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Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun

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par Fridolin Martial FOKOU
Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012
  

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CONCLUSION GENERALE

Il nous a été donné dans ce travail d'évaluer, de peser et même de sous-peser les rapports entre l'extension du processus de démocratisation et l'assurance d'une société stable dans un environnement où l'on remarque çà et là des remous politiques. L'investigation menée nous a permis de comprendre que le processus d'ouverture démocratique qui suppose la présence d'une pluralité d'acteurs s'est manifesté au tout début de la passation de pouvoir de 1982. Celle-ci a entrainé des changements dans la gestion de l'Etat. Changements que l'on pourrait considérer de majeurs même s'il s'agissait encore selon les mots de Fabien Eboussi Boulaga d'une « démocratisation du parti unique ». De fait, les logiques réfractaires y sont encore très vives et seuls les facteurs externes « comme toujours dans la vie politique camerounaise »312(*) viendront y apporter un coup d'accélérateur avec notamment la fin de la guerre froide et son corollaire l'excroissance du processus de mondialisation.

Le régime a donc dû s'adapter à la nouvelle donne. Ainsi, à la pression populaire de la revendication d'une conférence nationale souveraine, le régime y a préféré une tripartite donc le souci majeur pour la classe politique camerounaise en générale, l''opposition comme le gouvernement, était de mettre fin au mouvement des « villes mortes » qui avait embrasé le pays tout entier et qui apparentait le Cameroun aux « pays de tradition instable ». Or, ici plus que partout ailleurs, l'histoire y a laissé un mauvais souvenir de ce qu'est la violence et l'instabilité. C'est ainsi qu'au-delà de la querelle sur la tenue ou non d'une conférence nationale souveraine, tous les acteurs se retrouvent tout de même sur le consensus d'un retour à la stabilité. C'est seulement ainsi qu'on peut comprendre l'acception de l'opposition de participer à la tripartite et c'est ainsi aussi qu'on peut interpréter le fait qu'ils aient ratifié la déclaration finale de la tripartite, il est vrai à l''exception du SDF dont on peut comprendre son refus par le fait qu'il avait peut être un peu trop surestimé son poids sur la scène politique camerounaise.

Se faisant, l'ouverture démocratique s'est manifestée sous la forme d'un double scrutin pluraliste en 1992 dont l'absence de certains partis aux législatives, au-delà de traduire une certaine radicalisation, manifeste davantage un mauvais calcul politique car, comment vouloir obtenir des assises politiques sans assises parlementaires, qui plus est dans un régime qui sort à peine d'un système monolithique caractérisé par un verrouillage strict des données politiques. Alors, c'est en négligeant les législatives d 1992 que l'opposition assura, il est vrai avec quelques abus gouvernementaux, une assise politique au gouvernement dans un contexte multipartisme.

Ainsi, comment ne pas penser que « ...le retour au multipartisme a permis des sorties négociées de l'autoritarisme, en garantissant souvent, il est vrai, à l'ancienne classe dirigeante des conserver ses positions et ses habitudes »313(*). Dès lors, doit-on concevoir le processus de démocratisation comme un échec dans les sociétés d'Afrique noire ? certes comme l'écrit Noa Biyegue Jacqueline, « l'avènement du multipartisme [en Afrique subsaharienne depuis 1990]314(*) constitue un processus de décompression autoritaire plutôt qu'un processus de démocratisation, lui, synonyme d'un marché politique véritablement concurrentiel »315(*), mais il faut reconnaitre qu'une séparation stricte entre multipartisme et démocratie et entre démocratie et démocratisation nous permet de convenir que l'idée de démocratie résulte d'un « vouloir-vivre et d'un vouloir-faire collectifs, ce qui suppose la participation de tous et de chacun à la production, à la gestion de la chose publique et un partage équilibré du produit commun. Elle évoque donc l'idée de justice sociale »316(*). On peut dès lors considérer que la démocratie au Cameroun pose tout aussi les problèmes que connait la démocratie en général ; Alors, Hountonji a bien résumé la situation de la démocratie en Afrique en général et au Cameroun an particulier en ce termes :

La démocratie ne va pas de soi, gouvernement du peuple par le peuple, il n'est pas évident qu'elle soit une valeur, ou une valeur absolue [...] Et si la démocratie est un défi, c'est peut-être d'abord pour cela : parce qu'elle suppose non seulement l'affrontement de la machine répressive, la dénonciation sans complaisance et la lutte pratique contre la barbarie triomphante, mais aussi, mais d'abord, que nous fassions sur nous-mêmes le travail intérieur préalable nécessaire pour nous libérer de la peur et devenir enfin ce que nous n'avons peut-être jamais été : nous-mêmes317(*).

C'est donc dire qu'en l'absence des mesures de lutte contre les fléaux sociaux, c'est la justice sociale qui est remise en cause. Or, si la justice sociale est compromise, c'est la paix et la stabilité qui sont ébranlées. Ainsi donc ;, le Cameroun en l'absence des mesures de préservation de la cohésion sociale accentue les facteurs d'instabilités. De fait, considérer la problématique de la paix dans le contexte social camerounais revient à considérer en dernier ressort ce concept comme allant bien au-delà de la simple démocratisation. Elle englobe dès lors toute la vie politique camerounaise. Alors, il devient plus louable de parler ni plus ni moins que d'une transition politique.

Mais, la transition politique, entendue comme le passage d'un régime à un autre, est différent de la démocratisation ; il faut dire qu'au Cameroun, le début de l'année 1997 marque non seulement la fin de la transition démocratique, mais aussi le début de la démocratisation de la scène politique camerounaise. Dans cette logique, la paix prend une toute autre signification. Au-delà de caractériser « l'absence de guerre », elle signifie tout aussi une gestion équitable des rouages étatiques, une amélioration claire des institutions étatiques. Or, dans ce registre, le constat fait est plutôt mitigé car l'ensemble des mesures prises par le gouvernement depuis la fin de la transition politique au Cameroun, sont certes louables, mais ne manquent pas de laisser un goût d'inachevé et d'incompréhensions. La manifestation de la corruption comme cheville ouvrière de la gouvernance politique au Cameroun a plongé le pays dans des situations parfois catastrophiques conduisant aux « exploits malheureux » comme l'a attesté le classement de Transparency International.

Ainsi, loin de constituer un « îlot de paix », le Cameroun traduit progressivement une situation de « malaise général » où la population a l'impression, et ce n'est qu'une impression, peut être fondée, que la communauté internationale tisse parfois avec le régime en place des liens si complexes qu'ils s' apparentent à une toile d'araignée dont il est toujours difficile de déterminer ni le début ni la fin de la toile. Ainsi, on peut dire que,

La démocratisation a élargi l'espace politique, mais de manière incomplète. Les élites africaines [et donc camerounaises]318(*) vivent en lévitation au dessus des sociétés. La concomitance de la démocratisation et de l'excroissance de la mondialisation a en effet crée un nouveau type de régimes politiques : « les démocraties FMI ». La sélection des élites y est le produit d'une double dynamique : élections multipartites et adoubement par les institutions financières internationales319(*).

Soit, « si la démocratie ne se construit pas dans la rue [...] mais plutôt par le recours aux verdicts des urnes »320(*), il n'en demeure pas moins qu' « une élection publique n'est jamais un évènement ordinaire, un banal fait de société [...] C'est un évènement sociétal total, dynamique et historique, qui tire se arguments dans le passé et réalise son projet dans le futur »321(*). C'est donc dire que c'est par rapport au projet de société passé et futur d'un candidat qu'il est élu. Or, le Cameroun comme on l'a vu souffre d'un déficit de projet de société. Si le slogan de l'opposition se résume en une sorte de « Biya must go » dont la population en a de plus en plus marre d'entendre, celui du gouvernement se résume à agiter devant la place publique la « nébuleuse de la paix » dont se réclame le système.

Certes, l'on peut parler de stabilité institutionnelle en lieu et place de la paix car la paix suppose une société où l'harmonie sociale est assurée. Tout au moins, on peu parler davantage de libération de l'ancrage autoritaire car celle-ci s'entend comme « un phénomène de redéfinition et d'extension des droits. Une caractéristique de ce stade précoce de la transition est la dépendance précaire sur un pouvoir gouvernemental qui demeure arbitraire et fantasque »322(*). Quoi qu'il en soit, cela pose le problème de la complexité d'appréhension de la réalité de l'étude que nous achevons sur la démocratie et la paix, qui plus est dans un pays pluri-ethnique comme le Cameroun. La symbiose réalisée va alors au-delà de la conception de la démocratie sur le maintient de la pacification politique au Cameroun.

Alors, au sortie de ce travail, nous éprouvons certes un sentiment de satisfaction, mais aussi et en même temps un goût d'inachevé. Un goût d'inachevé dans la mesure où nous avons l'impression qu'au-delà du lien démocratisation et paix où la paix prend davantage le sens d'un mirage dans le contexte camerounais, il est important de s'interroger sur ce sentiment de résignation telle que constater dans la société camerounaise où au-delà de la pauvreté, du chômage, du sous-emploi, l'on s'accorde à penser tout de même que la paix permet de transcender tous les autres maux. Peut-être les futurs travaux permettront d'établir un lien entre la « psychologie pacificatrice » actuelle du Cameroun et le legs colonial. Ainsi, il est important de s'interroger sur cette question de la construction d'une « psychologie pacificatrice » dans la société camerounaise. Cela permettra d'ébaucher un raisonnement qui va bien au-delà de la démocratisation apparaissant dans cette logique comme une discontinuité, une césure dans le processus global de construction camerounaise de la pacification.

* 312 F. Eboussi Boulaga, La démocratie de transit au Cameroun..., p.78.

* 313 Atlas du monde diplomatique, Hors série, « L'Afrique au tournant », Novembre 2009, p. 170.

* 314 C'est nous qui Soulignons.

* 315 J. Noa Biyegue, «Le processus de démocratisation en Afrique : un mariage à négocier entre tradition et modernité», Thèse de doctorat Ph D en Sociologie, UY I, 2003, p. 48.

* 316 Ibid., p. 124.

* 317 P. Hountonji, « la démocratie aujourd'hui», Afrique 2000, n° 1, Avril-Juin 1990, pp.61-62.

* 318 C'est nous qui soulignons

* 319 L'atlas du monde diplomatique..., p. 174.

* 320 Mongo Béti, La France contre l'Afrique..., p. 149.

* 321 Service OEcuménique pour la paix et la promotion humaine, Les élections camerounaises de 1997, Ydé, Service Humanus, 1998, p. 11.

* 322 R.-M.-L. Onana, «La problématique de la transition démocratique...», p. 54.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci