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Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun

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par Fridolin Martial FOKOU
Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012
  

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2- Le bicéphalisme politique et ses conséquences.

La condition de stabilité et de maintien de la paix dans les pays d'Afrique noire post coloniales résidait pour une grande sur le fait des « hommes forts », « les pères de la nation »102(*), qui incarnaient tous les pouvoirs. Or, la crise économique des années 1980 a fait perdre à ces derniers le monopole d'influence dont ils disposaient. En effet, l'exigence de libéralisation économique prônée au niveau international avec la mise en évidence de l'émulation des forces du marché, le monopole de contrôle échappe dès lors à ces « pères de la nation ». De plus, coïncidant avec les crises sociales en Europe de l'Est, favorisait les vagues de démocratisation dans les Etats satellites d'Europe de l'Est mais aussi d'Afrique subsaharienne.

Cependant, ces derniers devaient se dérouler dans un environnement stable. Cela entraina donc la perte d'autorité de l'ancien chef de l'Etat sur l'appareil d'Etat. En effet, « à la succession ordonnée du 06 Novembre 1982, qui marque l'auto-consécration du système de domination politique, va suivre la perte de l'emprise du parrain sur l'appareil dont il a contribué, de manière décisive à mettre sur pied »103(*). Cette situation débouche tout naturellement sur des manoeuvres de suspicions dont on a assisté au Cameroun après 1982. A la vérité, « le court printemps de complicité entre le prédécesseur et le successeur a cédé la place à l'hiver de conflit politique pour la prééminence »104(*).

Ainsi, naquit des accusations mutuelles et conflictuelles. Celles-ci se traduisant par des paroles du genre, « je me suis trompé, le président Biya est faible. Mais je ne savais qu'il était aussi fourbe et hypocrite »105(*).

Il faut tout de même remarquer que cette déclaration vient juste après l'annonce, à travers un message présidentiel radiodiffusé, « d'un complot contre la sécurité de la république ». Les mesures prises à la suite de cette déclaration sont entre autre le limogeage de Bello Bouba Maigari, alors Premier Ministre et du ministre d'état chargé des forces armées, Maikano Abdoulaye ; l'organisation d'un procès tenu du 24 au 28 Février 1984 et au terme duquel l'ancien chef de l'Etat est jugé pour outrage au chef de l'Etat et condamné à cinq ans de prisons et une amende de 20 millions de FCFA106(*).

Pour certains, comme pierre Flambeau Ngayap, la gestion autocratique et personnalisée du pouvoir par Ahmadou Ahidjo n'avait pas laissé la place à une continuité du système après lui. Ainsi y note-t-il, « l'enjeu aujourd'hui, c'est de savoir si sa gestion politique (Ahmadou Ahidjo) a été telle que son remplacement à la tête de l'élite dirigeante ne débouchera pas sur la dislocation de l'édifice c'est-à-dire sur une crise de régime »107(*). L'hypothèse du coup d'Etat manqué de 1984 est donc prévisible.

De fait, la confrontation des deux chefs de l'Etat débouche sur le coup d'Etat manqué du 06 Avril 1984. Les officiers accusés sont « tous originaires du Grand nord ». Ceci paraissait d'autant plus logique qu'à l'annonce de cette tentative de coup d'Etat, l'ancien chef de l'Etat déclara : « si ce sont mes partisans, ils auront le dessus »108(*). Le bilan fait état de 70 morts, 52 blessés, 1053 putschistes faits prisonniers et 265 gendarmes portés disparus109(*).

Au-delà d'un simple constat de « menaces sur la paix et la stabilité » au Cameroun, la tentative de coup d'Etat du 06 Avril 1984 a permis de redéfinir les bases et les logiques du pouvoir au Cameroun. Outre la valse des postes constatée au lendemain de ce triste évènement110(*), la question centrale en politique est la remise en cause de la base de la logique de l'Etat qu'était le parti. Le chef de l'Etat annonça dès la couleur en ces termes :

...Il nous faut convenir, et le déplorer, qu'en ces circonstances particulièrement graves (tentative de coup d'Etat), notre parti n'a pas su démontré la pleine mesure de ses capacités d'encadrement et de mobilisation des masses. Notre parti aura davantage révélé en ces circonstances, les faiblesses de ses structures et de son fonctionnement, telles qu'elles ses sont manifestées dans l'impression de flottement qu'il a laissé apparaitre et dans son attentisme qui a pu être perçu comme traduisant de sa part, sinon de l'irrésolution, du moins un manque notoire d'organisation111(*).

C'est à la suite de cela que se tint le congrès du Renouveau à Bamenda, congrès au cours du quel l'on note la consécration et la substitution de l'Union Nationale Camerounaise (UNC) par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). La naissance du RDPC pose ainsi Paul Biya comme dénominateur commun de tout pouvoir au Cameroun. Désormais, « il n'existe plus par procuration ». Cette « ouverture » permettait dès lors la libéralisation des forces politiques au Cameroun. Ceci est d'autant plus vrai qu'à la même période, l'environnement international est propice à une décrispation des masses. A partir de 1985 donc, on peut dire que le Cameroun est entré dans une logique de contestation et de remise en cause de l'autorité. Le chef de l'Etat allait l'apprendre à ses dépends avec la montée d'adrénaline qui gagnait déjà toutes les forces sociales du pays en cette année de 1985.

* 102 Terme emprunté à J. Ki Zerbo, A quand l'Afrique ?, Paris, Denoël, 2003.

* 103 L. Sindjoun, « Le président de la république du Cameroun...», p.75.

* 104 Ibid.

* 105 Ahmadou Ahidjo le 24 Aout 1983, cité par Luc Sindjoun, « le président de la république du Cameroun...», p.75.

* 106 Cameroon Tribune du 03 mars 1984, p.8. Il faut tout de même relever que cette peine capitale sera commué en en simple détention par le chef de l'Etat le 09 mars de la même année.

* 107 P. F. Ngayap, Cameroun. Qui gouverne ? D'Ahidjo à Biya, l'héritage et l'enjeu, Paris, L'Harmattan, 1983, p.8.

* 108 Ahmadou Ahidjo à la radio monté Carlo, le 06 Avril 1984, Cité par V. Ndi Mbarga, Ruptures et continuités au Cameroun..., p.47.

* 109 Cameroon Tribune, n°2950 du 13 Avril 1984, p.6-7.

* 110 V. Ndi Mbarga, Ruptures et continuités..., p.55.

* 111 P. Biya, Le message du renouveau, vol 2, Ydé, 1992, p.95.

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