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Les soignants et leur téléphone portable à  l'hôpital

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par Frédéric GRIPON
Université de Caen Basse- Normandie - Master 1 des sciences de l'éducation option éducation, mutations, formation 2012
  

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2.3.2 - Smartphone et téléphone portable, des usages distincts

A l'instar de ce que nous avons pu développer dans notre cadre conceptuel, les utilisateurs de Smartphone témoignent très bien d'une différence d'usage du portable par les mobinautes vis-à-vis de leurs collègues équipés de téléphones basiques. Par exemple Samia explique :

« J'ai des collègues qui l'utilisent juste pour téléphoner, donc vraiment très peu. » - « Et eux, ils ont quel type d'appareil ? »

« Des téléphones très simples, heu... Des téléphones quoi ! (rires) Et puis il y a ceux qui ont un Smartphone genre BlackBerry , Iphone, Samsung ou autre et là effectivement tout le monde échange et regarde les mêmes choses. Euh, les réseaux sociaux, youtube heu. »

Chloé donne la même explication au fait que d'autres soignants n'ont pas la même utilisation qu'elle de leur appareil mobile :

« Dans l'équipe personne n'a d'IPhone, enfin si il y a X (un autre JADE) qui l'utilise comme moi et lui il est à fond applications, il a plein de truc aussi lui [...] Je pense surtout que c'est parce qu'ils n'ont pas de Smartphone, c'est juste un téléphone. »

Il nous semble donc que la fréquence d'utilisation et de manipulation soit avant tout en lien avec les capacités offertes par l'appareil. L'intégration de ses fonctionnalités par l'usager en font bien plus qu'un téléphone dont la fonction voix n'est plus qu'une infime partie de l'usage. Le terme « d'ordiphone » développé dans notre cadre conceptuel prend alors tout son sens : bien plus qu'un téléphone, c'est un véritable outil multimédia qui est entré à l'hôpital et modifie considérablement l'espace-temps au travail. C'est encore Chloé qui exprime le plus clairement cette révolution quand nous lui demandons quel avantage elle trouve à avoir son téléphone mobile au travail, elle nous répond :

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« Ce sont les applications, la possibilité d'être ouverte sur le monde alors que t'es dans ta salle avec ton patient, vous voyez quoi, pour moi c'est ça l'avantage surtout. ».

Etre connecté, partout, tout le temps avec le monde est une évolution technologique et sociétale devenue toute naturelle pour ces utilisateurs. Le lieu de travail semble n'être devenu qu'un espace comme un autre pour exploiter cette capacité à s'extraire d'une présence physique vers un ailleurs ludique, utile ou social durant les "temps faibles" de l'activité de soin.

Le téléphone portable dans ces usages fait écho à l'analyse de F. Jauréguiberry sur la densification du temps et l'optimisation des temps morts de la vie. En 1996 L'auteur écrivait ainsi : « Le temps physique "doublé" est en général vacant, interstitiel ou "mal utilisé" selon une logique rentabiliste. Il s'agit par exemple du temps contraint des trajets physiques durant lesquels "on est bloqué à ne rien faire", de celui des attentes dues à une affluence, à un retard ou à un contrordre, mais aussi de celui qui s'avère non conforme, en utilité ou en intensité, à ce que l'on avait projeté. Le téléphone portatif permet de s'extraire de ces temps contraints, « presque morts ». Ou, plus exactement, il offre la possibilité de leur superposer un second temps médiatique, plus utile et donc rentable, sans pour autant "assassiner" totalement (pour rester dans la métaphore) les premiers [...] Il ne s'agit donc plus simplement de remplacer une occupation par une autre ou d'accélérer leur succession, mais de les superposer simultanément155. » Ainsi durant le travail, temps contraint par excellence, les soignants peuvent remplir les "vides" d'activité par l'intermédiaire de leurs Smartphone en lien avec leur vie privée, comme le raconte Chloé :

« Des fois comme hier par exemple je pars à Malte samedi matin, je regardais mon trajet pour aller jusqu'à l'aéroport enfin, de St Lazare à Orly quoi, bon voilà je regardais mon truc, tu regardes ton scope, hop tout va bien, tu te lèves, tu fais le tour du champ [...] »

Tout en surveillant l'anesthésie d'un patient, cette infirmière anesthésiste profite d'un temps « calme » de son activité pour repérer sur son ordiphone le trajet routier de son prochain week-end. Nous verrons plus loin les répercussions identifiées sur la sécurité

155 Jauréguiberry F. , « Les téléphones portables, outils du dédoublement et de la densification du temps : un diagnostic confirmé », tic&société, Vol. 1, n°1, 2007, pp. 82-83.

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des soins, mais dans ce chapitre nous souhaitions que cette illustration par le propos nous éclaire sur ces superpositions des temps physiques et la densification des moments de la vie que permettent les Smartphone durant l'activité de travail.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus