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Impact du contrôle interne sur la viabilité des institutions de micro finance: cas du PADME- Bénin ( Promotion et Appui au Développement des Micro-Entreprises )

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par Germaine Adzo Mawuto SANTOS
Institut CERCO Bénin - Master finance comptabilité audit 2013
  

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II.2.2.2 Travaux antérieurs

II.2.2.2.1 Point de connaissance par rapport à la dégradation croissante de performance financière

II.2.2.2.1.1 Viabilité financière et taux

Il existe globalement trois écoles qui s'accordent difficilement sur les niveaux des taux d'intérêt applicables en micro finance. La première école constituée en particulier des ONG du nord et leur partenaire du sud défend :le principe que les pauvres ne peuvent pas payer des taux d'intérêt au prix du marché , et qu'en conséquence , il faut prêter à taux d'intérêt très bas ( de 1 à 3% quelque soit l'inflation) un tel modèle ne peut fonctionner qu'avec l'aide extérieure .La deuxième école est celles des mutuelles et des caisses d'épargne et de crédit qui adoptent des taux d'intérêt légèrement en dessous de ceux des banques commerciales .Elles le peuvent car, elles rétribuent peu ou pas du tout l'épargne collectée, ou alors bénéficient de ligne de crédit subventionné ou de l'aide internationale .Enfin , la troisième école est celle des organisations qui veulent gérer les micros crédits en parvenant à couvrir les taux effectifs pour atteindre l'autosuffisance financière et pérenniser leurs actions car le plus important pour elles est de sortir les pauvres de l'exclusion bancaire même s'ils doivent supporter des coûts élevés en matière d'intérêt .C'est dans cette même veine que Morduch (2000) fait remarquer que le niveau élevé des taux d'intérêt est dû au fait que la demande de crédit n'est pas élastique pour des populations jusqu'à présent rationnées.

En effet, il ne faut pas confondre jugement moral et économique car pour ouvrir le crédit à un grand nombre d'acteurs, il faut suivre une logique financière. Donc couvrir ses coûts et fixer le

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niveau des taux pour y parvenir .Et comme le montant des prêts reste faible et leur durée courte ,cela ne pose pas de problèmes aux micro-entrepreneurs .Ceci est encore plus vrai dans les pays en développement ou le micro crédit permet d'échapper aux usuriers qui eux, imposent des taux insupportables de 100 à 400%.C'est cette logique financière qui entraîne l'application de taux d'intérêt élevés , adoptés par un certain nombre d'IMF à travers le monde .A cet égard , Acclassato (2006) rapporte qu'en Afrique de l'Ouest, les IMF viables financièrement ont eu à appliquer des taux d'intérêt de l'ordre de 84% et qu'en Indonésie ,la Bri Unit Desa a des taux compris entres 35% à 60%.C'est dans cette même veine ,qu'en Bolivie ,Banco Sol Corposol a eu à appliquer un taux d'effectifs de 52% pour un rendement réel de 4,9% sur le total de son actif (CGAP (1995)) .En effet, contrairement aux banques commerciales, la structure de rémunération des crédits octroyés dans les IMF doit comprendre : le taux d'intérêt qui est le loyer de l'argent, la commission de formation, la commission de suivi-conseil et la commission de recouvrement .D'après le CGAP(2004), l'ensemble de ces éléments justifie les niveaux de taux d'intérêt généralement plus élevé que ces ceux du secteur bancaire, mais en dessous des taux prêteurs informels comme les usuriers. Ainsi, pour atteindre la viabilité financière, les IMF sont obligées d'appliquer des taux d'intérêt élevés mais non exorbitants. Ceci est conforté par Cull, Kunt, Kunt et Morduch (2007) qui montrent que pour les IMF qui octroient des prêts individuels, lorsque les taux d'intérêt appliqués dépassent le seuil de 60% les IMF ne sont plus rentables car cela s'accompagne d'une baisse de la demande de crédit. Par ailleurs, les IMF qui appliquent les taux d'intérêt les plus élevés sont celles qui sont les plus performantes, les plus efficaces et les plus viables financièrement. Ceci est conforté par des études empiriques (Robinson(1996) et Conning (1999)) qui montrent que seules les IMF qui gênèrent des profits sont capables d'accumuler des fonds propres-ce qui est une source de financement pour assurer leur pérennité afin d'augmenter leur portée auprès des pauvres .A mesure qu'augmentent les fonds propres des IMF, elles peuvent aussi augmenter leur capacité de financement ,que ce soit au moyen de l'endettement ou en acceptant des dépôts plus importants de la part de leurs clientèles, ceci entraîne une nouvelle progression de la portée de leur action , avec comme conséquence la viabilité financière. Il s'ensuit que pour atteindre la viabilité financière l'IMF, doit fixer des taux d'intérêts suffisamment élevés pour couvrir ses charges car un taux d'intérêt trop faible la condamnerait au déficit. Par contre, un taux d'intérêt inutilement élevé pénaliserait ses clients, qu'elle pourrait perdre, ce qui pourrait remettre en cause sa mission sociale.

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II.2.2.2.1.2 Viabilité financière et qualité du portefeuille de crédit

Les micro-entreprises, principaux clients des IMF ne fournissent ni garanties matérielles, ni informations financières et comptables fiables aux IMF. Ainsi, la discrimination entre les micro-entrepreneurs sans tomber dans un mécanisme d'anti-sélection et la mise en place de contraintes très fortes au remboursement, sont des problèmes cruciaux auxquels les IMF doivent faire face pour atteindre la viabilité financière .Par conséquent les IMF doivent inventer des mécanismes d'incitation spécifiques pour distinguer les bons micro-entrepreneurs des mauvais. Un des mécanismes est le prêt séquentiel (Chowdhury, (2007)).

En effet, l'espoir d'obtenir au cours des périodes subséquentes de nouveaux crédits, pour soutenir la croissance de sa micro-entreprise, et donc part ricochet à l'amélioration de son bien-être social, est un mécanisme qui permet non seulement de séparer les micros entrepreneurs aux possibilités de remboursement douteux des bons mais aussi de l'amélioration du portefeuille à risque

Ce mécanisme de discrimination des micros -entrepreneurs douteux des bons permet d'éviter le phénomène de contagion perverse qui pourrait se répandre chez les emprunteurs à risque faible qui trouveront qu'il est stupide de rembourser leur crédit alors que les autres ne le font pas. Ceci a pour conséquence d'accélérer la détérioration de la qualité du portefeuille et de contribuer à l'effritement de la viabilité financière de l'IMF. Outre les prêts dynamiques, plusieurs méthodes de gestion des risques sont de mise .entre autres, le crédit scoring22 (schreiner, 2003) et la pré-défaillance23 (Lanha, 2004) qui est basée sur les possibilités d'échelonnement dans le remboursement du micro crédit. Pour Gerbons et Mechan (2000) c'est le portefeuille à risque et non le taux de remboursement des prêts qu'il faut d'avantage maîtriser pour améliorer la qualité du portefeuille des IMF car le classement chronologique des arriérés de paiement permet de classer les prêts du portefeuille selon différents niveaux de risque pour le calcul des provisions pour pertes sur prêts des IMF .De telles informations permettent aux responsables de prendre des décisions en toute connaissance de cause

22 Le crédit scoring utilise des mesures quantitatives de performance et les caractéristiques des prêts précédents pour prédire la performance des prêts futurs avec des caractéristiques similaires.

23 La pré-défaillance permet de détecter à temps les difficultés de l'emprunteur et de prévenir la défaillance définitive (Lanha, 2004).

