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Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou

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par Zah Marie SAWADOGO
Universite de Koudougou - Conseiller d'Education 2013
  

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IV.3.La violence scolaire, facteur explicatif de la déperdition scolaire

Le caractère violent de l'école a intéressé plus d'un spécialiste de l'éducation au début du XX e siècle. Pour DURKHEIM (1922), l'école est le lieu de socialisation par excellence de l'enfant en le moulant, le façonnant selon les attentes de la société dans laquelle il est appelé à jouer pleinement son rôle au processus de développement. Cette inculcation des manières de faire et d'être socialement admises se font souvent par contrainte en utilisant quelques doses de violence dans ses méthodes. Etant donné que la violence émane de la société en générale, il sera vain de vouloir se

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passer de cette violence qui participe à la socialisation primaire et secondaire de l'individu. Parmi, les institutions utilisant la violence se place en bonne place l'institution scolaire qui l'utilise dans ses méthodes de transmission de connaissances. Bon nombre de chercheurs se sont attachés à démontrer que cette violence utilisée par l'école s'exerce au profit de quelques classes sociales privilégiées (BOURDIEU, PASSERON, 1964).Michel Foucault a mieux décrit l'école comme étant une « institution disciplinaire » (FOUCAULT, 1975). Pour Foucault, le système de surveillance est au coeur de la pratique d'enseignement et du rapport pédagogique. Le système scolaire développe une « technique de dressage » qui suppose un « pouvoir disciplinaire » autoritaire et la mise en place d'un dispositif de contrôle et de contrainte ostensible : les moyens de coercition doivent être visibles par tous, tant pour exprimer le pouvoir des uns, que pour susciter la crainte des autres. Comme un « microscope de la conduite », l'institution veille à la docilité des corps et de l'esprit par une « micro pénalité » du temps, de l'activité, du comportement, du discours que sanctionne une série de punitions, du châtiment corporel aux privations et aux humiliations : « châtier, c'est exercer » (FOUCAULT,1975,p. 211). La pénalité du système scolaire différencie, hiérarchise, homogénéise donc normalise les comportements. L'examen a alors une double utilité. Il permet de classer mais aussi de punir dans un mouvement à la fois d'uniformisation et d'individualisation. Foucault se situe alors dans un courant « conflictualiste » (DURU-BELLAT, VAN ZANTEN, 1999) qui met en évidence le rôle de contrôle social et de reproduction du système scolaire. Louis Althusser (1974, p.76) parle de l'école comme d'un « appareil idéologique d'État »dominant dans le système capitaliste. « En fonctionnant à l'idéologie », « l'appareil »scolaire reproduit à la fois la qualification de la force de travail mais aussi son« assujettissement à l'idéologie dominante » (1974, p.339). L'école enseigne avant tout un« savoir-faire » : le « savoir-obéir » aux classes populaires et le « savoir-commander » aux classes dominantes. Dans le modèle althussérien, la question de la violence de l'école est secondaire puisque la base de son fonctionnement est idéologique. Cette propagation idéologique participe à forger et à maintenir le pouvoir, elle n'est qu'un moyen aux mains des politiques.

Pierre BOURDIEU et Jean Claude PASSERON, décrivent la violence dans l'enseignement en l'analysant sous un autre angle en parlant de la violence symbolique dans leur ouvrage célèbre « la reproduction ».Pour eux la violence que décrit Foucault n'est que l'aspect visible du phénomène mais moins contraignant que celle qui est symbolique et latente. Pour ces auteurs, « toute action pédagogique est objectivement une violence symbolique en tant qu'imposition d'un arbitraire culturel » (1970, p.19). La violence symbolique légitime les savoirs scolaires en masquant l'arbitraire culturel, sous un vernis d'objectivité et d'universalisme. Elle extorque des soumissions qui ne sont pas perçues par la masse populaire. Elle reproduit alors les inégalités sociales et

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maintient une certaine élite, en s'assurant de l'acceptation par les exclus des principes de l'élimination scolaire. Cette action réussit lorsqu'elle est investie d'une autorité pédagogique, c'est-à-dire lorsqu'elle est reconnue digne et légitime d'être exercée par ceux qui la subissent. En parallèle à une démocratisation de l'école qui accueille de plus en plus d'individus de toutes les origines sociales, la sélectivité s'est accentuée au profit de ceux qui peuvent mobiliser des capitaux scolaires, économiques et relationnels tout au long du parcours scolaire de leurs enfants. Les autres ont une scolarité précaire et une promotion sociale conditionnelle. Le système scolaire continue donc à exclure et à reproduire un même modèle social inégalitaire.

Ces rappels théoriques exposés très succinctement permettent d'éclairer la difficulté de certains élèves en l'occurrence les filles à s'adapter et à se maintenir dans le système scolaire actuel du Burkina Faso.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand