II. RESTITUTION DES DONNEES DE LA
RECHERCHE
Il est question dans cette partie de rendre compte des
données recueillies au cours de nos recherches effectuées sur le
terrain. Ainsi, interprétation sera faite après restitution des
données dans des tableaux successifs.
En ce qui concerne les vendeurs, nous avons questionné
50 au total dont 30 femmes et 20 hommes.
Pour les consommateurs, 35 au total dont 25 hommes et 10
femmes.
Tableau V : Situation matrimoniale des
vendeurs
Statuts
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Pourcentage %
|
Célibataire
|
03
|
01
|
04
|
08
|
Marié
|
15
|
22
|
37
|
74
|
Divorcé
|
00
|
02
|
02
|
04
|
Veuf
|
02
|
05
|
07
|
14
|
Total
|
20
|
30
|
50
|
100
|
Source : Enquête de
terrain.
Tableau VI : Ancienneté des
vendeurs
Caractéristiques
Socio- démographiques
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Pourcentage %
|
Moins d'un an
|
00
|
01
|
01
|
02
|
[1-5[
|
02
|
05
|
07
|
14
|
[ 5-10[
|
02
|
04
|
06
|
12
|
[ 10-15[
|
05
|
04
|
09
|
18
|
[ 15-20[
|
08
|
10
|
18
|
36
|
[ 20-25[
|
01
|
05
|
06
|
12
|
25 et plus
|
02
|
01
|
03
|
06
|
Total
|
20
|
30
|
50
|
100
|
Source : Enquête de
terrain
Tableau VII : Niveau d'instruction des
vendeurs
Niveaux
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Pourcentage
|
Aucun
|
12
|
23
|
35
|
70
|
Primaire
|
05
|
03
|
08
|
16
|
Secondaire 1er cycle
|
01
|
02
|
03
|
06
|
Secondaire 2nd cycle
|
01
|
01
|
02
|
04
|
Non précisé
|
01
|
01
|
02
|
04
|
Total
|
20
|
30
|
50
|
100
|
Source : Enquête de
terrain.
Interprétation des données des tableaux
V, VI et VII :
Dans le but d'atteindre les objectifs de notre travail, nous
avons suivi des plans qui ont pour finalité d'élucider les
éléments et facteurs qui concourent à l'échec de
l'interdiction de la vente informelle de l'essence à Cotonou. Pour y
parvenir, nous avons cherché au cours des travaux de terrain à
connaître les catégories sociales qui s'adonnent à cette
activité. C'est ce que nous relate le tableau V ; à sa
lecture, il apparaît que sur les 50 vendeurs enquêtés, 37
soit 74% sont mariés. Nous tenons à parler des 07 vendeurs soit
14% veufs qui ont la charge et la responsabilité des enfants que le
conjoint ou la conjointe a laissés. Toutes ces couches jouissent des
fruits de la contrebande de l'essence « kpayo » depuis
des années. D'où l'utilité du tableau VI qui nous
renseigne sur l'ancienneté des vendeurs d'essence issue de l'informel.
Ainsi, la plupart exerce depuis plus de 15 ans 18 au total soit 36%. Nous
n'allons pas oublier les 09 personnes soit 18% qui confient maîtriser les
rouages du secteur informel de la vente du « kpayo »
depuis plus de 10 ans. Au vu des stratégies et méthodes
adoptées par les acteurs, on se pose la question de savoir en fait quel
est leur niveau d'instruction ? On se rend compte à la suite du tableau
VII qu'il s'agit là d'une population n'ayant aucun niveau d'instruction,
35 soit 70% sur 50. Seul 6% ont pu obtenir leur Certificat
d'Etude Primaire (CEP) et 4% le Brevet d'Etude du Premier Cycle (BEPC).
Voilà ainsi peint la situation socio-démographique des vendeurs
d'essence du secteur informel de Cotonou après nos enquêtes de
terrain.
Les différents acteurs qui pratiquent la vente illicite
de l'essence y sont motivés à des degrés divers. A ce
titre, nous avons cherché à connaître les raisons qui
amènent vendeurs et consommateurs à entretenir ce commerce
malgré son caractère illégal et dangereux.
Tableau VIII : Motivations personnelles
des vendeurs
Raisons
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Fréquence en %
|
Raisons économiques
|
14
|
26
|
40
|
77
|
Facilité d'installation
|
03
|
02
|
05
|
10
|
Facilité d'écoulement
|
02
|
02
|
04
|
08
|
Satisfaction des clients
|
01
|
01
|
02
|
04
|
Héritage
|
00
|
01
|
01
|
02
|
Total
|
20
|
32
|
52
|
101
|
Source : Enquête de
terrain
Note : Remarquons ici qu'on a observé un
total de 52 vendeurs au lieu de 50 parce qu'une femme nous a avancé la
raison économique et la facilité d'installation, une autre
évoque en plus la raison économique la facilité
d'écoulement du produit.
La situation socio-démographique des vendeurs confirme
leurs motivations à tel enseigne que 77% ont évoqué la
raison économique qui fonde et justifie l'exercice de ladite
activité malgré les risques que cela comporte. Ils en sont
conscients et convaincus mais que faire ?
Tableau IX : Motivations personnelles des
consommateurs
Raisons
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Fréquence en %
|
Moins cher
|
23
|
08
|
31
|
82
|
La disponibilité
|
02
|
02
|
04
|
10
|
Service rapide
|
01
|
01
|
02
|
05
|
Assurance des contenances
|
01
|
00
|
01
|
03
|
Suivisme
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Total
|
27
|
11
|
38
|
100
|
Source : Enquête de
terrain
Note : A la suite de ce tableau on constate
également qu'on a un total de 38 consommateurs au lieu de 35. Il y a un
homme qui a donné deux raisons à la seule question et une femme
de même.
On note que les consommateurs d'essence du secteur informel de
Cotonou fondent essentiellement leurs motivations sur des raisons purement
économiques puisque 82% préfèrent
du « kpayo » parce qu'elle est à la bourse de
tous, 10% fonde leur fidélité à ce commerce parce qu'il en
existe un peu partout dans la ville, ils sont là au moment des pannes.
Mais ils réfutent catégoriquement et systématiquement le
côté suivisme. Ils savent également que l'essence
« kpayo » crée des dommages à leurs moteurs
mais préfèrent faire des économies en la consommant.
Tableau X : les raisons de la
persistance
Raisons
|
Effectifs
|
Fréquences en %
|
Absence d'activités
|
28
|
56
|
Facilité d'accès
|
10
|
20
|
Fidélité des clients
|
05
|
10
|
Manque de capitaux
|
03
|
06
|
Implication politique
|
03
|
06
|
Sans réponse
|
01
|
02
|
Total
|
50
|
100
|
Source : Enquête de
terrain
La situation socio-économique du Bénin et celle
de la ville de Cotonou en particulier trouvent son fondement à la
lecture du tableau ci-dessus. Vivre dans les centres urbains est un
véritable problème si l'acteur ne dispose pas un emploi fixe et
stable. Ce qui n'est toujours pas le cas puisque tout le monde veut rester dans
nos villes. La réalité est que 56% se trouve dans le secteur
informel de la vente de l'essence faute d'activités, d'emplois et
d'occupations formelles. L'Etat se trouvant dans l'impossibilité de
satisfaire tout ce monde est obligé de fermer les yeux sur
l'illégal malgré les pertes enregistrées. C'est donc un
secteur d'activité qui offre une facilité d'accès à
ceux qui s'y adonnent ; pour la vente illicite d'essence, ils sont 10
enquêtés soit 20% à confirmer cet état de chose.
Vu le nombre important d'acteurs impliqués dans ce
commerce, est-il nécessaire de l'interdire ? Qu'est-ce-qui justifierait
cette décision?
Tableau XI : Les raisons de l'interdiction
par les autorités
Raisons
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Fréquence en %
|
Pertes pour l'Etat et les
Stations
|
12
|
19
|
31
|
62
|
Incendie et Santé
|
01
|
04
|
05
|
10
|
Qualité douteuse
|
06
|
05
|
11
|
22
|
Aucune raison
|
01
|
02
|
03
|
06
|
Total
|
20
|
30
|
50
|
100
|
Source : Enquête de
terrain
Le tableau ci-dessus nous fait état de ceux à
qui ne profitent pas la vente de l'essence « kpayo ».
Ce sont les stations services et l'Etat, 62% l'affirme et le confirme. Les
premiers ont investi énormément de fonds dans l'installation des
stations mais ne bénéficient pas des fruits dudit investissement.
Le second par contre doit respecter ses engagements vis-à-vis des
responsables des stations services en protégeant le commerce et leurs
intérêts, mais aussi collecter des impôts et taxes à
l'installation comme quotidiennement. Ce qui malheureusement n'est pas le cas
du côté du secteur informel. Les autres variables du tableau
viennent parfois renforcer et rappeler le rôle de l'Etat. Les vendeurs
même reconnaissent que l'essence « kpayo » est
d'une qualité douteuse soit 22% et crée au passage selon 10% des
incendies et des problèmes de santé ; ils considèrent
que l'Etat n'a pas autres raisons d'interdire la vente dudit produit si ce
n'est pas parce qu'il ne perçoit pas d'impôts. Ils sont
mêmes prêts à payer les impôts si l'autorité le
leur impose. Certain ont confié que la municipalité collecte de
petites taxes journalières chez eux. Nous l'avons constaté
à Abomey-Calavi et à Cotonou spécifiquement dans les
quartiers Jéricho, Aïdjèdo et Tanto. La base de cette somme
est 100F CFA et varie selon la taille de l'étalage; la base d'imposition
est l'étalage. Approché, ces tickettiers nous ont confié
ceci «même s'ils vendent du « kpayo », il
ne faut pas oublier qu'ils sont très nombreux et que ces ressources
serviront à la municipalité pour construire par exemple des
écoles ; et dites vous qu'ils n'ont jamais refusé de payer
les taxes qui leurs sont imposées. Même la petite fille paie en
l'absence de sa mère.»
|