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Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun

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par Fridolin Martial FOKOU
Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012
  

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Chapitre IV

LE CAMEROUN FACE AUX ENJEUX DE LA DEMOCRATISATION AU DEBUT DU XXIème SIECLE : ENTRE EXIGENCES INTERNATIONALES ET VOLONTE INTERNE (2000-2006).

Le XXIème siècle s'ouvre au Cameroun sous des auspices mitigés. Le gouvernement sort d'un siècle où la dernière décennie aura été difficile pour le Cameroun. L'entrée dans le nouveau siècle suscite donc des peurs de vacillement de l'autorité gouvernementale. Les mesures prises s'apparentes presque toutes à des époques antérieures du Cameroun. Néanmoins, la société civile camerounaise, bien que balbutiante essaie de faire jouer sa partition. Ceci eut sur le gouvernement camerounais un impact considérable. Cela leur rappelle toutefois que nous vivons désormais dans un « monde d'ingérence ». En effet, débuté au début des années 1990 avec notamment le concept d'ingérence militaire, l'ingérence démocratique commence à être théorisée au début des années 2000. Elle permet désormais à la communauté internationale d'avoir un droit de regard sur l'avancée démocratique des Etats et notamment ceux du Sud. La trame de ce chapitre constituera donc à située cette réalité dans le contexte spécifiquement camerounais. Il se muera donc entre les sanctions internationales et les réactions du gouvernement camerounais visant à rester au contact de ces enjeux de début de siècle.

I- Des sanctions internationales aux initiatives internes : «sortir de la crise de démocratisation» (2000-2004).

Si la transition démocratique au Cameroun prend formellement fin avec les élections pluralistes de 1997, la démocratisation de la société camerounaise demeure une gageure. Ceci est d'autant plus palpable que le double classement du Cameroun par Transparency International fait craindre des effets néfastes. Le peuple semble de plus en plus être mis au pas, les contrôles sécuritaires des « années de braise » refont surface249(*). Mais, l'époque étant différente, l'action de la société civile pousse le gouvernement à changer de cap.

A- Le processus de démocratisation au bord du gouffre ou « la greffe qui tarde à prendre» : les menaces sur la paix.

Le rapport de Transparency International sur la corruption a eu plus de mal au Cameroun que le gouvernement n'a bien voulu le montrer. En témoigne le renforcement de l'ancrage sécuritaire dans certaines régions du Cameroun. Le clergé catholique dénoncera ces mesures avec une vigueur à nulle autre pareille.

1- L'épopée du renforcement de l'ancrage sécuritaire.

Au début de la décennie 2000 au Cameroun, les évènements produits au cours des années 1998 et 1999 amenèrent le gouvernement camerounais à changer de fusil d'épaules et à généraliser le « discours de la paix » comme paradigme et lignes directrices d'impulsion des actes gouvernementaux. C'est d'ailleurs à l'aune de ce changement de stratégie qu'il faut appréhender le discours du chef de l'Etat camerounais devant le corps diplomatique accrédité à Yaoundé le 06 Janvier 2000 lorsqu'il dit qu' «  en Afrique [...] la paix a le même prix qu'ailleurs »250(*). Mais la réalité est tout autre. Le peuple vit une toute autre réalité. C'est cette dichotomie d'appréhension de la réalité de la paix au Cameroun qui conduira le gouvernement à prendre des mesures qualifiées « d'hérésie » par Fanny Pigeaud251(*).

En effet, alors que les effets de la crise économique et sociale entrainent comme effet la montée de la haine vers un ennemi qualifié « d'intouchable », le système sécuritaire camerounais est renforcé. Car, à la réalité, le phénomène des coupeurs de route, des bandits de grands chemins prend de l'ampleur dans la plupart des villes du pays. Ceci est la conséquence d'un taux de chômage élevé et estimé à plus de 65% par la Banque mondiale dans son rapport sur les économies de l'Afrique subsaharienne252(*) ; La réaction gouvernementale prône plutôt pour un renforcement de la sécurité. C'est dans cette logique que contre toute attente, le Chef de l'Etat annonce en février 2000 la création d'un « commandement opérationnel » pour dit-il « combattre la criminalité dans les grandes villes camerounaises »253(*). Mais, dans un pays où les forces de l'ordre sont exemptes de tout contrôle et sanction, la mise sur pieds de ce « commandement opérationnel » donne ainsi aux forces de l'ordre les pouvoirs d'agir en toute impunité. C'est donc la manifestation d'une cristallisation des positions conduisant à créer au Cameroun une sorte « d'Etat dans l'Etat » au sens de Sophie Quagnard. Les conséquences de ce mécanisme ont été désastreuses. Plusieurs familles se sont vues enlevées certains de leurs membres sur la simple dénonciation du voisinage. Le commandement opérationnel dévie très vite un instrument de règlement de compte entre des populations où «  les replis identitaires ont pris le pas sur l'idéal de paix »254(*). La logique de « l'Etat partout » qu'à voulu créer le gouvernement perd toute sa crédibilité.

L'autorité de l'Etat est déterritorialisé non seulement sur le plan des allégeances électorales, mais également sur le plan de la sécurité. Le pays est devenu un ensemble « d'archipels sécuritaires » dans lequel l'Etat, qui avoue ne pas être capable de « mettre un policier derrière chaque camerounais »255(*), est contraint de céder ses prérogatives à des agences privées.256(*)

C'est ainsi que le phénomène de la « justice populaire » put se développer. L'action la plus spectaculaire est sans doute l'affaire des neufs disparus de Bépanda qui toucha l'ensemble de la société civile aussi nationale qu'internationale. Ceci témoigne de ce que l'époque est différente », les mesures gouvernementales n'allaient plus être soumises au silence et à la complaisance comme par le passé.

* 249 Moukoko Priso, Kamerun/ Cameroun : la transition..., p. 145.

* 250 Z. Ngniman, La paix au Cameroun. Un impératif absolue, Ydé, Edi' Action, 2000, p. 175.

* 251 F. Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya..., p. 182.

* 252 Banque Mondiale, rapport annuel, « les économies de l'Afrique subsaharienne », http:// www. Undp.org/le sous-développement de l'Afrique/le taux de chômage au Cameroun/, consulté le 22 Janvier 2012 à 18h55.

* 253 Z. Ngniman, Les chemins de la démocratie. Un pari perpétuel, Ydé, Edi' Action, 2003, p. 93.

* 254 F. Bitee, La transition démocratique au Cameroun..., p. 115.

* 255 Propos de monsieur Bell Luc René, alors délégué Général à la sureté nationale

* 256 F. Bitee, La transition démocratique au Cameroun..., p. 116.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon