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Signe et expression dans les réécritures des recherches logiques de Husserl

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par Lydia AZI
Université de Lille 3 - Master 1 2014
  

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3.1.2. L'acte catégorial et l'acte de signification

Il est alors bien intéressant de relever la conception que Husserl propose de l'acte de signification dans la première recherche logique, à laquelle il apporte des nuances dans les textes de XX.II des Husserl Band. En séparant l'acte de signification lorsqu'il a lieu dans la Seelensleben, donc dans l'intimité de notre

73 E. Husserl, Hua XXVI, Vorlesungen über Bedeutungslehre Sommersemester 1908, Ursula Panzer (éd.), Dordrecht/Boston, Lancaster : Martinus Nijhoff, 1987, p. 15, tr. fr. J. English, Paris : Vrin, 1995, p. 35-36

74 Ibid., p. 17-18, tr. fr. p. 39

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propre vie psychique, et l'acte de signification lorsqu'il se réalise dans un contexte de communication partagée. En séparant ces deux situations, Husserl construit, dans la Première Recherche Logique, l'indépendance de l'acte de signification:

« Quand nous réfléchissons au fonctionnement de l'expression et de la signification et donc à cette fin d'ordonner la construction de l'intime unité de l'événement de l'expression remplissante grâce aux deux facteurs mot et sens, ici le mot apparaît en lui même, comme identique à lui même et le sens apparaît comme ce qui a été "vu" avec le mot, ce qui par les moyens du signe est signifié [...]"75 » [Notre traduction].

Ici donc, Husserl fait cette première distinction : Il semble qu'il y ait deux facteurs dans l'expression remplissante, le mot et le sens, le Wortlaut et la signification. Et lorsqu'on les pense séparément, le mot apparaît en lui même, en tant que caractère et le sens apparaît comme transmis par ce caractère, la signification du signe. Cependant, Husserl développe :

« L'expression semble de temps à autre dirigée vers l'intérêt de soi [...]. Mais cette visée n'est pas celle dont nous avons déjà parlée. La présence du signe me motive par la présence, ou mieux encore, la démonstration de la présence de la signification. Ce qui pour nous doit nous servir d'indice ou de signe connu, doit pour nous être percu comme étant présent. Ceci est aussi le cas de l'expression partagée, mais ce n'est pas le cas dans le discours avec soi même. Ici nous fonctionnons, normalement, avec des représentation [vorgestellten] au lieu de véritables mots76 » [Notre traduction].

Dans ce texte, Husserl fait la différence entre le signe et sa fonction communicative et le signe lorsqu'il est seulement pensé. La fonction de signification parait indépendante du signe, puisque dans le cadre de la Seelensleben « la non existence d'un mot ne nous dérange pas77 » [Notre traduction]. Ce qui fait sens est, dans la Première Recherche, la représentation. Il n'est pas nécessaire d'intégrer le matériel - le Wortlaut, pour fonder l'acte signifiant dans la pensée. Mais Husserl revient sur ce point dans les réécritures :

75 E. Husserl, Hua XIX.I, « Ausdruck und Bedeutung », 7, p. 42, lignes 14-18

76 Ibid, p.42, lignes 19 à 27

77 Ibid, lignes 35-36

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Ce n'est en rien un acte indépendant. L'acte de signification est fondé sur le Wortlaut. Plus encore, le parallélisme entre cette analogie et celle du fonctionnement de l'intuition catégoriale est frappant : La signification est basée elle aussi sur une intuition sensible, cette intuition, c'est le matériel sonore, le Wortlaut. C'est une synthèse, un acte dialectique de dépassement : Les deux parties primaires, l'intuition du Wortlaut et l'intention de signification donne lieu à la signification.

Effectivement :

« l'intention et l'intuition catégoriale exigent une succession d'actes avec des actes articulés et fondateurs qui sont ensuite réunis dans un acte qui les ressaisit tous [Übergreifende Akte] et qui a lui même une intention distincte et nouvelle. Dans ces actes fondés, quelque chose est donc donné qui ne pouvait pas encore l'être dans les actes fondateurs simples78 »

Le signifié n'étant pas le Wortlaut, il existe d'autres actes qui fondent l'unité de l'acte de la signification. En considérant l'acte de signification comme une intention et intuition catégoriale, Husserl lie les élements fondateurs de l'acte de signification. La signification dans la einsame Seelensleben, dans l'intimité de notre psychè, ne peut donc plus se faire à l'aide de contenus représentés, puisque les contenu représenté se représentent eux-mêmes, mais le processus qui mène à la représentation est lié à un objet non représentatif, le signe. Le signe linguistique fonctionne comme ci il était écrit ou prononcé y compris dans le cadre de la pensée.

Mais cependant, comme le relève Maria Gueynmnt dans son étude comparative de l'acte de signification et des actes catégoriaux, ils ne se fondent pas tout à fait de la même manière :

« La fondation des actes catégoriaux est une superposition partielle de matières intentionnelles : il s'agit d'actes qui visaient les mêmes objets, ou des objets qui, en tout cas, coïncidaient partiellement. Or on voit bien que ce n'est pas le cas pour les actes de signification. Au contraire, l'objet signifié

78 D. Lohmar, Le concept husserlien d'intuition catégoriale, Revue philosophique de Louvain, 2001, 99, 99-4, p. 653

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ne peut jamais être le Wortlaut lui-même. »79

Ainsi, l'acte de signification qui utilise comme fondement le signe, ne se présente pas tout à fait sous le modèle d'un acte catégorial. Dans la sixième Recherches Logiques, Husserl explique que le signe en tant qu'objet apparait dans un premier temps dans l'expérience, en tant que Wortlaut ou signe écrit, mais :

« Cet acte n'est pas encore désignant, cela nécessite dans le sens de nos analyses précédentes l'apparition d'une nouvelle intention, une nouvelle constitution à travers laquelle la perception intuitive est remplacée par quelque chose de nouveau, l'objet désigné est ainsi signifié80 » [Notre traduction].

L'intuition du signe n'est pas ce qui motive directement la signification. Il y a une série d'actes nouveaux qui précèdent l'acte de signification et ne respectent pas tout à fait le fonctionnement de l'acte catégorial puisque l'acte catégorial, comme le précise Maria Gueymant, est une sucession d'actes qui visent le même objet mais de différente manière. Leur correspondance forme ensuite l'unité de l'acte. C'est une synthèse d'actes intentionnels, qui vise une partie d'un objet donné, comme décrit très justement par Husserl dans la paragraphe 48 de la Sixième Recherches Logiques.

L'intuition du Wortlaut possède donc une relation nouvelle avec la signification. Dans les réécritures, Husserl clarifie l'acte de signification du signe linguistique fondateur avec l'introduction d'un nouveau concept, la tendance.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon