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La libéralisation des prix au Cameroun

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par Pierre Désiré EFFA MESSI
Université de Yaoundé II -  Diplôme d'Etudes Approfondies de droit public  2008
  

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CONCLUSION PARTIELLE

Ainsi donc, consacré tant dans le cadre juridique interne qu'externe, la déréglementation des prix au Cameroun, la forme d'une ouverture à la prise en compte considérable des règles du marché ; consécutives au vaste mouvement de désengagement de l'Etat. Ceci favorise naturellement une plus significative action des acteurs du marché dans la détermination des prix, sur la seule base des lois de l'offre et de la demande. Cet état des choses expose cependant lesdits acteurs à une insécurité juridique permanente du fait des insuffisances et de la nature imprévisible des fluctuations du marché de même que de l'instrumentalisation nocive des principes libéraux affirmés. La déréglementation des prix se révèle être à cet égard, un facteur permissif de la concurrence déloyale, un mécanisme incitatif de spéculation sauvage. La concurrence déloyale n'étant possible et même nuisible que par les prix, la liberté des prix mal comprise et mal exercée peut conduire à des résultats éloignés de ses finalités ou de son objet.

Le contenu de la déréglementation, ainsi dégagé après son affirmation, révèle son caractère transitoire, mais surtout incomplet. Ses inconvénients, ou du moins ses corollaires, sont de nature à fonder - fort paradoxalement - les bases d'un besoin vital, de la présence étatique en matière de prix. Une présence aux contours cependant redéfinis en vue d'une adaptation de l'Etat aux exigences de la déréglementation, une présence qui s'incarne aujourd'hui sous la forme de la régulation des prix.

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SECONDE PARTIE

LA REGULATION DES PRIX.

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La déréglementation est définie par Gérard CORNU comme l'action de régler un phénomène évolutif en général, et plus spécifiquement comme une action économique, mi-directive, mi-corrective, d'orientation, d'adaptation et de contrôle exercée sur les autorités par un marché donné qui, en corrélation avec le caractère mouvant, divers et complexe de l'ensemble des activités dont l'équilibre est en cause, se caractérise par sa finalité, la flexibilité de ses mécanismes et sa position à la jointure de l'économie et du droit161. Elle apparaît comme l'expression de la transformation de l'ordre public camerounais, marque explicite de l'avènement de l'Etat régulateur ayant conduit à la consécration d'un ordre public régulatoire162 caractérisé par le passage de la réglementation des prix à l'avènement de la régulation des prix163, un véritable défi du droit164.

La régulation entretient les rapports connexes voir complexes avec la réglementation et se confond parfois avec elle lorsqu'elle en fait un instrument165. Ainsi, la régulation n'équivaut pas à un retour à l'interventionnisme, mais simplement à un procédé de transformation de cet interventionnisme. L'Etat n'a en fait pas l'intention de se retirer de l'activité économique. La régulation apparaît alors comme un point de rencontre entre l'idéologie libérale, le néolibéralisme, voire l'ultralibéralisme et les idéaux de l'interventionnisme keynésien. Elle est la résultante consciente d'une approche participative et synergique d'organes et d'actions, autant contradictoires que complémentaires rendus nécessaires après le processus d'ouverture opéré par la déréglementation des prix. Remise en

cause de la réglementation, aspect, et corollaire de la déréglementation des prix, la
régulation constitue une technique d'encadrement des prix procédant d'un souci non seulement d'adapter la réglementation aux réalités et exigences sociales mais aussi de favoriser la prise en compte de toutes les acteurs du marché dans l'encadrement des prix. Elle

161 CORNU (G) Op. cit p. 778

162 MOHAMED MAHMOUD MOHAMED SALAH, « Les transformations de l'ordre public, économique vers un ordre public régulatoire ? », philosophie du droit et droit économique, mélanges FARJAT, frison-roche, PRINCIPE 261-289

163 COHEN (E), « De la réglementation à la régulation : histoire d'un concept », problèmes économiques `l'Etat régulateur 'N°2.85. sept. 2000, PP1-4

164 Le mouvement régulatoire né aux Etats-Unis d'Amérique du Nord et amplifié en Grande Bretagne au siècle dernier a imposé la régulation comme forme privilégié moderne et contemporaine d'encadrement de la société. Elle est l'objet d'étude de tout un courant économique élaborant dans le cadre de la science économique toute une théorie de la régulation sans cesse renouvelée dont le contenue est différent de la régulation telle qu'est appréhendée dans les facultés de droit. Elle apparaît en effet comme un véritable défi du droit.

165 Les deux notions ont en effet des relations étroites. Elles se départissent pourtant. Alors que la régulation constitue un mode de gestion souple dévolu à des personnes plus ou moins indépendantes du pouvoir politique et du milieu sur lequel elles exercent leur contrôle. La réglementation elle, relève du privilège exclusive et souverain de l'Etat et se caractérise principalement par sa rigidité.

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préconise ainsi le paradigme du réseau166 au détriment de celui de la hiérarchique. Au lieu de s'interroger sur le point de savoir si la régulation irrigue le Droit économique camerounais, il serait plutôt pertinent de rechercher les justifications (Chapitre I) qui sous tendent cette technique d'encadrement des prix, afin de mieux en appréhender les manifestations dans l'ordre juridique (Chapitre II).

166 Le paradigme du réseau est d'une importance capitale dans la logique régulatoire. Il reconnaît certes l'exclusivité de l'Etat en tant que générateur du droit, mais admet des limites quant à l'exclusivité étatique de l'interprétation de ce droit et même de son exécution. L'Etat ne peut ni tout faire, ni faire seul. Dans cet environnement tous azimuts de libéralisation des échanges. Cette dynamique entraîne un changement de moyens visant une adaptation au changement d'objectif et se caractérise par l'ouverture voire l'intégration de toutes les autres forces sociales dans le processus d'encadrement juridique tout en reconnaissant la place de chef d'orchestre à l'Etat. La régulation apparaît donc comme un moyen de gouvernance économique caractérisé par l'ouverture, la flexibilité, la « soft law », la pluralité, l'orientation, la coordination, et même la juridictionnalisation. Tout ce mouvement au détriment de l'autorité, de l'ordre, de la rigidité, de l'intangibilité, de l'unilatéralité, du commandement qui résume la réglementation.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry