de Sardan, renvoie à plusieurs niveaux de cohésion en partie contradictoires:

« la cohésion interne du modèle technique, la congruence du projet avec la politique économique nationale, la conformité du projet avec les normes des bailleurs de fonds et la dynamique propre de l'organisation du projet » (Olivier de Sardan, 1995 : 128).

C'est pourquoi, face aux actions de développement, les populations cibles peuvent adopter deux principaux comportements qu'Olivier de Sardan qualifie de principes très généraux. Il s'agit des principes de « sélection » et de « détournement » (Olivier de Sardan, 1995 : 133). Dans le principe de sélection, tout projet de développement est un ensemble de mesures coordonnées et prétendant à la cohérence. Cet ensemble est toujours plus ou moins désarticulé par la sélection que les bénéficiaires opèrent en son sein. Dans le principe de détournement par contre, les bénéficiaires utilisent les opportunités fournies par le projet pour les mettre au service de leurs propres objectifs.

Pour que l'appropriation devienne effective, l'individu, le groupe ou la communauté doit posséder les ressources officielles et non officielles qui lui permettent de contrôler son développement. Il s'agit d'un pouvoir d'action autonome, lui permettant de modifier certaines de ses conditions de vie afin de survivre et/ou d'améliorer son sort, de gérer les services à rendre accessibles à sa population et d'exercer un contrôle global et continu sur sa vie et sur sa destinée. Il s'agit ensuite d'un processus qui la conduit: à prendre conscience de ses problèmes et de sa capacité (ou de son incapacité), à les résoudre, et à resserrer les liens sociaux de base afin qu'émerge une nouvelle organisation sociale axée sur le partenariat et, à maitriser de plus en plus les outils collectifs de développement. Il s'agit enfin d'une structure, à l'intérieur de la communauté, qui favorise la participation de ses membres et qui est reconnue par ces derniers et par leur environnement (CONSEIL DE LA SANTE ET DU BIEN-ETRE., 2001: 11).

Dans le cas spécifique des projets de lutte contre la désertification, Les avancées dans la mise en oeuvre de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CCD) ne sont pas significatives. En effet, divers processus ont toujours cours dans le cadre de la définition ou de la mise en oeuvre de Programmes d'Action Nationaux (PAN) et de Programmes d'Action Sous Régionaux (PASR), mais leur mise en oeuvre connaît encore des difficultés. Le bilan du PASR réalisé en 2000 a montré que le manque d'appropriation par les ruraux être une des raisons essentielles des faibles progrès enregistrés dans la lutte contre la désertification.

D'après l'UICN, deux contraintes majeures limitent le bon fonctionnement des mécanismes et de l'approche proposée par la CCD. Il s'agit d'une part, de la faible participation de la société civile dans l'élaboration des politiques et plans d'action, et d'autre part du manque d'appropriation des thèmes de la lutte contre la désertification par les communautés concernées. Par-delà les acquis incontestables de certaines actions, ces lacunes révélaient des difficultés réelles quant à l'implication véritable des populations.

Il est apparu manifeste que la dimension sociale de la problématique de lutte contre la désertification n'était pas suffisamment pris en compte dans les démarches, l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des programmes. Ce constat amène logiquement à rechercher comment les cadres juridique et institutionnel peuvent favoriser une participation effective des populations

Au regard de ce qui précède, il apparait que la notion du capital a été très peu abordée dans le cadre des projets de développement rural en général et de lutte contre la désertification en particulier, d'où la pertinence d'une recherche sur le rôle du capital social dans l'appropriation des projets de développement rural au Cameroun. Nous nous interessons aux relations qu'utilisent les population de la communauté pour atteindre leurs objectifs.La prochaine articulation de notre travail est la mise en exergue de notre problématique.

VI. PROBLEMATIQUE

Les résultats des projets de lutte contre la désertification entrepris depuis plus de quarante ans dans le Sahel ont été pour le moins mitigés, malgré les bonnes volontés et les moyens financiers mis déployés. Les causes des échecs de ces projets sont multiples et aussi variées que la diversité des cas de figure, chaque projet étant quasiment unique en son genre en ce qu'il a d'acteurs, de contexte et de contraintes spécifiques. Cependant, s'il y a une constante dans la plupart des projets mis en oeuvre dans la région de l'extrême-nord comme dans le monde rural au Cameroun, c'est probablement que la démarche technique, voire techniciste, a été privilégiée par rapport à l'approche sociale. On a planté des arbres suivant les meilleures techniques enseignées, construit des ouvrages, introduit de nouvelles emblavures. On a d'abord réalisé des travaux en régie, en payant la main d'oeuvre locale. Par la suite, on a décidé (à la place des populations) qu'elles doivent être impliquées : C'est l'ère de l'implication des populations. L'observateur notera une évolution très positive des décideurs et des planificateurs, et leur prédisposition à désormais compter avec les populations.

Le Comité Diocésain de Développement à Maroua a mis sur pied le Projet de Lutte Intégrée contre la Désertification (PLID) dans ce contexte, avec pour ambition de susciter l'adhésion du plus grand nombre. La question qui se pose est de savoir s'il suffit seulement d'impliquer les populations pour s'assurer de la réussite du projet. En d'autres termes, s'agit-il de convaincre les populations d'adhérer aux objectifs des projets, ou de les amener à s'en approprier? Nous allons pousser la réflexion encore plus loin sur PLID dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao, en nous demandant si le capital social peut aider les membres de la communauté à s'approprier le projet et si tel est le cas, dans quelle mesure?

VII. HYPOTHESES

Pour donner une réponse provisoire à cette question, nous retiendrons une hypothèse principale de laquelle découlent deux hypothèses secondaires.

Hypothèse principale

Le capital social favorise l'implication des membres de la communauté dans les activités du projet, mais cette implication est limitée par leur niveau d'accès aux ressources du projet, et leur comportement basé sur les principes de sélection et de détournement du projet.

Hypothèses secondaires

1. Le fort développement des réseaux sociaux informels dans la communauté a facilité aux populations, l'accès aux ressources du projet.

2. Le niveau de confiance élevé dans la communauté n'a pas limité les principes de sélection et de détournement des activités du projet par les bénéficiaires.

VIII. CADRE METHODOLOGIQUE

A. Grille d'analyse

Nous avons adopté le modèle interactionniste pour expliquer de manière synchronique et rendre compte des stratégies et tactiques des bénéficiaires du projet PLID, en fonction de leurs buts et de leurs pouvoirs ou ressources (Grawitz, 2001 :773). Mise au point vers 1950 par l'Ecole de Chicago, la méthode interactionniste permet de comprendre que les interactions qui se produisent au sein de la société traduisent les idéaux ou les valeurs qui lui confère non seulement la cohésion, mais aussi les oppositions d'intérêts qui entrainent les tensions, modifient l'équilibre des rapports sociaux et déterminent le rythme du progrès social (Grawitz, 2001: 321). Elle permet d'analyser la construction de l'ordre social en insistant sur son caractère dynamique, négocié et sans cesse réadapté par des savoir-faire, des conflits, des divergences d'intérêts, en faisant attention aux rôles des sujets marginaux ou déviants. Elle permet de lire la voie de développement comme étant le domaine de la pluralité caractérisé par un ensemble de conflits et de coalitions entre différentes groupes d'acteurs, suivant des règles du jeu nés des accords entre ces groupes (Kiamba, 2010). Pour atteindre leurs objectifs, les acteurs du PLID utilisent des tactiques et des stratégies.

Nous avons aussi fait appel au modèle stratégique, pour étudier les relations de pouvoir dans la communauté. Elle rejette toute idée de déterminisme structurel ou social car, il n'y a pas de systèmes sociaux entièrement réglé ou contrôlé. Les acteurs individuels ou collectifs qui les composent ne peuvent jamais être réduits à des fonctions abstraites et désincarnées. Dans la communauté, les acteurs individuels ou collectifs en groupe, malgré les contraintes que leur impose le système, disposent d'une marge de liberté qu'ils utilisent de façon stratégique dans leur interaction avec les autres. Ils créent des zones d'incertitudes, face aux contraintes organisationnelles et fonctionnelles. La persistance de cette liberté défait les réglages les plus savants (Crozier et Friendberg, 1997 : 25).

Pour bien cerner le rôle du capital social dans l'appropriation du PLID, nous avons complété les deux précédentes approches par l'approche macro et méso à travers des méthodes multiples. En effet, d'après une recherche approfondie du Projet de Recherche sur les Politiques (PRP), il existe trois grandes échelles pour l'étude du capital social qui sont l'approche micro, l'approche macro, et l'approche méso (PRP, 2005). L'approche macro est centrée sur la valeur d'intégration et de cohésion sociale du capital social, mettant l'importance sur les structures sociales et politiques d'une collectivité qui favoriseraient un environnement de confiance et réciprocité pour la participation civique (Grootaert, Narayan, Jones, Woolcock, 2004). Elle s'intéresse aussi au capital social en tant que bénéfice de l'ensemble de la communauté. L'approche méso est quant à elle centrée sur la valeur instrumentale du capital social comme mobilisateur et producteur de ressources comme l'information. Elle s'intéresse aux structures qui favorise la coopération au sein d'une communauté pouvant ainsi bénéficier autant l'individu que le groupe (Paldam, 2000; PRP, 2005 : 25).

B. Techniques de collecte des données

La recherche à méthodes multiples a été utilisée dans le but d'avoir une triangulation des informations acquises afin d'approfondir les connaissances et d'assurer la validité et la fiabilité de notre recherche (Hay, 2000; Hoggart et al., 2002; Patton, 2001). La triangulation est l'acquisition par des méthodes complémentaires de recherche, soit quantitatives soit qualitatives, pour améliorer la capacité d'interpréter les sens et les comportements en utilisant diverses voies pour atteindre le même résultat. Dans cette recherche, les méthodes utilisées sont à la fois quantitatives et qualitatives basées sur des données primaires et secondaires.

1. Données Primaires

Les données primaires sont basées sur des méthodes qualitatives, qui sont les entrevues et le questionnaire. Elles permettent de donner un aperçu du réseau informel, des liens, de la confiance et des normes sociétales.

a. Entrevues

Les entrevues ont servi à comprendre les liens formels et informels dans un contexte géographique, temporel, et par rapport au secteur choisi. Elles ont aussi aidé à comprendre la dynamique parmi les acteurs par leurs réseaux sociaux, ainsi que les normes sociétales dans lequel ces liens sont construits et parfois détruits. Les entrevues ont enfin permis d'identifier le capital social en utilisant l'approche méso. Avant toute entrevue, les participants ont pris connaissance ou signé un formulaire de consentement3(*)pour garder l'anonymat.

Chaque entrevue avait une durée moyenne de trois heures et la méthode des entrevues intensives s'est avérée la plus pertinente dans ce cas. Sa structure était semi-formelle afin d'avoir le maximum d'informations. Il a fallu un certain niveau de confiance entre les participants et nous, afin que nous discutions de leurs liens personnels et professionnels.

b. Questionnaires

Le questionnaire a permis de mesurer l'aspect plus formel du Capital Social, prenant une approche micro. Le but de ce exercice était de renforcer les informations obtenues lors de l'entrevue afin d'avoir une triangulation des données. Le questionnaire4(*) a été présenté aux bénéficiaires du projet à la suite de l'entrevue. Les questionnaires ont souvent été administrés oralement. Les questions d'entrevue et de questionnaires étaient basées sur un modèle d'une recherche entreprise par l'Université de la Colombie Britannique sur le rôle du Capital Social dans la revitalisation économique des villages côtiers de la province (Matthews, 2003).

2. Données secondaires : la Documentation

Une autre source de données secondaires est la documentation publiée autre que les articles académiques. Pour cette recherche, les documents du projet et ceux d'autres structures de développement et gouvernementaux ont été utilisés en plus des documents académiques.

C. Terrain d'étude et échantillonnage

La collecte des données sur le terrain s'est déroulée du 14 au 30 mai 2011 dans l'arrondissement de Meri et, précisément, dans les villages: Mbozo, Houdouvou, Watergas, Ftang, Mananam, et Ouro-Kessoum.

La stratégie d'échantillonnage boule de neige5(*) a été utilisée pour passer les entretiens sur le terrain. Cette méthode d'échantillonnage nous a permis de bien cerner les liens formels et informels dans la localité afin d'avoir une compréhension plus complète du contexte. Ainsi, notre enquête a porté sur un échantillon de 125 enquêtés individuels, en groupes de producteurs ou en comités locaux villageois. Le tableau suivant présente cette répartition.

Tableau 1 : Répartition des enquêtés par village et regroupement social

Villages

Nombre de personnes ayant participé aux entretiens avec les groupes de producteurs

Nombre de personnes ayant participées à l'entretien avec le comité local

Nombre de personnes ayant participées aux entretiens individuels

Total

Mbozo

16

0

4

20

Houdouvou

28

5

0

37

Watergas

12

0

6

18

Ftang

8

6

0

14

Mananam

14

5

0

19

Ouro-Kessoum.

15

6

0

21

Total

93

22

10

125

Source : Enquête, 2011.

Ce travail de recherche n'était pas aisé dans la mesure où nous avons été confrontées à quelques difficultés.

IX. DIFFICULTES RENCONTREES

Les principales difficultés rencontrées au cours de notre travail de terrain étaient d'ordre climatique et communicationnel. En effet nous avons affronté l'adversité du climat dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao, en supportant avec beaucoup de peine des températures de plus de 40°C. Pour mener à bien les enquêtes, les entretiens étaient programmés avant que le soleil n'atteint le zénith aux environs de 13 h. Dans le cas contraire, il fallait attendre 18 h, lorsque le temps commence à être favorable pour un entretien. Quel que soit la stratégie adoptée, lorsque le temps devenait très chaud, toute activité était arrêtée. La difficulté de communiquer en langue local a été à l'origine de la longue duré des entretiens. En effet, nous avions toujours besoin d'un interprète pour permettre à tous de participer aux différents débats. Les difficultés rencontrées étant ainsi présentées, il convient maintenant de présenter de matière sommaire le plan de notre mémoire.

X. PLAN DU MEMOIRE

Notre mémoire est structuré en trois chapitres. La première porte sur la présentation du district paroissial de Wazzang-Kalliao. Le deuxième présente le Projet de Lutte Intégrée contre la Désertification. Le troisième chapitre analyse le capital social comme outil d'appropriation d'un projet de développement rural dans la communauté et apporte des suggestions pour les actions futures de développement du secteur rural.

CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE LA DESERTIFICATION DANS LE DISTRICT PAROISSIAL DE WAZZANG-KALLIAO

Nous avons consacré cette partie du travail, au contexte de la désertification dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao. Il s'agit d'analyser la communauté dans sa globalité sur les plans physique, humain, économique et culturel. Le but ici est de poser un regard socio anthropologique sur la vie de la population de Wazzang-Kalliao, afin d'avoir une meilleure compréhension des contraintes de développement auxquels font face les populations et les enjeux du projet de lutte intégré contre la désertification dans cette localité.

I. MILIEU PHYSIQUE

La présentation du milieu physique de Wazzang-Kalliao met en évidence, sa localisation, son relief, ses sols, son hydrographie, son climat, sa faune et sa flore.

A. La Localisation de Wazzang-Kalliao.

Le district Paroissial de Wazzang-Kalliao est une localité située dans l'arrondissement de Meri, dans la zone périurbaine du département du Diamaré. Elle est distante du chef-lieu de l'arrondissement de douze kilomètres et environ trente de Maroua, chef-lieu de la région.

Il est constitué de onze villages qui sont : Mbozo, Goulmoyo, Houdouvou, Kalliao, Beguelé, Massakal, Watergas, Pourtamaye, Ftang, Mananam, et Ouro-Kessoum. Il est limité :

· au Nord par la paroisse saint Michel du canton du Douvangar ;

· au Sud par l'arrondissement de Gazawa ;

· à l'Est par le canton de Godola ;

· à l'Ouest par la chaîne montagneuse des villages de Ngoktof et Manguerdla.

La figure 1 qui suite présente la situation géographique de l'arrondissement de Meri.

Figure 1 : Localisation de l'arrondissement de Meri

Arrondissement de Meri, zone d'étude

Source : MIDIMA (2009 : 8)

B. Le Relief de Wazzang-Kalliao

Le relief de Wazzang-Kalliao est constitué d'une alternance de plateaux d'altitude moyenne variant entre 500 et 1000 m, de pénéplaines d'altitude variant entre 200 et 300 m surplombées de quelques massifs montagneux et de plaines inondables ou « yaérés » parsemées d'inselbergs (PAN/LCD, 1997 : 21). Il peut être classé en trois principales zones : la zone des montagnes, des piémonts et des vallées.

Le relief montagneux est constitué d'une chaîne de montagnes avec des pics d'altitude variant entre 350 et 950 m (PLID, 2006). Des fortes pentes existent çà et là et exposent les horizons meubles des sols non protégés aux menaces de l'érosion. Les sommets de ces différentes montagnes sont réservés à l'habitat mais surtout au pâturage.

Les piémonts sont des basses terres situées au flanc des montagnes. Ils sont surtout réservés à l'habitat, c'est d'ailleurs la zone la plus peuplée du site. On n'y cultive aussi le sorgho (celui de saison pluvieuse et celui de saison sèche), le niébé, l'oseille de guinée, le sésame et l'arachide. Les vallées quant à elles constituent les bas-fonds, situés le long des différents mayo. Elles sont le résultat de l'intense activité érosive facteur aggravant de la désertification.

1.3. Les Sols de Wazzang-Kalliao

La localité est caractérisée par une mosaïque de sols et de formations édaphiques variés. Ces sols sont généralement très sensibles à l'érosion hydrique et éolienne, accentuée par la disparition du couvert végétal. Sous la pression humaine et les précipitations, ces sols subissent une forte érosion hydrique, ce d'autant qu'il y a un relâchement dans l'entretien des terrasses qui servaient à leur conservation.

Dans les plaines, des pratiques culturales, y compris d'irrigation, inadaptées se sont révélées être des facteurs de la dégradation de la matière organique, de la circulation superficielle des eaux et de l'érosion. Le signe le plus marquant de la dégradation des terres dans cette zone est la présence de vastes étendus de sols nus, appelés localement "Hardé" ou sols stériles.

Les types de sols sont fonction de la végétation et de climat ambiant. Ainsi, les sols rencontrés à Wazzang-Kalliao sont de type sableux, vertisols (karal)6(*), hydromorphes, ferrugineux tropicaux, halomorphes ou de type hardé (aride). Au niveau des piémonts dans les villages Watergas, Ftang et Massakal, les sols sont formés de cuirasse découlant de la roche mère. Par contre au niveau de la vallée, dans les villages de Mbozo, Goulmoyo, Houdouvou, Kalliao, Béguélé et Pourtamaye, les terres sont argileuses, argilo-humiques, sableux, sablo-limoneux et par endroits des sols « hardés » compacts et imperméables qui sont réservés au pâturage. Ces sols sont favorables à la pratique de l'agriculture. Ainsi, plus de 80% de la population de Wazzang-Kalliao mène des activités agricoles (DDADER-D, 2012 : 3).

D. L'Hydrographie de Wazzang-Kalliao

Les cours d'eau qui le traversent Wazzang-Kalliao sont saisonniers. Il s'agit d'un part des Mayo-Mbozo, Mayo-Daray et Mayo-Goulmoyo qui se jettent dans le Mayo-Kalliao et d'autre part du Mayo-Pourtamaye qui se jette dans le Mayo-Tsanaga dont la source se situe dans les montagnes Ziver et Wouzod dans l'arrondissement de Mokolo.

Pour le cas des eaux stables, les puits dont la profondeur moyenne est de 12 m environ sont insuffisants et s'assèchent pendant la saison sèche. C'est également le cas des marres. Cette situation est à l'origine des pénuries d'eau récurrentes dans la localité. Ainsi, les hommes et leur bétail sont parfois contraints de parcourir de longues distances à la recherche de cette denrée rare. L'accès à l'eau potable est l'un des principaux freins au développement de la localité. En effet, c'est une source de conflits. C'est aussi l'une des causes de l'exode des jeunes. Le PLID a ainsi mis un accent particulier sur l'accès à l'eau potable par les populations. En effet, un adage dit que « l'eau c'est la vie » et s'il n y a pas vie, il n'y a non plus possibilité de développement

E. Le Climat de Wazzang-Kalliao

Outre sa position géographique, la localité se distingue par des conditions climatiques relativement sèches comparées à celles du reste du Pays. Nous avons caractérisé celui de notre zone d'étude par les précipitations, la température et les vents.

1. Précipitation

Wazzang-Kalliao est soumise à un climat tropical de type soudano-sahélien, dont les principales caractéristiques sont les suivantes:

§ Une courte saison pluvieuse (04 mois), allant de juin à septembre (DDADER-D, 2012 : 2). Elle est centrée sur un maximum au mois d'août, avec une pluviométrie variant entre 600 à 1000 mm par an (IRD, 2000 : 18) ;

§ Une saison longue (07 mois), allant d'octobre à mai (DDADER-D, 2012 : 2). Elle est d'autant plus rigoureuse que l'on se dirige vers le Nord ;

L'effet marquant ici est l'irrégularité dans le temps et dans l'espace de la répartition des pluies au cours de l'année et d'une année à une autre. Cette instabilité est grande tant pour l'apparition des premières pluies que pour leur arrêt (A. Hallaire, 1991 : 19).

Les précipitations constituent le facteur le plus déterminant des rendements des cultures. En effet, chaque espèce culturale a une période critique où la quantité d'eau joue un rôle primordial sur le développement normal et le rendement optimal.

2. Températures et Vents

La température a pour origine le rayonnement solaire. Elle caractérise le degré de chaleur ou de fraîcheur dans un milieu donné. Elle joue un grand rôle dans le développement et la croissance des cultures. En effet, chaque espèce végétale possède une température minimale au-dessous de laquelle les fonctions physiologiques ne sont plus possibles. Certaines plantes exigent le froid pendant un temps suffisamment long pour déclencher leur floraison tandis que d'autres au contraire sont indifférentes ou peu sensible à ce besoin.

A Wazzang-Kalliao, l'insolation est importante et les températures sont très élevées atteignant parfois les 48°C à l'ombre aux mois d'avril et mai (IRD, 2000 : 19). La courbe présente deux minima, l'une au début de la saison sèche et l'autre plus marquée à la fin de la saison sèche. Les mois les plus froids, décembre et janvier sont aussi ceux dont l'amplitude diurne est plus forte (16° à 17° C en moyenne) (G. Pontié, 1973 : 14). Ce phénomène joue certainement un rôle important dans la mortalité et la morbidité infantile dans la région.  

Le vent sert à l'écoulement de l'air sur la surface du globe terrestre. Il est caractérisé par sa direction et sa vitesse. La direction indique d'où vient le vent tandis que la vitesse est l'espace parcouru par une particule d'air pendant l'unité de temps. Dans la localité de Wazzang-Kalliao, le Harmattan7(*) souffle pendant toute la saison sèche jusqu'au mois de mai où il fait place à la Mousson8(*) qui souffle pendant la saison pluvieuse.

Les effets de ces vents sont généralement néfastes et peuvent être classés en effets mécaniques et en effets thermiques, suivant leur niveau d'action. Les effets dits mécaniques sont souvent à l'origine de la destruction des cultures par lacération des feuilles, la chute des fruits, la casse du mil, etc. Ils entraînent la destruction des cases et des hangars par de grands tourbillons qu'ils forment. Les effets thermiques quant à eux provoquent l'assèchement des récoltes. Un vent violent peut balayer la partie superficielle de la couche arable du sol : c'est le phénomène d'érosion éolienne.

Ces contraintes climatiques contribuent pour beaucoup à l'exacerbation du processus de désertification dans cette zone qui se caractérise par des écosystèmes fragiles avec une bonne représentation de zones humides, une forte densité des populations et une forte pression foncière source de conflits divers.

F. La Faune et la Flore de Wazzang-Kalliao

1. Faune

Malgré les conditions environnementales rudes, la localité de Wazzang-Kalliao regorge d'une assez riche faune que nous pouvant catégoriser en quatre classes selon le tableau ci-après.

Tableau 2 : Répartition de faune sauvage de Wazzang-Kalliao

Classes

Quelques espèces animales rencontrées

Mammifères 

Singe, hyène, panthère, loup, biche, gazelle, écureuil, daman de rocher, lapin, rat de Gambie, ... 

Reptiles des zones sahéliennes 

Varan, boa, vipère, naja, tortue, lézard,...

Oiseaux 

Pintades, pigeons, quelea-quelea, tisserand... 

Insectes 

Termites, criquets, sauterelles,...

Source : PLID (2006).

Cette diversité faunique mais peu abondante limite les activités de chasse. En effet, la population n'accorde pas beaucoup d'importance à la chasse, parce que la faune n'est pas abondante. Seulement une minorité des personnes chasse porcs-épics, singes, écureuils et lapins par la technique de la chasse à la cours, ceci pour des besoins en protéines animales. Elle se fait aussi et surtout pour la protection des cultures ou des animaux domestiques contre les déprédateurs. Toute fois, nous noterons que la chasse se fait généralement en communauté. Dans ce cas, elle est organisée en groupe par les Guiziga. Elle est communément appelé le « Diwgal » et se pratique pendant les saisons sèches où il y a peu de verdure, potentiel abris pour les animaux sauvages.

2. Flore

La flore de Wazzang-Kalliao est essentiellement composée d'herbes et d'épines. Ces espèces herbacées et les rares ligneuses ont de multiples usages: bois de chauffe, matériaux de construction, outils, meubles, produits de cueillette, pharmacopée, etc. Par exemple la famille des graminacées est celle qui domine dans toute la localité et la population en tire un grand usage tel que la confection des toitures par le panicum, andropogon qui sont abondantes sur les berges des Mayo et dans les montagnes. Il y a aussi les adventices comme le Striga, et Comelina classés parmi les premiers ennemis des cultures. Dans cette zone les planteurs reconnaissent facilement les sols fertiles par la présence des certaines espèces végétales à l'instar du Faidherbia ou du Crotalaria. En saison sèche les quelques arbres rabougris jaunissent et perdent complètement leurs feuilles. Ici, les grands arbres sont rares hormis ceux qui sont protégés par des lois coutumières. Toutefois, la production du bois de feu et de charbon constitue dans la localité, la plus importante forme d'exploitation des espèces ligneuses. Cette exploitation est stimulée par une forte demande au niveau des centres urbains. Les espèces les plus appréciées sont : Anogeissus leiocarpus, Dalbergia melanoxylon, Acacia seyal, Dichrostachys cinerea, Balanites aegyptiaca. La surexploitation des ressources ligneuses a induit une forte dégradation du couvert végétal, voire leur raréfaction, ainsi que la modification des écosystèmes et une importante perte en biodiversité. Les trajectoires naturelles de ces formations suivent désormais une dynamique régressive. Le passage répété des feux de brousse et la persistance de la pratique des feux de brousse tardifs ont également un effet négatif sur la végétation dont la croissance est fortement affectée. Il en résulte un appauvrissement de la composition floristique avec sélection d'espèces pyrorésistantes. On note également la disparition du couvert végétal dans toute la localité.

II. MILIEU HUMAIN

La présentation du milieu humaine s'articule sur l'histoire de la localité, sa population, son organisation sociale et ses infrastructures sociales.

A. L'Histoire de Wazzang-Kalliao

La compréhension du peuplement du nord du Cameroun est souvent compliquée par la diversité des traditions orales recueillis en un même lieu. Cette diversité traduit l'hétérogénéité de groupes humains constitués des chrétiens ; des animistes, communément appelés « Kirdies » ou païens et les musulmans (A. Beauvilan, 1989 : 13). Les légendes sont nombreuses sur les installations des populations dans les Monts Mandara. L'une des plus belles est celle qui stipule que les premiers habitants de Wazzang furent les Makama, les Mandzah de Douroum et les Guiziga au pied du mont Kalliao et de Béguélé. Ils étaient de la lignée des chefs Wazzang, Douroum et Kalliao. L'histoire orale retient qu'ils se sont installés dans ces trois villages vers 1620. En définitive, de la période d'installation des populations jusqu'à nos jours, les habitants de Wazzang-Kalliao ont connu des évènements heureux et surtout malheureux à l'instar des guerres de résistance à domination des Peulhs (A. Beauvilan, 1989 : 14).

B. La Population de Wazzang-Kalliao

Il est un peu difficile d'évaluer la population dans la localité, mieux encore d'avoir des chiffres concrets sur les naissances et les décès. En effet, « beaucoup des naissances se font à la maison et l'acte de décès est pratiquement absent chez l'homme Mofou, Guiziga, et Peulhs dans à Wazzang-Kalliao la localité »9(*). Un recensement effectué par le centre de santé intégré de Watergas a cependant montré que la population du site de Wazzang-Kalliao et ses environs est estimée à 20785 habitants. Elle est dynamique et caractérisée par un faible niveau d'alphabétisation. En effet, d'après le rapport du PLID, 75,6% d'adultes de plus de 15 ans sont analphabètes, soit 64% pour les hommes et 87,5% pour les femmes (PLID, 2006 : 2). On note également un niveau de pauvreté élevé. En effet, 56 % de la population de la région de l'Extrême-Nord vivent dans des ménages dont les revenus sont en dessous du seuil de pauvreté évalué à 232 547 FCFA (354, 5 Euros) par an et par équivalent adulte.

1. Répartition par âge et sexe

Les données du diagnostic participatif effectué par le PLID en 2006 révèlent que dans un échantillon de 300 ménages de Wazzang-Kalliao, il y a 3090 habitants dont 1380 hommes et 1710 femmes. Etant donné que la superficie de la localité n'est pas connue, il est donc difficile de donner la densité de la population du milieu. C'est ainsi que nous avons fait une répartition de la population en tenant compte seulement du sexe et de la classe d'âge comme l'indique la figure 2 ci-après.

Figure 2 : Répartition de la population de Wazzang-Kalliao selon l'âge et le sexe.

Source : PLID (2006).

Il ressort de ce qui précède que la population de Wazzang-Kalliao est relativement jeune. En effet, plus de 49% des personnes qui y vivent ont moins de 20 ans. La faible proportion des vieillards par rapport aux jeunes est une caractéristique des pays en développement. La population féminine reste supérieure quelle que soit la tranche d'âge considéré. Le taux d'accroissement annuel de la population est de 2,8%, parmi les plus élevés du pays d'après le rapport de présentation des résultats du 3è RGPH. La forte croissance démographique est à l'origine de la pression sur les ressources naturelles et le processus de désertification, dans la localité caractérisée par des écosystèmes relativement fragiles.

2. Migrations

Le phénomène migratoire à Wazzang-Kalliao est permanent. Pour beaucoup de paysans, l'avenir passe par des migrations rurales vers des régions lointaines ou par l'exode rural vers les villes (A. Beauvilan, 1989 : 411). Cette fuite en avant justifiée ou douloureuse répons à la conjugaison des violences climatiques et sociales. Dans la localité de Wazzang-Kalliao, on en distingue deux types ; les migrations intercommunales et l'exode rurale.

Les migrations intercommunale sont les plus ou moins contrôlées qui se font d'une communauté vers une autre. Elles sont caractérisées par le déplacement des populations vers d'autres villages à la recherche des terres cultivables. Elles sont les plus importantes, et s'expliquent par le surpeuplement des zones de départ, le caractère aride du climat et des sols, et l'absence de structures d'emploi qui obligent les populations à rechercher de nouvelles alternatives à leurs besoins vitaux. On distingue les migrations contrôlées organisées dans le cadre de divers programmes et projets comme le CDD et des migrations spontanées et incontrôlées. Il s'agit par exemple de celle des transhumants qui constituent la plupart de temps des dangers pour les actions de plantation d'arbres et d'aménagement des parcelles agricoles.

L'exode rural constitue la forme la plus ancienne qui s'opère dans la zone. Il concerne surtout les jeunes qui vont dans les grandes villes à la recherche d'un emploi rémunérateur. Cet exode a pour effet la réduction de la main d'oeuvre agricole qui entrave le développement de la localité. La recherche d'une amélioration de ses conditions de vie doit-elle toujours passer par l'étape de migration ?

C. L'Organisation Sociale de Wazzang-Kalliao

Elle concerne ici la tradition et la religion des villages, la vie socioprofessionnelle, l'habitat et l'accès au foncier.

1. Organisation traditionnelle et religieuse des villages

Les villages de Wazzang-Kalliao sont regroupés en deux cantons dont les chefs-lieux sont à Wazzang et à Kalliao-Centre. Ces cantons ont à leur tête un chef de deuxième degré appelé « Lawane ». Il représente l'administration auprès de la population. Ce chef est assisté dans l'exercice de ses fonctions par des notables. Au niveau des villages, l'administration est assurée par le « djaoro».

La population est répartie dans une mosaïque de groupes ethniques dont les principaux sont : les Mofu, Gijiga, Peulhs et de plus en plus les Magda, Ouléma, Koupouri, Mondant, et quelques autres ethniques du Cameroun majoritairement fonctionnaires. L'autorité est tenue par le père dans tous les clans. Il est représenté en son absence par son fils ainé ou sa première femme qui est aussi la conseillère du ménage. La coutume des peuples Mofou et Guiziga est marquée par les rites du mariage. Ce dernier entraîne la création d'une nouvelle unité économique (de production et de consommation), et d'une nouvelle unité de reproduction biologique. Ce ne sont pas deux individus seulement qui sont directement concernés par le mariage, mais parfois deux villages, et en tout cas deux groupes de parentés. Seul le mariage permet au jeune homme ou jeune fille de devenir socialement des adultes. En fondant une nouvelle unité de production, ils deviennent économiquement indépendants de leurs parents, cette indépendance économique entrainant à son tour une indépendance sociale. Les nouveaux mariés ne sont pas bien sûr dégagés pour autant de leur devoir de respect et même d'obéissance à l'égard de leurs parents, toutefois, dans la mesure où ils n'habitent pas dans la même « Hay » ou maison que leurs parents, et doivent assurer leur propre survie en cultivant leurs propres champs, l'autorité parentale aura de moins à moins l'occasion de se manifester.

C'est ici le nombre de femmes et d'enfants qu'il aura pu capitaliser par le mariage qui déterminera en grande partie la richesse d'un individu et son prestige au niveau de son village et de son lignage comme l'avait démontré Beauvilan (A. Beauvilan, 1989 : 100).

Les critères d'homogénéité interne sont la langue, à quelques exceptions près, l'organisation sociopolitique, certains aspects de la culture matérielle et religieuse. C'est aussi l'endogamie. En effet, dans les années 60, selon les études de A. Podlewski en 1966, environ 95% des épouses appartenaient à l'ethnie de leurs mari, depuis lors ; les mariages interethniques tendent à se développer (A. Hallaire, 1991 : 54).

L'organisation sociale de Wazzang-Kalliao est aussi marquée par l'appartenance religieuse des populations. Le type d'organisation et le lieu de rencontres sont fonctions du groupe auquel on appartient. Ces groupes religieux sont musulmans, chrétiens et animistes. Ces différents groupes sont nettement engagés dans la voie du développement et en sont même devenus les éléments moteurs.

2. Organisations socioprofessionnelles

L'organisation socioprofessionnelle des cantons de Wazzang et de Kalliao est très riche ; on y rencontre des comités de développement (à Kalliao et à Mbozo), les GIC encadrés par la SODECOTON et d'autres organisations formelles ou informelles encadrées par des structures de développement local comme GIZ-PAAR, CDD, PREPAFEN, PCRD-MINADER, SNV, MINEPIA, etc.

Ces différentes organisations jouent un rôle déterminant dans le processus de développement de la localité. Ainsi, les comités de développement ont pour objectif de promouvoir les activités de développement. Il s'agit de la réalisation d'infrastructures sociales (écoles, points d'eau, centre de santé, etc...), la lutte contre la sous-scolarisation, la sensibilisation pour la protection de l'environnement, la fourniture des équipements et le paiement des salaires des enseignants vacataires. L'objectif des GIC COTON est d'améliorer la production cotonnière et vivrière dans la région afin de permettre l'épanouissement des membres. Les autres groupes ont généralement pour objectif de développer la solidarité et améliorer le niveau de vie des membres. Il faut noter qu'avec l'arrivée du PLID, l'organisation socioprofessionnel a connu une grande évolution avec la redynamisation des certains groupes et la création d'autres à l'instar les comités locaux dans les villages bénéficiaires du projet.

3. L'habitat

Il existe deux types d'habitat à Wazzang-Kalliao selon que l'on se trouve dans la plaine ou dans la montagne. Dans la plaine, l'habitat est mixte, il existe des cases modernes et des cases traditionnelles, alors que dans la montagne, l'habitat est essentiellement traditionnel. Les cases sont construites à l'aide des pierres et de terre battue. Elles sont généralement rondes avec des toits en paille. Le nombre des cases dans une concession est fonction de la taille du ménage. Grâce à la forte cohésion sociale qui existe entre les populations de la localité, les travaux de construction des cases concernent tous les hommes du village et se déroulent dans un délai très court. Cette participation de tous réduit aussi le budget alloué à la main d'oeuvre.

4. Accès au foncier

D'après le rapport sur le Plan National de Gestion de l'Environnement, la région vit une insécurité foncière parce que « La législation foncière et domaniale présente des lacunes qui ne permettent pas une gestion harmonieuse des espaces et de ressources » (PNGI, 1996). En effet, le régime foncier est assez complexe et confie la plus grande partie des terres à quelques dignitaires qui les donnent en métayage. En outre, les Peuls, arrivés dans la région au 19ème siècle se sont installés dans les plaines et vallées, faciles d'accès et riches en pâturages. Ils dominent de vastes territoires et ont même imposé aux populations autochtones leur système sociopolitique hiérarchisé et centralisé autour du Lamido. Celui-ci assure le contrôle des terres, et des activités socioéconomiques de sa circonscription territoriale (A. Beauvilan, 1989 : 100). La superposition du droit coutumier et du droit moderne sur les terres est très perceptible, et on relève des relations quelques fois tendues entre l'administration publique et l'administration locale. L'insécurité et la pression foncières constituent des obstacles à l'appropriation de certaines actions du projet, notamment des aménagements et la promotion de la plantation d'arbres. L'insécurité foncière est en effet reconnue parmi les éléments qui bloquent les processus d'intensification de l'agriculture et de renouvellement des ressources naturelles à Wazzang-Kalliao. En effet, comment un paysan peut-il envisager autre chose qu'une agriculture minière lorsqu'il n'est pas assuré de cultiver son champ l'année suivante ? Ce problème ancien et fondamental est ressenti par tous et concourt à la culture extensive même chez ceux qui cultivent leur terre familiale. Chacun s'efforce en effet de mettre en valeur les surfaces maximales en attendant une réelle application des textes ou une réforme foncière. Cette situation explique le faible intérêt porté à l'agroforesterie par de nombreux producteurs agricoles et l'intérêt modéré de quelques bénéficiaires pour certaines actions du projet telles que l'introduction ou la préservation de l'arbre dans les parcelles. Les arbres qui poussent par hasard dans des parcelles constituent des obstacles à la culture attelée bovine, asine et équine qui prend de l'ampleur dans la région.

5. Intervenants et partenaires au développement

Plusieurs sociétés, programmes et projets oeuvrent pour le développement de la localité. Il s'agit entre autre du Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole (PNVRA), du Programme de Valorisation des Bas-fonds (PVBF), Programme National de la Filière Maïs (PNFM), du Projet d'amélioration de la Compétitivité Agricole (PACA), du Programme National de Développement Participatif (PNDP), le Programme de Développement Rural-Extrême Nord (PDR-EN), de la Société de Développement de la Coton culture (SODECOTON) pour ne citer que ceux-là.

D. Les Infrastructures Sociales de Wazzang-Kalliao

Elles représentent le sous-système de l'économie nationale, le résultat de leur action est la création de conditions générales indispensables au même degré, pour le fonctionnement de toutes les sphères de la production sociale de la vie de la population (S. Chlikhter 1981). Pour ce qui est de la localité de Wazzang-Kalliao, elles concernent les infrastructures scolaires, sanitaires, routières et marchandes.

1. Etablissements scolaires

Le site de Wazzang-Kalliao est doté de 10 écoles primaires et 01 Collège d'enseignement secondaire général à Douroum. Malgré le nombre des établissements, le taux de scolarisation reste très faible. Il est encore plus marqué chez les filles. L'ignorance de l'importance de l'éducation des enfants par les parents est à l'origine de cette sous-scolarisation. Il y a donc un travail de sensibilisation à la prise de conscience sur les bienfaits de l'éducation dans la localité.

2. Structures sanitaires

La santé de la population du site de Wazzang-Kalliao est assurée par trois Centres de Santé Intégrés (CSI). Les maladies les plus récurrentes dans la localité sont : le paludisme, la dysenterie amibienne et la fièvre typhoïde. Ces centres de santé comme les autres centres du pays participent à la campagne de vaccination contre la poliomyélite et la rougeole. Mais l'insuffisance de personnel qualifié et des produits pharmaceutiques de qualité constituent l'obstacle à la santé des populations.

3. Routes

L'accès dans certains villages du site de Wazzang-Kalliao est très difficile en saison pluvieuse à cause du mauvais état du réseau routier. Cette situation constitue un frein au développement. Cependant, la SODECOTON entretien quelques pistes en saison sèche, pour faciliter l'écoulement du coton.

4. Marchés

Les marchés sont quotidiens et se tiennent dans plusieurs villages de manière périodique. Les hangars y sont construits en matériaux provisoires dont les perches et la paille. Les produits commercialisés sont les produits manufacturés de première nécessité et les produits agricoles variés. Le secteur le plus fréquenté et le plus apprécié de ces petits marchés des villages est celui de la vente du « bil-bil » ou bière locale. C'est le lieu de partage des informations sur la vie communautaire. Pour obtenir certaines informations, il faut fréquenter ce secteur. C'est d'ailleurs dans ces lieux que nous avons obtenu certaines informations complémentaires des entretiens formels.

III. ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES

Elles concernent l'agriculture, l'élevage et l'artisanat.

A. Agriculture

Plusieurs systèmes de culture sont observés en fonction des unités géomorphologiques et des sols sableux à argileux. Ils sont, à l'heure actuelle, fortement marqués par la prédominance du coton, principale culture de rente dans la région. Très souvent décriée pour ses effets sur l'environnement et malgré les incertitudes du marché, le coton génère plus de 33 milliards de FCFA pour environ 400 000 planteurs (Ousman et al, 2002) et demeure le pilier du développement agricole dans la région. Parallèlement, on assiste à l'émergence d'autres filières, à l'instar de celles de l'oignon, du riz, de l'igname, du niébé dont la production aurait doublé ces dernières années. En dehors du coton, dont les GIC qui bénéficient de l'appui technique de la SODECOTON, les systèmes de culture vivriers sont généralement extensifs. Ils sont caractérisés par la pratique généralisée de la monoculture du sorgho, l'absence de jachère pour la reconstitution de la fertilité des sols qui s'épuisent au fil du temps. On note aussi le faible niveau de mécanisation ; très peu de paysans pratiquant la culture attelée, la faible utilisation de variétés améliorées productives. Si s'ajoutent à ces caractéristiques les incertitudes climatiques, la production agricole est négativement très affectée. La conséquence immédiate est l'insécurité alimentaire récurrente qui sévie dans la zone.

B. Elevage

L'élevage est la deuxième activité économique par ordre d'importance. Elle constitue une épargne sur pied importante pour les familles à Wazzang-Kalliao. En effet, plusieurs familles disposent de bétail qui sert soit à l'autoconsommation, soit à la culture attelée, à la fantasia (chevaux) ou à la vente. On distingue trois systèmes d'élevage dans la zone: le nomadisme, la transhumance et l'élevage sédentaire (élevage de case). Les éleveurs sont, pour la grande majorité des agro-pasteurs sédentaires, qui confient leurs troupeaux aux bergers lors de la transhumance. La spéculation dominante est celle des petits ruminants (ovins, caprins et volaille) parce qu'elle est à la portée des familles moins nanties. En effet, ce type d'élevage est moins exigeant. Par contre, celle des gros ruminants (bovins) nécessite beaucoup plus de moyens matériels financiers et humains est donc pratiquée par les familles plus aisées qui représentent une fraction infime de la population et les transhumants Mbororo (A. Podlewski, 1966 : 54).

D'une manière générale, l'association agriculture-élevage est peu développée (sauf dans les champs de case fortement fertilisés) et on observe plutôt une concurrence entre les deux activités. Cette concurrence est à l'origine de nombreux conflits en raison de l'interpénétration spatiale et/ou temporelle entre les espaces pastoraux et culturaux avec une tendance à la diminution des espaces pâturables.

Les difficultés auxquelles sont confrontés les éleveurs de Wazzang-Kalliao sont énormes. Il y a d'abord l'insuffisance de zones de pâturage. En effet, les surfaces réservées aux pâturages se rétrécissent au fil du temps à cause de la création des nouvelles parcelles pour la pratique culturale, ce qui engendre les conflits agro-pastoraux surtout pendant la saison de pluies. Le pâturage peut constituer un grave danger pour la végétation et les sols (érosion) si la charge du troupeau n'est pas contrôlée. Lorsque celle-ci est raisonnable, les animaux peuvent cependant aider à la dissémination des semences de la végétation naturelle et favoriser le recyclage de l'azote. NTOUPKA (1999) a démontré que si la charge du bétail est raisonnable, le pâturage favorise la production ligneuse en diminuant considérablement la vigueur de flammes sur les houppiers des arbres. L'utilisation des résidus de récolte comme fourrage et les pratiques anthropiques courantes dans la région, montrent que la culture n'est pas incompatible avec la production des ressources fourragères. Il faut également prendre en compte la végétation adventice et le fourrage produit par les jachères de courte durée. L'autre difficulté est l'insuffisance de la couverture sanitaire, les services vétérinaires étant absents dans la localité. Il y a aussi les feux de brousse qui détruisent les pâturages et enfin, le vol aggravé du bétail.

C. Artisanat

Activité économique non agricole, l'artisanat est pratiqué aussi bien par les hommes que par les femmes. Les produits de l'artisanat servent aux autres activités économiques et aux activités socioculturelles. C'est ainsi que nous avons noté la fabrication des guitares, des carquois, des tamtams et le tricot des bonnets d'une part. D'autre part, les forgerons de Wazzang-Kalliao fabriquent des outils agricoles tels que les houes, haches, couteaux, pelles, pioches, charrues, sarcleurs, corps buteurs, pousse-pousse pour ne citer que ceux-là. Nous avons également noté l'activité des femmes potières qui produisent des canaris, marmites, jarres et autres objets très prisés sur le marché de la région.

IV. PROBLEMATIQUE DE LA DESERTIFICATION A WAZZANG-KALLIAO

Le facteur climatique, bien que pouvant avoir des influences aussi bien bénéfiques que nocives, est très souvent invoqué en premier pour expliquer le phénomène de désertification. En effet, les changements climatiques jouent un rôle important dans l'exacerbation du processus de désertification/dégradation des terres, notamment dans la localité de Wazzang-kalliao caractérisée par une faible pluviométrie et un écosystème fragile.

Cependant, dans notre cas, le facteur humain apparaît de loin le plus déterminant, à travers les mauvaises pratiques agricoles, pastorales et d'exploitation forestière et à travers l'augmentation de la pression démographique et de la précarité des conditions de vie des populations pauvres de Wazzang-Kalliao. Au chapitre des activités humaines nocives pour l'environnement, on peut citer la persistance de pratiques agricoles et pastorales extensives, le surpâturage, les feux de brousse mal gérés, qui figurent au premier plan. Avec des systèmes agricoles et pastoraux inadaptés et incapables de s'intensifier, la croissance démographique rapide associée à un déficit alimentaire chronique et une réduction des revenus des populations, les surfaces cultivées ont tendance à s'étendre aux terres marginales (photo 1), ce qui conduit à une saturation progressive de l'espace. A la base de ces mauvaises pratiques humaines, se trouvent liées des contraintes spécifiques d'ordre démographique, économique, social et culturel.

Nous notons que le développement des cantons Wazzang et Kalliao est compromis par de nombreux problèmes tels que la baisse de la fertilité des sols provoquée par le phénomène d'érosion, l'insuffisance de points d'eau pour l'accès à l'eau potable et l'abreuvement du bétail, l'insuffisance des structures d'encadrement des producteurs, le manque de pâturage en saison sèche pour le bétail, la déforestation qui entraîne l'insuffisance de bois de chauffage, l'analphabétisme des jeunes, la délinquance juvénile et surtout l'alcoolisme. Cette situation nécessite une attention particulière pour sortir la localité de l'extrême pauvreté qui frappe sa population et de la désertification qui dégrade de plus en plus l'environnement.

Photo 1: Paysage marginal typique dans la communauté de Wazzang-Kalliao

(NDENGUE, 2011)

Pour améliorer les conditions de vie, la population de Wazzang-Kalliao a besoin d'adopter les techniques agricoles qui permettent une meilleure gestion de la fertilité des sols par la lutte contre l'érosion et l'avancée du désert (aménagements antiérosifs, apport du fumier, plantation/entretien d'espèces fertilisantes dans les champs à l'exemple du Leucena leucocephala, Faiderbia, etc....). Elle a aussi besoin d'une organisation de la gestion de l'espace en faisant une répartition judicieuse et consensuelle du terroir en zones agricoles et pastorales réservées pour le bétail qui devraient être respectées. Une organisation pour la réalisation d'infrastructures communautaires d'approvisionnement en eau par la mobilisation communautaire et l'interpellation des autorités administratives est aussi nécessaire. Enfin, nous pensons que les populations de Wazzang-Kalliao doivent s'engager dans l'éducation des enfants pour lutter contre l'analphabétisme et la délinquance des jeunes en adoptant des comportements plus responsables.

En définitive, nous dirons que le district paroissial de Wazzang-Kalliao, de loin la plus touchée par le processus de désertification, se caractérise à la fois par son climat de type soudano-sahélien, des écosystèmes fragilisés et une forte densité de population qui s'accompagne d'une pression constante sur les ressources naturelles pour la satisfaction des besoins alimentaires des hommes et du bétail. Les facteurs de la désertification sont à la fois d'ordre climatique et d'ordre anthropique et ont des impacts variables, mais qui agissent de manière conjointe, sur les ressources naturelles et l'environnement. Ils sont à l'origine de nombreux dysfonctionnements, dont les conflits fonciers pour l'accès aux ressources partagées sur un même espace, l'aggravation de l'insécurité alimentaire et/ou la précarisation des conditions de vie des populations rurales qui en dépendent. A ces facteurs, il faut ajouter une attitude fataliste des populations locales vis-à-vis de la dégradation des terres/désertification (croyances traditionnelles, freins socioculturels, insécurité foncière pour des investissements à plus long terme). On note également les conséquences négatives des flux migratoires des biens et des personnes non contrôlés.

C'est dans ce contexte que le PLID s'investit pour essayer de lever quelques-unes de ces contraintes. La situation de référence de notre zone d'étude présentée, la prochaine articulation de notre travail concerne le fonctionnement du projet PLID.

CHAPITRE 2 : PRESENTATION DU PROJET DE LUTTE INTEGREE CONTRE LA DESERTIFICATION

Cette partie présente d'abord le plan d'action national de lutte contre la désertification dans ses principaux axes stratégies. Elle permet ensuite d'identifier le projet dans son contexte, ses acteurs, sa méthodologie, son organisation et sa procédure de mise en oeuvre. L'objectif de cette partie est de montrer les points sur lesquels le projet s'est basé pour sa mise en oeuvre.

I. PRINCIPAUX AXES STRATEGIQUES DU PLANNATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION (PAN/LCD).

Les concertations régionales ont fait l'état des lieux sur les manifestations et les effets de la désertification à travers une analyse diagnostique des situations spécifiques des zones touchées. Cette analyse a ressorti les principaux problèmes liés à la dégradation et la gestion des ressources naturelles. Les solutions envisagées pour enrayer les problèmes identifiés ont fourni la base de raisonnement à l'identification des grandes orientations stratégiques tenant compte des acquis et des opportunités existantes. L'ensemble des grandes orientations stratégiques issues des concertations régionales et nationales ont été synthétisées et déclinées en cinq axes ou domaines prioritaires d'intervention (PAN/LCD, 1997 : 50). Nous présentons ces axes qui interpellent les acteurs sociaux intervenant dans la lutte contre la désertification.

A. Aménagement et gestion participative de l'espace

Tant dans la partie septentrionale que dans l'Adamaoua et l'Ouest/Nord-Ouest, les conflits fonciers liés à l'utilisation, mieux de l'exploitation de l'espace apparaissent comme une grave contrainte à la gestion durable des ressources naturelles. Les études ont montré l'absence et/ou la non-opérationnalité des schémas d'aménagement et plans d'affectation des terres, et d'une manière générale, l'insuffisance et le non-respect des textes en matière de réglementation de la gestion des terres et de l'espace (PAN/LCD, 1997 : 51). Ainsi, les objectifs spécifiques de cet axe consistent à améliorer les conditions de cogestion de l'espace par les différents utilisateurs et acteurs, à réduire les conflits fonciers entre les utilisateurs de cet espace, à mieux gérer les feux de brousse et à maîtriser les flux migratoires internes des biens et des personnes.

B. Gestion durable des ressources naturelles (eau, sols, couvert végétal, faune)

Les modes d'exploitation actuels des ressources naturelles contribuent à leur dégradation et à l'amplification du phénomène de désertification. Cet axe est complémentaire au premier, mais, intéresse plus spécifiquement l'exploitation des ressources proprement dites. Les actions à programmer dans le cadre de la lutte contre la désertification viennent en complément et/ou renforcent les actions déjà prévues par les programmes et stratégies sectorielles et projets opérationnels. Parmi les ressources, l'eau constitue pour toutes les régions un élément essentiel dans le cadre de la lutte contre la désertification. L'amélioration ou le maintien de la fertilité des sols apparaît comme un facteur très important pour la région septentrionale (phénomènes de hardéisation10(*)) et pour les régions de l'Ouest (forte érosion sur les pentes).La gestion durable des ressources naturelles se décline en quatre (04) objectifs spécifiques dont améliorer l'accès à l'eau en quantité et en qualité, gérer rationnellement les ressources agro-sylvo-pastorales et halieutiques, conserver et protéger les zones à écologie fragile et la biodiversité animale, promouvoir les énergies alternatives et mieux gérer la filière bois de chauffe. Les principaux Chefs file de ces activités sont le MINADER, le MINFOF, le MINEPD, le MINPIA et l'IRAD.

C. Restauration des terres dégradées et amélioration de la fertilité des sols

La dégradation des terres conduit, notamment, à la perturbation écologique, à la baisse des rendements des cultures, à la chute des revenus agricoles et à l'insécurité alimentaire. Les principaux effets induits sont l'exode rural et l'aggravation de la précarité des conditions de vie des populations locales, ainsi que la dégradation des équilibres et des écosystèmes naturels. L'objectif spécifique de ce troisième axe est d'améliorer la fertilité des terres marginales et restaurer les terres dégradées. Les principaux acteurs de cet axe sont le MINADER et le MINEPD.

D. Renforcement des capacités d'intervention des acteurs en matière de lutte contre la désertification

Diverses analyses ont mis en évidence le lien étroit entre la pauvreté des populations, surtout les populations rurales, les femmes et les groupes défavorisés, et la dégradation des ressources naturelles, voire la désertification. Leurs moyens d'intervention et leurs capacités, d'une manière générale, sont très faibles, même si elles manifestent leur entière adhésion pour des actions de lutte contre la désertification. Il est important, dans le cadre de la mise en oeuvre du PAN/LCD, de prévoir les mécanismes pour lever les contraintes prioritaires des populations les plus démunies afin de leur permettre de s'investir, sur le moyen et long terme, dans des actions de gestion des ressources naturelles et de lutte contre la désertification. Le rôle de proximité des collectivités décentralisées et la perspective d'un transfert de compétences, inscrit dans la politique de décentralisation, nécessitent de les préparer à mieux planifier et suivre la mise en oeuvre des actions du PAN/LCD.

Les besoins en information, sensibilisation et communication en matière de lutte contre la désertification concernent aussi bien les zones plus touchées que celles moins directement concernées. En effet, un important travail de prévention doit être entrepris en direction de toutes les zones et régions, y compris en zone forestière et côtière. Pour y arriver, quatre objectifs spécifiques sont prévus à savoir : Améliorer les connaissances sur les processus de désertification/dégradation et diffuser l'information au plus grand nombre d'acteurs, Renforcer les capacités d'intervention des différentes parties prenantes, en particulier les populations et les institutions décentralisées, Mettre en place des plateformes de concertation, de partenariat et de synergie entre tous les intervenants, Mettre en place et opérationnaliser une base de données et un système de suivi-évaluation décentralisé.

E. Gestion concertée des ressources partagées au niveau sous régional

La position géographique du Cameroun, notamment dans sa zone septentrionale, le prédispose à des échanges intenses avec les pays voisins (Nigeria, Niger, Tchad, RCA). Par leur participation à l'exploitation anarchique des ressources naturelles, ceux-ci contribuent, fortement au processus de désertification dans la localité. Ceci montre la nécessité de mettre en place et d'appliquer une réglementation équitable et surtout d'assurer un suivi et un contrôle efficients des flux sous régionaux et de l'exploitation des ressources qui en découle. L'objectif spécifique de ce cinquième axe est de renforcer la règlementation en vigueur et mieux contrôler les flux migratoires des biens et des personnes dans la sous-région. Le COMIFAC est le chef de file pour la conduite des activités relatives à cet axe.

Toute action de lutte contre la désertification a pour base ces cinq axes et c'est sur elles que s'est appuyé le PLID.

II. PRESENTATION DU PLID

Dans cette partie, nous allons mettre l'accent sur le contexte dans lequel le projet PLID a vu le jour et ses objectifs

A. Justification du projet PLID

La situation de dégradation des sols observée au chapitre 1, se traduit par une forte demande des producteurs concernant les actions porteuses d'effets en matière de restauration de la fertilité des parcelles (aménagement des parcelles, développement de l'arbre au sein des exploitations, etc.). En outre, la rareté de l'eau dans la zone prédispose les populations à se mobiliser en faveur de toute action visant à assurer la disponibilité de l'eau dans leur environnement sur une période assez longe (PLID, 2010 : 20).

Fort de son expérience en matière de développement rural dans la zone (maillage d'un dispositif d'encadrement communautaire, au sein des paroisses, La mise à contribution des paroisses dans le processus de sensibilisation des populations), le Comité Diocésain de Développement (CDD) a procédé à une consultation de la population lors d'un diagnostic participatif entre février et mai 2002, en vue de l'élaboration de son 8ème plan cadre triennal (2003-2006). Ce plan cadre a eu pour objectif global « la lutte contre la pauvreté améliorée par l'autopromotion ». Compte tenu de son importance et des moyens techniques et financiers limités du CDD, la nécessité d'avoir des nouveaux partenaires pour son exécution s'est imposée. C'est dans cette optique qu'il a monté le projet PLID.

Le CDD s'est aussi appuyé sur les précédents programmes de développement réalisés dans la localité, notamment le DPGT et le PDRM qui ont stimulé la participation communautaire et suscité la création des organisations de base locales aujourd'hui partenaires de mise en oeuvre du projet. Par ailleurs, le CDD inscrit le PLID dans la continuité de nombreux programmes de développement qui ont été réalisés dans la zone notamment le Projet de Développement de la Région des Monts Mandara (PDRM11(*)) qui s'est achevé en 2005 et dont l'objectif visait l'amélioration de la production agricole (céréales et maraîchers), l'intensification de l'élevage, la gestion des récoltes, l'approvisionnement en eau, l'éducation intégrée au milieu, la santé et les activités génératrices de revenus à travers des actions d'épargne et de crédit rural.

B. Objectifs du PLID

L'échec des actions de lutte contre la désertification montre qu'il y a une nécessité d'impliquer et d'autonomiser les populations rurales dans la lutte contre l'avancée du désert. Ce besoin se justifie par les ressources limitées du gouvernement aussi bien sur le plan financier, que des structures d'encadrement, tout comme du personnel de développement. Ces limites sont également dues à la propension du gouvernement de développer les grandes villes au détriment des zones rurales. Aussi, la politique de concentration explique une inadéquation entre les décisions prises et leur application sur le terrain. Certaines décisions prises par les gouvernants ne sont pas toujours adaptées aux besoins des populations rurales, d'où l'échec de nombreuses actions. Pourtant, concevoir des projets en milieu rural revient à tenir compte d'un certain nombre de facteurs d'ordre culturel, religieux, géographique (CICIBA, 1989 : 67). Dans le souci d'être en union étroite avec la réalité culturelle, le projet PLID vise le développement des modèles pilotes de lutte contre la désertification à travers l'amélioration de la conservation des terres, des eaux, et de l'arbre. La conservation des terres passe par un ensemble d'actions d'aménagement visant la lutte contre l'érosion et l'amélioration de la fertilité du sol. La maîtrise de la gestion de l'eau quant à elle est assurée à travers la construction d'un ensemble d'ouvrages encourageant l'infiltration de l'eau notamment les biefs afin d'améliorer le niveau de la nappe phréatique, mais également la protection des berges des Mayos et l'amélioration de l'approvisionnement en eau dans les villages cibles par la construction des puits.

Ces objectifs du PLID laissent transparaître une nécessité de transformer le milieu rural, qui est généralement l'oeuvre d'acteurs extérieurs. L'initiative d'une élite ou des développeurs à vouloir aider la communauté est donc une tendance populiste du développement. D'après Grigori Lazarev et Mouloud (2002 :7): « Les communautés rurales n'ont ni expérience, ni statut et ni moyens pour programmer leur propre développement ».Ceci peut justifier les abus qu'elles subissent de la part des organisations de développement. Ces dernières imposent leur plan de développement. D'autant plus que la bonne marche d'un programme dépend des ressources disponibles et même de la qualité de ces ressources.

III. LES RESSOURCES DU PLID

De nombreuses programmes et projets dans la région du sahel se présentent comme des partenaires du développement, seulement, on note parfois un amateurisme dans leur mode de fonctionnement et de mise en oeuvre. Ce qui ne leur permet pas toujours d'atteindre leurs objectifs et susciter leur appropriation par les populations cibles. Pour ce qui est du PLID, nous allons nous intéresser à ses ressources humaines, matérielles et financières.

A. Les ressources humaines du PLID

Dans le but d'atteindre efficacement ses objectifs, un organigramme avec une hiérarchisation des pouvoirs a été élaboré lors du montage du projet. La réalisation d'un projet demande aussi une bonne organisation. Il faut définir les tâches à accomplir, les regrouper, établir les liens d'autorité, de coopération et d'information qui unissent les hommes entre eux, de créer des unités de soutien qui permettent de disposer d'expertises (Jean Pierre Olivier de Sardan, 1995 : 7). La structure de gestion du PLID comprend deux niveaux :

§ Au premier niveau, le bureau de coordination basé à Maroua coiffé par le chef de projet appuyé par un ingénieur coordinateur technique, une assistante comptable (secrétaire comptable et caissière) et un chauffeur;

§ Et au second niveau, cinq techniciens de site basés chacun dans l'un des sites cinq sites du projet (Salak, Mémé, Wazzang, Mokolo et Ouzal).

L'effectif total de personnes au service permanent du projet est de neuf (09). Toutefois, le chef du projet partage son temps entre le secrétariat du CDD dont il est le principal responsable et le projet. Afin de combler l'insuffisance de coordination liée à son indisponibilité, il se fait appuyer de manière ponctuelle par un ingénieur responsable du volet agricole au sein du CDD dans la coordination et le suivi du projet sans que les termes de référence clairs lui soient attachés. L'absence des termes de référence précis est également relevée au niveau du coordinateur technique qui doit se référer de manière systématique au chef de projet pour toute question. Fort heureusement que le système est peu cloisonné et fonctionnement de manière assez concertée et efficace.

La composition de l'équipe telle que spécifiée permet en général de réaliser les missions du projet, même si l'étendue géographique de certains sites paraît plus importante à l'instar de Wazzang, dans notre zone d'étude.

B. Les ressources matérielles

Pour être en règle avec les normes en matière de projet de développement, le PLID occupe des bureaux dans les locaux du CDD à l'évêché de Maroua. Ainsi, le projet possède le local destiné à son administration et aux réunions de coordination et les immeubles nécessaires à l'accomplissement de ses objectifs. Afin d'être en collaboration étroite avec ses différents partenaires, le PLID dispose d'un réseau Internet, d'un site web, d'une ligne téléphonique fixe et d'une boîte postale. Toutefois, certaines ressources à l'instar des voitures et des motos sont utilisées exclusivement pour le projet12(*). Le matériel mis à la disposition du projet est utilisé aux fins des activités. Ils devraient toutefois être estampillés du logo du projet afin d'en accroître la visibilité et leur fichier constitué et régulièrement mis à jour. La réussite de ce projet dépend aussi de ses ressources financières.

C. Les ressources financières

Le budget total du projet PLID est de 749 998 d'Euros (€). Le projet est assuré par un cofinancement d'un bailleur de fonds principal, l'Union Européenne qui apporte 80% des financements, soit 599 998 € et du partenaire contractant, Broederlijk Delen qui couvre les 20% des financements du projet, 164 558 €. Les engagements des uns et des autres ont été tenus jusqu'à la fin de la phase pilote13(*).

En outre, les populations bénéficiaires apportent les matériaux en nature pour la réalisation des différents ouvrages d'aménagement. Elles participent à 50 % pour l'acquisition des plants fruitiers dans le cadre de l'action de reboisement du projet, ainsi qu'à 20% et 40% des frais financiers directs (coût du ciment et du fer) respectivement pour la construction des biefs en pierres maçonnées et des puits sollicités14(*). La mobilisation des contributions financières des populations est effectuée par les comités locaux mis en place par le projet sur la base du devis des ouvrages à réaliser (biefs en pierres maçonnées ou puits).

IV. LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS

Le partenariat institutionnel du PLID concerne son comité de pilotage, le Comité Diocésain de Développement (CDD) et le Broederlijk Delen.

Le comité de pilotage a été conçu pour jouer le rôle d'orientation stratégique au projet et servir de cadre d'échanges pour le développement des activités et le suivi de leur cohésion. Il comprend outre les membres du projet, les représentants des administrations techniques concernées par la problématique du PLID (Forêt, environnement, agriculture), celui de la Mission de Développement Intégré des Monts Mandara (MIDIMA) et celui d'une organisation partenaire. La tenue annuelle de leur session, précédée par une visite de terrain des réalisations du projet leur a permis de jouer pleinement leur rôle comme un instrument d'orientation, de suivi et de conseil en matière d'exécution des activités réalisées par l'équipe projet. Les structures membres du comité de gestion du PLID ont toutes des préoccupations dans le domaine environnemental et sont localisées dans la zone du projet. Il s'agit de la MIDIMA, Délégations Régionales du MINEP et MINADER et les structures associées dans l'exécution du projet qui ont été rejoint plus tard par le MINFOF en troisième année après avoir jugé de la pertinence de ce service technique de l'Etat dans la réflexion au sein du comité. 

Le Comité Diocésain de Développement (CDD) est le principal partenaire de mise en oeuvre du projet, chargé d'animer le comité de pilotage, de mettre en place et de superviser l'équipe du projet. Dans la mise en oeuvre, le secrétaire général du CDD a été désigné, chef de projet, ce qui serait de nature à ne pas lui permettre d'avoir suffisamment de recul pour la l'appréciation et l'orientation du travail de l'équipe opérationnelle du projet tel que précisé dans le document de base.

BroederlijkDelen assure le suivi administratif et financier du projet et des activités de terrain à l'occasion des missions semestrielles qu'elle réalise dans la zone d'intervention du projet. La coordination du projet reconnaît que son appui a été prépondérant dans le renforcement des capacités de l'équipe de coordination du projet en matière des procédures de l'Union européenne et de mise en contact15(*).

V. LES ACTIVITES DU PLID

Pour rendre effectif le projet, certaines activités ont été nécessaires pour atteindre les résultats attendu du projet. Il s'agit de la pratique de techniques intégrées de lutte contre la désertification pour atteindre le résultat 1, la réalisation d'ouvrages de gestion des ressources hydriques pour atteindre le résultat 2, la prise de conscience de l'importance de l'arbre pour atteindre le résultat 3 et la structuration des groupes cibles et renforcement des capacités des structures associées pour atteindre le résultat 4.

A. Pratique de techniques intégrées de lutte antiérosive

Elle concerne plusieurs activités dont l'étude diagnostique participative des exploitations agricoles pour l'établissement d'une situation de départ sur l'ensemble des sites pilote du projet. Ici, il a fallu impliquer les populations dans tout le processus dans le but de leurs permettre de comprendre la problématique de la désertification et la finalité des actions à entreprendre pour s'approprier le projet. A la suite de cette étude, les techniques adaptées à la lutte contre l'érosion ont été identifiées grâce aux enquêtes diagnostiques, au voyage d'études au Burkina Faso et auprès des organismes de développement intervenant dans la région de l'extrême-nord.

Les techniques identifiées sont d'autant plus importantes qu'elles peuvent même servir non seulement le projet, mais l'ensemble des acteurs de la région et au-delà, les projets avenir qui voudront oeuvrer sur la problématique générale de la lutte contre la désertification. L'expérimentation en champs en milieu paysan, a concerné les haies-vives16(*) et des légumineuses pour l'érosion et l'expérimentation du zaï pour la récupération des « hardés ». En matière d'adoption, cette technique est restée au stade de l'expérimentation à cause de la pluviométrie qui ne lui est pas favorable17(*). Toutefois, cette technique demeure efficace pour la récupération des terres « hardéisées » au regard des quelques expérimentations faites dans la zone de Wazzang-Kalliao. Dans le cadre des actions de lutte contre l'érosion, le projet a formé et accompagné les agriculteurs sur les techniques nouvelles.

1. Formation et accompagnement des agriculteurs aux techniques de lutte antiérosive.

Les formations avaient pour préalable, la constitution des groupes dans les différents villages des sites du projet. Ainsi, au moment où le projet s'achève, il y a 195 groupes actifs qui se déploient sur le terrain par rapport à l'ensemble des activités pour lesquelles elles ont reçu la formation (PLID, 2010 :). La figure 3 suivante donne l'évolution de l'effectif des groupes et des membres durant la période de mise en oeuvre du projet dans la localité de Wazzang-Kalliao.

Figure 3 : Evolution des groupes de producteurs de Wazzang-Kalliao entre 2005-2010.

Source : données PLID, 2010.

Il apparait dans la figure que l'effectif des membres est resté croissant, alors que le celui des groupes a diminué à la fin du projet. D'après le coordonnateur technique du projet, cette situation s'explique par le fait que les membres de certains groupes se sont mis avec ceux des groupes plus actifs. En outre, certains groupes ont fusionnés pour devenir plus efficaces.

Pour des formations techniques, 20 animateurs ont été choisis et recyclés pour la formation et l'accompagnement des groupes dans les villages avec l'appui des techniciens PLID des sites du projet. Ces animateurs avaient pour mission d'effectuer des visites régulières dans les groupes après chaque formation, pour aider les membres à mettre en pratique les enseignements reçus. L'assimilation des pratiques au sein des groupes dépend de plusieurs facteurs dont la volonté, la disponibilité des moyens (terres, petit matériel, ...). Ainsi, ceux qui ont facilement adopté les nouvelles techniques sont devenus des animateurs endogènes. La participation des techniciens des sites concernait le suivi du travail des animateurs auprès des groupes pour le respect des normes. Le technicien du site de Wazzang-kalliao nous a relevé une réticente de la part de certains membres des groupes à appliquer les techniques apprises du fait de l'insécurité sur les terres qu'ils exploitent. Pour résoudre ce problème, le projet a introduit l'utilisation de la fiche de droit de jouissance dans les sites. Pour faciliter la mise en oeuvre de ces pratiques, le projet a permis aux bénéficiaires d'améliorer les conditions de travail en appuyant l'acquisition des équipements agricoles.

2. Appui à l'acquisition des équipements agricoles

Il a été assuré par un Club d'Epargne et de Crédit (CEC) dans les sites. Etant donné que le site de Wazzang-Kalliao n'en dispose pas, le projet a signé avec l'Union des Clubs d'Epargne et de Crédits (UCEC), une convention de financement afin de mettre à sa disposition des fonds de roulement pour l'acquisition du matériel agricole =en attendant la création d'un CEC, structure devant assurer la pérennité de l'activité après le projet. Les fonds de roulement mis à la disposition de l'UCEC sont octroyés aux producteurs qui sont dans les groupes de travail sous les conditions des différents CEC repartis dans la zone d'intervention du PLID. Dans le souci de partage d'expériences et de la facilitation à l'adoption des innovations de lutte contre l'érosion, les visites des groupes ont été organisées.

3. Organisation de voyages visites pour les groupes

Les voyages-visites ont été organisés parce qu'après les deux premières années de sensibilisation et de conscientisation à la problématique de la désertification, les réalisations étaient plus faibles dans certains villages où l'adhésion était plus forte et une possible pérennisation des acquis. Elles avaient pour objectifs de :

§ Amener les groupes des producteurs bénéficiaires des actions du PLID à prendre conscience de l'importance de la réalisation des activités de manière intégrée afin de susciter un nouvel engouement à la mise en oeuvre des actions du Projet dans leurs villages respectifs ;

§ Conscientiser les visiteurs sur les stratégies et de l'organisation des populations visitées ayant conduits au succès.

B. Réalisation d'ouvrages de gestion des ressources hydriques

La mise en oeuvre de cette composante a tourné sur une étude technique relative à la gestion des eaux, une sensibilisation de la population sur les problèmes et l'accompagnement des populations sur la réalisation des ouvrages.

1. Etude technique sur la gestion des eaux

L'étude technique sur la gestion des eaux et les exploitations agricoles avait pour but d'assurer l'efficacité et la rapidité dans la mise en oeuvre du projet. Elle a abouti à un répertoire de types d'ouvrages hydrauliques et techniques qui a été constitué et validé au cours d'un atelier. Les types d'ouvrages retenus sont des puits traditionnels, des puits busés modernes majoritairement à ciel ouvert, des forages, des marres artificielles, des marres naturelles, des biefs18(*), et un barrage. On note aussi la possibilité de réaliser les digues filtrantes et le système d'irrigation goutte à goutte dans les sites du projet, suscitée à partir du voyage d'échange au Burkina Faso. Après une étude technique la sensibilisation des populations est l'étape importante suivante.

2. Sensibilisation de la population sur les problèmes d'eau

Comme nous l'avons noté plus haut, les eaux de pluie causent d'importants dégâts sur leur passage dans la région. Il s'agit de la destruction des cultures et d'habitations, l'ensablement des surfaces cultivées, la dégradation des berges des Mayos, l'érosion, les inondations, l'enclavement des villages. Ainsi, durant toute la période du projet, des séances de sensibilisation sur les problèmes de l'eau ont été menée par les équipes d'animateurs sous la supervision des techniciens des sites PLID. Chaque séance a été organisée selon la méthode voir-juger-agir :

§ L'étape de voir permet d'appréhender l'environnement comme autrefois, aujourd'hui et comme il sera demain en rapport avec l'eau.

§ L'étape de juger permet à la population de réfléchir sur les causes et les conséquences de la situation présente (manque d'eau).

§ L'étape d'agir permet d'envisager les actions en vue d'une amélioration de la situation d'approvisionnement en eau.

La stratégie du PLID repose sur la demande et la participation de la population bénéficiaire. Cet aspect participatif du projet se retrouve particulièrement dans la notion de cofinancement. Les populations participent en effet à la réalisation des ouvrages à hauteur de 0 à 40% en fonction de la nature de l'ouvrage et leur capacité technique et financière.

3. Accompagnement de la population pour les réalisations physiques

D'après les membres du comité local de Houdouvou, les animateurs ont procédé avec la population à l'identification technique des sites et à l'élaboration de devis estimatifs et quantitatifs relatifs à la réalisation des ouvrages. Les demandes ont été envoyées au niveau du projet pour une analyse selon des critères préalablement élaborés. Afin d'assurer le caractère intégré des activités du projet, cette analyse est aussi faite selon le dynamisme de la population du village concerné. Un comité de gestion provisoire a été ensuite mis en place et des équipes de travail constituées, selon un calendrier bien déterminé.

Le suivi technique à la base a été fait par les animateurs de l'association partenaire sous la supervision du technicien du PLID et du COPIL. Ce suivi technique était aussi assuré par l'équipe de coordination technique du PLID qui a effectué des visites de contrôle et d'évaluation sur le terrain. Les résultats de l'accompagnement de la population pour les réalisations physiques présentent plusieurs ouvrages dont les puits, les biefs, les biefs-radiers, la végétalisation, et les filtres à charbon et sable. Les photos suivantes illustrent quelques types de réalisations rencontrées.

Photo 2a

Photo 2b

Photo 2a : Puits en cours de fonçage à Douroum ; Photo 2b : Bief-radier réalisé à Watergas

(NDENGUE, 2011)

C. Prise de conscience de l'importance de l'arbre

Dans le but de susciter la prise de conscience de l'importance de l'arbre chez les populations de la zone, les activités du projet ont été conduites selon deux approches. L'approche directe par les techniciens du projet et l'approche faire-faire par deux associations partenaires. Il s'agit de l'association Femmes & Promotion et l'association ALPHA. L'association Femmes & Promotion s'est occupée des activités concourant à faire une économie du bois de chauffe alors que l'action de l'association ALPHA a consisté à l'alphabétisation centrée sur la protection de l'environnement.

A la question de savoir quelles sont les principales causes du déboisement dans la localité, nous avons recueilli les réponses suivantes au cours des entretiens de groupes :

§ L'accroissement rapide de la population dans les sites pilote du projet qui entraîne une demande croissante en surface cultivable ;

§ La coupe illicite de bois pour les besoins des ménages et de plus en plus pour la commercialisation dans les centres urbains ;

§ Les feux de brousse, pour le défrichement des champs, la chasse et pour des raisons culturelles ;

§ Le surpâturage dans les sites du projet qui pousse les animaux à brouter toutes les plantes.

Afin d'améliorer cette situation, plusieurs solutions ont été identifiées par les membres des groupes cibles, et des associations partenaires. Parmi celles-ci nous avons :

§ Le reboisement dans les sites publics et dans les plantations ;

§ L'élagage des arbres ;

§ L'arrêt des feux de brousse ;

§ La formation des pépiniéristes pour la production des plants ;

§ La formation de la population à la fabrication et à l'utilisation des foyers améliorés.

La mise en oeuvre de telles solutions, nécessite un programme d'éducation à la protection de l'environnement. Ce dernier a été élaboré et réalisé à travers les cours d'alphabétisation en français et la production du matériel pédagogique dans les sites du PLID. Les cours d'alphabétisation se sont déroulés entre le mois de janvier et le mois de mai. La formation des femmes sur la fabrication et l'utilisation de foyers améliorés et la formation d'animatrices locales dans les sites du PLID se sont déroulées en en même temps.

La formation à elle seule ne permettant pas d'inciter les populations au reboisement, il a fallu procéder à la sensibilisation et à l'appui aux pépiniéristes, pour la production des plants19(*).

Trois formes de reboisement ont été effectuées ici: Il s'agit de :

§ Le remplacement des plants manquants et l'extension des lieux reboisés des années précédentes. En effet, compte tenu de la vaine pâture et des difficultés d'arrosage qui ont été constaté, le projet au lieu de fournir des quantités énorme a procédé à une mise à disposition progressive des plants soit 5 à 10 par personnes par an ;

§ Le reboisement des nouveaux lieux publics tels que les marchés, les écoles, les centres de santé, les églises. L'objectif ici est la production d'ombrage, l'agrémentation du milieu, la production des perches et des piquets, du bois de chauffage, etc. Le Technicien assure mensuellement le suivi des reboisements pour évaluer le taux de réussite des plants et conseiller la population par rapport à la protection, l'entretien et l'arrosage des jeunes plants.

Photo 3 : Reboisement à l'E.P de dans le site de Mémé

(PLID, 2010a)

§ Les plantations individuelles en champ et dans les « sarés » ou concessions. La perception de l'importance de l'arbre dans l'environnement est de plus en plus constatée. C'est ainsi que les plantations individuelles de Neem, d'Eucalyptus et autres essences sont sollicitées par les paysans. Dans les champs individuels le souci de la vulgarisation de la plantation des essences fertilisantes (faidherbia, Leuceuna sp et des Acacias...) est presque toujours présent du fait des caractéristiques qui leurs sont reconnues (restauration de la fertilité des terres, fourrage pour les animaux, bois de chauffe et de service...).La quantité de plants d'arbres mis en terre durant toute la période du PLID est estimée à 64 043 (PILD, 2010a). Elles étaient constituées essentiellement des espèces agroforetières et des fruitiers sollicités par les populations. types de ont été distribués plants d'arbres compris les haies vives et les légumineuses, avec des résultats plus satisfaisants dans le site de piémont.

D. Structuration et renforcement des capacités des groupes cibles et partenaires.

Avant d'analyser les différents axes de renforcement des capacités, nous allons au préalable présenter les différentes partenaires du PLID.

1. Les structures partenaires associées dans la mise en oeuvre du PLID.

L'exécution technique du PLID concerne les animations, les formations, les démonstrations, les constructions, la gestion, la diffusion. Elle a été réalisée par une équipe de projet relayée par les organisations partenaires dont le Groupe d'Organismes Intervenant dans les Biefs et puits et la conservation des eaux et du sol (GOIB), l'Association pour la Langue et la Promotion Humaine par l'Alphabétisation (ALPHA), la Promotion de l'Agriculture (PROMAGRI), Femmes et Promotion (FP) et Petit Elevage (PE). Considérées comme des prestataires de services pour le compte du projet PLID en ce sens qu'elles bénéficient des contrats de prestation de service pour la réalisation de certaines activités du projet, chacune dans un domaine bien précis. Ainsi :

§ GOIB, association créée en 1994, compte aujourd'hui près de 250 membres, techniciens de génie rural et génie civil et paysans formés aux techniques de réalisations de puits, de biefs et de terrasses ;

§ PROMAGRI, association créée en 2001, compte 80 membres environ, paysans formés aux techniques agricoles modernes dans les écoles techniques gouvernementales ou privées catholiques (Centre Jéricho, Centre de Développement Rural de Mokolo) ;

§ ALPHA, créée en 1998, spécialisée dans la conception et l'exécution des programmes d'alphabétisation fonctionnelle, compte près de 120 membres, moniteurs d'alphabétisation, tous paysans ;

§ FEMME ET PROMOTION, association créée en 2001, compte 75 membres, ménagères et agricultrices alphabétisées et formées aux techniques d'animation en milieu paysan dans les domaines de la santé, des activités génératrices de revenus, d'éducation des jeunes filles, etc. 

Chacune de ces organisations est structurée en assemblée générale des membres, conseil d'administration et cellule de coordination technique et se déployait en 3 paliers : les animateurs de base, les superviseurs et les coordinateurs. D'après le technicien PLID du site de Wazzang-Kalliao, plus de 95 % des membres sont des exploitants agricoles installés dans leurs villages respectifs. « Ils ne font de l'animation auprès d'autres paysans qu'à temps partiel, et surtout en saison sèche, période morte pour les travaux agricoles »20(*). Ils sont donc appelés Agriculteurs-animateurs. Le CDD leur apporte avec son bureau-conseils, des services en termes d'organisation, formation, de contrôles comptables, de facilitation de la négociation des protocoles d'accord et tenue de leurs assemblées générales annuelles. Ces organisations constituent un véritable réseau social propice pour la mise en oeuvre et surtout pour l'appropriation du PLID par les communautés.

2. Les groupes cibles du Projet

Pour qu'une action de développement soit efficace, elle doit impliquer le grand nombre dans une localité rurale. Elle est généralement menée en groupe. Pour le cas de la lutte contre la désertification les actions du PLID sont mises en oeuvre grâce à la participation des bénéficiaires du projet. Ce sont les populations des 45 villages du projet répartis dans six arrondissements des trois départements respectifs du Diamaré, du Mayo Tsanaga et du Mayo Sava. Ils sont estimés à environ 8 000 à 10 000 habitants selon le rapport narratif du projet (PLID, 2010a). Afin d'assurer l'efficacité des actions du PLID, ces populations sont regroupées en :

Comités locaux de suivi : C'est une organisation qui comprend un bureau de six à sept personnes, dont un président, un secrétaire et un trésorier. Il est chargé de jouer le rôle d'interface entre le village et les différents partenaires d'appui au développement du village (organisations associées relais, PLID, CPH). Il est supposé faire le suivi de l'ensemble des appuis réalisés au village, tant au profit de la communauté, des groupes que des producteurs isolés. C'est l'interlocuteur privilégié des structures d'appui au développement local et le médiateur entre le village et le projet.

Comités locaux de gestion des ouvrages  sont constitués de personnes choisies par la communauté pour assurer le suivi des ouvrages réalisés dans les villages notamment des puits. Dans la plupart des villages, ils se confondent avec le bureau du comité local de suivi ;

Les groupes de producteurs : pour faciliter les formations organisées à leur profit, les bénéficiaires du projet se sont constitués en groupe de travail d'une moyenne de 20 à 25 personnes par groupe. Ils s'entraident dans la mise en oeuvre des actions du projet et se mobilisent pour les actions communautaires telles que le reboisement communautaire et la protection des berges des Mayos. En somme, un effort de structuration a été fait dans les villages, mais il est à relever le désistement et la désintégration de certains groupes. Toutefois, de manière globale, 254 groupes à des niveaux de fonctionnement différents ont été constitués dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao (PLID, 2010a). Leur dynamisme et leur adhésion aux objectifs du projet varient d'un village à un autre, et même à l'intérieur d'un même village.

3. Le Comité de Promotion Humaine (CPH) 

Pour adhérer à l'un des groupes précédant, et ou participer aux activités du PLID, les populations ont besoin de motivation. Cette dernière passe par la sensibilisation et la mobilisation à la base. C'est l'action principale du CPH qui est une structure relais du CDD au niveau de chaque paroisse du site. En rapport avec le projet, il mène des actions d'animation et de sensibilisation de masse en faveur des actions du projet. Il a été mis à contribution dans le choix des sites du projet et la conduite des analyses de base.

Les besoins en formation et accompagnement en vue du renforcement organisationnel et du développement institutionnel des groupes cibles et associations ont étés identifiés pour chaque type d'acteur.

4. Renforcement organisationnel et du développement institutionnel des groupes cibles et associations.

Pour les associations partenaires, le projet a satisfait plusieurs besoins exprimés. Il s'agit entre autre de la formation en comptabilité simplifiée et vie associative a été réalisée à l'intention des quatre associations partenaires par le Bureau Conseil du CDD. 31 membres des CA et bureaux de zone des associations ont pris part à cette formation (PLID, 2010b). Des formations spécifiques ont aussi été organisées pour renforcer les capacités de chaque partenaire dans son domaine de compétence. Ainsi, une formation sur l'hygiène et les techniques de potabilisation de l'eau a été organisée en deux phases à l'intention des membres de l'association Femmes & Promotion. La phase théorique a eu lieu du 5 au 6 mars 2009 à Maroua avec 15 participantes tandis que 12 participants seulement ont pris part à la pratique le 13 avril 2009 à Mokolo. Une session de formation sur les techniques d'animation et de gestion des comités d'ouvrages hydrauliques a été organisée du 26 au 29 janvier 2009 à Maroua pour 38 accompagnateurs et techniciens de l'association GOIB. Le coordinateur technique de l'association ALPHA a participé à deux séminaires ateliers de formation des animateurs pédagogique à Okola (Centre-Cameroun) du 4 au 10 janvier 2009 pour la première session et du 10 au 16 mai 2009 pour la seconde (PLID, 2010b).

Pour les Comités Locaux, les formations ont porté sur deux principaux thèmes:

§ Le rôle et le fonctionnement d'un comité local dans le village, avec pour objectif la mise d'une emphase sur la capacité du comité local dans les villages en matière de développement.

§ L'environnement, avec pour objectif de susciter la prise de conscience sur la nécessité de préserver les ressources environnementales dans les villages d'une part et d'autre part leur renforcer leur de sensibilisation. Les Photo 4a et 4b ci-dessous illustrent la séance de formation des comités locaux.

Photo 4a : Réflexion en groupe lors d'une formation du Comité local de Mokolo-Mboua ;

Photo 4b : Participants à une formation du Comité local de Salak

Source : PLID, 2010

Photo 4b 

Photo 4a 

Au-delà de ces sessions de formation organisées, les techniciens PLID de zone ont assuré le relais des formations sur le terrain avec les membres des comités locaux. En renforcement organisationnel, ils ont tenu des formations dans les différents groupes sur les quatre thèmes suivant :

§ Evaluation et la planification des activités. ;

§ Organisation des réunions de suivi-évaluation,

§ Tenue de registre de planification et de bilan des activités;

§ Gestion du petit matériel collectif.

En ce qui concerne les CPH, la collaboration et le dialogue se sont poursuivis notamment pour la sensibilisation et la mobilisation des contributions financières et physiques locales pour les réalisations communautaires en général (alphabétisation, biefs, puits etc.).

5. Appui à l'acquisition des équipements des groupes cibles et associations partenaires

Chacune des associations professionnelles sur la base d'une demande et en fonction des recommandations de l'atelier sur le diagnostic organisationnelle de 2006-2007d'une part et d'autre part de ce qui ressort de leur plan d'action a reçu un appui en équipement de bureau et matériel de travail. En effet, compte tenu des formations en informatique sollicitées et réalisées, « il était tout à fait nécessaire de mettre à la disposition des associations un minimum de matériel de travail »21(*). Ainsi, avec le cofinancement du projet :

§ ALPHA a acquis un bureau et quatre chaises ;

§ FEMMES & PROMOTION a acquis un Ordinateur de bureau, une Imprimante à jet d'encre,  un Appareil photo numérique, un Onduleur, une Prise parafoudre, un Copieur et une Table informatique ;

§ GOIB a acquis un Ordinateur de bureau, une Imprimante/copieur, Appareil photo numérique et un Onduleur ;

§ PRMO-AGRI a acquis un Ordinateur de bureau, une Imprimante laser, un Appareil photo numérique et un Chargeur batterie

Pour les comités locaux, un kit de matériel a été mis à la disposition de chacun et géré selon un règlement d'usage élaboré par la population avec l'appui du technicien du PLID. Ce règlement d'usage a été modifié à la convenance de chaque village en fonction des desideratas de ces membres et de la stratégie de remplacement mis en place par le comité local du village. Ce kit est constitué de brouette ; de pelles ; d'une pioche ; d'une barre à mine ; d'une masse ; des machettes ; des gants, etc. Nous pouvons aussi signaler la possibilité des membres des groupes à acquérir à titre personnel des équipements agricoles via un emprunt auprès du CEC de sa localité (PLID, 2010b).

En somme, ce chapitre a permis de mettre en évidence les principaux axes stratégiques du plan d'action national de lutte contre la désertification. C'est au vu de ces axes que le PLID a été monté et mis en oeuvre. Mais il n'est pas possible d'obtenir des résultats satisfaisant sans l'appui financier des bailleurs et la participation des bénéficiaires. Cette multiplicité d'intervenants nécessite une stratégie originale de mise en oeuvre du projet dans un milieu rural en proie à des échecs de projets de développement. Dans le chapitre qui suit, nous ferons une analyse des répercussions du Projet PLID dans les villages du district paroissial de Wazzang-Kalliao.

CHAPITRE 3 : CAPITAL SOCIAL COMME OUTIL D'APPROPRIATION D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL

Les différentes activités du PLID constituent un substrat pour une mise en oeuvre du Plan National de Lutte contre la Désertification. Cette initiative doit apporter des changements plus ou moins perceptibles dans la vie des communautés du district paroissial de Wazzang-Kalliao. Dans ce chapitre, nous allons identifier et analyser la vie communautaire des populations de Wazzang-Kalliao, le processus d'appropriation des actions du PLID, les réseaux sociaux, la confiance. Nous relèverons ensuite les entraves à la réalisation du projet et des suggestions seront émises pour les actions futures. .

I. LA VIE COMMUNAUTAIRE A WAZZANG-KALLIAO

Dans le but d'évaluer le rôle du capital social dans le phénomène d'appropriation par les populations de Wazzang-Kalliao du projet de lutte intégrée contre la désertification, une analyse de la vie communautaire permet de bien cerner le contexte social, temporel et géographique.

A. La communauté de Wazzang-Kalliao

La communauté est majoritairement représentée par des entrepreneurs agricoles. Parmi ceux-ci, il y a une distinction établie par l'aspect genre, car on y retrouve les vieux, les jeunes, les femmes et les minorités. Il est assez facile de distinguer les familles qui sont dans la localité depuis longtemps par l'état plus ancien de leur habitat. De même, il est facile de distinguer les regroupements de jeunes, d'hommes ou de femmes. En effet, les hommes se réunissent ou discutent rarement avec les femmes. Il est donc très difficile de mener en commun des activités de développement, «c'est plus difficile de s'impliquer dans la gestion des affaires liées au développement ou mieux participer à la prise de certaines décisions»22(*).

Nous avons rencontré aussi deux types de producteurs dans la communauté, les agriculteurs et les éleveurs. Cette diversité d'entreprises est aussi source de conflits entre producteurs en termes d'occupation de l'espace. La proximité de la communauté de la ville de Maroua a aussi un impact sur la dynamique parmi les populations, «il y a nécessité de s'entraider pour accroitre la production et satisfaire la clientèle qui est proche»23(*) Ceci est clairement démontré dans le succès des initiatives de la communauté, comme le marché, les festivals, les cérémonies traditionnelles et religieuses dont plusieurs constatent que « c'est tout le monde qui s'impliquent, et nous avons le succès»24(*).

B. Perception de la communauté par les populations

L'aperçu du district paroissial de Wazzang-kalliao donne le contexte dans lequel ses populations peuvent construire des liens et des réseaux pour leur capital social. Le rôle que peut jouer l'environnement physique et l'infrastructure d'un endroit géographique afin de bien étudier le contexte social est un aspect souvent oublié dans l'étude du capital social (Da Costa, 2007 : 50). Dans le cas présent, le reboisement des espaces publics permet de distinguer des espaces dans la communauté comme les lieux de réunions, les pâturages et les parcelles agricoles. Cette division physique préserve un bon terrain d'entente entre les agriculteurs et les éleveurs. Malgré les intérêts divergents de ces deux groupes d'entrepreneurs, les populations ont une meilleure perception de leur communauté. La figure ci-dessous indique que la majorité a une perception très positive de leur communauté.

Figure 4 : Perception de la communauté par les populations

Source : Enquête 2011

II. APPROPRIATION DES ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION.

La viabilité ou pérennité est l'analyse des chances de l'action de se poursuivre lorsque l'aide extérieure aura cessé. Généralement, les populations voient se réaliser sous leurs yeux, parfois avec leur implication des projets dont elles n'ont pas eu l'initiative et dont elles ignoraient les tenants et aboutissants, ainsi que les arrière-plans idéologiques. La viabilité du PLID dépend donc du degré d'appropriation des populations.

« Pour promouvoir le développement et lutter contre la pauvreté, des projets ont été initiés et exécutés. Ils n'ont pas toujours pu provoquer les résultats escomptés ; ils n'ont pas débouché sur leur appropriation par les populations.» (Paul N'da, 2002 :91).

A. Analyse de la stratégie et de l'approches d'intervention

D'après le coordonnateur technique, la stratégie d'intervention utilisée par le projet s'inspire des leçons tirées de la mise en oeuvre des projets précédents dans la zone d'intervention (PDRM et ESA). Elle s'appuie aussi sur l'expérience du CDD en matière d'accompagnement des communautés dans la localité et des prescriptions du Plan National de Lutte contre la Désertification. Cette stratégie consiste à placer le bénéficiaire au centre de son développement (autopromotion) et à le toucher à travers un dispositif impliquant au maximum les associations locales à l'effet de renforcer leur capacité de collaboration et de concertation. L'approche village constitue la toile de fond de cette stratégie. Elle consiste à travailler avec un ensemble de villages choisis sur la base d'un certain nombre de critères en rapport avec leur vulnérabilité en matière de désertification et leur prédisposition à collaborer avec le projet. Dans ces villages, le projet a mis en oeuvre les activités relevant de ses quatre résultats afin de tester leur synergie et leur efficacité en matière de contribution à la lutte contre la désertification.

La mise en oeuvre du projet PLID s'appuie sur deux approches au centre desquelles se trouve l'autopromotion paysanne. Il s'agit de l'approche faire faire et l'approche directe.

L'approche faire-faire se traduit par la contractualisation des associations partenaires ciblées dans le document initial du projet pour la réalisation en partenariat avec les communautés des actions du projet, notamment des aménagements (cordons pierreux, terrasses, diguettes, fosses compostières), des ouvrages de gestion de l'eau (biefs, puits), de la promotion des foyers améliorés dans les ménages et de l'alphabétisation. Les associations partenaires ainsi retenues s'appuient sur une organisation composée des animateurs (essentiellement recrutés dans les communautés pour la plupart) et les agents de suivi pour la réalisation de leur prestation.

L'approche directe concerne les activités du projet mises en oeuvre directement par la coordination du projet ou les techniciens de site. Elle porte essentiellement sur la mobilisation communautaire en matière de plantation d'arbres et de protection des berges de mayo ainsi que les actions de renforcement des capacités.

D'après le technicien du PLID, contrairement au animateurs, l'action des agents de suivi des réalisations « a été très limitée, parce qu'ils n'avaient pas d'engagement sur la pérennité de sa prestation »25(*). En effet, ces agents ne sont pas membres de la communauté et n'auraient forcement pas les même intérêts que les natifs de la communauté. Qu'il s'agisse de l'approche directe ou du faire-faire, la participation communautaire en constitue la toile de fond encouragée par la mise en place d'un dispositif incitatif basé essentiellement sur la subvention partielle ou totale de certaines réalisations.

B. Actions de lutte contre la désertification

Elles concernent la pratique de techniques intégrées de lutte antiérosive, la réalisation d'ouvrages de gestion des ressources hydriques, l'éducation environnementale et la promotion de l'arbre.

1. La pratique de techniques intégrées de lutte antiérosive

Les prévisions au début du projet sur l'aménagement des terres étaient de 200 hectares à réaliser par 50 groupes d'agriculteurs représentant 4 000 à 5 000 personnes pour toute la durée de mise en oeuvre du projet. Mais entre les années 2006-2007 et 2008-2009, 1506 hectares ont été aménagés par 4 693 agriculteurs, soit un taux de performance de 753% (PLID, 2010b), dépassant ainsi l'objectif fixé. Ce fort résultat s'explique par l'engouement des populations pour l'aménagement des terres. En effet, « l'aménagement des parcelles améliore la production agricole de façon immédiate »26(*) dans un contexte où la plupart des terres sont dégradées du fait du phénomène de hardéisation ou de l'érosion. Cette croissance exponentielle du niveau d'adoption des techniques d'aménagement promues par le projet s'accompagne également d'une amélioration de l'intérêt des producteurs vis-à-vis des fosses compostières, bien que les populations y expriment encore le besoin en renforcement de capacités. Le tableau 3suivant, présente l'évolution de ces deux techniques dans les cinq sites du PLID.

Tableau 3 : Evolution des surfaces aménagées et des fosses compostières.

Site

Nombre de fosses compostières

Superficies aménagées en courbes de niveau

2006-2007

2007-2008

2008-2009

2006-2007

2007-2008

2008-2009

Ha

ha

ha

Mémé

103

186

117

71,5

117

148,5

Mokolo-Mb.

25

62

55

50

101,5

90,5

Ouzal

23

49

70

86

98

88,75

Salak

70

100

120

74

133,5

89

Wazzang-Kalliao

107

144

191

102

109,25

146,75

TOTAL

328

541

553

384

559

564

Source : Adapté des rapports narratifs de PLID (2006, 2007, 2008, 2009)

Le taux d'adoption des fosses compostières dans les sites à forte difficulté d'accès à l'eau est faible et les étables fumières y sont développées comme alternatives. L'insécurité foncière constitue cependant, une contrainte pour l'adoption des aménagements des parcelles par les populations.

Les aménagements en terrasse (photo 5) ou en cordons pierreux sont privilégiés dans les zones de montagnes et de piedmont où la couche de terre arable est légère et exposée à l'érosion ; elle n'est maintenue sur place que grâce aux pierres qui sont disponibles. Ailleurs, c'est les aménagements en diguettes en terre ou enherbées qui sont construits.

Photo 5 : Parcelles aménagées en terrasses

(NDENGUE, 2010)

Photo 5

En somme, les résultats obtenus sont en conformité avec l'approche, initiée dès les projets DPGT et poursuivie par les projets PDRM, ESA, le CDD et PLID qui ont permis de confirmer que la nature des types d'aménagements antiérosifs mis en place par les agriculteurs est nettement liée au contexte topographique et climatique de la région d'implantation. Ceci est en conformité avec la thèse de Rist (1998) selon laquelle, toute transformation sociale doit être conforme à ce qui s'est toujours fait ou à ce qui ne pouvait manquer de se produire, pour qu'elle soit acceptée.

2. La réalisation d'ouvrages de gestion des ressources hydriques

La réalisation de ces ouvrages concerne la construction des biefs, des puits et l'aménagement des berges des Mayos. D'après le rapport final du projet, le niveau de réalisation de ces ouvrages a été dépassé après la mise en oeuvre des activités du programme de l'année 2010, l'accès à l'eau constituant la première priorité dans la région. A cet effet, les populations sont totalement « disposées à consentir les sacrifices nécessaires pour venir à bout de cette préoccupation dont leur survie en dépend »27(*).Ainsi, 15 biefs en pierres maçonnées, 1068 en pierres calées et 5 biefs-radiers ont été réalisés, au lieu de50 biefs en pierres maçonnées et 1 000 biefs pierres calées attendus (PLID, 2010a :35). 13 410 mètres-linéaires de berges dans 16 villages sur les 2000 mètres programmées ont été revégétalisés, soit un taux de performance de 670% (PLID, 2010a : 36).Et des puits ont été construits dans les villages.

Grâce à l'approche d'autopromotion promue par le projet à travers la mobilisation de la participation communautaire pour la réalisation de ces ouvrages, les coûts unitaires des actions sont davantage minimisés comparativement à ceux pratiqués par d'autres acteurs de développement dans la région.

Toutefois, cette bonne performance du projet en matière de réalisation cache des disparités à l'intérieur d'un même site ou d'un site à l'autre. En, effet plusieurs villages vulnérables n'ont pas pu faire aboutir leur projet de puits dans le cadre du projet en dépit de leur volonté d'accéder à l'eau potable. La différence des capacités des villages à pouvoir s'organiser pour mobiliser leur contribution financière exigée par le projet en est la cause fondamentale. En effet, la population réalisait en plus l'essentiel des activités liées à la construction du puits telles que creuser, apporter le sable et le gravier pour la construction des buses, daller les alentours et de construire le hangar de protection. « Leur contribution totale représenterait donc près de 70 % du coût de total d'un puits, avec les 40 % des coûts directs du ciment et du fer exigés »28(*).

3. Education environnementale et promotion de l'arbre

Nous avons articulé ce résultat autour de l'alphabétisation des adultes et de la promotion des foyers améliorés dans les ménages. Ainsi, 776adultes (hommes et femmes) apprenants de différents niveaux, encadrés par 26 moniteurs répartis dans 27 groupes. Parmi eux, 237 apprenants (soit 30,5%) ont achevé les 3 niveaux et sont capables de parler Français, faire des opérations de calcul, prendre des notes et rédiger un rapport succinct (PLID, 2010a : 37). Cette efficacité élevée en matière de formation est en partie expliquée par le professionnalisme développé au cours du temps par l'association prestataire avec l'appui du Diocèse de Maroua, mais traduit également l'ampleur de la situation de sous-scolarisation, notamment des femmes (représentant près de 80% des apprenants) qui prévaut dans la région de l'Extrême-Nord. Nous avons constaté que la plupart des personnes formées servent d'animateurs dans le cadre des différents programmes se mettant en oeuvre dans leur village même si certains, après plusieurs années de non pratique de la langue redeviennent analphabètes.

La promotion du foyer amélioré auprès des familles vise à réduire la pression des ménages sur les ressources naturelles en économisant la quantité de bois énergie consommée et à diminuer le temps de cuisson pour libérer les ménages au profit des autres tâches. Le taux de diffusion de la technologie a été très fort et rapide, atteignant une efficacité de 159%, soit 3185 familles contre 2000 projetés ayant adopté les foyers améliorés pour un total de 4822 foyers construits par les familles. Le site de Wazzang-Kalliao a eu un total de 914 soit, 19%(PLID, 2010a : 38).

4. Action des structures associés

Les partenaires associés à la mise en place du PLID sont des associations qui oeuvraient déjà chacun dans son site respectif parce que les communautés locales ont une propension à se montrer hostiles envers les nouveaux arrivants et freiner ainsi l'innovation. En effet, les politiques encourageant la concurrence divisent souvent les habitants des communautés entre gagnants et perdant, « peuvent aussi nuire au dynamique positive de développement et entraîner même une décomposition de la structure sociale rurale » (Wiesinger, 2007).Mais, il semble difficile d'établir le lien entre les formations reçues et le niveau d'intégration de la lutte contre la désertification et la gestion durable des ressources dans les objectifs, normes et comportement des structures partenaires comme attendu par le projet. En effet, on relève pour certaines, une évolution et pour d'autres le statu quo. Cette situation contrastée se justifierait par ce privilège, mieux encore cette confiance accordée à chacune de ces associations pour l'exécution des actions du projet en terrain conquis, sans concurrence. Ceci a parfois crée des retards et des plaintes des communautés dans la réalisation de certains ouvrages tels que les biefs et les puits. Le capital social peut donc avoir, d'après Georg Wiesinger citant Arnason et al. (2004), une incidence sur la performance, la compétitivité et la cohésion sociale d'une communauté (Wiesinger, 2007).

Malgré cet aspect négatif, l'introduction des activités du PLID a renforcé la dynamique entre les membres de la communauté. Les populations surtout les bénéficiaires directs du projet ont fortement été impliqués dans la mise en oeuvre du projet. Cette grande implication a renforcé la confiance entre les acteurs du projet à travers le capital social qui s'est développé entre eux d'où la minimisation des phénomènes de détournement et de sélection souvent observés dans la mise en oeuvre des projets de développement rural. Les réseaux peuvent ainsi être perçus comme articulant les flux d'information et de ressources qui produisent le développement rural et plus généralement les liens sociaux.

III. LES RESEAUX SOCIAUX COMME VECTEUR DE DEVELOPPEMENT

Cette section aborde le rôle des réseaux sociaux et professionnels de la communauté. Nous avons ainsi fait une analyse des réseaux formels et informels axée sur le type, la qualité et la proximité des liens entretenus.

A. Les réseaux formels à Wazzang-Kalliao

Les populations de cette localité ont deux types de réseaux formels auxquels ils participent dans leurs activités quotidiennes. Il s'agit d'un réseau des bénéficiaires directs de l'action du PLID et un réseau de ceux qui n'en bénéficient pas directement. Le lien instrumental entre les agents de développement et les populations est devenu plus fort avec l'intégration des locaux dans la mise en oeuvre du projet. Les populations dépendent donc énormément des conseils des agents du PLID et du CDD. La relation entre les populations et celle des agents du CDD ressemble à celle qui lie un patient à un médecin. Une certaine affinité est donc née entre les populations et le CDD, ainsi qu'un niveau de confiance envers ses agents surtout qu'ils sont les natifs de la localité et sont aussi pour la plupart les entrepreneurs agricoles.

L'information offerte par le PLID est pour tous, mais les privilèges qu'offre le projet appartiennent seulement aux membres des organisations partenaires. Ces activités sont menées dans des petits groupes afin que le grand nombre en bénéficie et que tout le monde participe au sein de son groupe. Ainsi, tous les membres doivent respecter le règlement intérieur du groupe, pour que seuls les membres bénéficient des actions directes pour l'efficience et l'efficacité du projet.

En outre, le projet étant dans sa phase pilote, seulement un nombre limité d'organisations pouvait bénéficier de son action. Même si cette forme de discrimination ne permet pas toujours la vulgarisation des innovations introduites au sein des groupes, les actions de lutte contre la désertification pratiquées par le PLID débordent sur le reste de la communauté villageoise par l'entremise des membres des comités locaux, des membres groupes de bénéficiaires du PLID et des membres des groupes cible. L'appartenance à un groupe offre donc à chacun des membres le soutien du capital ; « propriété collective qui, telle une pièce d'identité, leur confère une certaine légitimité » (Weisinger, 2007). Le capital social est donc distribué, mobilisé, utilisé ; transformé et échangé régulièrement au sein des communautés de Wazzang-kalliao par la coopération qui peut bénéficier, comme nous l'avons souligné plus haut, autant l'individu que le groupe (Paldam, 2000; PRP, 2005 : 25).

La participation sociale dans ces groupes formels organisés dans les activités de lutte contre la désertification à Wazzang-Kalliao est très faible. Le capital social détenu par un individu dépend donc de sa capacité à mobiliser un réseau social détenu par les autres membres de ce réseau comme l'a démontré Bourdieu (1986). La plupart des activités se déroulent dans les réseaux informels.

B. L'informel à Wazzang-Kalliao

Les réseaux informels de Wazzang-Kalliao sont très développés grâce à plusieurs facteurs comme le temps, la confiance et les conditions climatiques de la localité. Tous les répondants ont en effet indiqué qu'ils participent à de tels réseaux. Ce haut niveau de participation informelle s'explique par l'oisiveté des populations en saison sèche, où le temps de travail est réduit à cause de l'ensoleillement très élevé. Nous pouvons donc affirmer que les rudes conditions de vie peuvent constituer un facteur de renforcement des liens sociaux. Ceci confirme la thèse de Weisinger selon laquelle, une communauté marginalisée sur le plan économique et social, peut détenir un capital social viable même s'il est menacé par l'exode rural des jeunes qui sont plus actifs (Weisinger, 2007).

Dans les regroupements informels, la population dépend de ses liens d'attachement, comme la famille et les amis, pour de l'aide sur les activités de développement. En outre, il y a un grand niveau de réseautage et les liens d'accointances y sont favorables aux échanges sur les pratiques agricoles, l'entraide et les méthodes de lutte contre la désertification.

Cependant, il existe deux types de capital social dans la communauté, le capital social personnel et le capital social professionnel. Mais les populations ne gardent pas leurs secrets d'entreprise, il y a un échange d'information assez facile dans la communauté. Cet échange se fait dans les marchés, les églises, mosquées et surtout dans les cabarets29(*)devenus des lieux de rencontre sociale, pour débattre des sujets sensibles. C'est l'endroit idéal pour avoir certaines informations, car des secrets y sont confiés ou dévoilés. On ne se limite donc pas à ses activités ou à son exploitation, on consolide les voisins au niveau des pratiques agricoles. La divergence entre les liens informels personnels et les liens professionnels n'est pas perceptible ici, dans le sens où il y a partage des informations sur et un esprit communautaire en matière de développement. La figure 5 qui suit démontre que le lien social est très fort dans la localité. Malgré les défis de la désertification, les populations de Wazzang-Kalliao calculent les risques par rapport à leur revenu et leur qualité de vie dans leurs entreprises. Il y a un niveau d'acceptation des innovations comme faisant partie de leur quotidien et de leur travail. Cette perception de travailler avec la nature pose des limites à ce que les populations peuvent entreprendre dans leur vie.

Figure 5: Niveau du lien social dans les villages.

Source : Enquêtes, 2011

Les réseaux et les liens qu'entretiennent les populations jouent un rôle très important dans leurs entreprises et le succès de leurs activités de lutte contre la désertification. Le capital social des groupes observés est très important dans deux contextes différents. D'abord, dans le contexte de la production agricole, les réseaux formels servent à favoriser l'accès aux ressources tel que la terre, la connaissance, les nouvelles pratiques agricoles conservatrices et les appuis divers. Deuxièmement dans le contexte de la des activités extra agricoles, où les réseaux informels servent à contribuer à la réussite économique dans la communauté. Les liens entretenus dans ces deux contextes ne sont très peu différents.

La faible participation dans les réseaux formels augmente le niveau de confiance et la dépendance sur les liens d'attachement, tel que les membres de la famille, pour de l'entraide et pour les décisions d'entreprises ou d'acceptation d'une activité nouvelle. Woolcock (1998) l'a d'ailleurs démontré, en évoquant le rôle du capital social dans les communautés pauvres qui n'ont pas accès aux ressources offertes par l'état. Par contre, une forte dépendance des liens d'attachement pourrait à long terme limiter le niveau d'appropriation des populations, le développement durable étant un processus qui dépend de l'action collective. En outre, le manque de confiance peut nuit à l'action.

Toutefois, il y a une exception, le réseau formel du CDD présente un haut niveau de confiance entre les populations et les agents de développement qui leur favorisent l'accès aux innovations. Ce lien instrumental avec les agents de développement et ce réseau formel donne aussi l'occasion de construire des liens d'accointance avec d'autres agents et structures de développement ayant comme bénéfice de renforcer leur capital social autant au niveau individuel qu'au niveau collectif comme communauté locale. Ce réseau auquel appartient la quasi-totalité des organisations de la localité est un réseau de référence pour toutes les actions de développement de Wazzang-Kalliao. En effet, il possède un bon mélange de nouvelles et d'anciennes organisations paysannes. Il prend en compte les aspects climatiques, politiques, économiques, socioculturels et religieux pour aboutir à une appropriation collective. Il constitue une illustration de la conclusion tirée de cette recherche, d'où les populations doivent davantage s'entraider afin d'augmenter leur niveau d'appropriation et assurer la pérennisation des projets de développement rural. Mais trop de demandes importantes sur la solidarité des personnes et le maintien des filets sociaux trop d'exigeants, au-delà des capacités des populations peuvent détruire le capital social.

IV. LA CONFIANCE, VECTEUR D'APPROPRIATION DES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT

La confiance joue un rôle déterminant dans la dynamique des relations (Da costa, 2004). Nous pouvons même dire que la confiance est l'élément clé pour l'atteinte de certains avancements soit au niveau individuel, soit au niveau collectif. Par conséquent, dans le processus d'appropriation, la confiance au sein de la communauté et la vie associative des membres peuvent avoir un impact sur leur niveau d'intégration dans la lutte intégrée contre la désertification. Ici, le niveau de confiance dans la capacité des organisations partenaires du projet de répondre aux besoins des populations est élevé. Ces derniers pensent que la participation à ces organisations peut entraîner des changements positifs dans la qualité de leur vie30(*), même si la plupart de ces organisations n'ont pas de statut légal.

La figure 6 qui suit démontre le niveau de confiance des populations dans leurs différents liens pour leurs décisions d'entreprise.

Il a apparaît ici que le niveau de confiance dans les membres de la famille dans la communauté et aux comités locaux soit élevé. Tel que discuté plus haut, les membres de la famille et du comité local font partie des liens d'attachement sur lesquels les populations dépendent le plus. Ainsi, la quasi-totalité des personnes interviewées travaillent avec au moins un membre de leur famille. Ainsi, un niveau de confiance élevé est nécessaire pour le fonctionnement efficace d'une entreprise en milieu rural. Le niveau de confiance est aussi élevé envers les comités locaux parce qu'ils servent de courroie de transmission entre le projet et la population, les membres des groupes qui mènent les activités de lutte contre la désertification, les agents et responsables du projet. Ce niveau de confiance est encore plus élevé envers le chef du village ou « Djaoro » et le notable/chef de quartier ou « Lawane » pour l'autorité qu'ils détiennent et parce qu'ils sont d'après les populations les personnes les plus édifiées. Ceci constitue des meilleurs indicateurs par rapport aux personnes clés dans le développement et l'entretien de la lutte contre la désertification à Wazzang-Kalliao.

Cependant, les populations donnent l'impression d'être marginalisées par les services sectoriels partenaires du développement « Nous sommes abandonnés à nous même, nous ne voyons pas ces gens depuis longtemps »31(*). Les populations ont ainsi perdu la confiance qu'elles avaient envers les conseillers du MINADER, MINEPD et du MINFOF. Cette perte de confiance envers les services étatiques pourrait aussi s'expliquer par le faible niveau d'éducation et l'ignorance qui nuisent à l'échange de la bonne information. Au regard de la situation économique de la communauté qui laisse à désirer, nous dirons contrairement à Weisinger (2007) que le capital social n'a pas pu servir de substitut des services précédemment gérés par le secteur public.

Figure 6 : Niveau de confiance des populations sur les décisions d'entreprises.

Source : Enquêtes, 2011

La relation de confiance qui s'est créée entre l'agent de développement et le paysan date de très longtemps avec le début de l'intervention du CDD. Elle s'est améliorée avec les actions d'autres structures comme la SODECOTON et le SAILD. Mais elle s'est dégradée dans le temps avec l'arrivée d'autres organisations moins sérieuses et surtout de certains services déconcentrés de l'Etat. L'approche personnelle du CDD du projet PLID encourage et développe un regain de confiance aux agents de développement chez les populations, grâce au capital social qu'ils ont réussi à créer. L'échange personnel est mieux reçu comparativement aux conseils des agents de développement de l'Etat.

Malgré tout, les populations font toujours plus confiance à leur propre jugement pour les décisions à prendre quant à l'appropriation d'une innovation, mieux encore du projet de développement. Il y a un processus décisionnel très défini en ce qui concerne les conseils que les populations rurales reçoivent des agents de développement ou les autres partenaires des projets de développement, mais leurs décisions restent individuelles. En fait, les populations de Wazzang-Kalliao font une distinction entre la confiance accordée au niveau personnel et la confiance accordée au niveau professionnel.

Le niveau de confiance élevé dans certains groupes dans la communauté favorise l'implication des populations aux activités du projet. Il s'agit des groupes formés et/ou animés dans le cadre du PLID, incluant les associations partenaires du projet et les services diocésains. En effet, certains aspects de l'organisation sociale tels que la confiance, les normes et les réseaux d'engagement civique peuvent apporter comme le souligne Putman, une aide significative aux communautés, parce que le capital social « n'est pas une propriété privée d'aucune des personnes qui en bénéficient » (Putman, 1993 : 170). Par contre, il y a divergence de points de vue quant au niveau de confiance envers l'engagement politique qui est d'après (Weisinger, 2007), un indicateur pertinent du capital social.

En somme, le capital social est l'une des dimensions principales des communautés socialement organisées ; il a permis aux populations de Wazzang-Kalliao de résoudre aisément certains de leurs problèmes de manière collective par leur implication dans l'atteinte des objectifs du PLID. Après quatre années et demie de mise en oeuvre, certains résultats ont été dépassés. Cette efficacité élevée du projet a été catalysée non seulement par le niveau élevé de capital social dans la communauté, mais également par de nombreuses opportunités qui se sont offertes grâce au projet. Elle reste toutefois contrastée pour d'autres résultats. Il convient donc de relever ces freins et d'en faire des recommandations.

V. LES ENTRAVES A LA REALISATION DU PROJET

A. Non prise en compte de l'aspect organisationnel des communautés

Malgré la bonne performance du projet en matière de réalisation des ouvrages dans l'ensemble, on note des disparités à l'intérieur d'un même site ou d'un site à l'autre. En, effet plusieurs villages vulnérables n'ont pas pu faire aboutir leurs projets en dépit de leur forte volonté de réussir. Ces échecs sont dus à l'incapacité de certains à pouvoir s'organiser pour mobiliser leur contribution financière exigée par le projet. La non prise en compte de l'aspect organisationnel des communautés n'a pas permis au projet de s'appuyer sur l'ensemble des piliers nécessaires. En effet, l'adhésion aux associations ne donne que peu d'informations relatives à la qualité de la participation civique. Certaines personnes peuvent être membres de plusieurs associations alors que d'autres sont exclues (jeunes, personnes âgées, femmes, minorités etc.). Cette situation serait un des causes du désistement et la désintégration de certains groupes.

B. Mauvaise planification comme limite à la participation de la communauté aux actions du Projet

La mission d'évaluation finale du projet a relevé un décalage important entre les actions programmées et les réalisations, tout au moins en ce qui concerne certaines activités nécessitant la mobilisation financière des populations, traduisant une faiblesse dans la planification des activités par la coordination du projet. En effet, elle s'est essentiellement basée sur les désirs des populations délaissant ainsi leurs besoins se rapportant à leurs capacités à les traduire en réalités. Ainsi, la planification n'a pas pris en compte le facteur disponibilité de la force de travail pour la réalisation des activités du projet nécessitant la participation tant sur le plan individuel que communautaire. En outre, elle n'a pas aussi tenu compte de la capacité de contribution financière des populations qui est fonction de leurs sollicitations et contraintes financières au quotidien telles que la nutrition, l'éducation, la santé ou autres actions communautaires de développement (PLID, 2010b).

En définitive, l'approche village, qui sollicite une forte mobilisation du paysan, doit s'accompagner d'une rigueur dans la planification sur une échelle de temps assez longue qui prend en compte l'ensemble des pressions auxquelles est soumis les communautés bénéficiaires du projet.

C. Limites de l'approche village

Il a été relevé que le prestataire n'avait pas d'engagement sur la pérennité de sa prestation, ce qui est de nature à limiter le suivi par ce dernier (PLID, 2010 b : 31).Nous avons aussi observé que l'approche village promue par le PLID s'est fondamentalement orientée vers des villages ou groupes cible à prédominance chrétienne catholique. En effet, un seul village non chrétien a été impliqué dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao. Ceci a eu pour conséquence la limitation de la prise en compte de toutes les composantes sociologiques dans la démarche de mise en oeuvre d'une approche cohérente de lutte contre la désertification et d'appropriation du projet à l'échelle du village.

D. Exclusion social comme limite à l'appropriation du projet

En général, certaines personnes dans la communauté ne désirent pas changer leurs pratiques agricoles, car ils ne veulent pas prendre de risques. En effet, l'activité agricole à Wazzang-Kalliao comme dans tout le milieu rural au Cameroun, est ancrée dans les normes sociétales du secteur de production. Dans certains cas, ces normes imposent une façon de faire qui pourrait limiter l'appropriation des actions du projet dans la communauté. L'échange entre le paysan et l'agent de développent reste donc ici prescriptif ; comme un médecin prescrit un médicament, le patient n'est pas tenu de suivre ses conseils. Ceci est aussi valable pour le processus d'appropriation du projet. La différence ici est que, celui qui n'adhère pas peut être exclu du réseau et ne pas bénéficier directement des actions du projet, parce que le capital social peut causer l'exclusion sociale de celui ceux qui ne peut ou ne veut se conformer aux normes locales. Au niveau collectif, la conséquence peut être le frein à l'introduction de nouvelles idées et de nouvelles personnes dans les communautés locales, incitant au rejet du projet. La faible capacité des comités locaux et des organismes partenaires d'appuyer tous les groupes pourrait créer une division parmi dans les communautés entre les bénéficiaires du PLID et les non bénéficiaires.

Étant donné qu'il existe un niveau élevé de confiance et de dépendance sur ce lien instrumental entre les bénéficiaires du PLID et le CDD, cette incertitude par rapport au soutien des groupes ou des individus pourrait nuire à l'appropriation du projet à court-terme et à sa pérennisation à long-terme.

E. Absence de capitalisation des acquis du projet

Nous avons relevé qu'il n'existe pas de dispositif de monitoring et de capitalisation pourtant nécessaire pour un tel projet pilote dont les résultats probants devraient être capitalisés. Fondamentalement, la stratégie mise oeuvre par le projet PLID est pertinente dans l'ensemble, car non seulement elle intègre tous les acteurs clés dans le processus, mais aussi et surtout renforce les capacités des organisations locales susceptibles de pérenniser les acquis du projet. Elle apporte aussi des réponses directes aux problèmes de l'eau et de la baisse de la fertilité auxquels se trouve confronté la cible principale. Mais, un important enjeu du projet réside dans l'articulation des solutions d'aménagements et de gestion à plusieurs échelles, depuis la parcelle du producteur aux terroirs villageois et aux territoires inter-villageois. A ces différentes échelles doivent correspondre des instruments et des approches spécifiques permettant de replacer les aménagements individuels dans un contexte plus large de gestion de l'espace, où sont abordées les problématiques de gestion des ressources naturelles et foncières fondamentales (PLID, 2010 : 31).

VI. LES RECOMMANDATIONS

A la suite des contraintes ci-dessus, nous avons formulé des recommandations aux communautés locales, au PLID/CDD, à la société civile (associations partenaires), aux bailleurs de fond et au gouvernement du Cameroun.

A. Aux Communautés locales

Le fort lien d'accointance des bénéficiaires du PLID a un impact très positif sur le capital social au niveau collectif dans la communauté de Wazzang-Kalliao. Nous recommandons donc aux communautés locales de développer encore plus l'échange d'information et d'entraide dans le but d'augmenter leur capacité d'appropriation des actions de lutte contre la désertification et des projets de développement ruraux dans la région au niveau collectif. Ceci leur permettra aussi d'améliorer leurs conditions de vie aux niveaux individuel et collectif.

En outre, les actions des populations des communautés pilotes devraient permettre de développer les synergies dans l'articulation des solutions d'aménagements et de gestion, depuis la parcelle du producteur aux terroirs villageois et aux territoires inter-villageois. Ceci aura pour effet l'appréhension de la complémentarité des actions d'aménagements par les autres populations à ces différentes échelles.

B. Au PLID et au CDD

Dans le but d'assurer l'appropriation du PLID par les bénéficiaires, une deuxième phase du projet est indispensable à cet effet. Pour la mise en oeuvre du projet au cours de cette phase, il y a un besoin supplémentaire en renforcement des capacités des acteurs locaux sur la gestion de leurs structures et la prise en main des modèles promus.

Nous recommandons donc au PLID et au CDD, un renforcement des capacités des techniciens de site et des associations partenaires, afin de garantir l'uniformisation des approches et des produits diffusés par le projet dans le futur. Nous recommandons aussi que les populations soient incluses à la base dans le processus de recherche et développement à condition que leur qualité de vie soit améliorée. Ceci pourrait augmenter le niveau de partage des connaissances et favoriser l'appropriation des projets.

C. A la société civile

L'appropriation proactive des projets est en partie une question de politiques publiques pour mettre les outils disponibles en place. La notion de la société civile dans le contexte de développement durable devient de plus en plus pertinente dans le développement des politiques publiques. Dans le secteur rural au Cameroun, la construction de la société civile chez les paysans est nécessaire et apporterait beaucoup dans l'exécution des politiques d'appropriation et de pérennisation des projets de développement dans le secteur rural.

Dans le cas du PLID, l'emploi de temps très détendu des populations demanderait leur participation formelle sur une base volontaire, afin de répondre à des besoins de l'heure et futures. Ceci dans le but d'atteindre un développement durable du secteur rural dans la région. Nous recommandons donc la construction de la société civile rurale qui favoriserait le partage de connaissances. Ceci aura pour effet de réduire les risques que les bénéficiaires du projet prennent en s'en appropriant. Elle permettrait aussi la construction de la mémoire collective sociale, pour favoriser les actions proactives. En plus, les associations partenaires du projet doivent alimenter la mémoire collective sociale des villageois par le biais d'un réseau des populations à la base à travers le dynamisme des organisations paysannes qui peut jouer un rôle de premier plan dans le processus d'appropriation des projets de développement. Ainsi, les populations seraient en mesure de reconnaître les actions de développement du passé et auraient des connaissances pour entreprendre des actions proactives.

D. Au Gouvernement de la république

Le projet PLID s'est davantage limité à la dimension technique des actions conduites. Mais au regard de l'importance des questions foncières dans la zone d'intervention du projet, nous recommandons au gouvernement de la république à travers les autorités traditionnelles détentrices du pouvoir coutumier « chefs de terre » et les autorités politico-administratives, de se placer au centre du débat. En effet, ils sont les seules capables d'entériner et de crédibiliser les instruments, mécanismes ou décisions résultant des négociations conduites entre locataires et propriétaires. Le projet contribuant également à l'atteinte des objectifs fixés par les politiques publiques, tant sectorielles qu'intersectorielles ; il est donc nécessaire que l'Etat redynamise ses services au niveau local parce que la disparition progressive des infrastructures locales contribue à la poursuite du déclin du capital économique et en définitive, du capital social, condition préalable à un développement rural solide et durable (Weisinger, 2007).

E. Aux bailleurs de fond

Nous avons notés un grand besoin d'une seconde phase du projet PLID visant à consolider les acquis de la première, en testant le passage de l'échelle village à l'échelle régionale. Pour ce fait, nous recommandons aux bailleurs de fonds de mettre à la disposition du projet assez de moyens financiers, parce que l'insuffisance de fonds a été un facteur limitant de la phase pilote du projet. En outre, nous recommandons à ces bailleurs et à tous ceux qui financent les activités de développement rural de ne pas se limiter à l'exploitation des rapports qui leurs sont parvenu pour se rassurer de l'effectivité des activités, mais à effectuer des descentes sur le terrain. En effet, le sondage auprès des bénéficiaires est un moyen de juger de l'efficacité d'un projet/programme.

En définitive, les entraves à la réalisation du projet sont attribuées aux communautés locales à l'équipe du projet, à la société civile et au gouvernement. Et les recommandations faites aux parties prenantes préalablement citées ainsi qu'aux bailleurs de fonds peuvent contribuer à une réussite de la deuxième phase du projet qui est attendue.

CONCLUSION GENERALE

Les causes des échecs des projets de lutte contre la désertification entrepris depuis plus de quarante ans dans le Sahel sont multiples et aussi variées que la diversité des cas de figure, chaque projet étant quasiment unique en son genre. Mais la principale cause réside dans le fait que, la démarche technique, voire techniciste, l'ait toujours emporté sur l'approche sociale dans la plupart des projets mis en oeuvre dans le monde rural au Cameroun. Il est donc nécessaire de compter avec la population locale pour assurer leur implication et réduire les échecs. Le Projet de Lutte Intégrée contre la Désertification (PLID) a été mis en oeuvre dans ce contexte, avec pour ambition de susciter l'adhésion du plus grand nombre.

Notre analyse a pour objectif le capital social. La question de recherche portait sur le rôle du capital social dans l'appropriation du PLID par les communautés du district paroissial de Wazzang-Kalliao. Pour y arriver, nous avons émis l'hypothèse selon laquelle, le capital social favorise l'implication des membres de la communauté dans les activités du projet, mais cette implication est limitée par leur niveau d'accès aux ressources du projet, et leur comportement basé sur les principes de sélection et de détournement du projet. Ces limites sont relevées dans les deux hypothèses secondaires suivantes : le fort développement des réseaux sociaux informels dans la communauté a facilité aux populations l'accès aux ressources du projet ; le niveau de confiance élevé dans la communauté n'a pas limité les principes de sélection et de détournement des activités du projet par les bénéficiaires.

Pour donner forme à cette analyse, nous avons opté pour la méthode interactionniste mise au point par l'Ecole de Chicago, afin d'expliquer de manière synchronique et rendre compte des stratégies et tactiques des bénéficiaires du projet PLID, en fonction de leurs buts et de leurs ressources. En outre, les populations disposent individuellement ou en en groupe, d'une marge de liberté qu'ils utilisent de façon stratégique dans leurs interactions, malgré les contraintes que leur impose le système. Nous avons aussi choisi la méthode stratégique de Crozier et Friendberg à cet effet. Enfin nous avons complété les deux méthodes précédentes par l'approche macro est centrée sur la valeur d'intégration et de cohésion sociale du capital social dans la communauté et l'approche méso centrée sur la valeur instrumentale du capital social comme mobilisateur et producteur de ressources comme l'information et d'autres échanges dans la communauté.

L'analyse du capital social réalisée à Wazzang-Kalliao met en exergue les difficultés de développement de cette localité. En effet elle est caractérisée par la baisse de la fertilité des sols provoquée par le phénomène d'érosion, la difficulté d'accès à l'eau potable et d'abreuvement du bétail, l'insuffisance des structures d'encadrement des producteurs, les pratiques agricoles et pastorales extensives, le surpâturage, les feux de brousse mal gérés. A ceci s'ajoutent la croissance démographique rapide associée à un déficit alimentaire chronique et une réduction des revenus qui, poussent les populations à exercer une forte pression sur leur environnement. Il faut donc adopter des pratiques plus conservatrices. Dans ces conditions défavorables, cette communauté détient un capital social viable, mais celui est menacé par l'exode rural des plus actifs, c'est-à-dire les jeunes.

Cette étude montre que la mise en oeuvre du projet PLID s'appuie sur une stratégie au centre de laquelle se trouve l'autopromotion paysanne. Elle a été cependant entravée par le capital social qui a eu une incidence sur la performance, la compétitivité des acteurs chargés de l'implémenter.

Dans la communauté de Wazzang-Kalliao, le capital social est en deux temps, dans un réseau formel et dans un réseau informel. La participation sociale dans les réseaux formels organisés reste cependant très faible ; la plupart des activités se déroulent dans les réseaux informels. Toutefois, il y a une exception, le réseau formel du CDD présente un haut niveau de confiance entre les populations et les agents de développement qui leur favorisent l'accès aux ressources. La faible participation social dans les réseaux formels favorise le développement de l'informe, qui augmente le niveau de confiance. Dans ces regroupements informels, la population dépend de ses liens d'attachement, comme la famille et les amis, pour de l'aide sur les activités de développement. En outre, il y a un grand niveau de réseautage et les liens d'accointances y sont favorables aux échanges d'information, d'entraide et l'accès aux ressources et appuis divers. Ce résultat confirme notre hypothèse secondaire selon laquelle le fort développement des réseaux sociaux informels dans la communauté a permis aux populations, d'accéder facilement aux ressources du projet. Par contre, une forte dépendance des liens d'attachement pourrait à long terme limiter le niveau d'appropriation des populations, le développement durable étant un processus qui dépend de l'action collective. Les populations doivent davantage s'entraider afin d'augmenter leur niveau d'appropriation et assurer la pérennisation des projets de développement rural. Mais trop de demandes importantes sur la solidarité des personnes et trop exigences au-delà des capacités des populations peuvent détruire le capital social. Le niveau de confiance élevé dans la communauté favorise l'implication des populations aux activités du projet et limite les principes de sélection et de détournement énoncés par Olivier de Sardan. En effet, certains aspects de l'organisation sociale tels que la confiance, les normes et les réseaux d'engagement civique peuvent apporter une aide significative aux communautés. Ce résultat infirme don l'hypothèse selon laquelle, le niveau de confiance élevé dans la communauté n'a pas limité les principes de sélection et de détournement des activités du projet par les bénéficiaires.

Finalement, le manque de confiance dans la communauté rurale nuit au processus d'appropriation des activités de développement rural. Cette étude démontre le capital social peut jouer un rôle décisif pour la reconstruction d'identités locales et le retour de la confiance dans le contexte spécifique des communautés rurales dont les institutions de développement ont chuté au Cameroun. Pour que les populations s'approprient des activités du projet, il faut aussi la construction d'une politique publique qui reflète les besoins de tous les membres de la communauté. Cela ne serait possible que s'il existe une société civile parmi les ruraux qui favoriserait la construction et l'application des politiques publiques dans le secteur, pour un développement durable. Les recherches futures pourraient aborder la notion de construction de la société civile en milieu rural, afin d'avoir une approche sectorielle à l'appropriation d'un projet de développement rural par les communautés au Cameroun.

BIBLIOGRAPHIEOUVRAGES

AFITEP-AFNOR., 1992. Dictionnaire de management de Projet, AFNOR, Paris 2ème

édition.

BARY M.A., 1977. Economie du développement : les grands pionniers, GIDEPPE, Paris.

BEAUVILAN A., 1989. Nord-Cameroun. Crise et peuplement, Tome1&2, Imp. Claude

Bellée à Courtance (Manche).

BOUDON R., 1979. La logique du social : introduction à l'analyse sociologique, Hachette,

Paris.

CICIBA., 1989. Facteurs culturels et projets de développement rural en Afrique centrale,

L'Harmattan, Paris.

COLAS D., 1994. Sociologie politique, PUF, Paris.

COURTOT H., 1998. Gestion des risques dans les projets, Edition Economica, Paris.

CROZIER M., FRIENDBERG E., 1977. L'acteur et le système, les contraintes de l'action

collective, Seuil, Paris.

DEVELTRE P., 1998. Economie social et développement : les coopératives, mutuelles et

associations dans les pays en développement, De Boeck Université Jalons.

DUFUMIER M., 1996. Projets de développement agricole : Manuel d'expertise, éditions

Karthala et CTA, Paris.

FOURNIER F., 2002. Social Capital and Poverty Reduction: Which role for the civil society

organizations and the state? UNESCO.

GEERTZ C., 1996. Ici et là-bas, l'anthropologue comme auteur, Métaillé, Paris.

GIDEL T. et ZONGHERO W., 2006. Management de projet 1 : introduction et

Fonctionnement. Lavoisier, Paris.

GRAWITZ M., 2001.Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 11e édition Paris.

GROOTAERTC., NARAYAN D., JONES V.N., WOOLCOCKM., 2004. Measuring

Social Capital: An Integrated Questionnaire. World Bank Working Paper No. 18, Washington, D.C.

HALLAIREA., 1991. Paysans montagnards du Nord-Cameroun : les monts mandara,

Edition ORSTOM.

LAZAREV G., Arab M., 2002. Développement local et communautés rurales : approches et

instruments, pour une dynamique de concertation, Karthala, Paris.

MATTHEWS R., 2003. Using a Social Capital Perspective to Understand Social

And Economic Development Horizons.

MORIZE J., 1992. Manuel pratique de vulgarisation agricole - vol.2, le technicien

d'agriculture tropicale, Maisonneuve et Larose, Paris.

OUSMAN H., SEIGNOBOS C., TEYSSIER A., WEBER J., 2002. Eléments d'une

stratégie de développement rural pour le Grand Nord du Cameroun. Rapport principal, septembre 2002. CIRAD

OTAYEP R., 2004. Les sociétés civiles du sud, MAE, Paris.

PAUGAM S., 2005. Les formes élémentaires de la pauvreté, Presses Universitaires de

France, coll. « Le lien social », Paris.

PATTON M. Q., 2001. Qualitative Research and Evaluation Methods (Third eds.).

London, Sage Publications, Inc.

PELLING M., 2005.Social Capital and Institutional Adaptation to Climate Change, RCC

working paper 2, University of Liverpool.

PODLEWSKI A., 1966. La dynamique des principales populations du Nord-Cameroun, Cab.

ORSTOM, sér.sci.

POITIER G., 1973. Les Guiziga du Cameroun Septentrional, l'organisation traditionnelle et

Sa Mise en constatation, Edition ORSTOM, Paris.

PRP., 2005. La mesure du capital social: Document de référence pour la recherche,

l'élaboration et l'évaluation des politiques publiques, Ottawa.

SARDAN O., 1995. Anthropologie et Développement : essai en socio-anthropologie du

changement social, APAD, Karthala, Paris.

SIMMEL G., 2005. Les pauvres, Ed Quazdrige Grands textes.

WOOLCOCK M., NARAYAN D., 2000. Social capital: implications for development

theory, Research and policy, The World Bank Research Observer.

ARTICLES DE REVUES

BALLET J., HAMZETTA B., 2003. « Le capital social comme protection sociale : les cas de

la Mauritanie », 2003, in Revue Tiers Monde n°175 juillet-septembre 2003 t.XLIV. p 637-655.

BOURDIEU P., 1993. « Les exclus de l'intérieur » in P. Bourdieu (éd), La Misère du monde,

Le Seuil, Paris.

BOURDIEU P., 2004. « La notion de capital social », Lahouari ADDI, IEP de Lyon, Ceriep

et Gremmo, in L'anthopologie du Maghreb selon Berque, Bourdieu, Geertz, et Gellner, Awal Ibis Press, Paris.

DALE A., 2005. «Social Capital and Sustainable Community Development: Is There a

Relationship». In Dale, A., Onyx, J. (Eds.), Social Capital and Sustainable Community Development: a dynamic balance, Vancouver, UBC Press, 13-32.

DREGNE.H.E., 1981. «Dimensions et caractéristiques du processus de désertification dans

les zones arides du monde », in Tachkent. M., Lutte contre la désertification par le développement intégré. Résumés des communications du Symposium International, 1981, pp. 19-28

GODECHET O., MARIOT N., 2004. « Les deux formes de capital social : structure

relationnelle des juges de thèses et recrutement en science politique » in Revue française de sociologie, 2004, pp 243- 282.

GORNUNG.M.B., 1981. «Sur les possibilités et les perspectives des approches scientifiques

pour l'organisation de la lutte contre la désertification en Afrique par le développement intégré», in Tachkent. M., Lutte contre la désertification par le développement intégré. Résumés des communications du Symposium International, pp. 83-86.

MOHAN, G., MOHAN, J., 2002. Placing Social Capital. Progress in Human Geography,

26(2), 191-210.

N'DA P., 2002. « Les projets de développement dans le lutte contre la pauvreté » in sciences

sociales et pauvreté une vision africaine, Yaoundé, PUY.

PELLING M., HIGH C., 2005. Understanding adaptation: What can social capital offer

assessments of adaptive capacity? Global Environmental Change Part A, 15(4), 308-319.

PORTES A., 1998. Social Capital: its origins and applications in modern sociology, in

Annual Review of Sociology, Vol. 24. (1998), pp. 1-24.

RIST G., 1998. « Le développement : changement social maîtrise ou tradition moderne », in

Michel Loriaux, Populations et développements : une approche globale et systémique, Academia Bruylant/ l'Harmattan, Louvain-la-Neuve, Belgique.

SARDAN O., 1990. « Sociétés et développement », in Didier Fassin et Yannick Jaffré,

Sociétés, développement et santé, pp. 28-37, les éditions ellipses, collection Médecine Tropicale, Paris.

STONE W., 2001. « Measuring Social Capital: Towards a Theoretically Informed

Measurement Framework for Researching Social Capital» in Family and Community Life. Research Paper No. 24, Australian Institute of Family Studies.

TCHALA ABINA.F., 2000. «When the active organisations over heading on each other's

hoes in Mandara mountains region», in Madi Ali., Paul Loth., Hans Bauer and Hans de Longh, Management of fragile ecosystems in the North of Cameroun: the need for an adoptive approach. Processing of an international Conference Maroua, 13616 nov 2000, pp. 261-266.

AUTRES DOCUMENTS

BANQUE MONDIALE., 1977. Rapport sur le développement dans le monde.

BANQUE MONDIALE., 2000. Combattre la pauvreté. Rapport sur le développement dans

le monde. Banque Mondiale : Washington.

BOUGET D et NOGUES H., 1993. Rapport, centre d'économie des besoins sociaux / centre

international Lebret-irfed, 49 rue de la Glacière, 75013 paris, France.

BUCREP., 2010. Rapport de présentation des résultats définitifs du 3è RGPH

CONSEIL DE LA SANTE ET DU BIEN-ETRE., 2001. Rapport sur L'appropriation par

les communautés de leur développement, Québec, Le Conseil, février.

COMITE DIOCESAINE DE DEVELOPPEMENT (CDD) de Maroua-Mokolo., 2010.

Cinq ans de lutte contre la désertification.

GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT., 2008. Cameroun

évaluation de l'assistance du groupe de la banque au secteur agriculture et développement rural, 1996-2004, département de l'évaluation des opérations (OPEV).

INS., 2002. Evolution de la pauvreté au Cameroun entre 1996 et 2001.

INS., 2008. Tendance, profil et déterminants de la pauvreté au Cameroun 2007.

IRD., 2000. Atlas de la Province Extrême-Nord Cameroun, Editions, Paris.

MIDIMA., 2009. Bilan diagnostic 2008-2009, en vue de l'actualisation du Schéma Directeur

Régional d'Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SDRADDT) de la Région de l'Extrême-Nord, réalisé en 2001.

MINEPAT., 2005. Document de stratégies de Développement du Secteur Rural.

OCDE., 2001. Du bien-être des nations : le rôle du capital humain et social, Paris.

PLAN D'ACTION NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION.,

2007. Rapport, MINEPN/PNUD.

PLAN NATIONAL DE GESTION DE L'ENVIRONNEMENT., 1996. Rapport principal,

Février.

PLID., 2006. Rapport d'étude diagnostic participatif du site Wazzang-Kalliao.

PLID., 2010a. Rapport provisoire de l'évaluation finale, février.

PLID., 2010b. Rapport d'activités narratif final 2005-2010, décembre.

RAUNDI H-Q et SCHNEIDER H. M., 2000.Combattre la pauvreté dans le monde :

stratégies et études de cas. De Comité d'aide au développement. Séminaire du centre de Développement. Edition de l'OCDE.

NTOUPKA M., 1999. Impacts des perturbations anthropiques (pâturage, feu et coupe de

bois) sur la dynamique de la savane arborée en zone soudano-sahélienne. Thèse de Doctorat de l'Université Paul- Valery Montpellier.

UICN., 2003. Renforcer la durabilité sociale des actions de lutte contre la désertification: Un

manuel pour la réflexion. UICN, Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-Uni.

DOCUMENTS ONLINE

BANQUE MONDIALE., site Internet sur le capital social :

http://www.worldbank.org/poverty/scapital

BOURDIEU P., 2007. « Le capital social », in Actes de la recherche en sciences sociale, n°

31, 1980, pp.2-3, consulté le 10 juin 2010. wikipedia.org/wiki/Pierre Bourdieu

BOURDIEU P., 1986. «The forms of capital». In J.G. Richardson (Eds), Handbook of Theory

and Research for the Sociology of Education, 1986.New York, 241-258, consulté le 4mars 2011wikipedia.org/wiki/Pierre Bourdieu

COLEMAN, J., 1988. «Social Capital in the Creation of Human Capital». In The

AmericanJournal of Sociology, 94, S95-S120.

http://onemvweb.com/sources/sources/social_capital.pdf

COMMISSION EUROPEENNE., 2001. Outils et méthodes d'intervention participative, 2001,

pp.3-4, online, Consulté le 06 février 2011.http://membres.lycos.fr,

DA COSTA E., 2007. Le rôle du capital social dans la capacité adaptative des pomiculteurs

de la Municipalité de Saint-Joseph-du-Lac au changement climatique, Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l'obtention du grade de Maîtrise en Sciences en Géographie, avril, 2007, 90 p. [en ligne], Consulté le 09/03/2011 à 9 h 30 http://www.geog.unmontreal.ca/D3T/...pdf/memoire_mait_Elsa_Da_Costa.pdf.

DUBOIS et AMIN., 2009. L'évolution de la pauvreté au Cameroun : où en sommes nous,

2009. [en ligne], DIV-FIC-DDS2-JLDB-20010101-00001.doc, [accédé le 1er décembre 2009] à 10h 22min. http://kerbabel.c3ed.uvsq.fr/Documents/

FIELD J., 2003. Social Capital, London, Routledge. 2003. www.ioe.stir.ac.uk/staff/field.ph

MONTALIEU T., BAUDASSE T., 2006. Le capital social : un concept utile pour la finance

et le développement, 2006, [en ligne], Consulté le 30/11 2009 à 9h 42min. http://halshs.cnrs.fr/halshs-00007798/.

ODIA NDONGO Y.F., BENE A.J and TEGNEROWICZ J., 2006. Religion, Capital

social et réduction de la pauvreté au Cameroun: le cas de la ville de Yaoundé, Online at october 7, 2006. Accès le 19.10.2009 à 13 h 32 min.

http://mpra;ub.unimueenchen.de/166/MPRA .

OYEN E., 2000. « Social capital formation as a poverty reduction strategy », in social

Capital and poverty Reduction: Which role for the civil society organizations and the state UNESCO, 2000, Consulté le 09/12/2009 à 10 h 50 min. http://mpra.ub.uni-muenchen.de/166/.

PONTHIEUX S., 2004. Le concept de capital social, analyse critique, Contribution au 10ième

Colloque de l'ACN, Paris, 21-23 janvier 2004, 25p. [en ligne], Consulté le 09/03/2011 à 8h 58

http://insee.fr/fr/insee-statistiQues-publique/colloques/acn/pdf10/ponthieux.pdf!

PUTMAN R., 1993. « The prosperous community social and public life », in the american

prospect. 4, 13, 1993, pp115-134. Online, consulte 10 juin 2010 a 14 h 15min.

www.infed.org/thinkers/putman.htm.

SABOURIN E., 2007. « Organisation paysanne au Brésil : capital social, réciprocité et

valeurs humaines  », in Revue du MAUSS permanente, 7 août 2007 [en ligne], Consulté le 12 mai 2011. http://www.journaldumauss.net/spip.php?article158

TEMPLE J., 2000. « Effets de l'éducation et du capital social sur la croissance dans les

Pays de l'OCDE », in Revue Economique de l'OCDE 33(2001/II), pp.59-110.

http://www.oecd.org/dataoecd/26/46/18453410.pdf

WIESINGER G., 2007. « L'importance du capital social dans le développement rural, les

réseaux et les prises de décision dans les zones rurales  », in Revue de géographie alpine [En ligne], 95-4 | 2007, mis en ligne le 03 mars 2009, Consulté le 12 mai 2011. URL: http://rga.revues.org/index350.html

WOOLCOCK M., 1998. Social Capital and Economic Development: Toward a Theoretical

Synthesis and Policy Framework, Michael Woolcock Theory and Society, Vol. 27, No. 2. (Apr., 1998), pp. 151-208.

http://www.informationneeds.org/wp-content/uploads/2008/toolkit08_woolcock_economic_development.pdf

COURS INEDITS

CLAUDE ESNEST KIAMBA., 2009. « Gouvernance et action publique ».

RAYMOND EBALE., 2009. «Histoire du développement ».

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE ii

REMERCIEMENTS v

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vi

LISTE DES TABLEAUX viii

LISTE DES FIGURES viii

LISTE DES PHOTOS viii

RESUME ix

ABSTRACT x

INTRODUCTION GENERALE 1

I. CONTEXTE DE l'ETUDE 3

II. DELIMITATION DE L'ETUDE 4

A. Délimitation spatiale 4

B. Délimitation temporelle 5

C. Délimitation matérielle 5

III. DEFINITION DES CONCEPTS 5

A. Capital social 6

B. Projet 7

C. Développement rural 8

D. Appropriation 8

IV. INTERET DE L'ETUDE 9

A. Intérêt social 9

B. Intérêt scientifique 9

V. REVUE DE LITTERATURE 10

VI. PROBLEMATIQUE 16

VII. HYPOTHESES 17

VIII. CADREMETHODOLOGIQUE 18

A. Grille d'analyse 18

B. Techniques de collecte des données 19

1. Données Primaires 19

a. Entrevues 19

b. Questionnaires 20

C. Terrain d'étude et échantillonnage 20

IX. DIFFICULTES RENCONTREES 21

X. PLAN DU MEMOIRE 21

CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE LA DESERTIFICATION DANS LE DISTRICT PAROISSIAL DE WAZZANG-KALLIAO 22

I. MILIEU PHYSIQUE 23

A. La Localisation de Wazzang-Kalliao. 23

B. Le Relief de Wazzang-Kalliao 25

1.3. Les Sols de Wazzang-Kalliao 25

D. L'Hydrographie de Wazzang-Kalliao 26

E. Le Climat de Wazzang-Kalliao 26

1. Précipitation 26

2. Températures et Vents 27

F. La Faune et la Flore de Wazzang-Kalliao 28

1. Faune 28

2. Flore 29

II. MILIEU HUMAIN 29

A. L'Histoire de Wazzang-Kalliao 30

B. La Population de Wazzang-Kalliao 30

1. Répartition par âge et sexe 30

2. Migrations 31

C. L'Organisation Sociale de Wazzang-Kalliao 32

1. Organisation traditionnelle et religieuse des villages 32

2. Organisations socioprofessionnelles 33

3. L'habitat 34

4. Accès au foncier 34

5. Intervenants et partenaires au développement 35

D. Les Infrastructures Sociales de Wazzang-Kalliao 35

1. Etablissements scolaires 35

2. Structures sanitaires 35

3. Routes 36

4. Marchés 36

III. ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES 36

A. Agriculture 36

B. Elevage 37

C. Artisanat 38

IV. PROBLEMATIQUE DE LA DESERTIFICATION A WAZZANG-KALLIAO 38

CHAPITRE 2 : PRESENTATION DU PROJET DE LUTTE INTEGREE CONTRE LA DESERTIFICATION 41

I. PRINCIPAUX AXES STRATEGIQUES DU PLANNATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION (PAN/LCD). 42

A. Aménagement et gestion participative de l'espace 42

B. Gestion durable des ressources naturelles (eau, sols, couvert végétal, faune) 43

C. Restauration des terres dégradées et amélioration de la fertilité des sols 43

D. Renforcement des capacités d'intervention des acteurs en matière de lutte contre la désertification 44

E. Gestion concertée des ressources partagées au niveau sous régional 44

II. PRESENTATION DU PLID 45

A. Justification du projet PLID 45

B. Objectifs du PLID 46

III. LES RESSOURCES DU PLID 47

A. Les ressources humaines du PLID 47

B. Les ressources matérielles 48

C. Les ressources financières 48

IV. LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS 49

V. LES ACTIVITES DU PLID 50

A. Pratique de techniques intégrées de lutte antiérosive 50

1. Formation et accompagnement des agriculteurs aux techniques de lutte antiérosive. 51

2. Appui à l'acquisition des équipements agricoles 52

3. Organisation de voyages visites pour les groupes 52

B. Réalisation d'ouvrages de gestion des ressources hydriques 52

1. Etude technique sur la gestion des eaux 52

2. Sensibilisation de la population sur les problèmes d'eau 53

3. Accompagnement de la population pour les réalisations physiques 53

C. Prise de conscience de l'importance de l'arbre 54

D. Structuration et renforcement des capacités des groupes cibles et partenaires. 56

1. Les structures partenaires associées dans la mise en oeuvre du PLID. 57

2. Les groupes cibles du Projet 58

3. Le Comité de Promotion Humaine (CPH) 59

4. Renforcement organisationnel et du développement institutionnel des groupes cibles et associations. 59

5. Appui à l'acquisition des équipements des groupes cibles et associations partenaires 60

CHAPITRE 3 : CAPITAL SOCIAL COMME OUTIL D'APPROPRIATION D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL 62

I. LA VIE COMMUNAUTAIRE A WAZZANG-KALLIAO 63

A. La communauté de Wazzang-Kalliao 63

B. Perception de la communauté par les populations 64

II. APPROPRIATION DES ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION. 65

A. Analyse de la stratégie et de l'approches d'intervention 65

B. Actions de lutte contre la désertification 66

1. La pratique de techniques intégrées de lutte antiérosive 66

2. La réalisation d'ouvrages de gestion des ressources hydriques 68

3. Education environnementale et promotion de l'arbre 68

4. Action des structures associés 69

III. LES RESEAUX SOCIAUX COMME VECTEUR DE DEVELOPPEMENT 70

A. Les réseaux formels à Wazzang-Kalliao 70

B. L'informel à Wazzang-Kalliao 71

IV. LA CONFIANCE, VECTEUR D'APPROPRIATION DES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT 74

V. LES ENTRAVES A LA REALISATION DU PROJET 77

A. Non prise en compte de l'aspect organisationnel des communautés 77

B. Mauvaise planification comme limite à la participation de la communauté aux actions du Projet 77

C. Limites de l'approche village 78

D. Exclusion social comme limite à l'appropriation du projet 78

E. Absence de capitalisation des acquis du projet 79

VI. LES RECOMMANDATIONS 79

A. Aux Communautés locales 79

B. Au PLID et au CDD 80

C. A la société civile 80

D. Au Gouvernement de la république 81

E. Aux bailleurs de fond 81

CONCLUSION GENERALE 82

BIBLIOGRAPHIE 86

ANNEXE 99

ANNEXE

ANNEXE 1 : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT DE L'INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE

Titre de la recherche Capital social et Développement Rural Au Cameroun : Cas Projet de Lutte Intégrée contre la Désertification à Maroua dans l'extrême-nord.

Chercheur : Laurent Parfait NDENGUE

Directeur de recherche : Professeur. Marie Thérèse MENGUE

A. RENSEIGNEMENTS AUX PARTICIPANTS

1. Objectifs de la recherche.

Cette recherche vise à mieux comprendre le rôle du capital social dans l'appropriation du Projet Intégré de Lutte contre la Désertification par les populations du District Paroissial de Wazzang-Kalliao dans du Diocèse de Maroua-Mokolo.

2. Participation à la recherche

Votre participation à cette recherche consiste à un entretien : ? par entrevue  ?par questionnaire

3. Confidentialité

Les renseignements que vous nous donnerez demeureront confidentiels. Chaque participant ou groupe de participants à la recherche se verra attribuer un numéro et seul le chercheur principal aura la liste des participants et du numéro qui leur aura été accordé. De plus, les renseignements seront conservés dans un classeur sous clé situé dans un bureau fermé. Aucune information permettant de vous identifier d'une façon ou d'une autre ne sera publiée étant donné le caractère anonyme des entretiens. Ces renseignements personnels seront détruits au plus tard le 15 août 2011. Seules les données ne permettant pas de vous identifier pourront être conservées après cette date.

4. Avantages et inconvénients

En participant à cette recherche, vous pourrez contribuer à l'avancement des connaissances. Votre participation à la recherche pourra également vous donner l'occasion de mieux vous connaître.

5. Droit de retrait

Votre participation est entièrement volontaire. Vous êtes libre de vous retirer en tout temps par avis verbal, sans préjudice et sans devoir justifier votre décision. Si vous décidez de vous retirer de la recherche, vous pouvez communiquer avec le chercheur, au numéro de téléphone indiqué à la dernière page de ce document. Si vous vous retirez de la recherche, les renseignements personnels vous concernant et qui auront été recueillis au moment de votre retrait seront détruits.

6. Indemnité

Aucune

B. CONSENTEMENT

Je déclare (nous déclarons) avoir pris connaissance des informations ci-dessus, avoir obtenu les réponses à mes (nos) questions sur ma participation à la recherche et comprendre le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients de cette recherche.

Après réflexion et un délai raisonnable, je consens (nous consentons) librement à prendre part. Je sais (Nous savon) que je peux me (nous pouvons nous) retirer en tout temps sans préjudice et sans devoir justifier ma (notre) décision.

Signature : ___________________________ Date : _________________________________

Noms : ______________________________ Prénoms : ______________________________

Je déclare avoir expliqué le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients de l'étude et avoir répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées.

Signature du chercheur___________________ Date : ___________________________

Nom : NDENGUE Prénom : Laurent Parfait

Pour toute question relative à la recherche, ou pour vous retirer de la recherche, vous pouvez communiquer avec Laurent Parfait NDENGUE candidate au Master, au numéro de téléphone suivant : (237) 99969715 ou à l'adresse courriel suivante : ndenguelp@yahoo.fr.Vous pouvez aussi communiquer avec, Edouard KALDAPA, le Coordonnateur du projet PLID au numéro : (237) 99869931 ou à l'adresse : cddmaroua@yahoo.fr

Toute plainte relative à votre participation à cette recherche peut être adressée au Professeur Marie Thérèse MENGUE, la coordinatrice du Master DMPA à la FSSG de l'Institut Catholique de Yaoundé aux numéros : (237) 22237400 / 22238460 / 99968460 / 99968516 ou aux courriels : masterdmpaucac@yahoo.fr / mengue _mt@yahoo.fr / managersucacgroupesyahoo.ca

N.B : Un exemplaire du formulaire d'information et de consentement signé doit être remis au participant

ANNEXE 2 : ENTREVUE AVEC LES RESPONSABLES DES ASSOCIATIONS PARTENAIRES DU PROJET PLID DANS LE DIOCESE DE MAROUA-MOKOLO

Date de l'entrevue : ___________________________________________________________

Nom : ______________________________________________________________________

Activité principale____________________________________________________________

Adresse : ___________________________________________________________________

Téléphone : _________________________________________________________________

GENESE DU GROUPE

Date de création : Année __________________

1. Raisons de création de votre association ?

2. Depuis combien d'années oeuvrez-vous partenaire du CDD ?

3. Quelle langue de communication dans votre association ?

COMPOSITION DU GROUPE

4. Quel est votre statut juridique: ?Légalisé ?Non légalisé

5. Si vous n'avez pas de textes comment devient-on membre de votre groupe ?

6. Religion (s) pratiquée (s) par les membres de l'association ?

ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

7. Depuis combien d'année oeuvrez-vous pour la lutte contre la désertification?

8. Comment avez-vous commencé à le faire avec quel appui?

9. Décrivez-nous votre stratégie ?

10. Quel est votre plus grand défi dans la lutte contre la désertification ?

11. Quelles sont vos sources d'information pour prendre vos décisions par rapport à vos activités qui contribuant à la lutte contre la désertification?

12. Raisons se choix de votre association comment partenaire du PLID ?

13. Sur quoi est basé votre partenariat avec le PLID ou le CDD ?

14. Quelle est votre perception de la désertification?

15. Est-ce que vous discutez de l'environnement et de la lutte contre la désertification avec d'autres associations dans la région ou ailleurs? ?Oui ? Non

16. Si oui de quoi discutez-vous?

17. Pour ce qui est des projets de développement, quels furent les plus marquants dans le diocèse?

18. Comment votre association les a-t-il accueillis?

19. Qu'est-ce que le projet PLID vous a apporté de plus par rapport aux autres?

20. Connaissez-vous d'autres associations ou réseaux formels ou informels se rapportant à la lutte contre la désertification en générale?

Nom du groupe

Qui sont les membres

Informations échangées

 
 
 

21. Quelles sont les activités que l'association mène dans le cadre du PLID et comment?

22. Comment se passent les autres activités du PLID?

23. Pourquoi avez-vous décidé de participer aux activités du PLID ?

24. Comment oeuvrez-vous pour la pérennisation des activités du PLID ?

COMITE LOCAL

25. Comment les comités locaux des villages ont été créés ?

26. Comment sont-ils organisés et quel est leurs statuts?

27. Quel est l'apport de ces comités sur l'adoption du projet par les populations ?

28. Quel a été le rôle de votre association dans cet apport?

29. Quels atouts possèdent les comités locaux pour pérenniser les activités du PLID?

30. Comment est-ce que les comités locaux vous aident-t-ils à pérenniser les activités du projet PLID ?

31. Si une circonstance arrivait que vous ne soyez plus partenaire du CDD, est ce que vous continuez à promouvoir et à diffuser les pratiques du PLID, pourquoi?

GROUPES ET RÉSEAUX

32. Est-ce qu'il y a des groupes, associations, organisations ou projets qui sont très importants dans le diocèse?

Nom

Pourquoi sont-elles importantes?

 
 

33. Quelles sont les activités de développement du diocèse où les personnes peuvent se rencontrer?

Nom

Pendant quel moment de l'année?

Quels groupes ou personnes s'en occupe?

 
 
 

34. Comment votre association participe-t-il à ces activités?

35. Quels sont des lieux plus informels où les personnes se réunissent dans la communauté?

36. Qui sont les personnes influentes dans la communauté?

Nom

Rôle dans la Communauté

 
 

CONFIANCE

37. Comment se fait la confiance entre les membres de votre association?

38. En général, faite vous confiance à l'équipe du PLID, pourquoi?

39. En général, faite vous confiance aux groupes de producteurs, pourquoi?

40. Comment votre niveau de confiance envers la population a-t-il évolué dans le temps?

41. En cas de besoin d'aide, à qui vous adressez-vous en premier ?

42. Avez-vous des exemples d'incidents dans les associations, groupes de producteurs les comités locaux qui démontrer le niveau de confiance ou le manque de confiance? (ex. : disputes, conflits entre groupes, choses perdu et retrouvées...)

43. Quels sont les cas où il y a beaucoup de confiance entre les membres, et quels sont les cas où il n'y a aucune confiance entre les membres?

44. Pour les décisions d'entreprises des activités du projet PLID, à qui faites-vous confiance et pourquoi?

45. Quel est votre conception du Capital social ?

46. D'après vous comment ce capital social a-t-il contribué à l'adoption du projet PLID par les populations?

ÉDUCATION ET REVENU

47. Quelle est le niveau scolaire le plus bas des membres de l'association?

Quelle en est le plus élevé ?

48. Quelles formations techniques l'association a reçu ces 05 dernières années et de qui?

Année

Formation

Formateur

 
 
 

49. Quel est le revenu des membres de votre association par année?

50. Quel est le revenu moyen annuel dans le diocèse?

ANNEXE 3 : ENTREVUE AVEC LES GROUPES CIBLES BENEFICIAIRES PROJET PLID DANS LE DIOCESE DE MAROUA-MOKOLO

SECTION A : INTRODUCTION

1. Année de création : ___________________

2. Nombre de membres : Femme___________________ Homme ____________________

3. Depuis combien d'années le groupe est créé

Pourquoi ?

4. Forme juridique : ?Légalisé ?Non légalisé

5. Comment le groupe a-t-il été créé ?

6. Avez-vous un règlement intérieur et un statut ? ?Oui? Non

Si non comment devient-on membres du groupe ?

6. Quel est le lien qu'ont les membres du groupe ?

7. Quelles est la langue de communication dans le groupe ?

8. De quelles ethnies sont les membres du groupe ?

9. Y-a-t-il des non catholiques dans votre groupes ? ?Oui ?Non

Si oui, de quel (s) religion (s) sont-ils ?

10. Etes-vous êtes tous propriétaires de terres que vous exploitez ? ?Oui ? Non Si non, à qui appartiennent-elles ?

Et comment en êtes-vous entré en possession ?

SECTION B : PRODUCTION

11. Quel vos votre principales activités ?

12. Vous pratiquez ces activités depuis combien d'années?

13. Quelle est l'importance de ces activités pour le développement du village ?

14. Comment avez-vous participé à la mise en oeuvre des activités du PLID ?

15. Comment êtes-vous devenu bénéficiaire du Projet PLID ?

16. Quelles sont vos activités extra-agricoles ?

17. Comment avez-vous eu l'information sur cette activité ?

18. Avez-vous déjà participé aux activités d'autres projets que le PLID? ?Oui ?Non

a. Si oui, lesquels?

Activité

Projet

 
 

b. Comment avez-vous ?

c. Qui vous a aidé à participer aux activités ?

SECTION C : LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

19. Comment obtenez-vous les informations sur l'environnement?

20. À votre avis, à quelle (s) information (s) faites-vous le plus confiance?

21. En quelles années avez-vous connu les plus lourdes pertes et quelles furent les causes?

22. Etes-vous affilié dans une EMF dans le diocèse? ?Oui ?Non

a. Si oui, laquelle et comment se font les transactions d'argent?

b. Sinon, pourquoi?

23. Quelles pratiques avez-vous modifié suite à l'avènement du PLID et comment?

Activité avant le PLID

Modification

Avec l'aide de

 
 
 

SECTION D : VOTRE COMITE LOCAL

24. Comment le comité local de votre village a été formé et pourquoi ?

25. Comment est-ce que ce comité est organisé et comment fonctionne-t-il ?

26. Quel rôle joue-t-il dans le projet PLID  et comment le fait-il?

27. Comment sont les relations entre ce comité et votre groupe ?

28. Comment est le lien social dans ce comité local ?

29. Comment le comité local vous aide-t-il à pérenniser les activités du PLID ?

30. Comment le comité local peut-il aider à la réussite future des projets de développement dans le village ?

31. Quel est la place que le comité local réserve aux jeunes et aux femmes du village ?

SECTION E : CONFIANCE

32. A qui faites-vous confiance dans votre groupe ?

38. A qui faites-vous confiance dans le village ?

39. Faites-vous confiance aux membres des autres groupes, Pourquoi ?

40. Faites-vous confiance aux non catholique, Pourquoi ?

41. En général, faite vous confiance à l'équipe du PLID, pourquoi?

42. En général, faite vous aux membres du comité local du village, pourquoi?

43. Lorsque vous avez des décisions à prendre pour les activités de développement à qui faite vous confiance, Pourquoi?

SECTION F : PARTICIPATION SOCIALE

44. En dehors des activités initiées par le PLID à quelles autres activités participe votre groupe dans le village ou ailleurs?

45. Qui vous aide à participer à ces activités et comment ?

46. Comment vos relations sociales vous ont-elles aidées à adopter les innovations du PLID ?

SECTION G : CONCLUSION

47. Quelle est le niveau scolaire le plus bas des membres du groupe ?________________

Quelle en est le plus élevé? ___________________________________________

48. Au cours des 5 dernières années, quels sont les formations ou conseils relatifs au développement que le groupe a reçu et de qui ?

Année

Formations

Par qui

 
 
 

49. Quel est le revenu moyen annuel des membres de votre groupe ?

50. Quel est le revenu moyen annuel dans le village?

ANNEXE 4 : ENTREVUE AVEC LES COMITES LOCAUX

Date de l'entrevue : _____________________________________________________

Village : ________________________________________________________________

Adresse : ______________________________________________________________

IDENTIFICATION

Date de création : Année _________________

1. Raisons de création?

2. Nombre de membres : Femme___________________ Homme ____________________

3. Quelle langue de communication dans votre association

4. De quelles ethnies sont les membres du groupe ?

5. Quel est le statut juridique de votre groupe ? ?Légalisé ?Non légalisé

6. Avez-vous un règlement intérieur et un statut ? ?Oui ?Non

Si non comment devient-on membres du comité ?

7. Est-ce qu'il y a des personnes non catholiques qui sont membres du Comité? ?Oui ?Non

a. Si oui, quelle est leur religion?

8. Comment le comité a-t-il été créé

9. Quel est le lien social qu'ont les membres du comité

10. Tenez-vous régulièrement des réunions ? ?Oui ?Non Si non, pourquoi ?

ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

11. Comment mener-vous régulièrement vos activités prévues par le PLID ?

12. Comment le PLID est arrivé dans votre village (par qui)?

13. Décrivez-nous votre action dans le projet PLID.

14. Quel est votre plus grand défi dans la lutte contre la désertification ?

15. Qu'est ce qui guidait le choix des groupes des producteurs avec lesquels vous travailliez dans le cadre du projet PLID ?

16. Quel est votre plus grand défi dans la lutte contre la désertification ?

17. À qui demandez-vous de l'aide pour la réalisation de vos activités ?

18. Quelles sont vos sources d'information pour prendre vos décisions par rapport à vos activités qui contribuant à la lutte contre la désertification?

19. Est-ce que vous discutez de l'environnement et de la lutte contre la désertification avec d'autres groupes dans la région ou ailleurs? ?Oui ? Non

20. Si oui de quoi discutez-vous?

21. Pour ce qui est des projets de développement, quels furent les plus marquants dans la localité?

22. Comment la population les a-t-elle accueillis?

23. Quelles types de relations entretenez-vous avec les groupes de producteurs du village?

24. Qu'est-ce que le projet PLID vous a apporté de plus par rapport aux autres?

25. Y a-t-il d'autres associations ou réseaux formels ou informels de développement du village?

Nom du groupe

Qui sont les membres

Informations échangées

 
 
 

26. Comment faites-vous pour pérenniser les actions du PLID dans votre localité?

GROUPES DE PRODUCTEURS

27. Comment les groupes de producteurs du village ont été créés ?

28. Comment sont-ils organisés?

29. Quel est l'apport de ces groupes sur la lutte contre la désertification dans le village?

30. Quel a été le rôle de votre comité dans cet apport?

31. Quels atouts possèdent les groupes de producteurs pour pérenniser les activités du PLID?

32. Quels atouts possèdent le comité pour pérenniser les activités du PLID?

33. Comment est-ce que les associations partenaires vous aident-t-elles à pérenniser les activités du projet PLID ?

34. Si une circonstance arrivait que vous ne soyez plus membre du comité, est ce que vous continuez à promouvoir et à diffuser les pratiques du PLID, pourquoi?

GROUPES ET RÉSEAUX

35. Est-ce qu'il y a des groupes, associations, organisations ou projets qui sont très importants dans le village?

Nom

Pourquoi sont-elles importantes?

 
 

36. Quelles sont les activités de développement du village où les personnes peuvent se rencontrer?

Nom

Pendant quel moment de l'année?

Quels groupes ou personnes s'en occupe?

 
 
 

37. Comment votre comité participe-t-il à ces activités?

38. Quels sont des lieux plus informels où les personnes se réunissent dans le village?

39. Qui sont les personnes influentes dans le village et pourquoi ?

Nom

Rôle dans la Communauté

 
 

CONFIANCE

40. Comment se fait la confiance entre les membres de votre comité?

41. En général, faites-vous confiance à l'équipe du PLID, pourquoi?

42. Faites-vous confiance aux associations partenaires du PLID, pourquoi?

33. Comment votre niveau de confiance aux groupes des producteurs a-t-il évolué dans le temps?

44. En cas de besoin d'aide, à qui vous adressez-vous en premier ?

45. Avez-vous des exemples d'incidents dans les associations, groupes de producteurs qui démontre le niveau de confiance ou le manque de confiance? (ex. : disputes, conflits entre groupes, choses perdu et retrouvées...)

46. Quels sont les cas où il y a beaucoup de confiance entre les membres, et quels sont les cas où il n'y a aucune confiance entre les membres?

47. A qui faites-vous totalement confiance dans le village et pourquoi?

ÉDUCATION ET REVENU

48. Quelle est le niveau scolaire le plus bas des membres de l'association?

Quelle en est le plus élevé?

49. Quelles formations techniques le comité a reçu ces 05 dernières années et de qui?

Année

Formation

Formateur

 
 
 

50. Quel est le revenu moyen annuel des membres du comité?

51. Quel est le revenu moyen annuel dans le village?

ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRE BENEFICIAIRES DU PROJET

SECTION A : INTRODUCTION

1. Année de naissance : ___________

2. Sexe : ?Femme ?Homme

3. Êtes-vous née dans la zone ? : ?Oui ? Non

Sinon depuis combien de temps habitez-vous la zone?

?Moins de 1 an ?1 à 5 ans ?6 à 10 ans

?11 à 20 ans ?21 à 30 ans ?Plus de 30 ans

4. Statut matrimoniale :

?Marié ?Veuf ?Divorcé ?Conjoint de fait (concubinage) ?Célibataire

5. Avez-vous des enfants? ?Oui ?Non

a. Combien? ?1 ?2 ?3 ?4 ?5 ?6 et plus

b. Combien réside à la maison? ?1 ?2 ?3 ?4 ?5 ?6 et plus

6. Combien de personnes au total résident à la maison? ?1 ?2 ?3 ?4 ?5 ?6 et plus

7. Vous êtes : ?Locataire de votre maison ?Propriétaire de votre maison ?Autres (à préciser)

8. Avez-vous des frères ou soeurs? ?Oui ?Non

a. Si oui, combien? _______frères ________soeurs

SECTION B : PRODUCTION

9. Quel est votre principale activité ? Agriculture ?Elevage

10. Vous pratiquez cette activité depuis combien d'année?

?Moins de 5 ans ?5 à 9 ans ?10 à 14 ans ?15 ans et plus

11. Quelle est l'importance de cette activité (superficie, cheptel)? ____________________

12. Êtes-vous propriétaire de la terre que vous exploitez? ?Oui ?Non

a. Si oui, quelle est la superficie de votre propriété? _______________________________

b. Sinon, quelle est la superficie en location? ____________________________________

c. Et qui en est le propriétaire? ?Membre de la famille ?Conjoint ?Ami ?Autres (à préciser)

13. Comment êtes-vous devenu bénéficiaire du Projet PLID?

?Grâce à l'OP ?Grâce à mes connaissances ?Grace à un membre de ma famille ?Grace à mes précédentes activités ?Autres (à préciser)

14. Quelles sont vos activités extra-agricoles ?

15. Comment avez-vous eu l'information sur cette activité?

?Par un membre de la famille ?Votre conjoint ?Un(e) ami(e) ?Un voisin

?Connaissance ?Radio ?Eglise ?Autre (à préciser)

16. Avez-vous déjà participé aux activités d'autres projets que le PLID? ?Oui ?Non

a. Si oui, lesquels?

Activité

Projet

 
 

b. Comment avez-vous eu l'information sur le projet? ?Bouche à oreille ?Annonce à l'Eglise ?Connaissances ?Radio ?Autres, précisez

c. Qui vous a aidé à participer aux activités ?

? L'OP ?Mes connaissances ?Un membre de ma famille ?Autres (à préciser)

SECTION C : LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

17. Où prenez-vous vos informations sur l'environnement?

(Sélectionnez les choix qui s'appliquent à vous)

?Télévision ?Radio ?Téléphone ?Association ?Amis ?PLID ?Eglise

?Autres, précisez

18. À votre avis, à quelle (s) information (s) faites-vous le plus confiance?

?Télévision ?Radio ?Téléphone ?Association ?Amis ?PLID ?Eglise

?Autres, précisez

19. En quelles années avez-vous connu les plus lourdes pertes et quelles furent les causes?

Années

Causes

Sécheresse

Excès de déforestation

Excès de vent

Inondation

Surpâturage

Erosion

Feux de brousse

Autre (à préciser)

_____________

 

?

?

?

?

?

?

?

?

 

?

?

?

?

?

?

?

?

20. Cochez la valeur qui correspond à votre niveau de préoccupation 1 à 5 (1 : Pas du tout préoccupé et 5 : très préoccupé)

Sécheresse

?1

?2

?3

?4

?5

Excès de déforestation

?1

?2

?3

?4

?5

Excès de vent

?1

?2

?3

?4

?5

Inondation

?1

?2

?3

?4

?5

Surpâturage

?1

?2

?3

?4

?5

Erosion

?1

?2

?3

?4

?5

Feux de brousse

?1

?2

?3

?4

?5

Autre (à préciser)

 
 
 
 
 

21. Etes-vous affilié dans une EMF dans le diocèse? ?Oui ?Non

a. Si oui, laquelle et pourquoi?

b. Sinon, pourquoi?

22. Quelles pratiques avez-vous modifié suite à l'avènement du PLID et comment?

Activité avant le PLID

Modification

Avec l'aide de

 
 
 

23. Êtes-vous membre d'un groupe actif dans la lutte contre la désertification?

?Oui ?Non

a. Si oui, le quel et pour quelle raison?

b. Sinon, pour quelle raison?

SECTION D : VOTRE COMMUNAUTE

Cette section pose des questions sur votre communauté et les gens qui y habitent.

(Cochez votre niveau d'accord ou désaccord des énoncés suivants)

 

Fortement

en

désaccord

Désaccord

Neutre

Accord

Fortement

en accord

24. Les membres du comité local ont un bon sentiment d'appartenance

?

?

?

?

?

25. Les amitiés que j'entretiens dans le village sont

importantes.

?

?

?

?

?

26. Je suis satisfait (e) de vivre dans

Ce village.

?

?

?

?

?

27. Le lien social dans le village est très fort.

?

?

?

?

?

28. Si je pars de cette

village, je ne mènerais plus la lutte contre la désertification.

?

?

?

?

?

29. Les autorités du village compétentes.

?

?

?

?

?

30. Je peux exprimer mon opinion dans les affaires du village.

?

?

?

?

?

31. Les projets de développement réussissent bien ce village

?

?

?

?

?

32. Les jeunes et les femmes sont plus impliqués dans les activités de développement du village.

?

?

?

?

?

SECTION E : CONFIANCE

Cette section pose des questions sur votre niveau de confiance aux membres de votre communauté. (Cochez votre niveau d'accord ou désaccord des énoncés suivants)

Je fais confiance

Fortement

en

désaccord

Désaccord

Neutre

Accord

Fortement

en accord

33. à la majorité des gens du village.

?

?

?

?

?

34. à mes amis et aux membres de ma famille seulement.

?

?

?

?

?

35. Seulement aux personnes de mon sexe.

?

?

?

?

?

36. seulement aux membres de mon groupe.

?

?

?

?

?

37. aux jeunes du village.

?

?

?

?

?

38. aux autorités du village.

?

?

?

?

?

39. aux membres du comité local.

?

?

?

?

?

40. aux responsables ou agent du PLID

 
 
 
 
 

41. Lorsque vous avez des décisions à prendre pour les activités de développement à qui faite vous confiance? 1 à 5 (1 : Très confiance à 5 : Pas du tout confiance)

Membre de la famille

?1

?2

?3

?4

?5

Voisin et Amis

?1

?2

?3

?4

?5

Personne

?1

?2

?3

?4

?5

Agent de développement

?1

?2

?3

?4

?5

Conseiller de l'Eglise

?1

?2

?3

?4

?5

Conseiller du MINADER

?1

?2

?3

?4

?5

Conseiller du MINEP/MINFOF

?1

?2

?3

?4

?5

Membres de mon groupe

?1

?2

?3

?4

?5

Autorité du village

?1

?2

?3

?4

?5

Autres (à préciser)

?1

?2

?3

?4

?5

SECTION F : PARTICIPATION SOCIALE

Est-ce que vous participez à des activités de nature?

(Participer est défini comme une activité dans lequel vous vous retrouvez en groupe)

 

Oui

Dans la communauté

À l'extérieur de la communauté

Les deux

42. Artisanales (ex. groupe de tricot, foire)

?

?

?

?

43. Économiques (ex. comices, développement économique local)

?

?

?

?

44. Religieuses (ex. églises, groupe de méditation, chorale)

?

?

?

?

45. Culturelles (ex. festivals)

?

?

?

?

46. Éducatives (ex. association parents)

?

?

?

?

47. Écologiques (ex. Groupe local)

?

?

?

?

48. Santé (ex. Hygiène et salubrité)

?

?

?

?

49. Voisinages (ex. association du village)

?

?

?

?

50. Politiques (ex. parti politique)

?

?

?

?

51. Sociales (ex. Entraide, Caritas)

?

?

?

?

52. Agricole (ex. foire, comice)

?

?

?

?

53. Autres, précisez _________________

?

?

?

?

54. En moyenne, combien d'heures passez-vous par mois à participer à ces activités?

?1 à 5 ?6 - 10 ?11 - 15 ?16 - 20 ?Plus que 20

SECTION G : CONCLUSION

55. Cochez le plus haut niveau d'éducation complété par vous, soit vos frères et soeurs et vos enfants.

 

Vous

Conjoint

Enfant

a) Aucune éducation

?

?

?

b) Primaire sans CEP (CEPE)

?

?

?

c) Primaire avec CEP (CEPE)

?

?

?

d) Secondaire sans BEPC ou CAP

?

?

?

e) Secondaire avec BEPC ou CAP

?

?

?

f) Probatoire

?

?

?

g) Baccalauréat ou équivalent

?

?

?

h) Université sans diplôme

?

?

?

i) Licence

?

?

?

j) Maîtrise

?

?

?

k) Master/DEA

?

?

?

l) Doctorat

?

?

?

m) Autres, précisez _______________

?

?

?

56. Dans les 5 dernières années, avez-vous reçu une formation ou des conseils se rapportant au développement? ?Non ?Oui,

Si qui les quels?

Année

Formations

Par qui

 
 
 

57. Quel est votre revenu moyen annuel?

?Moins de 100 000 ?100 000 à 199 999 ?200 000 à 299 999

?300 000 à 399 999 ?400 000 à 499 999 ?Plus de 500 000

58. Quel est le revenu annuel moyen du ménage?

?Moins de 200 000 ?200 000 à 349 999 ?350 000 à 599 999

?600 000 à 749 999 ?750 000 à 899 999 ?Plus de 900 000

ANNEXE 6 : CHEMINEMENT DE L'ECHANTILLONNAGE BOULE DE NEIGE

Bénéficiaires

Coordination du PLID

Technicien de

terrain du PLID

Com

ité Local

Groupes cibles

Bénéficiaires

Groupes de Producteurs

* 1Cf. Pape Jean Paul II, Encyclique Centesimusannus, 40

* 2 De nombreuses recherches ont été menées sur la question de capital social depuis le début des années 1980 et tout particulièrement au cours des années 1990, et un nombre important d'articles et d'études a été publié (Bourdieu, 1986 et 1993 ; Putnam, 1993 et 2000 ; Coleman, 1988 ; Woolcock, 1998 ; Fukuyama, 1999 ; Burt, 2000 ; Norris, 2003 ; Arnason et al., 2004 et bien d'autres.)

* 3 Cf. Annexe 1

* 4 Cf. Annexe 4

* 5La méthode d'échantillonnage boule de neige est une méthode qui permet de recruter les enquêtés en passant par d'autres ou par leurs connaissances.

* 6Karal est un mot Foufouldé adopté par les pédologues et les géographes travaillant dans la région pour désigner les terrains vertisoliques à teneur élevée en argile, adaptés pour la culture d'une variété de sorgho repiqués et dessaisonnés

* 7 Un vent chaud et sec qui a une direction Nord-Est vers le Sud-Ouest.

* 8Un vent chaud et humide qui souffle dans la région selon la direction de l'Est à l'Ouest généralement, mais parfois du Sud.

* 9 Propos du technicien PLID du site de Wazzang-Kalliao, au cours de l'entretien de groupe, le 16 mai 2011

* 10 Hardéisation se traduit par le passage de terre fertile à terre stérile.

* 11 Projet du Gouvernement Camerounais financé par l'Union Européenne

* 12 Informations données par le coordonnateur technique du projet au cours de l'entretien qu'il nous a accordé le 10 mai 2011, au siège du projet à Maroua.

* 13 Informations données par le coordonnateur du projet au cours de l'entretien qu'il nous a accordé le 08 mai 2011, au siège du projet à Maroua.

* 14 Informations recueillies lors de l'entretien de groupe avec le comité local du village Mananam, le 18 mai 2011 à Mananam.

* 15 Informations données par le coordonnateur du projet au cours de l'entretien qu'il nous a accordé le 08 mai 2011, au siège du projet à Maroua.

* 16 Les haies vives constituent une technique de lutte contre l'érosion éolienne. La technique ici consiste à planter des arbustes épineux adaptés à la région du côté opposé aux grands vents. Le développement de ces arbustes permet plus tard de protéger les sols sur trois fois leur hauteur.

* 17 La technique n'est efficace que si la pluviométrie est faible au courant d'une année (inférieure à 300 mm).

* 18 Les biefs sont des aménagements réalisés dans les lits des cours d'eau pour ralentir l'écoulement des eaux et favoriser leur infiltration dans le sol. Ils rendent l'eau disponible plus longtemps, dans les puits.

* 19 Informations données par le coordonnateur technique du projet au cours de l'entretien qu'il nous a accordé le 10 mai 2011, au siège du projet à Maroua.

* 20 Informations recueillies lors de l'entretien avec les membres de groupes cibles du village Ourou-Kessoum, le 17 mai 2011

* 21 Informations données par le coordonnateur du projet au cours de l'entretien qu'il nous a accordé le 08 mai 2011, au siège du projet à Maroua.

* 22 Propos recueillis lors de l'entretien avec les membres du GIC Meherey-Mbaga (GIC des femmes) à Ouro-kessoum, le 17 mai 2011.

* 23 Propos du président du comité local de Foutang, au cours de l'entretien de groupe, le 16 mai 2011.

* 24 Idem

* 25 Propos du technicien PLID du site de Wazzang-Kalliao, au cours de l'entretien de groupe, le 16 mai 2011

* 26 Idem

* 27 Propos recueillis lors d'un entretien avec le curé de la paroisse de Douvangar.

* 28 Propos recueillis lors d'un entretien avec le techniciens PLID du site Wazzang-Kalliao.

* 29 Lieu de consommation de la bière locale ou gargotes artisanales.

* 30 Propos recueillis lors de l'entretien avec les membres du GIC Meherey-Mbaga (GIC des femmes) à Ouro-kessoum, le 17 mai 2011.

* 31 Affirmation d'un participant lors de l'entretien de groupes dans le village Houdouvou, le 19 mai 2010.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984