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Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun

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par Fridolin Martial FOKOU
Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012
  

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II- «Le grand bond» ou l'arrimage progressif du Cameroun aux enjeux de démocratisation en Afrique subsaharienne à l'aune du XXIème siècle (2004-2006).

A l'aube de l'année 2004, le Cameroun est « dans une impasse ». Le processus de démocratisation semble de plus en plus s'apparenter à un mirage. Pour y remédier, l'Etat est contraint de réagir, mais en attendant, nous sommes en pleine année électorale et comme toujours, l'administration tourne au ralenti. Alors, 2004 demeurera comme une année de quasi mutisme non seulement en ce qui concerne les institutions étatiques mais aussi les actions politiques.

A- Tirer les leçons du passé : la démocratisation passe par l'éradication de fléaux sociaux. La réalité camerounaise.

Si le problème de la gouvernance préoccupe l'Etat depuis les années 2000, il faut reconnaitre que les résultats concrets se font toujours attendre. Dans cette perspective, il est difficile de parler de démocratisation de la société. Pire encore, en pleine année électorale, la scène politique camerounaise ressemble à un ring où les différents adversaires d'observent. Entre temps, le pays s'enfonce dans le chaos.

1- L'impact l'atteinte amorcée du point d'achèvement de l'Initiative Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE).

La période de la démocratisation du Cameroun correspond aussi à une période de contrainte économique qui amena le pays, malgré lui quelques fois, à tendre la main aux partenaires financiers internationaux280(*). C'est même sur fond de crise économique que le phénomène de la démocratisation prit de l'ampleur en Afrique noire globalement et au Cameroun spécifiquement. Car, « si l'on sait généralement que les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) ont débuté avant l'avènement du processus démocratique, il est clair que pour les populations, les nouveaux régimes doivent être ceux du changement »281(*). De fait, les PAS au Cameroun ont apparu comme l'antichambre de l'IPPTE. C'est en effet en 1996 que le Cameroun est inscrit à l'IPPTE282(*). Ainsi, après avoir essayé en vain les Dimensions Sociales de l'Ajustement (DSA)283(*), le Cameroun entra dans l'ère de l'IPPTE284(*). Ainsi, au terme de l'atteinte du point de décision en Octobre 2000, « le Cameroun a bénéficié des ressources intérimaires estimées à 213 milliards de FCFA »285(*). C'est à partir de là que le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) fut conçu et adopté officiellement en Avril 2003.

L'objectif fondamental du DSRP est de soutenir un effort global, mené par les pays eux-mêmes, en vue de donner à la réduction de la pauvreté une place plus importante dans les stratégies de développement des pays à faible revenus, renforçant ainsi leur efficacité, et d'accroitre le soutien que leur apportent les partenaires extérieurs286(*).

Cependant, au même moment, la réalité sociale camerounaise est tout autre. Chaque jour, un fossé énorme se creuse entre la classe dirigeante et les populations locales mettant ainsi en évidence le phénomène des détournements de fonds publics287(*). C'est dire que la mise sur pieds du DSRP, au delà de la fonction de lutte contre la pauvreté, apparait davantage comme une simple réponse aux exigences de la communauté internationale. Or, le Cameroun est depuis 2000 engagé dans la seconde phase de l'IPPTE devant le conduire au point d'achèvement. Et, la réussite de cette seconde phase dépend de l'exécution satisfaisante des reformes fondamentales convenues au point de décision et du maintien et de l'exécution pendant au moins un an du DSRP. Certes, les sociétés d'Etat connaissent un début de privatisation, mais globalement, l'ensemble des mesures prises vont à l'encontre de la réalité décrite par les ONG nationaux et internationaux sur le Cameroun. Etant entendu que la batterie de mesures exigées doivent contribuer à élargir le champ de la démocratisation du pays, il est donc inconcevable de parler d'aménagement de l'espace démocratique lorsque le pays est en proie aux fléaux sociaux importante. Cela ne peut que contribuer à exaspérer les populations et jeter les bases de l'insurrection. Toute chose qui remettrait en cause la situation de paix et de stabilité dont le pays se réclame. Zahir Farès a très bien mis en exergue la relation qui existe entre la démocratie et la pauvreté lorsqu'il écrit :

La démocratie est, tous les jours, remis en question dans un Etat de famine, de malnutrition, de maladies endémiques, de chômage. Focaliser l'attention sur le multipartisme et la construction d'un Etat de droit est positif, mais insuffisant. Conditionner l'aide aux réformes politiques est certes, un excellent levier de pression pour éviter des tentations extrémistes. Mais ce levier doit pouvoir jouer de façon harmonieuse avec un programme efficace de redressement économique288(*).

Or, au Cameroun, le levier n'était pas en adéquation avec le programme national. C'est donc tout naturellement que les échéances fixées pour l'atteinte du point d'achèvement ne seront pas respectées ; en effet, prévue dans l'accord intérimaire pour Octobre 2004, le point d'achèvement n'est pas à l'ordre du jour de la gouvernance publique au Cameroun. C'est donc tout naturellement que le Cameroun n'atteint pas le point d'achèvement en 2004.

Cette décision des bailleurs de fonds internationaux recèle deux enseignements : tout d'abord, le Cameroun n'a pas satisfait aux deux critères clés du point de décision ; ensuite, le Cameroun continue d'avoir de sérieux problèmes de gouvernance et enfin que la démocratisation de la société camerounaise est un mirage. Ainsi, le pays obéit à la définition classique de la « crise de la démocratisation » donnée par Raoul Serges Zacharie Nyanid. Mais, pour le gouvernement, l'enjeu le plus important en cette fin d'année 2004 est bel et bien l'élection présidentielle.

* 280 Donnés économique du gouvernement 2004...p. 24.

* 281 Z. Farès, Afrique et démocratie. Espoirs et illusions, Paris, L'Harmattan, 1992, p. 75.

* 282 Programme conjoint de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International mis sur pied en Septembre 1996 et qui vise à atténuer les inconvénients sociaux des PAS. Dans son principe, la dette n'est pas annulée mais le service de la dette est transféré dans un compte spécial pour servir à des fins purement sociales : éducation, santé, développement des infrastructures de communication...Cf. à cet égard Touna Mama, l'économie camerounaise, un nouveau départ, Paris, Afrédit, 2008.

* 283 Cela signifie que l'on reste dans la logique des PAS c'est-à-dire un désengagement de l'Etat, mais les ressources financières octroyées par la communauté Internationale sont directement acheminées vers les groupes de la société civile.

* 284 Pour atteindre le point de décision, le pays doit satisfaire à un certain nombre de critères parmi lesquels : pouvoir faire face à un volume de la dette insupportable, engager des réformes politiques et économiques, formuler un Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP). Au terme du respect de ces critères, le conseil d'Administration de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International décide officiellement de l'admissibilité du pays. Ainsi, la communauté internationale décide de ramener la dette du pays au seuil de viabilité c'est-à-dire à un niveau tel qu'il peut lui-même supporter le remboursement.

* 285 I. Tamba, Stratégies de désendettement et politique de développement au Cameroun : ruptures, permanences ou continuités ?, Ydé, Friedrich Ebert Stiftung, 2002, p. 80.

* 286Ibid., p. 98.

* 287 D. Boukongou (Dir.), De la pauvreté au Cameroun, Ydé, Presse de l'UCAC, 2005, p. 62.

* 288 Z. Farès, Afrique et Démocratie...p. 146.

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