~ La communication
soignants-soignés.
La communication est un élément clé pour le
bon fonctionnement d'un service. Elle crée confiance et
crédibilité dans les soins.
Dans notre étude, seulement 27.28% des
enquêtés disent être satisfaits de la communication entre
soignants et soignés.
ZANGO K. [30] a noté que 56% des enquêtés
n'ont pas été informés sur leurs pathologies. Certaines
informations doivent être portées à la connaissance du
patient.
SANOGO B. [33] a mené une étude sur la
communication inter personnelle soignants-soignés au Centre Hospitalier
Universitaire Pédiatrique Charles De Gaulle et a noté que 30%
n'ont pas de renseignements sur le traitement et a conclu qu'il existe une
faible pratique en matière d'information.
Retenir des informations, c'est permettre au malade de croire
à certains de ses préjugés. Un patient informé sur
les procédures de la prise en charge est apte à suivre les
consignes du prescripteur. Le code de déontologie insiste et interpelle
le personnel soignant à toujours communiquer avec les patients.
Le manque d'information maintient le patient dans son ignorance
et constitue assez souvent un frein aux soins. Il fait croire au patient que
ses
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préjugés sont fondés car les rumeurs
naissent là où il n'y a pas d'informations.
Ces résultats interpellent les agents à une
communication avec les patients. Certains patients seraient restés s'ils
savaient les risques encourus en allant chez un rebouteux.
Par ailleurs, certains n'ont pas reçu l'information selon
laquelle ils pourraient revenir à l'hôpital en cas d'échec
chez le tradithérapeute. Après avoir tenté de convaincre
le patient de rester jusqu'à la réalisation du traitement
définitif, si celui-ci maintient sa position de partir, les agents de
santé en pareille circonstance doivent rassurer le patient qu'ils sont
toujours à sa disposition et qu'il peut toujours revenir les voir
à tout moment en cas de besoin.
· Le coût de la prise en charge d'une
fracture en milieu hospitalier
Dans notre étude, ce sont 8.33% des enquêtés
qui estiment que le coût des soins sont abordables. Cela sous-entend que
91.67% ont jugé que le coût est élevé.
Pour BAKO E. [32] qui a mené une étude sur les
facteurs favorisant le recours à l'orthopédiste traditionnel dans
la ville de Koudougou en 2006, sur 174 enquêtés, plus de 2/5 ont
déclaré que « le coût moins élevé chez
le rebouteux» était la raison de faire recours à ces
derniers.
Quant à YEYE H. [9] il a noté
lors d'une étude sur les acquis et les limites de la médecine
traditionnelle en matière de prise en charge des fractures de membres
dans le District Sanitaire de Ouahigouya que sur 9
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enquêtés qui ont transité dans une formation
sanitaire avant de recourir chez le rebouteux, 5 patients soit 55.55% ont
avancé comme raison le coût élevé des soins.
Ce sont 33.33% des enquêtés qui avaient jugé
le séjour insatisfaisant du fait du coût élevé des
prestations. Même les enquêtés qui n'avaient pas
d'expérience sur l'utilisation des services de l'hôpital ont
jugé que le coût des soins est élevé.
Un calcul approximatif du coût d'une
ostéosynthèse permet de comparer ce coût avec les tranches
de dépenses moyennes de consommation de l'échelle du niveau de
vie. Le coût minimal subventionné d'une intervention chirurgicale
s'élève à environs120 250 F CFA, soit 240.5 dollars US. Ce
coût dépasse largement les dépenses moyennes annuelles d'un
individu classé à l'échelle de vie "pauvreté
extrême " où la dépense moyenne annuelle est
inférieure à 52 440f CFA. (Confère tableau I :
Présentation des quintiles de niveau de vie par personne).
Or, au Burkina plus de 45%de la population se trouvent dans
cette situation. On peut donc comprendre que la situation financière
soit difficile pour ces enquêtés en l'absence d'exonération
et de prise en charge financière par l'hôpital.
Il convient de noter qu'à propos des coûts des
médicaments et de l'intervention, tous les patients
enquêtés n'ont pas eux-mêmes acheté les
médicaments et matériels d'intervention mais ils se sont souvent
renseignés auprès de leurs voisins de lits qui ont accepté
se soumettre au traitement par la chirurgie.
· Le temps d'attente
opératoire.
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Ce sont 55.56% des enquêtés qui affirment que le
temps opératoire est assez long. Dans certaines fractures, le membre
malade est immobilisé par une traction sur le plan du lit ou sur un
appareillage conçu à cet effet. La traction peut durer pendant au
moins 3 semaines. Cela semble une période de longue attente
insupportable pour le patient, ayant la hantise de guérir le plus
tôt possible. La longue attente est un facteur de stress chez le malade ;
ce qui peut conduire ce dernier à vouloir quitter l'hôpital. Chez
le rebouteux, ou dans les structures privées des soins modernes,
l'accès aux soins est immédiat. Le long délai d'attente
opératoire de certains malades serait probablement dû à un
bilan préopératoire incomplet, à l'insuffisance
d'organisation du personnel du bloc opératoire et à
l'insuffisance de la réanimation préopératoire.
· Crainte du traitement des fractures par la
médecine moderne.
·
· Le plâtre
En ce qui concerne le plâtre, 80.56% des
enquêtés ont peur de l'inconfort lié à la pose du
plâtre. Ces résultats corroborent une étude menée
à Ouagadougou en 2000 par NACOULMA H. [34] qui a montré que 37.4%
des personnes qui ont ignoré l'hôpital lors de leurs traumatismes
ont clairement incriminé le plâtre.
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Du reste, les complications liées au plâtre
(compression sous plâtre, déplacement secondaire, syndrome de
Volkmann) peuvent créer une perception négative du
plâtre.
· . L'intervention chirurgicale
L'intervention chirurgicale d'une fracture consiste à
aborder l'os malade à travers une incision sur la peau. Cela
nécessite une abolition complète de toute sensibilité par
une anesthésie locorégionale ou générale avec une
induction au sommeil. Ce sommeil est comparé à une mort dont le
réveil n'est pas souvent évident, parce que les patients sont
parfois témoins de décès subit per ou post
opératoire.
D'autre part, la chirurgie a enregistré d'énormes
succès en matière d'intervention mais malheureusement, il y a
parfois des cas d'échec tel que rupture de matériel
d'ostéosynthèse, infection après
ostéosynthèse, douleurs résiduelles.
Certains patients préfèrent conserver leur membre
même déformé que d'avoir un membre amputé.
Ces raisons pourraient motiver un refus de l'intervention au
profit du traitement traditionnel.
· . Report de l'intervention
chirurgicale
Les résultats de notre étude ont
révélé que 11.11% des enquêtés ont vu leur
intervention reportée.
Ce taux est nettement en dessous de celui de RENE N. [35] qui a
mené son étude sur les facteurs limitant le respect du
rendez-vous
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opératoire au bloc chirurgical de traumatologie du CHU YO
a rapporté un taux de 42.10% en 2008.
Nos résultats révèlent une
amélioration de la qualité des soins en matière de report
des interventions. Ces efforts sont à maintenir pour minimiser davantage
le taux de reports des interventions.
Les raisons du report sont entre autre l'insuffisance de
matériel technique, le non respect du processus de préparation
pré opératoire par le patient, l'insuffisance de temps pour
exécuter les programmes opératoires. Quelle que soit la raison du
report, il laisse un sentiment de désolation, de tristesse pouvant
créer un choc psychologique.
Cette situation engendre de nombreuses conséquences au
niveau du patient qui sont entre autre l'augmentation de la durée du
séjour à l'hôpital, augmentation de l'angoisse. Cela
contribue non seulement à ternir l'image de l'hôpital, mais aussi
à amener les patients à aller dans d'autres structures de
soins.