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Problématique de l'interdiction de la vente de carburant dans le secteur informel à  Cotonou au Bénin

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par Bruno MONTCHO
Université d'Abomey- Calavi au Bénin - Maà®trise 2009
  

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I- CADRE THEORIQUE

Les principales articulations de cette partie traitent successivement de la problématique, des hypothèses, des objectifs, de la clarification conceptuelle, de la justification du thème, du cadre d'étude et enfin de l'état de la question.

 

I.1°) PROBLEMATIQUE, HYPOTHESES, OBJECTIFS

Ø Problématique

Le développement d'une nation réside non seulement dans la disponibilité des ressources humaines de qualité, mais aussi des ressources naturelles. L'une des ressources naturelles les plus recherchées est le pétrole, un produit de première nécessité dans le monde entier. Une attention particulière lui est accordée. Cet état de chose est dû à l'utilité de ses dérivés dans plusieurs domaines tels que l'énergie, le transport pour ne citer que ceux-là. Il apparaît donc comme un enjeu stratégique, économique et politique. C'est d'ailleurs ce qui justifie les études exploratoires sur les côtes béninoises commanditées en 2006 par l'Etat béninois.

Notre pays le Bénin est consommateur-importateur du pétrole. Il en achète par l'intermédiaire des sociétés agréées sur le marché international et ceci à un prix relativement élevé.

La crise économique qui a durement frappé le Bénin dans les années 1980 a créé une nouvelle dynamique sociale. La loi de 1987 arrêtant les recrutements dans la Fonction Publique et les Programmes d'Ajustements Structurels (PAS) de 1989 ont conduit à la privatisation des entreprises d'Etat et au licenciement de milliers de travailleurs.

Ces différents éléments ont contribué à l'éclatement du tissu familial à Cotonou qui, auparavant, était plus unie et solidaire. Il faut désormais pour survivre, se battre rudement dans un environnement où la cherté de la vie et la satisfaction des cinq besoins fondamentaux sont devenues de véritables casse-tête chinois. Raymond BOUDON, « considère que l'individu n'agit pas dans le vide social mais qu'il est inséré dans un contexte social plus ou moins contraignant »6(*)

C'est partant de là que la vente illicite de l'essence aux abords des voies, vulgairement appelée « Kpayo »7(*), s'est installée à Cotonou et dans tout le Bénin.

Le « kpayo » provient du Nigeria, grand pays producteur-exportateur de pétrole (120.000.000 barils / jour) où l'essence coûte moins cher à la pompe. Les populations de Cotonou, désoeuvrées, vont exploiter la proximité de ce grand pays producteur du pétrole en Afrique et classé sixième au plan mondial8(*). Elles vont importer illégalement l'essence, suivant un circuit de redistribution propre à eux pour la céder à des prix relativement bas, comparés à ceux pratiqués dans les stations services agréées. Ce circuit est donc parallèle au circuit officiel alimenté par la Société Nationale de Commercialisation des produits Pétroliers (SONACOP) seule société ayant le monopôle depuis sa création le 04 décembre 1974 par l'ordonnance 74-70. Le secteur ne sera libéralisé que vingt et un (21) ans après, par décret n°95-139 du 03 juin 1995. La vente illicite de l'essence est devenue très inquiétante non seulement pour les sociétés agréées, mais aussi pour l'Etat qui selon les économistes et fiscalistes fait perdre au Trésor Public près de 20 milliards de francs CFA en moyenne par an9(*). Les stations services installées à Cotonou et ses environs n'arrivent pas à satisfaire les nombreuses demandes des consommateurs qui doivent veiller dans les stations services pour se procurer du carburant et ceci à un prix très élevé.

Face à cette situation, les consommateurs n'ont d'autres issues que de se tourner vers les vendeurs d'essence « Kpayo » installés aux bords des voies publiques de la ville. Ils offrent quotidiennement une trilogie formidable qui favorise et encourage les consommateurs à venir toujours vers eux, même si au passage le prix connaît une légère hausse, c'est: bon prix-proximité-rapidité; des qualités qu'on ne retrouve pas dans les stations services agréées.

Depuis l'apparition de la vente informelle du carburant, les acteurs à divers niveaux sont exposés à d'énormes risques d'insécurité aussi bien dans son importation, sa commercialisation que dans sa consommation. Nous pouvons citer entre autres les drames de Porga, d'Akpakpa à Cotonou et de Cachi à Porto-Novo, etc., qui ont eu tous lieu en 2007, celui du 27 mai 2008 survenu au stade de l'amitié de Cotonou et plus récemment celui de Fidjrossè (Cotonou) faisant quatre personnes brûlées le 12 janvier 2009. Il y a aussi la pollution de l'environnement de Cotonou qui, selon les autorités compétentes, est largement imputée à ce commerce. Mais, compte tenu du rôle important et des problèmes vitaux que règle ce commerce illicite, les différents acteurs pensent d'abord à la satisfaction de leurs besoins, de ceux de leurs familles et alliées qui sont à leur charge. Ces vendeurs d'essence « kpayo » «...faisant référence à la notion de survie, légitiment leurs activités en fonction d'un droit ``informel '' celui de la débrouille. Dès lors, les sentiments de révolte, d'impuissance et de désarroi se mêlent pour vilipender la répression fondée sur des lois considérées comme injustes. »10(*)

En conséquence, toutes les actions que l'Etat béninois a engagées pour interdire la vente du « kpayo » ont rencontré jusqu'ici une résistance très forte et crée une nouvelle expansion du commerce. Ce qui vient confirmer les propos du Directeur Général du Bureau International du Travail (BIT) dans le rapport de la 78e Session de la conférence internationale du travail intitulé le dilemme du secteur non structuré:

« Les acteurs politiques ont tendance à considérer les activités du secteur informel comme répréhensives, à harceler et à pénaliser ceux qui s'y livrent. Pourtant, malgré son éparpillement, sa précarité, le secteur non structuré n'est pas sans maintenir certains liens avec le secteur moderne. Ainsi, il dessert nombre de marchés que celui-ci ne peut atteindre en raison de sa rigidité ou de ses coûts trop élevés. En plus, les travailleurs du secteur formel sont ses clients »11(*)

Au regard de tout cela, il apparaît important de mener une étude empirique afin de diagnostiquer les facteurs qui militent en défaveur de l'interdiction du commerce illicite de carburant au Bénin. La réponse à la question suivante nous permettra de baliser le champ de l'étude et de cerner les raisons de la persistance, voire de la prospérité du commerce illicite de l'essence : qu'est ce qui explique la persistance de la vente illicite de l'essence malgré toutes les actions engagées par l'Etat pour y mettre fin ?

Pour y parvenir, nous avons posé des hypothèses et fixé des objectifs dont la substance est la suivante.

Ø Hypothèses

La formulation des hypothèses nous amène à envisager que:

v Le différentiel des prix de vente pratiqués entre le formel et l'informel favorise la commercialisation de l'essence « kpayo ».

v Le chômage et le faible pouvoir d'achat des populations expliquent la vente de l'essence « kpayo ».

v La persistance de la vente illicite de l'essence « kpayo » s'explique par l'inexistence d'un cadre de reconversion efficace des acteurs commerciaux.

Ø Objectifs

Les objectifs sont de deux ordres à savoir l'objectif général et les objectifs spécifiques.

S'agissant de l'objectif général, il vise à analyser les problèmes sociaux, économiques et politiques liés à l'interdiction de la vente illicite de carburants à Cotonou.

Quant aux objectifs spécifiques, il s'agit de:

· Analyser les disparités de prix entre les marchés formel et

informel de l'essence.

· Etudier les liens entre le chômage, le faible pouvoir d'achat et

la vente de l'essence « kpayo ».

· Etudier les relations entre la persistance de la vente de

l'essence « kpayo » et la non reconversion des acteurs dans

d'autres activités économiquement rentables.

* 6 Dictionnaire de sociologie, les notions, les mécanismes, les auteurs, 2ème édition, Hatier, p35

* 7 Nom de la langue locale Goun donné à l'essence informelle vendue en dehors des stations, de qualité douteuse et non original.

* 8 Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole

* 9 IGUE J. O. et SOULE B. G. 1992, L'Etat-entrepôt au Bénin commerce informel ou solution à la crise ?, Paris, Karthala, 21O pages.

* 10 Deyssi Rodriguez-Torres, opp cit, p55

* 11 Bureau International duTravail, Le dileme du secteur non structuré, Genève, p7

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault