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Impact de l'exploitation des ressources sur l'environnement de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. Cas de l'extraction des phosphates de Hahotoé au Togo

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par Kegnide AMOUSSOU
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies 2002
  

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1ère PARTIE :

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PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE

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ENONCE DU PROBLEME

Depuis la période coloniale, les économies du tiers monde ont été contraintes de jouer un rôle précis : fournir aux pays riches - les métropoles - les matières premières brutes dont les usines occidentales avaient le plus grand besoin et servir de débouchés aux surplus industriels des nations colonisatrices (J. Y. CARFANTAN al. , 1980)4 . A titre d'illustration, on peut citer le Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo) qui, devenu grand producteur de cuivre, de par les ressources naturelles que renferme son sous-sol, ne dispose pas d'une véritable industrie électrique. Les bagues et bijoux sont fabriqués ailleurs que sur son territoire. En 1970, le tiers-monde assurait la quasi totalité de la production mondiale en caoutchouc naturel et pourtant, 10% des pneumatiques, des joints élastiques ou autres dérivés étaient fabriqués ou montés dans les pays en développement. Nombreux sont ces exemples qui démontrent que les usines des pays développés n'auraient pas fonctionné sans l'extraction de la bauxite dont le tiers-monde fournissait encore 80% de la consommation mondiale en 1977.

Les choses se passèrent sous forme de répartition du travail où les pays développés ont pu croire que le rôle exclusif des pays colonisés correspondait à la vocation naturelle d'alimenter leurs usines des matières et ressources naturelles de pays en développement. Ainsi, dès la colonisation, ceux-ci ont été «mis en valeur», en y pratiquant une économie de «cueillette» parce que les ressources minières locales étaient considérées comme un don inépuisable de la nature aux pays colonisateurs.

La recherche de solutions au problème de surendettement des pays en développement a incité les institutions de Brettons Wood (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale) à mettre en oeuvre des Politiques d'Ajustement Structurel (PAS) d'inspiration libérale, qui, appliquées à partir des années 1980, ont pour objectif principal d'encourager les pays concernés à se spécialiser là où ils ont des avantages comparatifs. Ainsi, pour acquérir des devises étrangères, ceux-ci ont renforcé leur spécialisation non seulement dans la production des biens primaires, mais aussi dans l'échange d'une seule et unique ressource.

4 In Qui a peur du Tiers Monde ? Rapports Nord-Sud : les faits. Edt° Le Seuil 1980

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C'est le cas par exemple des pays comme le Nigeria et le Ghana dont le cumul des exportations, en 1980, avoisinait 98% des produits de base. Il en est de même de la Zambie dont la production de cuivre exporté est estimée à 90%5 . Le Togo s'est également illustré dans la production des phosphates.

Cette spécialisation peut, par conséquent, conduire à l'intensification des méthodes d'exploitation ou à l'extension de la mise en valeur des ressources non exploitées, non sans effets sur la qualité de l'environnement. Ainsi, les pays en développement poussés par la spécialisation dans le cadre des PAS subissent des conséquences sociales et environnementales les plus graves entraînant parfois la substitution effrénée d'écosystèmes riches par l'exploitation de ressources naturelles. Le fardeau de la dette est tel que beaucoup de pays en développement surexploitent leurs sols et leurs ressources naturelles pour l'alléger.

Au regard de ce qui précède, la croissance de l'ensemble de l'économie des pays en développement se fait au détriment du milieu de vie. Cette croissance débouche sur une destruction de l'humanité parce que l'exploitation des ressources naturelles est faite sans tenir compte de l'incidence que cela pourrait provoquer sur l'environnement. Dans ce cas, toute modification ou atteinte à l'environnement est intimement liée à des activités productives gouvernées par des processus économiques. Ainsi, une activité économique mal orientée détruit l'environnement ... (Jean-Philippe BARDE, 1992)6.

Telle que conçue, la croissance est plus basée voire orientée vers une vision matérialiste qui privilégie plus les gains en «avoir» au détriment de l'«être». Depuis plusieurs décennies, l'exploitation des ressources naturelles, loin de contribuer au développement des populations, a davantage appauvri celles-ci tant sous l'angle physique que humain. La dégradation écologique est, pour une large part la conséquence d'«erreurs économiques, sociales et politiques ... ; elle est aussi, et avec une force croissante, la principale cause de la pauvreté» (Erik P. ECKOLM, 1976 p. 28)7. En aliénant l'environnement, l'homme, de par ses atteintes à la nature, non seulement atrophie le soubassement de sa vie, mais aussi

5In Qui a peur du Tiers Monde ? Rapports Nord-Sud : les faits. Edt° Le Seuil 1980

6 Economie et politique de l'environnement, PUF, P. 147

7 La terre sans arbres: la destruction des sols à l'échelle mondiale, traduction française : éditions Robert LAFFONT

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s'aliène lui-même et, de cette aliénation, naissent des formes de misère et de paupérisation indicibles.

La dégradation de l'environnement et son coût en argent, en misère sociale et en souffrance individuelle est essentiellement le résultat d'une politique technologique anti-écologique qui a été utilisée en vue de l'exploitation des ressources minières. D'ailleurs, les populations qui vivent sur le site d'exploitation ne sont pas soumises à un choix d'exploitation ou non de ces ressources, car celles-ci sont considérées comme propriété de l'Etat. Il y a chez ces populations ce que l'on appelle « un consentement à accepter (CAA)»8. En contrepartie, il est question de savoir s'il y a auprès de l'entreprise un consentement à payer (CAP) les dommages causés à l'écosystème.

Les effets consécutifs sur l'environnement attaquent les écosystèmes de base qui supportent la vie des êtres humains, détruisent le «capital biologique» essentiel au fonctionnement de l'agriculture et peuvent, si l'on n'y prend garde, provoquer une dislocation catastrophique de ces systèmes. (Robert et Nancy DORFMAN, al. 1975. P. 220)9 .

Sur le plan physique, l'exploitation des phosphates entraîne le déboisement excessif, la désorganisation du profil du relief, la dégradation du sol, la menace à l'extinction de certaines espèces biologiques. Ce dénuement de la zone d'exploitation constitue la première étape de l'exploitation des phosphates.

Sur le plan social, la progression des carrières d'extraction sur les nouveaux sites (terres en jachères, champs) entraîne pour la population locale la perte de ses terres d'habitation et de culture et son déplacement. Lorsque l'équilibre de l'environnement est ébranlé et que la capacité des écosystèmes à répondre aux besoins humains entre dans une période critique, les mauvaises conditions de vie de ceux qui dépendent directement de la terre empirent, et leurs efforts de redressement et de développement - ... - deviennent de plus en plus difficiles. (Erik P. ECKOLM, 1976 p. 28)10. Il en résulte un bouleversement socio-économique de toute la région. En outre, les terres soumises à l'exploitation des phosphates deviennent peu

8 Economie et politique de l'environnement, PUF, P. 92.

9 Economie de l'Environnement, (Robert et Nancy S. DORFMAN, al.), Ed. Calmann-Lévy, 1975

10 Op. cité

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propices à l'agriculture, surtout de type traditionnel, par le simple fait que la reconstitution de la végétation sur ces terres s'effectue avec une extrême lenteur. Cette exploitation entraîne voire impose des coûts sociaux non compensés à la collectivité.

Les incidences relatives à l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement

physique et social des pays de l'UEMOA
en général et du Togo en particulier avec l'exploitation des phosphates à Hahotoé suscite quelques interrogations.

- Quelles sont les conséquences engendrées par l'exploitation des ressources naturelles dans les pays en développement en général ?

- Quelles sont les incidences de l'exploitation des phosphates à Hahotoé ?

- Quelle serait la solution au problème de l'environnement face à l'exploitation effrénée des ressources naturelles dans les pays en développement ?

- Quelles politiques appliquer pour protéger l'environnement ?

- Peut-on évaluer le coût exact de la destruction de l'environnement par l'exploitation des ressources naturelles ?

Ce sont là des questions auxquelles la recherche tentera de répondre.

Si par critères environnementaux, faut-il regrouper l'ensemble des «considérations directement liées à l'objectif de protection de la santé et du bien-être», il est impérieux de savoir si ces critères sont pris en compte lors de la décision d'exploiter ces terres. Par cette décision, il est question d'identifier les éléments pouvant nuire à l'environnement et à la santé ou les seuils au-delà desquels la détérioration de l'environnement met en péril la santé, le bien-être, le développement économique (menaces sur les ressources en eau, sur la productivité des sols et autres écosystèmes, sur la diversité écologique, le climat, etc.). En effet, si l'exploitation des ressources naturelles dans les pays en développement est capable de mettre en péril l'environnement physique et humain, il devient indispensable de s'en préoccuper. Pour ce faire, la problématique de l'environnement est devenue une préoccupation primordiale, la question étant évoquée à toutes les rencontres internationales. Cette tendance à l'internationalisation a été illustrée en juin 1972, lorsque s'est tenue à Stockholm la conférence des Nations-Unies sur l'environnement humain dont la devise est

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« une seule terre » (C. RUSSEL et al., 1971)11 et vingt ans plus tard à Rio de Janeiro en 1992. C'est à juste titre que Jean-Philippe BARDE12 prône la coopération internationale dans la préservation de l'écosystème.

Il fait remarquer que « la dimension internationale de l'environnement n'est pas seulement affaire d'échange commerciaux, ... L'environnement ne connaît pas de frontières : ... les ressources de la planète, atmosphère, océans, ressources biologiques constituent un patrimoine partagé que seule une gestion commune ou coordonnée sur le plan international, pourra efficacement préserver»13. Ainsi nous nous proposons d'analyser les statistiques disponibles pour avoir une vision quantitative fiable de la destruction de l'environnement de Hahotoé.

Ceci nous aidera à mieux comprendre l'impact de l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement dans les pays en développement en général et à Hahotoé en particulier avec l'exploitation des phosphates. Toutes ces questions seront examinées à travers le thème spécifique à développer relatif à l'impact de l'exploitation des phosphates sur l'environnement physique et humain à Hahotoé

HYPOTHESES DE TRAVAIL

Pour mieux appréhender la problématique ci-dessus, nous partirons des hypothèses suivantes :

1 - l'exploitation des ressources naturelles dans les pays en développement n'a guère contribué au développement de ceux-ci ; pire, elle les a davantage appauvris en ce sens que la dégradation de l'environnement doit être perçue comme la dégradation subie par les systèmes écologiques qui constituent l'habitacle de toute forme de vie sur cette planète ;

2 - l'exploitation des phosphates a créé dans la zone d'étude une « politique de pauvreté de masse » ;

3 - la dégradation de l'environnement ou du milieu de vie peut annihiler une hausse du niveau de vie et même entraîner une réduction du bien-être global lorsque la nocivité de

11 «International Environmental Problems = A Taxonomy»(Les problèmes d'environnement à l'échelle internationale), extrait de Science, vol. CVXXII, 25 juin 1971 in Economie de l'environnement sous la direction de Robert et Nancy DORFMAN, éditions Calmann-Lévy, 1975.

12 Op. cité

13 In Chapitre XII : «Pollutions transfrontières et pollutions globales» P. 342

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cette dégradation apparaît supérieure. Cette dégradation constitue une entrave à la réalisation de trois (03) conditions essentielles pour les populations des zones concernées :

· vivre longtemps et en bonne santé ;

· acquérir un savoir ;

· avoir accès aux ressources nécessaires afin de jouir d'un niveau de vie convenable.

OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

En nous situant dans la perspective de la thèse, l'objectif principal consistera à dégager et analyser l'impact de l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement dans la zone UEMOA en vue de susciter un besoin d'évaluation régionale des politiques environnementales.

Comme objectifs spécifiques, il sera question de :

· évaluer l'impact de l'exploitation des phosphates à Hahotoé sur l'environnement tant physique qu'humain en faisant ressortir les divers déséquilibres entraînés par ladite exploitation;

· faire le point sur l'évolution de l'exploitation des phosphates à Hahotoé et ses répercussions sur l'environnement ;

· répertorier les dommages environnementaux dus à l'extraction des phosphates ;

· stimuler la prise de conscience sur la dégradation de l'environnement ;

· identifier les problèmes sanitaires liés à l'exploitation des phosphates ;

· relever les problèmes fonciers auxquels sont soumis les populations de la zone d'exploitation ;

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RESULTATS ATTENDUS

Au terme de cette étude qui va déboucher sur la thèse, on doit :

+ faire un état des lieux de l'exploitation des ressources naturelles dans la zone de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine ;

+ analyser les conséquences de la dégradation de l'environnement liée à l'exploitation des ressources naturelles dans la zone UEMOA ;

+ dégager les similitudes et les divergences de gestion de l'environnement dans cette zone ;

+ pouvoir incorporer la perspective écologique dans le processus de planification sous régionale;

+ satisfaire les besoins sociaux fondamentaux comme les soins médicaux élémentaires, une nutrition adéquate et l'alphabétisation à partir des fonds générés par l'exploitation des ressources minières notamment les phosphates ;

+ parvenir à une indemnisation effective prenant en compte les besoins essentiels des populations vivant sur les sites d'exploitation minière;

+ contribuer à ralentir voire freiner la dégradation de l'environnement et à instaurer une politique de reconstitution des terres ;

+ favoriser un reboisement de reconstitution ;

+ viser à accroître et pérenniser rapidement les biens immatériels notamment les satisfactions collectives à l'égard de l'environnement sous le double aspect des conditions de vie qui expriment l'environnement social (enseignement, culture, soins de santé...) et du milieu de vie qui traduit l'environnement physique des populations.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe