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Le financement bancaire des femmes entrepreneures

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par Ondine LEFEBVRE
ESDES - Master 2 2012
  

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Conclusion

Comme de nombreux économistes l'affirment, et comme notre étude le confirme, le financement initial à la création d'une entreprise est indispensable pour assurer la performance future et la longévité d'une entreprise. Notre étude porte principalement sur le financement bancaire qui représente une partie très importante du financement global de la création d'entreprise. Nous savons que les femmes subissent un sous-financement par rapport à leurs homologues masculins et se voient accorder des prêts au montant moins importants et aux taux plus contraignants. Le faible montant investi par les femmes limite l'accumulation de capital social, culturel, humain et financier, et mettent donc des limites à la capacité des femmes à amasser des économies suffisantes pour que leur entreprise soit pérenne et performante. Carter et al. (2001) résument ce processus comme une sous-capitalisation chronique qui mène à long terme à une sous-performance. Bien que les banquiers affirment suivre des critères bien précis pour la sélection des entreprises qu'ils acceptent de financer ou non, nous pouvions nous demander si les femmes ne subissent pas de discrimination au vue de ces grandes différences de financement entre hommes et femmes entrepreneures.

Nous avons pu lors de notre étude, mieux identifier ces différents critères de choix d'entreprises sur lesquelles les banquiers se reposent pour décider de financer ou non un projet de création d'entreprise. Nous avons remarqué que certains étaient même plus importants que d'autre, notamment le partage du risque ou l'implication de l'entrepreneur. La mise en parallèle de ces critères avec les financements reçus par les femmes entrepreneures, nous ont permis d'observer qu'effectivement, les femmes répondant à ces critères reçoivent un financement supérieures à celles qui n'ont pas toutes les caractéristiques attendues par les banquiers. A ce titre, nous pouvons soutenir que les femmes, en majorité, ne subissent pas de discriminations de la part des banquiers. Nous ne remettons pas en cause que certaines formes de discriminations existent envers les femmes de la part de certains banquiers, mais nous pouvons affirmer que les critères de choix des banquiers sont bien respectés pour le financement des femmes entrepreneures.

Cette constatation nous poussent à ratifier la thèse de certains économistes, selon laquelle les femmes ne sont pas discriminées de la part des banquiers, mais que ce sont bien elles qui ne répondent pas aux critères de sélection des banquiers. Des études citées en premières

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parties, nous expliquaient que les hommes détiennent plus de caractéristiques adaptées à l'entrepreneuriat, notamment la compétitivité ou le goût du challenge. Cependant, notre étude nous a montré que les banquiers ne portent pas une grande importance à ces éléments et que ce ne sont donc pas ceux-ci qui peuvent expliquer le sous-financement des femmes entrepreneures. Les banquiers sont beaucoup regardants sur le projet en lui-même, les compétences de l'entrepreneur et la cohérence de ces deux éléments que sur les traits de caractères de l'entrepreneur. Nous avons donc dans notre étude cherché à déterminer les caractéristiques des femmes qui sont en écarts avec les attentes des banquiers.

Plusieurs éléments semblent en décalage avec ce que les banquiers recherchent pour financer une entreprise sans difficulté. Tout d'abord, le type d'entreprise que les femmes créent en majorité ne correspond pas aux critères des banquiers. En effet, les banquiers cherchent à limiter le risques au maximum et acceptent donc d'avantage de financer des reprises d'entreprises plutôt que des créations, pour lesquelles ils ont accès à des résultats et à des faits qui leur donnent une idée du potentiel de l'entreprise, et qui les aident dans leur décision. Les femmes se tournent en majorité vers la création d'entreprises, ce qui présente un premier obstacle à l'accès au financement bancaire.

Les femmes sont également une majorité à créer des entreprises dans le secteur des services, alors que les banquiers énoncent que le secteur des services est le moins évident à financer. Leurs homologues masculins sont eux plus nombreux à créer des industries, secteur qui est davantage recherché par les banquiers.

Un élément qui semble très important dans l'octroi d'un prêt par les banquiers spécialisés en entreprises, est l'implication du porteur de projet. On voit bien que les femmes sont relativement impliquées dans leur entreprise, notamment par le temps qu'elles y consacrent. Cependant, elles sont très nombreuses à devoir consacrer du temps au soin de leurs proches/famille, élément qui impacte grandement leur implication dans l'entreprise et qui peut donc créer un frein pour l'obtention d'un prêt. De plus, le taux de femmes qui travaillent à domicile est très élevé (plus d'un tiers). Comme nous l'expliquent certaines études, cet élément est une caractéristique des femmes entrepreneures et s'explique par la volonté des femmes de faciliter la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Cependant, c'est aussi une démarche qui peut être perçue comme un manque d'implication de la part des banquiers, ce qui explique qu'elles soient moins financées que celles qui

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travaillent hors du domicile. Leurs homologues masculins sont certainement moins nombreux à connaître la contrainte de devoir accorder du temps pour le soin de leur famille, et ils sont donc moins nombreux à travailler à domicile, mais surtout, ils peuvent s'investir davantage dans le développement de leur entreprise.

Comme le défendent les féministes, ces caractéristiques propres aux femmes entrepreneures existent du fait des pratiques éducatives et des influences socioculturelles. Pour réduire les différences de financement, il faut donc donner aux femmes les mêmes chances de réponse aux critères des banquiers que les hommes. D'après les féministes, l'Etat peut augmenter leurs chances en rompant les barrières structurelles que rencontrent les femmes. On voit de plus en plus, des actions gouvernementales ayant pour but de réduire les inégalités d'accès à la création d'entreprise entre hommes et femmes, mais il y a encore beaucoup d'actions qui peuvent encore être effectuées.

Pour les aider, des outils existent maintenant,

Déjà, des réseaux, des programmes de formation ou des structures d'accompagnement existent, apportant une crédibilité et une dynamique entrepreneuriale aux femmes créatrices d'entreprises, et les aidant tout au long de leur processus de création d'entreprise à augmenter leur performance, et ainsi faciliter indirectement leur accès au financement. Aldrich considère que ces outils sont des leviers de réussite majeurs qu'il faut développer. Cependant, on remarque que les femmes ne sont qu'une faible majorité à y avoir eu recours. Surtout, seules les femmes qui ont un montant de financement faible y ont recours. Comme le disait Aldrich, les outils d'aides aux entrepreneures sont une clé pour pallier les différences de financement entre hommes et femmes, mais ils sont malheureusement mal utilisés par les femmes. Comme nous l'avons observé, ceci peut s'expliquer par une mauvaise information des femmes qui ne connaissent pas l'existence de ces outils et qui sont mal informées sur leur utilité.

On peut conclure de nos observation qu'un élément qui permettrait de réduire les inégalités de financement serait la démocratisation des caractéristiques propres aux femmes, encore trop synonymes de mauvaises performances pour les banquiers. Les entreprises des services sont en effet des entreprises qui sont moins fiancées par les banquiers, par manque d'expérience historique prouvant leur qualité et leurs possibilités de performances

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financières. Cependant, elles sont de plus en plus nombreuses et il existera bientôt des exemples de réussite brisant les doutes des banquiers quant à leur prédisposition à la réussite. Aussi, le travail à domicile est encore considéré comme un manque d'implication de l'entrepreneur pour les banquiers. Cependant, ces caractéristiques propres aux femmes se démocratisent peu à peu et on peut donc penser que d'ici quelques années, les difficultés des femmes à accéder à un financement égal à celui des hommes vont s'amenuiser.

D'ici là, les femmes ne doivent pas être perçues comme des victimes d'un système rigide avec peu ou pas de contrôle sur leur vie. En effet, certaines femmes ont démontré que toutes ces barrières ne sont pas insurmontables, et d'après Lister (2003) et Titterton (1992), elles peuvent tout à fait surmonter les barrières qu'elles rencontrent et prendre en main la réussite de leur entreprise. Aldrich propose différents conseils pour que les femmes aient plus facilement accès au financement de leur projet. Concilier vie professionnelle et obligations personnelles et familiales lui semble être une première cause de difficulté qu'il faut pallier. Les femmes doivent selon lui se donner les moyens de mener à bien leur projet en planifiant le travail domestique pour qu'il n'ampute pas les devoirs professionnels.

Il n'est cependant pas si évident pour les femmes de faire face à ces difficultés, surtout quand leur place dans l'économie est encore remise en cause.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard