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Stratégies alternatives de mobilisation des ressources pour le financement de l'économie béninoise: une analyse en équilibre général calculable

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par Anatole GOUNDAN
Ecole nationale de la statistique et d'analyse économique Sénégal - Ingénieur statisticien économiste 2012
  

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1.3.2 Mobilisation des ressources : un point de la littérature disponible

Cette section fait un point de la revue de littérature. Elle procède d'abord à un tour d'horizon général de certains résultats sur la question de la mobilisation des ressources financières et ensuite présente trois études réalisées au Bénin sur la même problématique.

1.3.2.1 Impacts des ressources mobilisées

Le développement durable des pays du Sud nécessite des ressources financières adéquates sans lesquelles il est impossible de mettre en oeuvre les politiques économiques et sociales indispensables. L'atteinte des OMD exige d'énormes investissements en matière d'infrastructures et des dépenses sociales importantes. Les gouvernements sont contraints de mobiliser des ressources pour financer le développement. Le Consensus de Monterrey a retenu la MRI comme premier axe d'intervention pour le financement du développement et la MRE comme deuxième axe. Ainsi, les gouvernements sont donc invités à améliorer leur capacité de mobilisation de ressources surtout de ressources intérieures. En effet, comme l'ont remarqué Culpeper et Bhushan (2010), les ressources extérieures ne permettront pas à elles seules d'atteindre une croissance durable et une réduction de la pauvreté.

Culpeper et Bhushan (2009) ont cherché à distinguer les ressources intérieures des ressources extérieures. Pour ces auteurs la MRI englobe la mobilisation de l'épargne (publique et privée), le maintien de l'investissement domestique (public et privé) à un niveau élevé, l'accroissement de la capacité des marchés nationaux, l'amélioration des recettes publiques et l'élargissement de l'assiette fiscale et l'accroissement de la ressource humaine (à travers la création d'emplois et une bonne organisation du marché du travail). Les ressources extérieures concernent la mobilisation des IDE, les capitaux privés (bons de Trésor, investissement de portefeuille, etc.), l'APD, l'allégement de la dette extérieure, etc.

L'institut Nord-Sud (INS) a entrepris une série d'études sur la mobilisation des ressources nationales en Afrique Sub-saharienne. Cinq pays sont retenus pour les études de cas : il s'agit du Burundi, du Cameroun, de l'Éthiopie, de l'Ouganda et de la Tanzanie. Ces études ont pour objectif de faire un état des lieux et de proposer les possibilités d'amélioration de la mobilisation des ressources intérieures (surtout les recettes fiscales). L'étude de Bhushan et Samy (2010), du même institut, a été un complément aux cinq études de cas. L'étude empirique faite par ces deux auteurs montre que l'aide n'a pas un impact significatif sur le taux d'imposition qui, selon eux, dépend surtout de la structure de l'économie. Ils pensent aussi que les donateurs peuvent aider les pays en développement à améliorer la mobilisation

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des ressources intérieures. En effet, les donateurs peuvent appuyer les stratégies d'expansion et de diversification des recettes publiques. Ils peuvent aussi assister les gouvernements en ce qui concerne les infrastructures dans le secteur financier et le soutien au développement des marchés financiers locaux.

L'urgence de la MRI a amené la Banque Africaine de Développement (BAD) à mener, à l'instar de l'INS, une série d'études sur la mobilisation des ressources intérieures pour la réduction de la pauvreté en Afrique de l'Est. Comme précisé dans la préface4 de ces études, l'objectif est de partager les leçons des expériences en matière de MRI à travers des études de cas des pays de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE), de l'Afrique du Sud et de certains pays d'Asie du Sud. Les leçons qu'on peut tirer de ces études se résument comme suit :

- la stabilité politique améliore la capacité de développement;

- les exonérations et les incitations peuvent compromettre l'équité et la justice;

- la modernisation de l'administration fiscale peut améliorer l'effort fiscal;

- la lutte contre les évasions fiscales doit être une priorité;

- en Afrique du Sud, l'excellente collaboration entre le South African Revenue Service

(SARS) et le Trésor Public a été très déterminante dans la mobilisation des ressources.

Une autre étude qui mérite une attention particulière est celle de l'OCDE à travers les Perspectives Économiques en Afrique (PEA (2010)) et portant sur 50 pays africains. Selon la première note d'orientation de la Commission Économique pour l'Afrique (CEA (2011)), la question de la mobilisation des ressources par la fiscalité n'a pas encore reçu toute l'attention nécessaire. Selon la note d'orientation, c'est donc pour combler ces lacunes et proposer des solutions concrètes pour améliorer les ressources publiques, que les PEA se sont intéressées au thème « la mobilisation des ressources publiques et de l'aide en Afrique ». Cette étude a permis de conclure que la part des impôts dans le PIB sur le continent connaît une hausse depuis 1990. Cette augmentation est principalement liée à l'accroissement des revenus provenant de l'extraction des ressources naturelles. Les pays moins dotés en ressources naturelles ont fourni plus d'efforts pour améliorer leurs recettes fiscales. On constate enfin que les revenus des droits de douanes ont diminué du fait de la libéralisation. Ainsi, trois principaux défis sont identifiés dans le cadre de cette étude : le problème de l'informel, l'élargissement de l'assiette fiscale et le problème d'équité du

4. The African Development Bank (AfDB) has partnered with the African Tax Administration Forum (ATAF) and the East African Secretariat on a project aimed at sharing lessons of experience from Domestic Resource Mobilization (DRM) though case studies for the East African Community partner states (EAC), South Africa and South Korea. For the purposes of this work, DRM is defined to include only tax policy and administration and excludes other possible components of DRM such as domestic financial markets.

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prélèvement fiscal.

D'autres études ont plutôt cherché à cerner les déterminants de la mobilisation des ressources intérieures. Ainsi, par une analyse sur données de panel, ? ont constaté que l'épargne et l'investissement agissent positivement sur la MRI. Mais en Afrique, le taux d'épargne est assez faible par rapport aux autres régions en développement (BM (2007)). Certaines études citées par Aryeetey (2009) ont tenté d'expliquer le faible taux d'épargne en Afrique. Ainsi, Hadjimichael (1995) ont montré que les réformes soutenues et un taux de croissance élevé engendrent un accroissement de l'épargne privée. Toutefois, Nissanke et Aryeetey (1998)ont remarqué que les réformes ont des impacts très limités sur la croissance de l'épargne. De même, une étude de la Banque Mondiale (1994) remarque qu'il y a très peu de preuves que les réformes économiques ont eu des impacts sur l'épargne. Pour mieux mobiliser les ressources intérieures, Aryeetey (2009) propose d'améliorer la mobilisation de l'épargne, de motiver les ménages à posséder des actifs financiers, de renforcer le système bancaire, de développer le marché des capitaux, la microfinance et d'élargir l'assiette fiscale. Les pays en développement ont donc besoin de poursuivre les réformes qui vont rendre la MRI plus significative et efficace (Aryeetey 2009). Cela réduira l'intensité d'exposition aux chocs extérieurs.

Les études portant sur les ressources extérieures (surtout l'aide publique au développement) mettent l'accent sur leur incidence sur le pays receveur. Mais, les résultats empiriques sont très contradictoires. D'abord, le paradoxe micro-macro mis en évidence par Mosley (1987) qui a montré que même si l'aide a un impact positif d'un point de vue microéconomique, l'impact macroéconomique de l'aide est difficilement identifiable. D'autres auteurs ont montré que l'aide a un impact positif sur la croissance des pays à faibles revenus (Durbarry et Greenaway (1998); Berg (2000)). Mais quant à Clemens et Radelet (2003), l'aide n'a aucun impact si elle représente entre 15 et 45% du PIB. Doucouliagos et Paldam (2009) sont allés plus loin pour infirmer l'existence d'un quelconque lien entre l'aide et le développement. Mais ce dernier résultat a été rejeté par Tarp et Mekasha (2011) qui ont montré que l'hypothèse " d'effets fixes" utilisée par les premiers auteurs n'était pas réaliste. Ils concluent que l'aide a un impact positif et statistiquement significatif sur la croissance. De même, Arndt et al. (2009) ont conclu que l'aide a une incidence causale positive et statistiquement significative sur la croissance à long terme. Burnside et Dollar (2000) ont, quant à eux, obtenu des résultats plus nuancés : l'aide a un impact positif sur la croissance des pays en développement mais cet impact dépend de la qualité des politiques mises en oeuvre dans le pays.

Une autre catégorie de chercheurs s'est plutôt penchée sur l'impact de l'aide sur la

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gouvernance et l'effort fiscal. Depuis 1963, Kaldor pensait déjà qu'un flux important d'aide extérieure incite les autorités à réduire les efforts fiscaux. D'autres auteurs sont parvenus au même résultat Azam et al. (1999); Gupta et al. (2003); Morrissey (2006). Par contre, Brun et al. (2008) ont obtenu des résultats qui prouvent un effet positif de l'aide sur l'effort fiscal. Ces auteurs ajoutent que l'instabilité de cette ressource impose un effort fiscal supplémentaire pour faire face aux fluctuations sur le budget. Pour Culpeper et Bhushan (2010), l'aide étrangère est souvent assortie de conditions particulières ce que ces auteurs appellent de « l'aide liée ». Selon ces auteurs, l'aide ne permet pas aux gouvernements de définir librement les politiques de développement. Dans son article intitulé « Aid effectiveness reconsidered », Rahman (2008) affirme que l'efficacité de l'aide dépend fortement des institutions et de la politique des pays receveurs. Ainsi, une chose sera de mobiliser les ressources (MRI, MRE) mais l'autre sera de disposer des institutions responsables pour entreprendre les investissements économiquement et socialement efficaces.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984