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,notamment en ce qui concerne les points faibles de leur institution qui peuvent entraîner une situation de crise si l'on n'effectue pas la correction indispensable. Par ailleurs, les prêts de groupes avec caution solidaire sont souvent utilisés comme mécanisme de minimisation du risque de défaillance afin d'améliorer le rendement des portefeuilles des IMF pour atteindre la viabilité financière (entre autres :Pitt and Khandker (1998) Ghatak (1999) Amendariz de Aghion B et Mehrteab (2006) notent que la surveillance du leader du groupe , grâce à ses attachés sociaux sont également des moyens pour prévenir les défauts de remboursement dus à une mauvaise volonté de certains membres du groupe, pour contribuer à la viabilité financière des IMF. C'est dans cette même veine que Cull, Kunt et Morduch(2007) notent que les prêts de groupe ont impact positif sur la qualité du portefeuille de crédit des IMF. En effet , ils montrent que le portefeuille à risque augmente en fonction du taux d'intérêt appliqué, pour la plupart des IMF utilisant les prêts individuels et qu'au-delà du seuil de 60% une augmentation de ces taux n'est pas associée à des profits dans la durée pour ces dernières , ce qui n'est pas le cas pour les IMF qui s'appuient sur la méthodologie de prêt à des groupes solidaires. Ces résultats renforcent l'idée selon laquelle la surveillance et le contrôle des pairs pour minimiser l'aléa moral24 et l'étendue des relations sociales parmi les membres du groupe et du personnel de l'IMF (Woolllcock, 2001) contribuent à la viabilité des IMF.

II.2.2.2.1.3 Viabilité financière et management

La recherche de la viabilité financière impose aux IMF d'avoir une gestion moderne et efficace de leur personnel et l'intégrer dans leur management des nouvelles technologies d'informations qui leur permettront de contrôler leurs coûts opératoires et par ricochet leurs charges de personnel qui sont actuellement exorbitantes .L'intégration des nouvelles technologies d'information dans le management permet d'assurer le suivi, l'analyse et le contrôle des activités. Un système d'information générant des données exactes en temps utiles permet aux responsables d'évaluer continuellement la performance, de mieux prédire les besoins de liquidités ,de les anticiper et de faire face aux crises avec aux crises avec célérité .L'utilisation de ces nouvelles technologies d'information adaptées aux besoins spécifiques des IMF, leur permettra aussi d'offrir des services financiers à des coûts réduits à leurs clients .Grâce à des systèmes d'informations, l'IMF indienne Spandana a pu compiler des données fiables et

24 L'une des conséquences néfastes de l'aléa moral est la détérioration de la qualité du portefeuille.

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contrôler les performances de l'ensemble de son réseau de 45 succursales 'Mishra 1994).C'est également dans cet objectif que 62 banques et IMF ont indiqué qu'elles utilisaient des guichets automatiques et de téléphones portables pour fournir leurs services, en vue de réduire leurs coûts d'octroi du crédit (CGAP(2005)).Par ailleurs, l'utilisation des nouvelles technologies d'information permet non seulement de réduire les coûts d'octroi du crédit mais aussi d'augmenter la productivité des agents de crédit, d'offrir des prestations de qualité aux populations les plus pauvres et de contribuer à l'accroissement de la viabilité financière des IMF.

Au management technologique , il faudra impérativement ajouter une bonne gestion du personnel par le truchement de formations continues pour le doter d'une expertise technique avérée dans le domaine de la microfinance.En effet, un personnel bien formé, des agents de crédit motivés par des incitations financières avec des systèmes de primes bien adaptés sont indispensables pour atteinte de l'autosuffisance financière . Ainsi, les IMF qui conditionnent une partie du salaire à la performance financière se déclarent satisfaites des résultats obtenus (CGAP, 2005).Un personnel doté d'une expertise technique prouvée dans le domaine de la micro finance est également une condition préalable pour le choix et le suivi des projets à financer.

De plus, dans la recherche de l'efficacité, de la réduction des coûts et de l'optimisation des moyens en vue d'atteindre la viabilité financière, les IMF devraient de plus en plus se doter de bonnes structures de gestions et incorporer dans leur management les pratiques performantes existantes au niveau des banques , en insistant davantage sur la relation avec la clientèle et la loyauté envers cette dernière (Churchill (2000), Shreiner (2000), Norell (2001)). Parmi ces pratiques figurent la création de département marketing et la création du comité d'audit et d'indentification des risques par la mise en place d'un système de contrôle interne efficace. Au vu de l'analyse du management, il ressort qu'un bon management technologique adjoint à une gestion efficace des ressources humaines devrait se traduire par une réduction significative de charges du personnel.

II.2.2.2.2 Point de connaissance liée à la faiblesse du respect des procédures

Dans la chaîne d'octroi de crédit par les IMF, le contrôle des agents par les supérieurs hiérarchiques ou par la Direction de l'audit et de l'inspection générale (DAIG) est soumis à des

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problèmes d'information : chargés de mettre en oeuvre les procédures contrôlées, les agents possèdent des informations concernant celles-ci, les possibilités et les contextes spécifiques de leur mise en oeuvre ou de leur manipulation que leurs supérieurs hiérarchiques et surtout la DAIG n'ont pas. Ainsi, lorsqu'une mauvaise performance (observable par tout le monde) est obtenue, les agents peuvent invoquer les éléments spécifiques de contexte pour la justifier au cours de leurs entretiens avec les contrôleurs ou auditeurs, le respect des procédures et l'effort de l'agent n'étant pas directement observables ou pouvant être masqués ou manipulés. La probabilité de détection des infractions par le contrôleur n'est pas l'unité, cela d'autant plus que celui-ci peut ne pas détecter une erreur existante, mais, ne peut reporter une erreur inexistante. Selon Paul25 « Les erreurs de second type sont absentes du modèle de contrôle pour permettre d'éviter les chantages du contrôleur sur les contrôlés ». Le contrôle de la hiérarchie ou de la DAIG peut décourager l'autocontrôle, l'agent se contentant de faire le minimum exigé par les procédures. L'efficacité du contrôle est également soumise à des problèmes de mise en exécution des engagements puisque l'exécution des sanctions proposées par les contrôleurs ressort des hiérarchies supérieures indépendantes d'eux. Les primes sont en général conçues pour renforcer l'autocontrôle. Dans l'analyse de l'efficacité de l'aide au développement, plusieurs auteurs ont développé des modèles pour analyser les situations de captation de rente et de corruption en utilisant soit la théorie des jeux (Svensson, 2000), soit le modèle de un principal- un agent (Kanbur, 1999) ou de double principal-un agent (double accountability) (Paul, 2003). Dans une partie la présente étude, nous allons utiliser le modèle à deux principaux de Paul en considérant une relation à trois acteurs : les agents, leurs supérieurs hiérarchiques et la DAIG (représentant la direction générale). Dans cette relation, chaque employé risquophobe est l'agent de deux principaux : son supérieur hiérarchique (risquophobe) et la DAIG (risquoneutre). Dans une relation plus complète, on pourrait ajouter les clients pouvant être considérés à la fois comme principaux et agents dans une mutuelle ou seulement comme agents dans une institution de crédit direct. Nous supposons ici que la direction générale maximise le résultat net revenant aux sociétaires. La relation est schématisée par le graphique 1(voir annexe)

25 Paul, E, 2003, Ownership vs. Accountability ou le contrôle des fonds de l'aide au développement in Reflets et Perspectives, XLII, 2003/2 29

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Supposons dans un premier temps que la Direction générale et les supérieurs hiérarchiques ont le même objectif, celui de maximiser le résultat net laissé aux sociétaires, une fois les facteurs rétribués. Les contraintes sont constituées d'une part de la fonction de réaction de l'agent qui cherche à maximiser sa propre utilité fonction positive de ses propres avantages et sociaux licites ou illicites et fonction négative de l'effort qu'il fournit(contrainte de rationalité) et d'autre part de la contrainte budgétaire de la direction générale. Le budget de la Direction Générale présenté par le bureau exécutif doit être approuvé par l'assemblée générale. Les principaux doivent alors proposer un contrat muni des incitations nécessaires pour que l'agent réagisse dans le sens désiré.

L'hypothèse selon laquelle l'agent peut se rétribuer sous forme de captation de rente rend nécessaire l'introduction d'une fonction de contrôle et d'une menace de punition en cas de déviation des normes de production établies. En effet, dans le cas contraire, l'agent va s'approprier tous les produits de l'institution pour obtenir l'utilité maximale (Paul 2003). La fonction de supervision est assortie d'une probabilité de détection de la fraude et comporte un certain coût qui vient grever le résultat net de l'IMF. La détection et la punition des infractions aux règles de procédures et les sanctions positives incitent à la recherche de la performance maximale. La supervision est d'autant plus efficace que la probabilité de détection est élevée. Néanmoins, les principaux n'ont intérêt à augmenter la supervision que si les bénéfices marginaux attendus sont supérieurs aux coûts marginaux de supervision. Dans le cas d'une mutuelle et d'une relation de long terme, en supposant que les auditeurs internes sont incorruptibles, d'autres incitant sont disponibles : la déchéance du directeur général et des directeurs techniques, le licenciement de l'agent indélicat, la crédibilité vis-à- vis des bailleurs de fonds pour mobiliser les ressources extérieures, etc. En réalité, les objectifs de la Direction générale et des supérieurs hiérarchiques non immédiats (chefs de bureaux de crédit par exemple) ne sont pas en général congruents. Mieux, une collusion entre les supérieurs hiérarchiques et leurs agents peut être envisagée. Dans ce cas, la direction générale peut exercer son contrôle sur les agents via les supérieurs hiérarchiques ou directement en contrôlant les agents servant sur le terrain. Ce contrôle direct de la direction sur les agents est sans doute moins efficace que celle des supérieurs hiérarchiques plus proches des agents pour justifier l'existence des agents ou principaux intermédiaires. Les collusions entre les contrôleurs et les contrôlés sont d'autant plus probables que les primes des contrôleurs sont relativement faibles par rapport aux valeurs pécuniaires des infractions reportées ou des

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sanctions. Ces collusions sont rendues moins probables par les contrôles externes pouvant proposer éventuellement des sanctions à l'en contre des contrôleurs internes (Paul, 2003).

Cette description analytique de la relation d'agence entre les acteurs du contrôle nous montre que la faiblesse du respect des procédures et de la performance des IMF sont théoriquement explicables par :

- La faible intensité du contrôle,

- La faible probabilité de détection des infractions lors des contrôles,

- La faible crédibilité des menaces de sanction (la faible mise en oeuvre des sanctions),

- La forte inégalité dans la répartition des moyens de contrôle en faveur de la direction générale,

- Le montant relativement élevé des sanctions pécuniaires par rapport aux primes des contrôleurs,

- L'irrégularité des contrôles externes.

II.2.2.2.3 Point de connaissance lié a la mauvaise intégration de la gestion des risques

Les institutions de micro finance utilisent des mécanismes de contrôle interne pour s'assurer que leur personnel respecte leurs politiques et procédures organisationnelles. Néanmoins, le contrôle interne ne peut garantir à lui seul une réduction adéquate de l'exposition aux risques. En effet, il ne peut lutter efficacement contre les risques que si les stratégies de gestion des risques de l'IMF sont bien intégrées aux politiques et procédures. Par exemple, une IMF confrontée à un accroissement des impayés peut décider de diminuer son exposition au risque de crédit en imposant des conditions d'accès au prêt plus strictes ou en limitant l'augmentation de taille des prêts renouvelés. L'IMF relie alors contrôle interne et gestion des risques en créant des mécanismes destinés à évaluer les résultats de ces mesures de réduction des impayés. Ainsi, elle peut demander aux agences de surveiller régulièrement la qualité du portefeuille et d'effectuer des visites auprès de la clientèle pour vérifier l'application des nouvelles politiques par les agents de crédit.

Le contrôle interne et l'audit interne jouent un rôle essentiel dans le processus itératif de gestion des risques, dans lequel l'information générée par le dispositif de contrôle interne est renvoyée au conseil d'administration et à la direction. Les mécanismes de contrôle interne

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contribuent à améliorer la prise de décision car ils font en sorte que l'information soit précise, exhaustive et disponible en temps voulu. De cette façon, le conseil d'administration et la direction peuvent répondre rapidement aux problèmes de contrôle à mesure qu'ils se posent. En outre, lorsqu'il est associé au système de gestion des risques, le dispositif de contrôle interne permet d'identifier les expositions restantes et d'en informer la direction. L'étape suivante pour l'IMF consiste à solliciter l'avis des clients et des employés, pour bien appréhender l'ensemble des effets des contrôles internes retenus. Une fois l'IMF assurée de la bonne sélection des contrôles internes, elle peut commencer à les mettre en oeuvre dans les opérations. La direction de l'IMF se voit assigner la responsabilité de superviser leur mise en oeuvre effective et de contrôler le respect des politiques et procédures associées par le personnel.

II.2.2.2.3.1 Sollicitation de l'avis des employés et clients

Après avoir retenu un certain nombre de contrôles efficients, l'institution doit en discuter avec ses employés et éventuellement avec ses clients pour s'assurer que les mesures proposées sont appropriées avant de les mettre en oeuvre dans les opérations. Les employés peuvent apporter un point de vue très utile sur les répercussions potentielles de la mise en oeuvre de tel ou tel contrôle interne. En outre, en associant le personnel au développement du système, l'IMF encourage l'appropriation du contrôle interne et de la gestion des risques par les employés. Lorsque Acción Comunitaria del Perú (ACP), au Pérou, est passée du statut d'ONG à celui de banque de micro finance réglementée (Mibanco) la direction a associé les employés au développement de son nouveau système de contrôle interne. Dans le but de créer un climat positif et favorable, le responsable de l'audit interne a pris le temps d'expliquer le lien entre contrôle interne et gestion des risques aux employés et les a encouragés à donner leur avis sur les types de contrôles qui leur paraissaient les plus efficaces. En plus de donner leur avis sur les contrôles internes proposés, les employés aident souvent à identifier les politiques et procédures qui ne sont plus nécessaires ou ne sont plus efficaces pour réduire le risque.

Si le contrôle interne doit avoir un impact sur les clients, la direction doit discuter avec les agents de crédit et les autres employés de terrain pour comprendre ces implications. Les employés de terrain étant les plus proches de la clientèle, ce sont les mieux placés pour émettre un avis sur la façon dont les clients peuvent percevoir les changements opérationnels proposés.

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Il est parfois nécessaire de réaliser des études clientèle pour bien comprendre la réaction des clients à une nouvelle mesure de contrôle interne.

Par exemple, pour réduire la fraude, l'IMF peut décider de modifier les procédures de collecte des remboursements, et demander aux clients de se déplacer jusqu'à l'agence pour effectuer leur remboursement et non plus confier celui-ci à un agent de crédit mobile. Cependant, si l'enquête auprès de la clientèle révèle que ce changement de procédure conduira à la perte de nombreux clients, l'IMF peut décider d'améliorer le suivi de l'activité de collecte d'une autre manière, par exemple en prévoyant des visites aux clients plus régulières.

II.2.2.2.3.2 Attribuer des responsabilités

Pour que le système soit efficace, l'IMF doit attribuer des responsabilités claires pour la mise en oeuvre des contrôles internes et s'assurer que les employés les respectent. Par exemple, les directeurs d'agences doivent être responsables de la mise en oeuvre des procédures et du contrôle du respect des politiques et procédures liées au contrôle interne au niveau des agences. En attribuant les responsabilités, l'IMF détermine qui collecte l'information, qui la compile et qui s'assure qu'elle parvient aux bonnes personnes au bon moment pour une prise de décision efficace. En outre, le système doit clairement indiquer qui est responsable de l'évaluation de l'information et dans quelle mesure cette personne est également responsable de traiter les problèmes de contrôles ou de risques non contrôlés. Une fois que l'IMF est sûre que les contrôles internes sont suffisants, elle doit évaluer et tester leur efficacité.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille