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Des interventions de l'onu au congo: regard sur le mandat de la monusco.

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par Ange-Marie SHERIA NKUNDAMWAMI
Université officielle de Bukavu - Licence en science administrative 2012
  

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1 .2. Un éternel recommencement

De fait, dans l'est du Congo, rien ne semble véritablement changer. Les rebellions et les groupes armés sont toujours là, ils changent de noms, parfois d'alliances. Les civils continuent de se déplacer en masse. Le pays compte plus de 2 millions de déplacés internes, qui se trouvent pour l'essentiel dans le Kivu.

L'émergence de la rébellion du M23, les mouvements de troupes des FDLR ou des Mai-Mai, n'ont rendu que plus claire la réalité de la situation. Dans cette partie de la République démocratique du Congo, la guerre se poursuit. « Le problème, c'est qu'il y a ce parti pris de dire qu'on est en période de consolidation de la paix, pas de maintien de la paix. Mais dans l'est, on n'est pas en phase de consolidation de la paix, mais de guerre civile », explique encore Séverine Autesserre. « Avec ce changement de langage, on crée artificiellement l'idée qu'on progresse. Mais c'est faux, cela n'a rien à voir avec la situation sur le terrain », précise Adam BACZKO, doctorant à l'École des Hautes Études en sciences sociales.

Depuis que le tout premier casque bleu a posé le pied sur le sol congolais en 1999, le mandat de la mission a considérablement évolué. Aujourd'hui, toutes ses forces sont concentrées à l'Est. La résolution 1925, adoptée en mai 2010, rétrocède au gouvernement congolais, issu des élections, la responsabilité première de la protection des civils, même si cela fait toujours partie d'un mandat de la MONUSCO. Elle doit surtout assurer la protection des personnels onusiens et des humanitaires  en réduisant la menace que constituent les groupes armés, aider à la restauration de l'autorité de l'État, insister sur la réforme du secteur de la sécurité, entre autres. « Un inventaire à la Prévert », commente  Séverine Autesserre. Son mandat a été prorogé à plusieurs reprises, la dernière fois en juin 201280(*). 13 ans déjà de présence et il est impossible de dire quand cette mission pourra prendre fin.

Le changement de position de la MONUSCO est plus qu'une simple question de langage. Avant 2006, l'armée et le gouvernement étaient considérés comme une partie au conflit, au même titre que les groupes armés et partis politiques qui leur étaient associés. Aujourd'hui, la mission est là pour les appuyer. Le leitmotiv, c'est de dire que la MONUSCO est impartiale, mais pas neutre. Encore une affaire de mots. « Le plus grave pour moi, c'est cette perte d'impartialité. La MONUSCO ne peut plus jouer un rôle de médiateur, elle est l'une des parties engagées dans ce conflit. C'est ce qui explique aujourd'hui sa perte de crédibilité et d'influence », explique Séverine Autesserre. « L'élection de 2006 a été supervisée par la communauté internationale, celle de 2010 a été entachée d'irrégularités, mais la communauté internationale a estimé que ces irrégularités ne remettaient pas en cause le verdict des urnes.

En principe, la MONUSCO ne peut qu'appuyer les autorités congolaises. Il ne lui appartient pas de se prononcer sur la légitimité ou non du gouvernement », pense quant à lui Waatibal Kumaba Mbuta. Revenir sur ce soutien, traiter à nouveau l'armée congolaise comme un groupe parmi d'autres serait sans nul doute le pire des constats d'échec. Ce serait aussi une gifle intolérable pour Kinshasa. Mais aujourd'hui le positionnement de la MONUSCO est devenu illisible au point que l'on prépare le déploiement d'une force neutre à la frontière entre le Rwanda et le Congo. N'est-ce pas en soi un constat d'échec pour la mission de l'Onu?

A chaque fois qu'une conversation s'engage sur le mandat de la MONUSCO, l'exemple de l'opération Artémis revient régulièrement sur la table. Cette force de 1500 hommes à peine est parvenue en l'espace de trois mois à sécuriser la ville de Bunia. Agissant sous couvert du chapitre 7 de la charte des Nations-Unies, elle est entrée en guerre contre les milices, les a désarmées de force. Son mandat et ses objectifs étaient simples et clairs, son positionnement sans ambiguïté. « La position actuelle de la MONUSCO est intenable. Il y a un faux engagement, une fausse neutralité. Si la MONUSCO conserve ce positionnement, la guerre va continuer », estime Adam BACZKO.

Le soutien de la mission onusienne à une armée défaillante, poursuit-il, ne permet pas aujourd'hui au gouvernement de reprendre le contrôle de l'Est. Mais elle ne permet pas non plus, précise-t-il, aux groupes armés de prendre de l'envergure et de se muer en des alternatives politiques. D'où, selon Adam BACZKO, ce sentiment de statu quo. Et finalement, les populations civiles ne sont pas non plus véritablement protégées. « Seule une démarche offensive de la MONUSCO contre les groupes armés et particulièrement le M23 et le FDLR peut permettre, à court terme, au gouvernement congolais de contrôler l'Est de son territoire et de protéger efficacement la population », assure Waatibal Kumaba Mbuta. C'est ce que réclame aussi le gouvernement congolais, un élargissement du mandat de la MONUSCO qui modifie les règles d'engagement des casques bleus pour  « protéger plus efficacement les civils », sous-entendu, pour combattre directement les groupes armés.

Les quelques 20 000 hommes en uniforme de la mission peuvent-ils réellement venir à bout de la multitude de groupes armés qui pullulent dans l'est du Congo? On parle de plus de  180 000 kilomètres carrés, pas d'une ville. Et pour permettre quoi exactement à court terme? Le déploiement de l'armée telle qu'elle se présente aujourd'hui?

L'autre option serait de partir, au moins pour la composante militaire de la force. Certains l'envisagent au sein même de la MONUSCO. Une idée empreinte d'une certaine nostalgie. La mission pourrait alors retrouver son rôle d'observateur et de médiateur et en revenir à des missions civiles. Mais après l'hypothétique départ des casques bleus, que deviendrait l'armée congolaise? Comment arriverait-elle à résister aux groupes armés? Plutôt qu'un départ précipité qui pourrait se révéler catastrophique, Séverine Autesserre préfère envisager un recentrage de ses ressources sur des tâches précises comme la protection des civils. « C'est une organisation très militaire, ce qui n'est toujours pas adaptée pour remplir toute une partie de ses missions. Beaucoup, comme par exemple le soutien à la réforme de l'Etat, pourraient même être menées, non pas par la MONUSCO, mais par les agences onusiennes ou les ONG », explique-t-elle. Cela demanderait évidemment une plus grande coordination entre les différents acteurs présents sur le terrain.

La MONUSCO est peut-être pointée du doigt à raison. Mais tous ces manquements ne suffisent pas à expliquer l'immense gâchis de ce conflit dans l'Est. Les causes de l'insécurité sont multiples : la faiblesse de la démocratie congolaise, l'échec de la réforme du secteur de la sécurité, l'exploitation illégale des ressources minières, mais aussi les conflits locaux et notamment liés à la terre qui sont trop souvent ignorés. C'est toute l'assistance étrangère au pays qui doit être repensée, pas seulement un mandat : le positionnement des chancelleries, l'affectation des aides financières et techniques, les stratégies d'intervention des humanitaires...

Derrière la relative inefficacité de la MONUSCO se profile surtout l'échec de la communauté internationale. La géométrie des interventions onusiennes n'est après tout que le résultat d'un compromis entre États.

La République démocratique du Congo (RDC) ne cesse de faire les manchettes, mais ce, rarement pour les bonnes raisons. Les différents conflits ethniques, ainsi que ceux entourant le contrôle des ressources naturelles, freinent le développement du pays depuis plusieurs décennies. Récemment qualifiée de capitale mondiale du viol, il semble pertinent de se demander pourquoi cette région du monde, riche en ressources naturelles, continue d'être ravagée par la guerre et par les atrocités. Les opérations de maintien de la paix (OMP) déployée en RDC sont devenues les plus dispendieuses jamais implantées par l'ONU. La mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC), qui a duré de 1999 à 2010, fut remplacée par la mission de l'ONU pour la stabilisation de la République démocratique du Congo (MONUSCO). L'incapacité de contrôler les reprises périodiques des violences en RDC a instauré une situation où l'efficacité de ces deux missions a été remise en question. Dans un contexte où il y a de plus en plus d'interrogations concernant l'implication de la communauté internationale dans des conflits, que ce soit en Lybie en Syrie ou encore au Soudan, ce texte vise à présenter deux difficultés notoires qui endiguent les opérations de maintien de la paix de l'ONU.

* 80 LECLERCQ, C., L'ONU et l'affaire du Congo, Paris 1964.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle