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Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou

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par Zah Marie SAWADOGO
Universite de Koudougou - Conseiller d'Education 2013
  

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CHAPITRE IV : LA REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE

Lorsqu'on entame un travail de recherche, on commence toujours par une exploration documentaire pour avoir une orientation par rapport à la problématique que l'on veut construire et les postulats posés. De ce point de vue, nous pouvons dire que la revue de la littérature constitue un maillon essentiel dans le processus de recherche car elle permet au chercheur d'approfondir ses connaissances sur le sujet qu'il veut étudier. Ce travail s'appuie sur les expériences empiriques, le vécu quotidien et/ou les études théoriques produites par les prédécesseurs. Ces « savoirs » antérieurs permettent au chercheur non pas de traiter le thème en utilisant les mêmes approches mais, de l'aborder dans une perspective nouvelle. Notons ici que l'éducation est un champ très vaste qui intéresse de nombreux spécialistes : les pédagogues, les psychologues, les sociologues, etc.

Les productions sur l'éducation tournent en général autour de deux aspects : l'offre et la demande. En effet, les difficultés auxquelles font face le système éducatif actuel du Burkina dans le maintien des filles trouvent à la fois leurs explications dans système éducatif même (facteurs liés à l'offre d'éducation) et aussi externes à ce système, c'est-à-dire qu'ils sont le fait de la famille, de la collectivité et de la société en général (facteurs liés à la demande d'éducation).Cela étant, il est à noter que le problème du succès et des déperditions scolaires a fait l'objet de plus d'une approche même si elles sont l'apanage des pays occidentaux. Même si ces productions d'auteurs occidentaux sont insuffisantes pour mettre en évidence la situation scolaire au Burkina Faso parce qu'elles sont inadaptées et inappropriées ; elles peuvent servir de référentiel pour comprendre le phénomène de l'échec scolaire de certaines couches sociales en l'occurrence celui des filles.

IV.1.L'impact environnemental comme facteur explicatif du rendement scolaire

L'influence de l'environnement auquel appartient l'élève sur son rendement scolaire a été défendue par Pierre BOURDIEU et Jean Claude PASSERON(1964). Pour eux, l'observation des différentes performances entre les différents groupes sociaux montre que la culture utilisée par l'école et les universités est celle de la culture dominante. Par conséquent, il est tout à fait naturel que la sélection scolaire s'opère au bénéfice de cette classe. A BOURDIEU ET PASSERON(1964) de soutenir qu'il s'en suit logiquement que la mortalité scolaire ne peut que croitre à mesure que l'on va vers les classes éloignées de la langue scolaire.

Soutenant la thèse du rendement par l'obstacle linguistique, KI-ZERBO(2010) soutient que l'éducation en Afrique Noire est en inadéquation quantitative mais surtout qualitative par rapport aux besoins et réalités socio-culturels de l'Afrique. En effet, l'éducation en Afrique est assimilationniste et vise à faire des Africains des Européens par la tête vu que tout le programme

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d'enseignement est calqué sur celui de la puissance coloniale. Il préconise « pour remédier à cette situation préjudiciable au développement de l'Afrique, il faut reformer le système éducatif africain, avec, comme outil fondamental, l'utilisation des langues africaines selon un processus graduel avec une période transitoire à mettre à profit pour sélectionner et adapter quelques langues africaines à usage pédagogique » (KI- ZERBO, 2010, p.18) .L'expérimentation de l'éducation bilingue vise à faire de la langue maternelle, une langue pédagogique en vue de permettre l'adhésion de tous.

Dans la même perspective que les auteurs ci-dessus mentionnés, si on peut préconiser la langue maternelle comme langue pédagogique pour faciliter l'apprentissage de l'enfant, Marc PILON et Yacouba YARO (2001) proposent une autre alternative. Dans un ouvrage collectif, ils font un plaidoyer pour une meilleure prise en compte de la demande d'éducation, au même titre que l'offre d'éducation, tant dans les recherches en éducation, que dans les initiatives de développement du système scolaire. Ils partent du constat que la plupart des études portent sur l'offre d'éducation et plus particulièrement sur les politiques éducatives, les infrastructures scolaires, etc. Dans cette nouvelle approche en éducation, ils mettent l'accent sur le rapport entre la fréquentation scolaire et le sexe du parent et montrent comment la variable sexe du parent influe sur la scolarisation des enfants notamment celle des filles. Ainsi, du point de vue de ces auteurs et par rapport à leur contexte d'étude, les enfants ont plus de chance de fréquenter l'école si la mère a fait des études. Dans cette logique, la proximité de la mère avec son enfant est un facteur important dans la survie scolaire des enfants. En effet, la fonction éducatrice de la mère peut être utilisée comme un canal de transmission et de suivi de la scolarité de l'enfant. On pourra sans risque de se tromper dire selon Marc PILON et Yacouba YARO qu'éduquer une mère c'est éduquer la future génération. D'où l'importance que certaines ONG accordent aux AME (Association des Mères Educatrices) comme relais dans la promotion de l'éducation des jeunes filles (Plan Burkina, Bornfonden, Save the Children...).Si l'influence maternelle est importante, ne perdons pas de vue que l'influence géographique pourrait en partie expliquer l'échec scolaire, d'où la difficulté des élèves d'accéder à une étude secondaire ou de s'y maintenir. En effet, il existerait des environnements plus propices aux études scolaires que d'autres. Dans cet ordre d'idée, BOURDIEU et PASSERON(1971) affirmeront que « le facteur géographique détermine d'abord des inégalités tranchées dans les chances d'accéder à l'enseignement secondaire et supérieur ».

En effet, dans un pays comme le Burkina Faso, où des disparités énormes existent entre les milieux rural et urbain, il est indéniable que cette géographie aura une incidence immédiate sur le rendement scolaire des élèves qui y vivent. Que l'on se situe en ville ou en campagne, les élèves n'ont pas les mêmes chances de poursuivre leur scolarité. Cela se traduit par des facteurs aggravants

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ou propices à la déperdition tels la distance séparant l'école et le ménage, le moyen de locomotion, le temps mi journalier pour rejoindre la classe. Plus ces facteurs à risque sont importants, plus les élèves auront tendance à céder sous le poids de la fatigue et à sombrer dans la démotivation. Partant de ces considérations géographiques ayant un impact réel sur la survie scolaire et de son rendement, on peut dire sans risque de se tromper que la vie en zone périurbaine n'est pas propice à la survie scolaire.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo