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Signe et expression dans les réécritures des recherches logiques de Husserl

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par Lydia AZI
Université de Lille 3 - Master 1 2014
  

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3.1.3. Le mot et la chose

Pour mener à bien l'étude de la donation de sens, il faut tout d'abord revenir

79 M. Gyemant, «Le rôle du concept de Tendenz dans l'analyse husserlienne de la fondation à l'époque des Recherches logiques», Bulletin d'Analyse Phénoménologique [En ligne], Volume 8 (2012), Numéro 1: Le problème de la passivité (Actes n°5), URL : http://popups.ulg.ac.be/1782-2041/index.php?id=534.

80 E. Husserl, Hua XIX.II, paragraphe 14, « Zeichen, Bild und Selbstdarstellung », p. 587, Lignes 6-9

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à la base : l'état des choses. Le mot et le discours n'est pas naturellement présent dans le monde. Les objets existent et les mots signifient des objets du monde, mais « le discours n'est pas pareil à un objet réel81 » [Notre traduction]. Cependant les discours entretiennent une relation avec les choses, on peut les lier à des objets, lorsqu'ils sont signifiant, c'est à dire, lorsqu'ils sont des signes dotés d'un pouvoir expressif : Dans ce cas, ils correspondent à une réalité. Les mots, la grammaire, les structures logiques et tout ce qui est doté d'un pouvoir expressif et signifiant servent à isoler un évenement dans la vie courante, à le soulever et à porter une intention dessus : « une phrase qui ordonne seule n'est pas un évenement réel comme l'est l'ordre et son corrélat momentané82 » [Notre traduction]. La phrase n'est pas un évenement en elle même mais elle permet à un corrélat de devenir un évenement. Pour nous, dans l'expérience du discours, le mot est la même chose que celle qu'il définit, mais ça n'est pas le cas.

Une succession d'acte et de visée différente transforme le mot en signifiant du signifié. Les analyses de l'oeuvre de Magritte La trahison de l'image83, propose souvent de distinguer l'image, la Darstellung, de l'objet, la pipe, et c'est en cela que la pipe peinte n'est pas une pipe. Cependant, Magritte a écrit en dessous de l'image cette phrase : « Ceci n'est pas une pipe ». Le mot, comme la représentation, ne sont pas l'objet qu'ils représentent. Dans le cas de l'image et du mot, comme nous l'avons déjà constaté, les actes de significations sont différents, mais le mot non plus n'est pas une réalité. Comme Husserl le précise : « Dans le monde, dans la nature dans son sens large, il n'est rien de tel que les mots84 » [Notre traduction]. Les mots et les signes sont des inventions, ils sont conventionnels. Ils appartiennent au monde de la logique et de la culture, mais pas au monde de la phénoménologie et de la nature;

Les signes linguistiques n'ont pas d'intérêt en eux-mêmes, ils portent leur intérêt sur quelque chose d'autre. Ils sont porteurs d'une tendance, d'une sorte

81 E. Husserl, Hua XX.II, « Beilage XIII », p. 111, ligne 27, « die Rede nicht als eine reale Gegenständlichkeit [ ...] ist »

82 Ibid, Ligne 3-4

83 Annexe 2

84 E. Husserl, Hua XX.II, « Beilage XIII », p. 113, ligne 8-9, « In der Welt, in der Natur« imweitesten Sinn, gibt es nicht so etwas wie Worte. »

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d'attirance vers leur signification : le signifié. « Je ne conçois pas le signe de la manière, dont je conçois (et contemple) un objet. Je conçois l'ouverture dans la signification, je conçois la tendance85 » [Notre traduction]. Le signe renvoie à une signification, mais qu'est ce que la signification du signe ? L'indice pour Husserl, est un objet perceptible qui renvoie, comme les lumières de la salle de spectable, à une situation perceptible. Le signe lui, donne une signification. L'intuition matérielle du signe, le Wortlaut, offre une matière perceptible qui de surcroît désigne un autre objet, le signifié, qu'il soit présent ou non. Le caractère signifiant du signe et du signal dans les réécritures, c'est celui d'une ouverture vers un acte signitif. Si l'acte est signifiant, c'est parce que les vécus psychiques, les évenements personnelles de la conscience qui en fait l'expérience, permettent de corréler une relation entre un mot qui est arbitraire et un sens, un objet qui n'est pas là.

Mais ce qui est arbitraire dans la donation de sens n'est que le Wortlaut, c'est lui qui ne ressemble jamais au signifié, car c'est lui qui n'existe pas comme objet dans la nature. Le signe en tant que moyen de l'expression sert de manifestation, d'indice donc - de la manifestation dans le discours partagé, de l'intention du locuteur. Il agit donc comme « un indice de l'intention de signification qu'il représente86». Le Wortlaut, c'est donc la composante qui définit véritablement le signe et son caractère spécial : sa capacité de désigner pour différents actes intentionels, un objet autre que lui même.

Les Wortlaute fonctionnent donc comme un type d'indice, qui peut être intuionné. Ils viennent de la vie psychique du locuteur qui extériose cet information, ce mot arbitraire, comme matériel possible pour fonder l'acte de signification chez le destinataire. Il indique la volonté du locuteur de viser tel ou tel mot. En cela c'est un code, qui peut être corrélé à une information, une signification si le destinaire peut le reconnaitre. Et il le reconnait grâce à la somme

85 E. Husserl, Hua XX.II, « Beilage XVIII », p. 183, lignes 1-3, « Also erfasse ich nicht das Zeichen in derArt, wie ich sonst einen Gegenstand erfasse (und betrachte). Ich erfasse das Eingangstor in das Bedeuten, ich erfasse die Tendenz »

86 M. Gyemant, Investigaciones Fenomenológicas : Razón y Vida., Qu'est ce qu'un signe linguistique ?, p, 227, vol. Monográfico 4/I, 2013

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de ses vécus psychiques précédents qui font que le signe n'est jamais une connaissance, mais toujours de l'ordre de la reconnaissance, Erkennen. C'est grâce à « une certaine somme de vécus psychiques qui, reliée de manière associative à l'expression, qui en fait par ce moyen l'expression de quelque chose87 »

Dans cette optique, on peut considérer le signe comme engageant toujours la reconnaissance, car même si l'identification peut être une connaissance, non une reconnaissance, comme l'acte d'intuition et l'intention de signification d'une image qui ressemble à l'objet représenté, le signe ne ressemble pas à son signifié. Ainsi, la reconnaissance d'un « objet repose dans une identification qui semble indiquer un reconnaître, une démarche dans laquelle il y a eu vérification, vérification d'une adéquation88 » Parce que la vérification c'est toujours pour comparer un état de chose à un état chose déjà connu. L'acte de signification n'est alors possible que si le signe est déjà une connaissance.

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