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Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou

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par Zah Marie SAWADOGO
Universite de Koudougou - Conseiller d'Education 2013
  

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II.1.1. La situation socio-économique et éducative des filles

Dans cette rubrique, nous avons analysé les différents mobiles pouvant accroitre la participation des filles aux activités domestiques et économiques. Le niveau d'instruction est un des facteurs clé pouvant entretenir des pratiques qui sont de nature à handicaper l'apprentissage des filles. Le tableau ci-dessous ressort les différents niveaux d'instruction qui cohabite dans les 103 ménages dont sont issues les filles que nous avons enquêtées.

Tableau 9 : Etat de niveau d'instruction croisé père-mère

Père

Mère

Analphabète

Primaire

Secondaire

Supérieur

Analphabète

40

15

4

0

Primaire

6

7

8

1

Secondaire

4

2

10

3

Supérieur

0

0

0

3

Total

50

24

22

7

 

Source : résultat de nos enquêtes

Le tableau N° 9 montre le taux élevé de couple analphabète 40 soit un taux de 38,83% de l'effectif total des ménages dont sont issues les filles enquêtées (103).Nous voyons que notre population est à domination analphabète.

56

Tableau 10 : Niveau d'instruction des parents par sexe

Père

Niveau

d'instruction

Mère

Niveau

d'instruction

Analphabète

49

Analphabète

60

Primaire

25

Primaire

20

Secondaire

22

Secondaire

18

Supérieur

7

Supérieur

5

Décédé

0

Décédé

0

Total

103

Total

103

 

Source : résultat de nos enquêtes

L'analphabétisme des parents par sexe sur les 103 élèves auprès desquelles nous avons approché est fortement présente soit 58,25% chez les mères contre 49 au niveau des pères soit 47,57% de l'effectif des parents des filles. Les mères sont les plus touchées par l'analphabétisme comme le dénote le tableau ci-dessus (tableau 10).

Tableau 11 : Profession des parents des filles

Profession

Père

Profession

Mère

Cultivateur

58

Cultivatrice/ménagère

87

Fonctionnaire

21

Fonctionnaire

4

Profession libérale

14

Profession libérale

3

Commerçant

9

Commerçant

9

Eleveur

1

Eleveur

0

Décédé

0

Décédé

0

Total

103

Total

103

 

Source : résultat de nos enquêtes

Les agriculteurs sont les plus représentés quand on se situe chez les pères (56,63%) de famille et les mères (84,44%).Cette catégorie socio professionnelle représente plus de la moitié de population d'étude. Il est à remarquer que les mères sont les plus présentes dans les activités domestiques et manuelles (cultivatrices et ménagère).

Tableau 12: Etendu des ménages

Membres

Effectif

Fréquence

Moins de 5 membres

8

7,76

5-9 membres

70

67,96

10-15 membres

20

19,41

16-20 membres

2

1,94

21 membres et plus

3

2,92

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

57

Les différents ménages dont sont issues les filles sont dominés par ceux ayant une taille de membre compris entre 5 à 9 membres (70 soit 67,96%).La charge familiale des parents est importante pour plus de la moitié des familles dont sont issues les filles. Une charge familiale élevée influe nécessairement sur le mode de gestion à adopter par les parents pour assurer la survie des membres de la famille.

Tableau 13 : Nombre d'enfants scolarisés par sexe

Sexe

Tranche

Effectif de garçons

Effectif de filles

1-2 élèves

58

46

3-4 élèves

18

49

5-6 élèves

1

6

7-8 élèves

0

0

9 élèves et plus

0

0

Sans réponse

2

2

Total

79

103

 

Source : résultat de nos enquêtes

Ce tableau montre que les filles sont plus présentes en termes de scolarisation dans les familles par rapport à celui des garçons qui sont présents dans les 79 familles soit 76,66% des familles. La tranche d'élèves les plus dominants sont celles ayant entre 1 à 2 élèves et 3 à 4 élèves tout sexe confondu.

Tableau 14 : La distance domicile-école parcourue par les filles par jour

Tranche de distance

Effectif

Fréquence

Moins de 1 Km

4

3,88

1-2 Km

41

39,80

3-4 Km

26

25,24

5-6 Km

13

12,62

7-8 Km

9

8,73

Plus de 8 Km

10

9,71

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Seulement 4 filles soit 3,88 % de l'effectif total sont les plus nanties et parcourent une petite distance pour se rendre à l'école les jours de classe. La dispersion des ménages dans l'espace et la concentration des établissements d'enseignement secondaire dans des zones spécifiques éloignent davantage les élèves de leur lieu d'apprentissage. Ce tableau montre que les filles fournissent un effort considérable pour rejoindre les classes chaque jour. Qu'en est-il du moyen de locomotion pour se rendre en classe ?

58

Tableau 15: Moyen de locomotion

Moyen de locomotion

Effectif

Fréquence

À pied

39

37,86

À vélo

60

58,25

À moto

4

3,88

En bus/voiture

0

0

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

On remarque que le vélo et la marche sont les moyens de locomotion les plus utilisés pour rallier les jours de cours domicile et école. Les cyclistes représentent 58,25% contre 37,86% d'élèves se rendant en classe à pied. Aussi bien que les moyens de locomotion permettent un temps soit peu de réduire le temps mis, mais qu'en est il de cette variable sur la durée journalière pour rejoindre les classes ?

Tableau 16 : Temps de ralliement journalier domicile-école

Tranche de temps

Effectif

Fréquence

Moins de 15 mn

14

13,59

Entre 15 et 30 mn

27

26,21

Entre 30 et 45 mn

35

33,98

Entre 45 et 60 mn

22

21,35

Plus de 60 mn

5

4,85

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Le tableau fait ressortir que plus de 75% des filles mettent au moins 15 minutes pour rejoindre les classes et le pic est détenu par quelques 5 élèves qui mettent plus d'une heure sur la route de l'école. Ces facteurs distance-moyen de locomotion et temps mis aura une incidence sur la ponctualité et assiduité aux cours.

Tableau 17 : Degré de ponctualité et d'assiduité aux cours

Réponses

Effectif

Fréquence

Oui

58

56,32

Non

45

43,68

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

On voit à travers ce tableau que 45 filles soit 43,68 % des filles ont un souci de ponctualité et d'assiduité aux cours et ce pour des raisons diverses que nous verrons dans le tableau suivant qui fait un état sur les motifs et mobiles soutenant ces retards.

Tableau 18: Mobiles des différents retards enregistrés

59

Raisons

Effectif

Fréquence

Travaux domestiques

16

35,55

Distance éloignée

9

20

Panne de vélo/moto

12

26,66

Maladies

0

0

Manque de moyen de locomotion

7

15,55

Obligation maternelle (allaitement...)

1

2,22

Total

45

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Ce tableau qui met en relief les effectifs des filles en retard et différentes raisons montrent que les travaux domestiques (35,55%) occupent le haut de l'échelle comme raison principale occasionnant les retards chez les filles. Les travaux domestiques sont suivis par les pannes de moyens de déplacement (26,66%) et l'éloignement du domicile et de l'école (20%).

Tableau 19: Utilisation du temps de pause entre 12 H et 15H

Réponses

Effectif

Fréquence

Reste à l'école

43

41,74

Rentre à la maison

60

58,26

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Sur l'effectif des 43(soit 41,74%) filles qui restent à l'école à la pause en attendant la reprise à 15 H, les mobiles de ce choix nous paraissent originaux et stratégiques. En effet, 20(soit 46,51%) d'entre elles affirment que le choix de rester à l'école leur permet de réviser les leçons, vu qu'à la maison il est difficile de se concentrer contre 23(soit 53,49%) qui associent deux mobiles comme la révision et la fuite des travaux domestiques. Il est évident que lorsqu'une situation perdure comme ce qui est des travaux domestiques à répétition et sans relâche, des stratégies sont développées pour tenter d'y remédier.

Les lieux de restauration quant à celles qui restent à l'école sont variés, la cantine pour les unes et marché de Saaba, kiosques et vendeuses de met à l'école pour les autres. Sauf une minorité de filles(5) qui déclarent ne pas déjeuner à la pause par manque de moyens financiers.

Pour ce qui est du gouter de la recréation, 41 d'entre elles (soit 39,80%) déclarent ne pas en prendre contre 62 (soit 60,20%) qui mangent à la recréation. Cette abstinence ou privation de manger à la recréation est soutenu par le manque d'argent de poche donné aux élèves. La pauvreté des ménages fait que certains parents sont dans l'incapacité de subvenir à quelques besoins élémentaires de leur progéniture.

60

Les charges scolaires étant une des conditions de scolarisation, beaucoup de personnes interviennent dans la cellule familiale pour porter mains forte dans la scolarisation des enfants en prenant en charges les dépenses liés à l'éducation des filles. Le tableau ci-dessous montre la part de contribution des différents intervenants dans les charges scolaires des filles.

Tableau 20 : Prise en charge des dépenses scolaires des filles

Intervenants

Effectif

Fréquence

Père

39

37,86

Mère

14

12,59

Père/Mère

33

32,03

Tuteur

13

12,62

Frère/soeur

3

2,91

Parrain/marraine/ONG

1

0,97

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Les pères restent les plus gros intervenants dans les charges scolaires (37,86%) contre les mères dont la contribution n'est guère négligeable (12,59%) et qu'il faut saluer à sa juste valeur. La plus grande contribution vient de l'association père et mère et cela pour 33 filles soit 32,03% des interventions. Ne perdons pas de vue la contribution des tuteurs, frère, soeur et ONG qui prennent en charge ces filles dans leur éducation. Cela montre que l'éducation en général, concerne tous les membres de la famille et même des individus extérieurs à la famille.

Le parcours scolaire des élèves en générale, et des filles en particulier ne se fait pas sans difficultés. Le parcours de certaines d'entre elle se fait sans obstacles c'est-à-dire de promotion mais d'autres par contre connaissent un état de redoublement, d'abandon et d'exclusion. Le tableau qui va suivre montre le parcours scolaire des 103 filles.

Tableau 21 : Parcours scolaire des filles enquêtées

Cursus

Non

%

Oui

%

Total

Redoublemen t

48

46,6

55

53,4

100

Abandon

102

99

1

1

100

Exclusion

102

99

1

1

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Le tableau récapitulant le parcours scolaire des filles fait ressortir que 53,4% d'entre elle ont déjà redoublé, une exclusion et un abandon avant de revenir sur les bancs. Tout en sachant que chaque élève a la possibilité de redoubler plusieurs fois, il suffit de changer d'établissement surtout privé pour continuer sa scolarité. L'analyse de la fréquence de redoublement fait ressortir que sur les 55

61

filles ayant déjà redoublé : 43 d'elles (soit 78,18%) ont redoublé une fois, 11 autres deux fois (soit 20%) et une seule trois fois (soit 1,81%).

Les cours de soutien sont une alternative permettant de renforcer certains cours non assimilés en classe avec des exercices d'applications. Les répétiteurs sont dans une certaine mesure un appui nécessaire aux élèves en difficulté. En ce qui concerne notre échantillon aucune élève ne bénéficie de cours de soutien ni à l'école, ni à domicile.

Les devoirs de classe permettent aux enseignants d'évaluer le niveau des élèves mais il arrive que des élèves manquent à un devoir pour une raison ou une autre. Sur les 103 élèves, seulement 19 ont manqué à des devoirs pour cause de maladie.

Pour ce qui est de la non-participation à une journée de cours et plus, le tableau ci-dessous relate cet état de fait chez les filles de la commune de Saaba.

Tableau 22: Non-participation à au moins une journée de cours

Réponses

Effectif

Fréquence

Oui

36

34,95

Non

67

65,05

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Pour ces cas d'absence, 36 filles soit 34,95% de la population déclarent avoir manqué à au moins une journée de cours contre 67 filles qui sont assidues. Les raisons de cette non-participation sont essentiellement la maladie (77,78%), raisons sociales (8,33%), activités familiales (8,33%) et l'expulsion pour non-paiement de frais de scolarité à 5,55%.Meme si toutes les conditions sont réunies pour une scolarité sans problème, qu'en est il du temps libres les soirs réservés à l'apprentissage et la révision ?

Tableau 23 : Disposition du temps libre les soirs pour la révision

Réponses

Effectif

Fréquence

Oui

66

64,07

Non

37

35,93

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

On remarque qu'une part non négligeable (35,93%) de filles qui ne disposent pas d'assez temps les soirs pour se consacrer à la révision une fois à domicile. Parmi ces 37 filles qui ne disposent pas d'assez de temps à la révision, 36 d'entre elle en sont empêchées à cause des travaux domestiques. Seulement une fille consacre son temps du soir aux activités commerciales. Pour celles qui avouent

62

avoir du temps libre pour la révision, le domicile reste le lieu privilégié (73,78%) suivi des abords de la route sous les lampadaires (15,89%) et chez les voisins (10,33%).

Les parents ont un rôle essentiel à jouer dans l'apprentissage de leurs enfants. Plus ceux-ci accordent un grand intérêt à travers une bonne implication, plus les élèves se verront dans l'obligation de s'appliquer dans l'apprentissage. Les tableaux ci-dessous (tableau 24 et 25) relatent la répartition par degré d'implication et par intérêt accordé aux résultats scolaire de leurs filles. Tableau 24 : Implication des parents dans l'apprentissage de leurs filles

Réponses

Effectif

Fréquence

Oui

39

37,86

Non

64

62,14

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Tableau 25 : Intérêt accordé aux résultats scolaires par les parents

Réponses

Effectif

Fréquence

Oui

98

95,14

Non

5

4,86

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Les résultats montrent que les parents accordent un intérêt sans précèdent aux résultats scolaires de leurs filles (95,14%), mais ne s'impliquent pas suffisamment dans leur apprentissage (62,14%).Cette non implication dans les apprentissages s'explique par l'analphabétisme des géniteurs. L'idéale serait que l'implication soit la même que l'implication pour le bien être de la vie scolaire des filles. Les soutiens que les filles reçoivent de la part de leurs parents sont de divers ordres et peuvent être combiné pour rechercher l'adhésion des filles et les permettre de mieux s'appliquer dans les études.

-Soutien moral concerne 54 filles, représentant 52,42% de l'effectif des filles ;

-Soutien matériel concerne 7 filles avec un pourcentage de 6,79 % de l'effectif ;

-Le soutien financier intéresse 11 filles soit 10,67 % de l'effectif ;

-Seize(16) filles reçoivent des soutiens financiers, moraux et matériels et représentent 15,53% ; -Seulement 10 d'entre elles bénéficient de soutiens matériels et moraux soit 9,70%.

Les personnes principales soutenant les filles dans leur scolarité sont les pères qui occupent la première place avec 43,68% des intervenants. Les mères qui sont au nombre de 37 à soutenir leurs filles et représentent 37,92 % du soutien. Les frères et soeurs ne sont pas à négliger car ils sont 12 à soutenir leurs soeurs et cela représente 11,65 % des interventions. Les tuteurs jouent un rôle

63

important en termes de soutien scolaire, 9 filles bénéficient de soutien de la part de leurs tuteurs représentant 8,73 %.

Ces différents soutiens sont appréciés positivement et à l'unanimité par les 103 filles qui en bénéficient. Ces différents soutiens dont nous faisons cas visent à permettre aux filles de rester le plus longtemps possible et d'aller le plus loin possible à l'école.

En terme de poursuite et de niveau d'arrêt des études pour les filles, 101 filles soit 98,05 % pensent qu'une fille devrait aller jusqu'au supérieur contre deux d'entre elles qui pensent qu'elles devraient arrêter les études au secondaire. Pour celles qui pensent qu'elles devraient arrêter les cours au secondaire, elles évoquent les raisons de mariage surtout.

Par moment, des filles pour une raison ou une autre abandonnent l'école. Nous avons demandé aux 103 filles si elles ont connaissance des filles qui ont abandonnées les classes. Et les réponses que nous avons enregistré démontrent que 76 d'entre elles ont connaissance d'au moins une fille de cette situation contre 27 qui n'en connaissent pas. Sur les 76 filles ayant répondu positivement, les mobiles occasionnant ces abandons sont récapitulés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 26 : Raisons d'abandon des filles

Raisons

Effectif

Fréquence

Non-paiement de scolarité

37

48,68

Grossesses précoces et indesirées

18

23,68

Mariage précoce ou forcé

9

11,84

Maladies

0

0

Discorde avec les parents

5

6,57

Quête d'emploi (domestique)

3

3,94

Manque de soutien

4

5,26

Total

76

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Les différents taux récapitulés auprès des filles montrent que la responsabilité des parents est grande dans l'abandon scolaire de leur progéniture. Le non-paiement des frais de scolarité occasionne des renvois temporaires mais peut constituer un des mobiles si cela se fait à répétition et sur les mêmes élèves. Les grossesses indesirées et mariages précoces occupent une place de choix dans l'abandon scolaire des filles. Les autres mobiles tels la discorde avec les parents, le manque de soutien et la quête d'un emploi rémunérateur ne sont pas à négliger.

Les travaux domestiques jouent un rôle majeur dans l'éducation de la jeune fille, ces travaux préparent les filles à bien jouer leur rôle dans leur vie future de femme au foyer. Il faut savoir que tout excès est nuisible et c'est le cas des activités domestiques dont les filles exercent à longueur de journée. Il nous est paru nécessaire de demander aux filles leur appréciation sur les travaux

64

domestiques. Les opinions recueillis auprès des filles montrent que 42 filles soit 40,77 % de filles qui apprécient les travaux domestiques de façon négative contre 61 filles soit 59,23 % qui les trouve positif et contribuant à leur éducation.

Les différents stéréotypes véhiculés dans nos sociétés confinant la femme à des tâches domestiques donc il est compréhensible que les filles trouvent certaines activités normales et spécifiquement féminines.

En dehors des heures de classes, les filles s'investissent dans diverses activités que nous pouvons voir à travers ce tableau ci-dessous.

Tableau 27 : Occupation des filles en dehors des heures de cours

Activités concernées

Effectif

Fréquence

Commerciale uniquement

1

0,97

Domestique uniquement

17

16,50

Scolaire uniquement

26

25,24

Commerciales et domestiques

0

0

Commerciales et scolaires

1

0,97

Domestiques et scolaires

45

43,68

Domestiques-scolaires-commerciales

13

12,61

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Une analyse de la participation des filles à des activités domestiques, commerciales et scolaires montre une part importante de temps réservée aux activités scolaires et domestiques en dehors des heures de classe. Mais une participation simultanée à deux activités(domestiques et scolaires) concerne près de la moitié de notre échantillon(43,68%).Par contre, on enregistre 26 filles qui ne participent à aucune des corvées domestiques et activités commerciales, mais consacrent tous leurs temps aux activités scolaires(révisions, exercices...).Les filles dans ce cas de situation représentent les 1/4 de l'échantillon (25,24%).Aussi, une partie importante de filles (13) cumulent les trois activités en dehors des heures de cours. Il est tout à fait évident que ces derniers ne bénéficient d'aucun repos en dehors des cours.

Nous avons tenté de comprendre si les garçons vivaient le même traitement que les filles en termes de participation aux différentes activités. Les réponses se lisent à travers le tableau suivant.

65

Tableau 28: Participation des garçons aux activités domestiques et commerciales

Réponses

Effectif

Fréquence

Oui

47

45,63

Non

56

54,37

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Ces différentes réponses des filles montrent une grande implication des filles dans les activités domestiques et commerciales que les garçons. Plus de la moitié des filles (54,37%) déclarent qu'elles sont laissées à elle seule dans l'exécution de ces tâches domestiques et commerciales contre 47 filles soit 45,63 % de l'effectif qui bénéficient d'un accompagnement des garçons dans ces activités.

A la question de savoir s'il existerait des activités spécifiquement féminines, les filles déclarent 58,26 % par l'affirmative contre 41,74 % qui pensent que les garçons peuvent exécuter les mêmes taches qu'elles. Pour celles qui pensent qu'il y aurait des activités spécifiquement féminines, elles font allusion à la garde des enfants, cuisine, lessive, vaisselle, aménagement, entretien et éducation des enfants comme si les garçons étaient exemptés de ces tâches. Cela met en valeur les stéréotypes sexistes véhiculés dans nos sociétés confinant ainsi les jeunes filles à des tâches domestiques. En effet, ces activités ne sont pas sans conséquences sur l'éducation des filles, voire même leur assiduité aux cours.

Il faut ajouter que la totalité des filles enquêtées (100%) s'investissent plus dans les mêmes activités ci-dessus énumérées (Tableau 27) pendant les weekends, moment supposé être de repos pour elles.

Les congés et les vacances sont pour elles le moment propice pour s'investir dans des AGR (Activités Génératrices de Revenus) à leur propre compte ou à coté de leurs parents. On enregistre 62 filles sur les 103 qui exercent une activité commerciale les congés et vacances. Les différentes destinations des retombés issus de ces activités lucratives sont compilées dans le tableau suivant (tableau 29).

66

Tableau 29 : Destination des économies

Destination

Effectif

Fréquence

Paiement de scolarité

3

4,83

Achat de fournitures

7

11,29

Paiement de loyer

1

1,61

Aide des parents en dépenses scolaires

28

45,16

Achat d'habillement

22

35,48

Aider le tuteur dans ses dépenses

1

1,61

Total

62

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Dans l'optique de savoir ce que pensent les filles sur leurs conditions d'apprentissage en rapport à celles des garçons, les différentes réponses sont présentées dans ce tableau (tableau 30).

Tableau 30 : Degré d'appréciation de la condition d'étude fille-garçons

Degré d'appréciation

Effectif

Fréquence

Moins bonne

19

18,44

Passable

26

25,24

Bonne

33

32,03

Meilleure

25

24,27

Total

103

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Pour les filles ayant une condition d'étude passable et moins bonne que celle des garçons soit 45 filles et représentent 43,68 % de l'effectif des filles enquêtées.

Comme solutions proposées par ces filles pour améliorer leur rendement et leur permettre de travailler dans de bonnes conditions, elles préconisent la réduction des travaux domestiques. En effet, elles affirment que les différents travaux les empêchent de se concentrer et d'être assidues et attentives aux cours, la fatigue les en empêchent à plus forte raison la révision des leçons qui se trouve être compromise.

Dans l'optique de mieux cerner le phénomène de la déperdition scolaire chez les filles, nous avons étendu notre population aux parents d'élèves de la commune de Saaba et ayant leurs enfants qui fréquentent les établissements dont nous avons enquêté les filles. Toutes nos hypothèses prennent en compte les parents d'élèves car ceux-ci entretiennent des pratiques qui sont de nature à faire obstruction à la scolarisation des filles.

Les parents d'élèves sont des informateurs privilégiés pour notre étude. Pour ce faire, nous avons compilé le profil des parents d'élèves enquêtés dans le tableau suivant en fonction de leur niveau d'instruction et statut socio professionnel. Le niveau d'instruction et le statut socio professionnel

67

sont des indicateurs pertinents dans la compréhension de certains comportements des parents d'élèves.

Tableau 31 : Profil d'instruction des parents d'élèves enquêtés

Niveau d'instruction

Effectif

Fréquence

Analphabète

9

31,03

Primaire

5

17,27

Secondaire

12

41,36

Supérieur

3

10,34

Total

29

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Les différentes données recueillies auprès des parents d'élèves font état d'une prédominance de ceux ayant le niveau secondaire à 41,36% contre quelques parents ayant un niveau d'instruction atteint le supérieur (10,34%).Par contre les analphabètes occupent une place de choix car représentant plus du 1/3 de la population. On enregistre seulement 5 parents d'élèves ayant atteint le niveau primaire. Le niveau d'instruction influencera les attitudes à l'égard de la scolarisation des filles.

Tableau 32 : Profil professionnel des parents d'élèves

Profession

Effectif

Fréquence

Cultivateur

12

41,37

Fonctionnaire

11

37,93

Profession libérale

3

10,34

Commerçant

1

3,44

Ménagère

2

6,88

Total

29

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Le profil professionnel reste dominé par les cultivateurs (41,37%), cela s'explique par le fait que l'on se situe dans une commune rurale et l'agriculture reste l'activité principale dans ces zones. Une part importante de fonctionnaires (37,93%) à cause de l'implantation des services déconcentrés et de la proximité avec la capitale. Quelques parents d'élèves s'exercent dans le commerce (3,44%) et autres professions libérales (10,34%) dans la commune.

68

II.1.2.L'utilisation du temps des filles ayant des parents analphabètes dans les activités socio-économiques et domestiques

L'analyse de la participation des filles issues de parents analphabètes aux activités socio-économiques et domestiques s'intéressera à une catégorie de parents. Etant donné que dans un ménage il est possible de rencontrer des niveaux d'instruction différents dans un couple ; nous nous sommes intéressé à l'analphabétisme totale des parents. C'est à dire analphabètes de père et de mère et cela concerne 40 ménages (tableau 9) de notre échantillon. Les couples analphabètes représentent 38,83% de la population.

L'utilisation abusive du temps des filles au profit des corvées domestiques se lit à travers ce graphique (graphique 3) qui montre que sur l'effectif total des filles issues de ces ménages type (analphabètes), une part importante de filles exerce ces activités. Sur les 40 filles issues de ces ménages, 27 d'entre elles soit 67,50% participent aux activités domestiques les soirs une fois à la maison contre 13 d'entre elles qui n'y participent pas et représentent 32,50% de l'effectif des filles. Plus de la moitié de l'effectif n'échappe pas aux corvées domestiques pendant que les 13 autres s'investissent dans d'autres domaines (repos, révision. .).Parmi les 27 filles qui s'investissement après les cours dans les activités domestiques ,21 affirment ne pas disposer d'assez de temps aux révisions des leçons contre 6 qui affirment avoir toujours du temps de révision après ces corvées.

Les filles ne disposant pas assez de temps pour les révisions, les raisons qui les en empêchent sont essentiellement les corvées domestiques (puisage d'eau, cuisine, lessive, vaisselles. .).En effet, celles qui sont exemptées de ces activités les jours de cours (13) participent à ces corvées domestiques les weekends (samedi et dimanche).La totalité des filles (100%) participent aux activités domestiques sans exception et de façon plus renforcée. Pendant les weekends, ces derniers sont une main précieuse aux côtés de leurs mamans ou de leurs soeurs dans l'exécution de certaines tâches liées à leur genre. La seule différence dans la participation se lit au niveau du temps réservé à ces activités. Pendant que certaines filles consacrent moins de temps, d'autres au contraire consacrent tout leur temps au détriment de la distraction, repos et révision.

Pour celles qui s'investissent le plus dans les corvées domestiques et activités commerciales après les cours, le tableau ci-dessous (33) détaille le temps réservé à ces différentes activités.

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Tableau 33 : Tranche de temps réservé aux activités commerciales et domestiques les jours de cours

Tranche de temps

Effectif

Fréquence

Moins d'une heure

3

11,11

Entre 1 et 2 heures

5

18,52

Entre 3 et 4 heures

13

48,14

Entre 5 et 6 heures

6

22,22

Plus de 7 heures

0

0

Total

27

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

La répartition par tranche de temps réservée à ces activités montre que les activités domestiques occupent une place importante dans le quotidien de certaines filles. Pendant qu'une grande partie de files(19) y consacrent au moins 3 heures à ces activités, d'autres par contre y participent mais de façon modérée, 8 filles consacrent tout au plus 2 heures par jour à ces mêmes activités.

Pour ce qui est de l'apprentissage de ces filles concernées à plein temps par ces différentes tâches, elles trouvent dans leur grande majorité qu'elles préfèrent rester à l'école après les cours pour consacrer le temps de pause pour repasser les leçons que de rentrer à la maison. En effet, le domicile ne leur offre pas la possibilité d'étudier compte tenu du quotidien qui les attend une fois à la maison. L'école devient le lieu idéal pour ces filles en termes de repos et d'apprentissage et elles y consacrent en moyenne 1,85 heure aux apprentissages à l'école contre 3,68 heures à ces activités domestiques à domicile. Soit le double du temps réservé aux activités scolaires.

Pour ce qui est de l'appréciation des parents d'élèves sur la participation des filles à ces activités, les réponses sont diverses. Sur les 29 parents d'élèves auprès desquels nous avons administré le questionnaire sur la participation des filles aux différentes activités, les réponses sont ainsi présentées dans le tableau suivant.

Tableau 34 : Appréciation des travaux domestiques et commerciaux des élèves filles par les parents d'élèves

Niveau d'instruction

Appréciation

Effectif

Fréquence

Analphabètes

Positive

5

38,46

 

8

63,54

Total

 

13

100

Scolarisés

Positive

11

68,75

 

5

31,25

Total

 

16

100

 

Source : résultat de nos enquêtes

Que l'on se situe du côté des parents analphabètes ou scolarisés, certains parents trouvent que la participation aux activités domestiques et commerciales est positive sur la scolarité des filles. Ceux-

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ci avancent comme mobiles que les travaux domestiques contribuent à forger la jeune fille pour qu'elle puisse jouer pleinement son futur rôle de femme au foyer. D'autre même diront que ces activités participent à l'éducation et l'éveil de la jeune fille.

Ceux qui pensent négatif l'impact de ces activités sur le rendement scolaire des filles, trouvent qu'à petite dose elles ne sont pas mal en soit mais à un certain degré empêche les filles de réviser et de se concentrer en classe. Ces activités à forte dose empêche la jeune fille d'être attentive en classe, car croupissant tous les jours sous le poids de ces activités. Finalement, nous comprenons que chaque parent d'élève à sa compréhension des tâches domestiques que l'on soit averti ou pas. Le niveau d'instruction ne permet pas de trancher le problème car même si pour certains, ces activités sont nuisibles et incompatibles avec la vie scolaire, d'autres par contre trouvent en elles un rôle éducateur des filles. Chacun y va de sa compréhension du phénomène des travaux domestiques.

Quant aux concernées par ces travaux domestiques, elles les trouvent négatifs à l'unanimité sur leur rendement scolaire et sont cause de leur échec par la réduction du temps consacré aux études.

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