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Comprendre le concept de conscience en classe de philosophie au lycée : approche phénoménologique.

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par Sylvère Gildas NGOMO
École Normale Supérieure de Libreville - Master 2 2016
  

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III- Critiques du concept de conscience

Semblablement à ce que nous avons vu antérieurement, le cogito de Descartes « Je pense donc je suis » est l'affirmation que je suis en toute certitude une chose qui cogite, un sujet doué de conscience. La conscience serait alors, en ce sens, une faculté que possède notre esprit de saisir ce qui se passe en nous ou hors nous. La conscience serait le paroxysme de l'activité psychologique. D'ailleurs, la conscience psychologique peut se prolonger en une conscience morale qui, selon Rousseau, permet à l'homme de se rendre « semblable à Dieu ».

Or, la conscience, même lorsqu'elle se fait réflexive, n'a pas que des vertus. C'est ainsi qu'indépendamment de son intermittence, on observe parfois son caractère accessoire, voire perturbateur, quand elle s'interpose dans le déroulement d'une action habituelle. Il est alors permis de penser qu'elle n'est peut être pas nécessaire à l'action, qu'elle s'oppose même à la vie dont elle n'éclairerait que les aspects superficiels.

1-Nietzsche : de la superficialité de la conscience

Nietzsche va être amené à contester la philosophie traditionnelle de la conscience qui stipulait que la conscience serait l'apanage exclusif de l'homme. La tradition philosophique pensant l'homme, définissait la conscience comme l'aptitude de savoir ce qui se passe en nous et autour de nous. De ce fait, elle institue la conscience, comme l'aspect la plus élevée de l'activité mentale. Nonobstant, Nietzsche paraît ne pas être de cet avis, c'est d'ailleurs en ce sens qu'il écrit :

« La pensée qui devient consciente ne représente que la partie la plus médiocre, disons la plus superficielle, la plus mauvaise, de tout ce qu'il pense : car il n'y a que cette pensée qui s'exprime en paroles, c'est-à-dire en signes d'échanges, ce qui révèle l'origine même de la conscience.12(*)»

Nietzsche considère la conscience comme la partie « la plus médiocre, disons la plus superficielle, la plus mauvaise de tout ce qu'il pense ». La conscience n'est donc pas toute l'activité humaine, seule une partie superficielle nous apparait. De plus elle est « la plus mauvaise » car elle est la plus lacunaire, elle est imparfaite. La conscience n'est donc pas toute la vie psychique, car elle ne correspond qu'à cette partie de l'activité psychique qui se développe dans la vie en société.

Nietzsche fait la critique de la philosophie classique de la conscience. Dans la philosophie classique il s'agit d'une conscience réflexive, c'est-à-dire que c'est le retour de l'esprit sur ses propres contenus afin d'organiser et trier les données qui s'y trouvent. Ce retour de l'esprit est ce qui définit la réflexivité de la conscience. L'être humain est un être conscient et un être dont l'esprit réfléchit et se réfléchit. C'est d'ailleurs ce que Descartes va expliquer dans son cogito. Descartes explique que la conscience est une introspection de nous même. Il s'agit de l'effet d'une résolution, c'est la résolution de douter selon un cheminement méthodique. Ainsi l'être humain parvient à une connaissance de soi même et de sa nature d'être pensant. C'est une conscience qui, loin d'être naturelle, est accessible par une méditation « métaphysique ». Le cogito de Descartes est tout simplement l'affirmation que je suis une chose qui pense. Quoi que je pense, je ne peux pas nier que je pense. L'homme doute et douter c'est penser. Au moment où l'on doute je pense et donc si je doute je suis. Je peux douter de tout mais je ne peux pas douter de l'acte de douter. Or, Nietzsche montre dans ce texte que la conscience n'est pas l'expression d'une substance pensante, c'est la partie la plus superficielle, la plus légère, il ne s'agit pas de toute vie psychique en tant qu'acte même de la pensée. Elle est intimement liée au corps de l'homme ainsi qu'au langage, la conscience n'est que la partie médiocre en nous qui est intelligible afin de pouvoir vivre en société. Nietzsche fait donc une critique de la conscience.

2-Marx : la conscience comme produit social

Pour davantage saisir les hommes, il faut comprendre où ils vivent et où s'expriment leurs idées. Nous remarquons que les hommes sont dans une société capitaliste et que leurs idées se manifestent dans cette société et leur parviennent d'elle. En conséquence, c'est notre être social qui détermine notre conscience. C'est ce que pense Marx, puisqu'il affirme dans l'une de ses préfaces :

« L'ensemble de ces rapports (rapports entre les hommes) forme la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s'élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n'est pas donc la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience.13(*) »

Marx est donc l'un des penseurs à avoir sérieusement mis en doute le statut central de la conscience chez l'homme. Pour Marx, c'est la société qui fabrique et détermine jusqu'à notre propre conscience personnelle, et c'est l'économie, les forces productives matérielles qui sont à l'origine des idées. On avait cru jusqu'à présent que la conscience, en tant qu'individuelle, était notre propriété, a l'abri de toutes les influences extérieures. Or, non seulement notre conscience est déterminée par notre existence sociale, mais encore, elle est le reflet de la classe sociale à laquelle on appartient. C'est ainsi qu'un « être » prolétarien pense en prolétaire, et un « être » bourgeois pense en bourgeois. Engels ne pense pas le contraire lorsqu'il reprend l'affirmation de Feuerbach suivante: «  On pense autrement dans un palais que dans une chaumière.14(*) »

3-Freud et l'émergence de l'inconscient

Le terme inconscient est étymologiquement composé de « In » et « Conscient ». Etant un préfixe privatif, « In » renvoie à ce qui est opposé au radical « conscient ». Composé lui-même de « con » comme préfixe signifiant « avec », le mot conscient est aussi formé d'un suffixe « scientia » qui veut dire « savoir ».

Dans une approche générale, l'inconscient est éventuellement compris comme étant un ensemble de représentations repoussées par le moi, parce qu'elles sont antinomiques aux valeurs morales. Le terme d'inconscient sous la lueur de la pensée freudienne indique les processus psychiques spécifiques, qualitativement différents des processus conscients. Cela revient à dire qu'il n'y a pas prolongement, mais plutôt une cassure fondamentale avec la conscience. Cependant, la découverte de l'inconscient conduit à une sérieuse restructuration de l'idée du sujet. Dorénavant, il serait impossible d'identifier le sujet à la conscience semblablement fait dans les habitudes philosophiques depuis Descartes. La psyché de l'homme ne peut davantage se réduire, ainsi le pensait Descartes, à une conscience de soi absolument claire à elle-même. Le sujet est à partir de là composé à la fois d'une conscience et d'un inconscient, tout en soulignant bien que l'inconscient contient beaucoup plus de représentations que la conscience. C'est d'ailleurs ce que souligne Freud lui-même en ces termes :

« Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme [...] parce que ta conscience te l'apprendrait alors. Et quand tu restes sans nouvelles d'une chose qui est dans ton âme, tu admets, avec une parfaite assurance, que cela ne s'y trouve pas. Tu vas même jusqu'à tenir `'psychique'' pour identique à `'conscient'', c'est-à-dire connu de toi, et cela malgré les preuves les plus évidentes qu'il doit sans cesse se passer dans ta vie psychique bien plus de choses qu'il ne peut s'en révéler à ta conscience. [...] les processus psychiques sont eux-mêmes inconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés au moi que par une perception incomplète et incertaine, équivalent à affirmer que le moi n'est pas maitre dans sa propre maison.15(*) »

Il est évident qu'avec Freud, on ne peut plus faire de la conscience le fondement de la certitude comme le faisait Descartes. Avec Freud, la conscience (moi) ne connaît nullement la majorité du temps ce qui se passe dans son psychisme (maison). Il faut en conséquence penser que le médecin et psychiatre s'oppose à l'idée d'une unité du sujet. Le sujet est à l'avenir précisément divisé entre sa conscience et son inconscient. Le sujet de ce fait n'est plus libre et maitre de lui-même. Il est beaucoup plus définit par ses pulsions que par sa conscience désormais. A partir de Freud, la notion du sujet n'apparait plus que comme une erreur ou un égarement. Cette originale manière de concevoir le sujet lui provoquera suffisamment de critiques, malgré cela, le fondateur de la psychanalyse reste confiant, étant donné que son hypothèse de l'inconscient garde un gain de sens, aussi bien qu'il affirme :

« On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychisme inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient. Elle est nécessaire parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience.16(*) »

Au regard de tout ce qui vient d'être analysé, le conscient revoie a ce que chacun de nous voit clairement dans sa conscience. Néanmoins, suivant Freud, cette conscience paraît ne pas détenir entièrement le pouvoir sous son toit, c'est ainsi qu'il prône l'hypothèse d'un inconscient qui jouirait d'une supériorité sur la conscience. Selon Freud, l'inconscient est cette couche dissimulée du psychisme où le clair regard de la conscience ne peut pénétrer, il s'agit en clair de la profondeur de ce qui n'est pas conscient.

PARTIE II

LE CONCEPT DE CONSCIENCE SELON LES DIFFERENTS COURANTS DE PENSEES PHILOSOPHIQUES

* 12 NIETZSCHE F., Le Gai Savoir, Édition électronique, Les Échos du Maquis, 2011.5ème livre, pp.91-92

* 13 MARX K.., préface de la Contribution à la critique de l'économie politique, Editions sociales, 1947, p.4

* 14FEUERBACH L. cité par ENGELS F., Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Editions sociales, 1946, p.29

* 15 FREUD S., Essais de psychanalyse appliquée, « Une difficulté de la psychanalyse », Paris, Gallimard, 1993, pp.144-146.

* 16 FREUD S., Métapsychologie, « l'Inconscient », Paris, Gallimard, 1968, pp.96-98.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry