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Le statut du lait durant l'adolescence.

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par Sarah PHAM
Toulouse Jean Jaurès II - Master Sciences Sociales Appliquées à là¢â‚¬â„¢Alimentation 2016
  

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Conclusion hypothèse n°1 :

Dans L'Homnivore, Claude FISCHLER (2001, p.100) évoque un élargissement et une socialisation des goûts alimentaires influencés directement par les pairs. Il reprend les termes de DUNCKER qui parle de modifications des préférences alimentaires sous l'effet de « suggestion sociale » ayant un effet d'autant plus marqué en étant entouré d'individus « dominants » ou avec nos amis. De ce fait, la qualité alimentaire, les choix alimentaires, l'imitation des proches et le partage familial sont des facteurs qui, par l'influence des pairs et de la famille vont engendrer une modification des préférences alimentaires chez les adolescents pour le groupe du lait et des produits laitiers et les conduire à revoir leurs préférence gustative par une évolution des goûts marquée à cet âge.

Hypothèse n°2 : La différence de genre redistribue l'évolution des choix alimentaires vis à vis des produits laitiers en fonction de critères esthétiques et corporels et de normes diététiques.

Comme vu en partie 1 (Cf Partie 1, Chapitre 1 : Le domaine de l'adolescence, 2.4- La différence de genre), des stéréotypes liés au sexe persistent et cette différence devient d'autant plus marquée à l'adolescence. Suite à la puberté les adolescents connaissent des changements corporels qui bouleversent leur estime de soi. Les filles ont tendance à avoir une estime de soi moindre que les garçons et les préoccupations relatives à leur apparence physique deviennent plus importantes. Ajouté à cela, l'image sociétale normée de la femme et de l'homme, les jeunes sont de plus en plus amenés à devoir surveiller leurs choix alimentaires pour se conformer aux standards exigés et codifiés par la société d'aujourd'hui. La modification des nouveaux choix alimentaires adoptés a-t-elle une répercussion sur la consommation de lait et de produits laitiers ?

? Image corporelle et perception physique

Les adolescents interrogés sont tous d'accord sur la question : la préoccupation liée à l'image corporelle est un sujet qui a de l'importance aujourd'hui. Et si il a autant d'importance, c'est parce la société tient un rôle majeur dans le façonnage de l'image attendue d'eux :

« c'est la société, c'est le culte du corps » (LG, entretien exploratoire n°2),

« c'est vrai qu'il y a un certain poids de cette image corporelle qui pèse dans nos sociétés » (CH, entretien exploratoire n°3).

La société impose des idéaux de beauté :

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« il faut être beau, il faut être mince » (LG, entretien exploratoire n°2),

et bien qu'ils peuvent être irréalistes et exagérés, les jeunes pensent devoir s'y conformer :

« Il faut que je sois fine et jolie » (LG, entretien exploratoire n°2).

Les soucis pondéraux semblent être leurs plus grandes inquiétudes :

« Il ne faut pas faire trois tonnes sinon tu es moche » (LG, entretien exploratoire n°2),

« Maintenant, on y pose un certain regard sur ces gens qui sont trop gros ou trop maigres [...] Je pense qu'un mec obèse dans les rues de France il ne passe pas inaperçu [...] Tout le monde va dire « regarde comme il est gros » » (CH, entretien exploratoire n°3).

D'autre part, nous serions plus intransigeants avec les filles qu'avec les garçons à ce niveau-là :

« quand tu es une fille tu as plus de pression. Les cheveux, le maquillage, la poitrine, les fesses, le ventre » (LG, entretien exploratoire n°2).

Autant d'exigences que l'on n'attend pas du garçon. Homme et femme représentent deux images différentes. Comme explicité en cadrage théorique, selon les adolescents, l'homme doit être fort et viril et se caractérise par son côté macho. La femme quant à elle représente la sensualité et la féminité. De ce fait, on tolère que le garçon ait plus de formes, en signe de force, il ne doit pas être chétif :

« un mec, si il est un peu gros c'est pas très grave, au contraire, vaut mieux ça qu'il soit tout gringalet là. Un mec ça doit être costaud, pas tout maigrichon » (LG, entretien exploratoire n°2).

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Alors que les filles, pour représenter l'idéal féminin, doivent faire attention à leur poids :

« Si on a du gras sur le ventre, on va dire « ohlala mon dieu, non mais t'as vu son ventre, ses bourrelets, sa cellulite et tout » » (LG, entretien exploratoire n°2).

Et pour les adolescents, cette pression sociale est véhiculée par les médias qui sont accusés d'avoir un rôle « destructeur » (LG, entretien exploratoire n°2). Ils diffusent une image svelte de la femme :

« souvent l'image de la femme est réduite à ses formes et souvent ce sont des formes assez fines » (CH, entretien exploratoire n°3).

Les filles attachent une importance à l'image des standards de beauté mis en avant dans les magazines ou au travers des publicités :

« Si on regarde les magazines ce sont des femmes fines, aux cheveux longs » (LG, entretien exploratoire n°2),

« il y a beaucoup de publicités par rapport aux maillots de bains des filles » (CH, entretien exploratoire n°3).

Matraquées par les médias, elles deviennent alors tracassées et obsédées :

« si tu veux être bien, il faut faire attention à tout » (LG, entretien exploratoire n°2),

« il y a beaucoup d'obsessions pour les filles d'être mince, d'avoir une belle ligne » (CH, entretien exploratoire n°3).

Alors que le sociologue Erving GOFFMAN (1974), décrit une ligne de conduite où il faut « garder la face » pour s'assurer confiance et assurance et donner une image de soi valorisée face aux autres individus, les filles poussées par

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l'envie de ressembler à ces diktats de la mode ou de la beauté ont du mal à faire la distinction entre la beauté réelle et la beauté irréelle et stéréotypée.

Par ailleurs, c'est aussi l'intégration de cette « norme de minceur » dans l'esprit des hommes et dans la représentation qu'ils se font d'une belle femme qui incite d'avantage les filles à chercher à refléter une image corporelle svelte, pour séduire le sexe opposé :

« Il ne faut pas faire trois tonnes sinon tu es moche. T'as pas de mari » (LG, entretien exploratoire n°2).

Pour garder le contrôle sur leur apparence physique, les filles vont alors jouer du paramètre alimentation et effectuer des choix alimentaires bien ciblés. Elles vont d'abord s'intéresser aux facteurs santé de l'alimentation pour parvenir ensuite à la « contrôler ».

? Importance du facteur santé et contrôle alimentaire

Comme nous avons pu le voir précédemment, les jeunes sont des amateurs de fast-food et de malbouffe en tout genre. Ils ont une préférence pour les aliments gras et sucrés. Cependant, ils semblent être de plus en plus attentifs aux facteurs santé de l'alimentation. La recherche de l'idéale minceur (d'avantage explicite chez les filles) y est, comme nous venons de le voir, sans doute pour beaucoup.

Deux de nos trois adolescents interrogés rattachent la qualité d'un « bon repas » à son équilibre alimentaire. Et par équilibre alimentaire, ils entendent une alimentation variée composée de : « légumes, viande et féculents » (KM, entretien exploratoire n°1).

Lors de l'interrogation de nos jeunes, il a été mis en évidence qu'ils sont sensibles aux questions nutritionnelles et les deux filles (LG et CH) paraissent

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d'avantage concernées que le garçon (KM). Alors que KM, à la question « Est-ce que tu es sensible aux questions nutritionnelles ? » nous répond :

« Oui et non. Je m'y intéresse un petit peu plus depuis l'année dernière.

Avant ce n'était pas trop ça. Après l'appliquer pas forcément encore »,

les deux autres filles nous tiennent un discours plus aboutit sur le sujet. LG nous ressort le fameux slogan : « Manger 5 fruits et légumes par jour » et précise que :

« Manger des légumes, c'est très important pour être en bonne santé »

CH (entretien exploratoire n°3) semble par ailleurs avoir des solides connaissances en matière de nutrition et nous dit même :

« Pour moi, équilibré c'est-à-dire qu'il y a un bon rapport entre, on va dire les glucides, les protéines et les lipides. Donc voilà, pas trop de lipides. Mais que des bons lipides. Oméga 3 et oméga 6 et après je garde les glucides à indice glycémique plutôt bas pour éviter qu'ils se transforment rapidement en graisses en fait. Voilà, je limite au maximum les sources à glucides à indice glycémique rapide. Et puis des protéines de bonnes qualités, animale, plus animale ouais. ».

Elle évoque également manger bio et contrôler la qualité et la quantité de son alimentation parce qu'elle ne veut pas « grossir ». Pour cela elle ne fait : « pas d'excès dans les lipides comme dans les mauvais sucres » et le dessert « ça va jamais être des sucreries ». LG (entretien exploratoire n°2) aussi contrôle son alimentation :

« j'évite de manger trop gras, trop sucré ».

Ce contrôle alimentaire résulte comme nous venons de le voir plus haut, de préoccupations corporelles et d'une obsession pour la minceur chez les filles. Mais

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il résulte également d'une norme sociétale qui s'est créée entre les filles et les garçons : une fille ça mange moins qu'un garçon ! Et si, lorsqu'on leur pose clairement la question « Est-ce qu'une fille doit moins manger qu'un garçon » ils ne répondent pas explicitement, ils ne réfutent pas non plus l'idée du stéréotype. Ils sont unanimes pour dire que :

« Déjà de base une fille a besoin de moins de calories qu'un homme donc logiquement oui elle devrait moins manger qu'un homme [...] Naturellement elle mange moins qu'un homme » (CH, entretien exploratoire n°3).

Cependant, on ne peut tout de même pas pour eux affirmer qu'une fille a le devoir de moins manger qu'un homme :

« Voilà après elle ne DOIT pas moins manger qu'un homme. Elle doit manger à sa faim en premier lieux » (CH, entretien exploratoire n°3),

Mais ils sont aussi d'accord pour dire qu'une fille qui mangerait plus qu'un garçon serait vue d'un mauvais oeil aux yeux des gens :

« J'ai rarement vu des filles qui mangeaient autant qu'un garçon mais c'est un peu mal vu ouais. » (KM, entretien exploratoire n°1),

« Des fois les gens sont là, ils me disent « tu manges tout ça », mais moi je suis gourmande alors euh voilà. Genre ils sont choqués. » (LG, entretien exploratoire n°2),

« Mais c'est un peu mal vu de manger plus qu'un garçon quand même

(rires). »(CH, entretien exploratoire n°3).

Ainsi, manger autant voir plus que le sexe opposé pour une fille pourrait être dérangeant et la pousser à contrôler d'avantage son alimentation. Comme évoqué plus haut, parce que l'image de l'homme est associée à la force, la virilité et la

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puissance, il peut manger une ration plus importante que la femme. Et dans la tête des filles, manger plus qu'un garçon semble se traduire par :

« les garçons mangent beaucoup hein alors ça voudrait dire qu'on mange aussi beaucoup I » (CH, entretien exploratoire n°3)

Et pour respecter à leur tour l'image de la femme établie par la société, fine, élégante et féminine, certaines filles font preuve de prudence lorsqu'elle mange en présence de garçons et surveille d'avantage leur assiette, quitte à se restreindre sur les portions :

« Mais moi j'ai des amies genre qui disent « non mais devant lui ça ne se fait pas de manger comme ça, si je mange trop blablabla ». Elles ont peur de passer pour des grosses, du coup elles mangent moins. » (LG, entretien exploratoire n°2).

KM, le garçon que nous avons interrogé nous donne une réponse en faveur de ce cliché et introduit ce qui effraie les filles si elle mange plus qu'un garçon : le statut pondéral à avoir :

« elles ont moins besoin de manger que nous normalement à la base. Après tout dépend de sa forme physique. On va dire que si elle est « fine » je pense

pas que ça pose de problème. Maintenant si c'est une femme assez imposante et qui mange plus qu'un homme, moi j'aurais tendance à lui dire

« arrête de manger et va courir » (rires) (KM, entretien exploratoire n°1).

La notion de contrôle alimentaire se répercute sur les produits laitiers surtout au niveau de la consommation de fromage. Les filles ont souvent évoqué le fait de qu'il ne faut pas manger trop gras et le fromage est un aliment riche en graisses qui restreint sa popularité aux yeux de la gente féminine :

« On va dire que le fromage il y a beaucoup de lipides hein, c'est plus gras que les autres [produits laitiers] [...] Depuis que j'ai commencé un régime

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pour avoir on va dire une masse graisseuse moindre du coup je ne consomme quasiment plus de fromage » (CH, entretien exploratoire n°3),

« le fromage c'est plus gras que le lait. [...] Faut pas trop en manger » (LG, entretien exploratoire n°2).

A l'inverse, KM (entretien exploratoire n°1) a « carrément augmenté » sa consommation fromagère.

Le lait et les yaourts eux, sont associés aux facteurs santé :

« c'est bon pour la santé, c'est plein de calcium » (LG, entretien exploratoire n°2),

« j'ai toujours cette image en tête que pour moi ça forge les os » (KM, entretien exploratoire n°1),

Et lorsque l'on demande aux jeunes de nous donner trois mots pour qualifier le lait et les produits laitiers dans leur globalité on retrouve entre autres les termes : santé, nutrition, croissance, calcium, os.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote