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La transgression des lois du mariage dans " le fils d'Agatha Moudio " de Francis Bebey

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par Arnaud Tcheutou
Université de Douala - Cameroun - Maitrise 2007
  

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I.2- Le scandale du téméraire.

Cette démarche commence par la duperie. Pour apaiser la colère de sa mère, Mbenda lui fait croire que ce n'est pas lui qui a invité Agatha chez lui et qu'il n'était même pas informé de son arrivée:

« Je pris des précautions pour expliquer à Maa Médi, doucement, qu'Agatha était venue chez moi sans me prévenir, et surtout qu'il n'eût jamais été entendu entre elle et moi qu'elle viendrait me voir.- D'ailleurs, tu as bien vu, dis-je à ma mère : de peur

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d'être surprise par toi ou par quelqu'un d'autre, tu as bien vu comme elle s'est ingéniée à faire pleuvoir » (FAM, 50-51).

La redondance de « Tu as bien vu », (deux occurrences), dans ce discours vise à convaincre l'interlocutrice et l'amener à admettre la « véracité » de ces déclarations.

L'amant d'Agatha profite de cette duperie pour continuer d'entretenir sournoisement une vie amoureuse avec elle. L'aventure tourne au vinaigre quand cette dernière apprend que les parents de son partenaire sont en pleines négociations pour le mariage de leur fils avec une autre fille. Sa colère est compréhensible dans la mesure où son concubin lui a fait croire qu'il l'épouserait :

« Pour Agatha, ce temps pendant lequel je ne la voyais plus était trop long. Naturellement, le bruit des démarches que nous faisions en vue de mon mariage avait couru jusqu'à elle [...]. Un après-midi, elle arriva chez moi comme l'ouragan, et me sortit tout ce qu'elle avait d'amer contre moi. Et je manquais de loyauté, parce que je lui avais donné l'espoir que je l'épouserais, et que pendant ce temps, j'allais prendre une autre femme » (FAM, 92-93).

La déception de celle-ci l'emmène à tout détruire chez son prétendu prétendant avant de s'en aller : « et Agatha ne repartit chez elle qu'après avoir cassé sous mes yeux, les trois verres et les cinq assiettes en porcelaine constituant le grand complet de ma vaisselle de célibataire » (FAM, 93). L'objectif visé quand nous décrivons cette scène c'est de rendre compte du caractère distrait et sournois de la relation de Mbenda avec Agatha. Jusqu'ici, les deux vivent dans une discrétion. Le voeu du fils de Maa Médi après le désastre de sa conjointe l'approuve :

« Je ne voulais pas que Maa Médi, en rentrant de sa plantation le soir, mourut d'une crise cardiaque en apprenant que cette fille de mauvaise vie était venue allumer une bagarre scandaleuse chez moi, en plein jour, ce qui aurait signifié pour ma mère, que ces derniers temps encore j'avais donné à Agatha le sentiment que je l'épouserais » (FAM, 93).

Le mensonge, comme le dit le proverbe duala, « a les jambes trop courtes »26. Il finit toujours par être dévoilé. Le secret des amoureux est divulgué quand Mbenda manque publiquement de respect à sa mère. La grande gueule d'Agatha vis-à-vis de Dooh et les siens qui sont surpris de la voir dans la voiture d'un Blanc, se termine par cette

26-Ebélé, Wei, Op. Cit., P. 226.

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interrogation : « Etes-vous contents à présent ? ». Mbenda qui se trouve sur les lieux, ne cache pas sa jalousie après cette réaction :

« Non, moi, je n'étais pas content. J'avais vu Agatha la veille au soir, et elle ne m'avait pas dit qu'elle irait le lendemain matin à la ville, et je la trouvais-là, dans une belle auto bleue, et elle avait le toupet d'avouer à tout le monde, d'elle-même, qu'elle allait chez le propriétaire de la voiture... » (FAM, 150).

La jalousie ayant ceci de particulier qu'elle finit toujours par pousser la victime à la colère, le concubin réagit pour empêcher sa compagne de s'en aller : « Agatha, [cria t-il], tu ne vas pas y aller...Je te défends d'y aller » (FAM, 150). Maa Médi qui est dans les parages, ne laisse pas le temps à la fille qui « s'apprêta à dire quelque chose » (FAM, 150), de placer un mot. Elle intervient :

« Fils, mon enfant, de quoi te mêles-tu ? Laisse donc partir cette fille perdue, dans sa voiture. Qu'elle aille où elle veut, qu'est-ce que cela peut bien te faire ? Ce n'est pas ta femme, et tu ne dois pas te salir à lui adresser la parole... » (FAM, 150).

Ce discours montre bien que la mère ignore la relation des amoureux. La réaction de son fils après son intervention révèle tout. Elle est virulente et méprisante. Sur un ton menaçant, il rabroue sa mère, révélant ainsi au grand jour toute l'intimité qui le lie à Agatha : « C'en est assez, mère [dit-il] dans un ton de colère grandissante. Je te dis que c'en est assez. Dans ce village vous insultez tous cette fille ; elle n'est pas... » (FAM, 151). Malgré tout, la tendresse et le sens maternel de la mère ne faiblissent pas. Elle s'évertue autant que faire se peut de dissuader son fils. Mais en vain ; d'où sa désolation et sa mélancolie :

« Maa Médi essaya encore de me contenir, ce fut en vain. Alors, elle s'en alla en pleurant, disant que le ciel l'avait injustement punie en lui donnant l'horrible fils que j'étais, un fils qui ne lui épargnait même pas la honte d'être désobéie devant la foule » (FAM, 151).

Mbenda continue de s'opposer au départ d'Agatha pour la ville. Il menace de briser la voiture au cas où Dooh continue à la faire sortir de la boue : « Dooh, Dooh, arrête de pousser cette voiture, sinon je vais la mettre en morceaux » (FAM, 154). La partie se termine quand le roi Salomon intervient : « calmes-toi fils, sinon je vais te donner une correction exemplaire devant tout le monde » (FAM, 152). L'influence de ce personnage dans tout le village oblige l'insolent à se recroqueviller et à retourner chez lui fort déprimé.

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Rendu à son domicile, il trouve une oreille attentive, son épouse Fanny, qui compatit à sa déculottée. Elle lui propose même d'épouser Agatha en secondes noces si tant est qu'il l'aime : « Si tu l'aimes, pourquoi donc ne pas l'épouser ? » (FAM, 152). Mbenda saisit cette proposition comme une bouffée d'oxygène et s'empresse de rétorquer : « Ce n'est pas que je n'y pense pas, lui [répond- t-il], avec la même simplicité, mais c'est ma mère qui ne veut pas la voir. Si tu pouvais convaincre Maa Médi... » (FAM, 152). Grâce au soutien de Fanny, Mbenda essaie de persuader sa mère pour qu'elle lui pardonne son insolence et surtout pour qu'elle lui permette d'épouser Agatha. Malgré le statu quo de Maa Médi, il s'entête et s'engage contre toute attente à vivre maritalement avec son amante.

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