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Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou

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par Zah Marie SAWADOGO
Universite de Koudougou - Conseiller d'Education 2013
  

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IV.2. L'obstacle culturel, comme élément explicatif de la déperdition scolaire

L'école est un produit de la classe bourgeoise (Pierre BOURDIEU et Jean Claude PASSERON 1970), avec ses méthodes et moyens qui lui sont propres. L'école, dans l'optique de transmettre un ensemble de savoir aux différents individus en situation d'apprentissage imprime une certaine violence sur les élèves qui sont extérieurs à ce système. Les élèves issus d'une classe sociale élevée auront une familiarité, une certaine aisance à intérioriser les savoirs dispensés car étant le propre de leur culture, leur vécu quotidien, de leur « biotope ».A propos, BOURDIEU ET PASSERON font allusion au théâtre pour illustrer la difficulté que certains élèves ont à s'adapter à certaines disciplines « une bonne connaissance de théâtre classique n'a pas la même signification chez les fils de cadre supérieurs parisiens, qui l'associent à une bonne connaissance du théâtre d'avant-garde et même du théâtre de boulevard, et chez le fils d'ouvrier de Lille ou de Clermont-Ferrand, qui connaissant aussi bien le théâtre classique ignorent tout du théâtre d'avant-garde ou du théâtre de boulevard »(BOURDIEU,PASSERON,1964,p.33).

En effet, tenant compte de leurs origines sociales, les étudiants ne sont pas formellement égaux dans l'accès de la culture savante. Le capital culturel est un facteur déterminant dans l'acquisition du savoir que l'on soit d'un milieu favorisé ou défavorisé. Les matières enseignées dans les écoles sont le propre de la culture dominante .Cette culture transmet aux autres cultures « non savante » implicitement un corps de savoirs, de savoir-faire et surtout de savoir dire qui constitue le patrimoine des classes cultivées. Tout porte à croire que l'inégalité culturelle a pour corollaire l'inégalité des chances et de réussite à l'école des différentes couches sociales. BOURDIEU ET PASSERON iront plus loin en disant que croire que l'on donne à tous les chances égales d'accéder à l'enseignement, c'est rester à mi-chemin dans l'analyse des obstacles. Il ne faudrait pas ignorer que les aptitudes mesurées au critère scolaire tiennent plus à des dons naturels et à des habitudes culturelles d'une classe privilégiée.

Les études de Basile BERNSTEIN cité par BOURDIEU(1964) ont montré la place que tient, parmi les obstacles culturels, la structure de la langue parlée dans les familles ouvrières. Il s'est penché sur le problème des échecs scolaires et des performances médiocres en se fondant sur le

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langage. Selon lui « les différences de performances s'expliquent essentiellement par une inégalité d'accès au langage formel et à son code élaboré, qui favorise les classes moyennes en leur donnant les possibilités de nommer et ainsi de distinguer les objets de leur environnement immédiat. Le langage `'public'Ç c'est-à-dire peu personnalisé et concret dans les classes populaires, rend au contraire difficile la verbalisation des sentiments et partant, la différenciation cognitive et émotionnelle » (A. GRAS, 1961, p.143).

BERNSTEIN distingue deux codes linguistiques : il y a un code restreint ayant pour base de communication le sous-entendu.Le locuteur étant sûr que son interlocuteur comprend ce qu'il veut dire ; ce code est celui des classes moyennes et supérieures, qui privilégie l'individualité et contraint le locuteur à choisir parmi les synonymes. Or remarque l'auteur, c'est ce dernier code qui est utilisé à l'école, d'où l'avantage des classes moyennes et supérieures déjà initiées à ce code.

Pour BERNSTEIN, les élèves issus de milieu populaire ont un désavantage lié à leur origine sociale qui se manifeste par leur orientation scolaire. Ainsi l'héritage culturel joue un rôle prépondérant dans la survie scolaire et détermine ses résultats tout au long du parcours scolaire. Si les élèves issus de la bourgeoisie ont des aptitudes dans des disciplines spécifiques et présentent des résultats satisfaisants, ceux-ci doivent cet avantage à leur héritage culturel qui correspond à celui de l'école. BOURDIEU, à ce propos, dira que « les étudiants les plus favorisés ne le doivent pas seulement à leur milieu d'origine des habitudes, des entrainements et attitudes qui les servent directement dans leurs tâches scolaires ; ils en héritent aussi des savoirs et un savoir-faire, des goûts et un `'bon goût'' dont la rentabilité scolaire » (BOURDIEU, PASSERON, 1964, p.30).

En effet, l'école reste la seule et unique voie d'accès à la culture et cela tout au long de leur parcours ; elle serait la voie royale de la démocratisation de la culture. Si les élèves de milieu défavorisé sont peu réceptifs à cette culture, c'est par souci de protectionnisme vis-à-vis de cette nouvelle culture aliénante. A ce sujet BOURDIEU est catégorique « pour les fils de paysans, d'ouvriers, d'employés ou de petits commerçants, l'acquisition de la culture scolaire est acculturation » (BOURDIEU, PASSERON, 1964, p.37).

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery