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Education et autonomisation. Défis et perspectives en faveur de la femme en République démocratique du Congo

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par Jules Muhindo Katsurana
Institut Panafricain pour le Développement - Master en Programmation du Développement et Intégration regionale 2016
  

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3.2. De l'engagement mondial en faveur de l'autonomisation de la femme et

de l'éducation pour tous.

Fort de toute la mobilisation, l'autonomisation de la femme fait actuellement l'objet des plusieurs traités internationaux et régionaux. Elle est devenue à la fois un objectif des programmes de développement et un processus pour le changement social. Elle ne concerne plus uniquement l'identité personnelle, mais entraine aussi une analyse globale des droits humains.

3.2.1. Engagement international en faveur de l'autonomisation de la femme

La prise de conscience mondiale sur la situation de la femme a suscité l'élaboration, sur le plan international et régional, des politiques communes et publiques intégrant la dimension genre et visant spécialement l'autonomisation de la femme. A la base de ces politiques figurent des traités de promotion des droits de l'homme, parmi lesquels on peut mentionner la charte internationale des droits humains, les quatre conférences mondiales sur les femmes, ainsi que la convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard de la femme.

En effet, la Charte Internationale des droits de l'homme19 constitue la base juridique internationale garantissant les droits et libertés fondamentaux à tout être humain. Certes, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme (DUDH) énonce, à son article 2, le principe général de non-discrimination dans l'exercice des droits de l'homme. Le Pacte international relatif aux droits économique, sociaux et culturels (PIDESC) décrit, de manière très détaillée, les droits énoncés dans la DUDH et précise les mesures nécessaires à leur réalisation. Pour le droit à l'éducation par exemple, les articles 13 et 14 précisent le devoir, pour les Etats, d'assurer gratuitement l'enseignement primaire obligatoire et de prendre des mesures en vue d'instaurer la gratuité dans l'enseignement secondaire et supérieur.

19Formé de la DUDH, du PIDES', et du PIDCP.

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Pour sa part, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) développe les droits civils et politiques énoncés dans la DUDH. Son article 26 garantit l'égalité devant la loi et la protection, sans discrimination, de la loi en vigueur dans un Etat ; et l'article 25 garantit le droit de prendre part à la direction des affaires publiques, en particulier par des élections périodiques et honnêtes.

Ensuite, les quatre conférences mondiales sur les femmes, organisées par les Nations Unies, ont été le moyen de placer la question de l'égalité entre les sexes au coeur de l'agenda mondial. A en croire l'ONU (2000), ces conférences ont permis de grouper la communauté internationale autour d'un ensemble d'objectifs communs, assorti d'un plan d'action effectif pour la promotion générale des femmes, dans toutes les sphères de la vie publique et privée.

En fin, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations faites à la femme (CEDEF), adoptée en décembre 1979, énonce plus en détail ce que l'on attend par discrimination sexuelle sous l'angle de l'égalité entre l'homme et la femme. En outre, elle met l'accent sur l'obligation faite aux Etats parties de s'abstenir de toute pratique discriminatoire à l'égard des femmes dans leurs fonctionnements internes et de prendre des mesures visant à instaurer l'égalité en droit et en fait dans tous les domaines de la vie, notamment en faisant disparaitre les comportements, coutumes et pratiques discriminatoires dans la société.

L'adoption de ces traités, ainsi que de tant d'autres, et leurs ratifications par les Etats ont suscité et favorisé l'élaboration des politiques et programmes visant spécialement l'égalité entre hommes et femmes. Sans être exhaustif, nous nous proposons de relever, à travers cette section, quelques-unes de ces politiques développées au plan international, régional et national.

i. Du Plan d'action de Mexico au Plan d'Action de Beijing

Les quatre Conférences Mondiales sur les femmes ont abouti à l'élaboration de quatre plans d'action de : Mexico, Copenhague, Nairobi et Beijing.

La première conférence mondiale sur les femmes, tenue en 1975 à Mexico (Mexique), a initié, pour la première fois, un dialogue de portée internationale sur l'égalité de sexe et aboutit à l'élaboration et l'adoption du Programme Mondial d'Action de Mexico. Ce programme établissait les résultats minimum devant être atteints avant 1980. Il permettrait également de garantir un accès des femmes aux domaines tels que l'éduction, en augmentant leurs opportunités d'emploi, leur

Ce ne sera, en fin, qu'à la quatrième conférence mondiale sur les femmes, organisée à Beijing (Chine) en 1995, que l'on assistera véritablement à l'ouverture

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chance de participation à la vie publique, aux services de santé, à la sécurité alimentaire et au planning familial.

Par la suite, il fut organisé, en 1980, la deuxième conférence mondiale sur la femme à Copenhague (Danemark). Ce forum eut pour objectif d'examiner et revoir le Programme mondial d'action mis en place lors de la conférence de Mexico. Durant de ces assisses, les représentants des 145 Etats membres de l'ONU reconnurent, de manière unanime, que des progrès significatifs avaient été réalisés, parmi lesquels figure l'adoption, par l'Assemblé Générale des Nations Unies, de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme.

Cette conférence releva cependant l'émergence des disparités entre les droits théoriquement garantis et la capacité pour les femmes d'exercer effectivement ces droits. D'où l'adoption du Plan d'action de Copenhague qui appelait à la mise en place des mesures nationales plus importantes afin de garantir aux femmes la propriété et le contrôle foncier, ainsi qu'une amélioration des droits en matières de succession, de garde parentale et de perte de nationalité.

En 1985, il fut organisé à Nairobi, au Kenya, la troisième conférence mondiale sur la femme. Et contrairement à la précédente, celle-ci a eu comme objectif la recherche des voies nouvelles qui permettrait de surmonter les obstacles de la décennie 1975-1985 (appelée Décennie des Nations Unies pour les Femmes). A l'issu de cette conférence furent développées et adoptées les « Stratégies prospectives d'action de Nairobi pour l'an 2000», dont la nouveauté réside dans le fait qu'elles déclaraient que tous les problèmes humains étaient aussi les problèmes des femmes. Ainsi, la participation des femmes au processus de prise de décision et à la gestion de toutes les affaires humaines fut reconnue non seulement comme un droit légitime, mais aussi comme une nécessité politique et sociale.

Il faut toutefois signaler que de Mexico à Nairobi, les efforts développés avaient aidé à améliorer la condition de la femme et son accès aux ressources. Malheureusement, ils n'avaient pas permis de modifier les formes élémentaires d'inégalité existant au sein des relations homme-femme. Les décisions qui affectaient la vie de la plupart des individus étaient toujours prises par des hommes.

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d'un nouveau chapitre dans la lutte pour l'égalité des sexes. Beijing a, en fait, permis de déplacer l'attention, jadis focalisée sur les femmes, vers un concept plus large, le genre. En fait, l'idée était de montrer que la structure de la société dans son ensemble, de même que les relations entre les hommes et les femmes qui la composent, doivent être réévaluées. La conférence de Beijing attira l'attention internationale sans précédent. Elle aboutit à l'adoption, à l'unanimité, de la Déclaration et du Plan d'action de Beijing. Celui-ci définissait douze domaines critiques estimés être représentatifs des obstacles principaux à la promotion de la femme et par lesquels une action concrète des gouvernements et de la société civile était nécessaire.

A propos de l'éducation, qui fait partie des douze domaines, les participants à la conférence de Beijing reconnurent que les filles sont toujours en butte à la discrimination dans des régions du monde du fait de traditions, des mariages et grossesses précoces, du caractère inapproprié et sexiste du matériel didactique et d'enseignement, de harcèlement sexuel, etc. C'est pourquoi, conscient du fait que l'éducation est un droit de l'homme et un moyen essentiel d'atteindre les objectifs d'égalité, de développement et de paix, ils recommandèrent aux gouvernement de prendre des mesures pour, entre autre, assurer un accès égal à l'éducation et mettre au point des systèmes d'enseignement et de formation non discriminatoire.

ii. La Déclaration Mondiale sur l'éducation (Jomtien)

Cette déclaration est l'émanation de la Conférence Mondiale sur l'Education pour Tous (EPT) organisée à Jomtien (Thaïlande) du 5 au 9 mars 1990.

A travers cette déclaration, les Etats partis à cette conférence se sont engagés à répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de toute personne - enfants, adolescent ou adultes. Car ils avaient constaté que dans le monde, plus de 100 millions d'enfants, dont au moins 60 millions des filles, n'ont pas accès à l'enseignement primaire et que plus de 100 millions d'enfants et d'innombrables adultes n'achèvent pas le cycle éducatif de base qu'ils ont entamé.

Ainsi, dans le souci d'universaliser l'accès à l'éducation et de promouvoir l'équité, la déclaration accorda une priorité absolue à l'accès des filles et des femmes à travers l'amélioration de la qualité de la formation, la suppression des obstacles à leur participation active et la lutte contre les stéréotypes sexistes présents dans l'éducation. Elle a ainsi relevé les conditions requises pour parvenir à

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une éducation pour tous : mettre en place des politiques d'accompagnement, mobiliser les ressources pour l'éducation et renforcer la solidarité internationale.

iii. Le Cadre d'Action de Dakar

Le Cadre d'Actions de Dakar a été adopté lors du Forum Mondial sur l'Education tenu à Dakar (Sénégal) du 26 au 28 avril 2000.

Ce forum a été organisé dans le but de mener une évaluation détaillée sur le Bilan des engagements collectifs pris à Jomtien en faveur de l'Education pour Tous. Ces évaluations ont constaté que, durant les dix ans suivant le lancement de l'EPT, des progrès non négligeables ont certes été réalisés. A titre illustratif, les effectifs de l'enseignement primaire au niveau mondial ont augmenté d'environ 82 millions, le nombre des filles scolarisées en 1998 était supérieur de 44 millions à celui de 1990 et les taux de redoublement et d'abandon avaient diminué. En outre, le forum a révélé que l'égalité entre les sexes avait tendance à s'améliorer dans certaines régions et que presque tous les pays du monde avaient ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant, et de ce fait, ils ont accepté l'obligation de garantir à chaque enfant le droit à une éducation de base.

Cependant, les participants au forum de Dakar ont soulevé certains défis liés à la réalisation de l'EPT. En effet :

? Nombre des gouvernements et d'organismes ont concentré leurs efforts sur ceux qu'ils étaient facile d'atteindre et négligé ceux qui étaient exclus de l'éducation de base pour des raisons sociales, économiques ou géographique;

? L'éducation des filles demeure un défi majeur: 60 % des enfants qui n'ont pas accès à l'enseignement primaire sont des filles ;

? En Asie et en Afrique Subsaharienne, les progrès ont été les plus difficiles à réaliser.

Pour faire face à ces défis, le cadre d'action de Dakar fixa six objectifs et 12 stratégies visant à permettre à tous les êtres humains d'exercer leurs droits d'apprendre et d'exercer leur responsabilité en contribuant au développement de leur société. Parmi ces stratégies, le cadre prévoyait de créer un environnement éducatif sain et sûr, qui favorise un apprentissage efficace, notamment en fournissant des matériels didactiques de qualité qui permettront à tous les apprenants d'atteindre et de dépasser des niveaux d'acquisition bien définis.

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Encadré 2: Les six objectifs du cadre d'action de Dakar

1. Développer et améliorer sous tous leurs aspects la protection et l'éducation de la petite enfance, et notamment des enfants les plus vulnérables et défavorisés;

2. Faire en sorte que d'ici 2015 tous les enfants, notamment les filles et les enfants en difficulté ou issus des minorités ethniques, aient la possibilité d'accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu'à son terme;

3. Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes en assurant un accès équitable à des programmes adéquats ayant pour objet l'acquisition des connaissances ainsi que des compétences nécessaires dans la vie courante;

4. Améliorer de 50 % les niveaux d'alphabétisation des adultes, et notamment des femmes, d'ici à 2015, et assurer à tous les adultes un accès équitable aux programmes d'éducation de base et d'éducation permanente;

5. Eliminer les disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici 2005 et instaurer l'égalité dans ce domaine d'ici 2015 en veillant notamment à assurer aux filles l'accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite;

6. Améliorer sous tous ses aspects la qualité de l'éducation et garantir son excellence de façon à obtenir pour tous des résultats d'apprentissage reconnus et quantifiables-notamment en ce qui concerne la lecture, l'écriture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante.

Source : Extrait du Cadre d'action de Dakar

Il sied de noter que le Forum de Dakar a été précédé de six forum régionaux (Les Amériques, les Etats arabes, l'Asie et le Pacifique, l'Europe et l'Amérique du Nord, l'Afrique Subsaharienne et les pays E-920. Ces conférences ont donné naissance aux cadres régionaux sur l'EPT, et ceux-ci constituent des parties intégrantes du cadre d'action de Dakar. Pour le compte de l'Afrique Subsaharienne, la conférence eut lieu à Johannesburg, Afrique du Sud, du 6 au 10 décembre 1999. Elle a retenu entre autre objectif, l'amélioration de l'éducation des filles et des femmes, qui devrait être atteint aux travers des moyens suivants:

20 L'initiative E-9 rassemble ces neuf pays du Sud à forte population : Bangladesh, Brésil, Chine, Egypte, Inde, Indonésie, Mexique, Nigeria et Pakistan.

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· Faire à ce que le nombre des filles inscrites à l'école, terminant la scolarité et passant d'un niveau de l'enseignement à un autre soit de plus en plus compatible à celui des garçons;

· Revoir, et, le cas échéant, adopter des lois afin de supprimer tous les obstacles à la participation des filles et des femmes à l'éducation;

· Prendre des mesures pour créer un environnement d'apprentissage sûr et favorable aux filles et femmes, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'école;

· Généraliser l'action positive pour améliorer l'accès à l'éducation, en particulier dans les domaines des mathématiques et des sciences;

· Mener des campagnes de sensibilisation et de formation attentives aux différences entre les sexes, à l'intention des parents, enseignants et des gestionnaires de l'éducation en vue d'accroitre la participation féminine à l'éducation.

Notons enfin que les objectifs de l'EPT occupaient à eux seuls deux des huit objectifs du millénaire pour le développement.

iv. Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)

Lors du « Sommet du Millénaire » tenu à New York en septembre 2000, les Nations Unies ont décidé du lancement d'un ambitieux programme structuré autour de ce qu'on appelle les huit «Objectifs du Millénaire pour le Développement»(OMD). Adoptés par 193 Etats membres de l'ONU, les OMD recouvraient des grands enjeux humanitaires comme la réduction de l'extrême pauvreté et de la mortalité infantile, la lutte contre les épidémies dont le SIDA, l'accès à l'éducation, l'éducation et le Développement Durable.

Deux objectifs de ce programme réfèrent à notre sujet de travail. Il s'agit

de :

· L'Objectif 2, visant à assurer l'éducation primaire pour tous, prévoyait de donner à tous les enfants, garçons et filles, et partout dans le monde, le moyen d'achever un cycle complet d'études primaires;

· L'Objectif 3, qui se focalisait sur l'égalité de sexe et l'autonomisation de la femme, et voulait, entre autre but, éliminer les disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire en 2005 et, si possible, à tous les niveaux de l'enseignement en 2015.

A leur échéance (en 2015), les huit OMD ont été remplacés par dix-sept Objectifs du Développement Durable (ODD)

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v. Le Protocole de la SADC sur le genre et le développement

En 2008, les chefs d'Etats ou des Gouvernements des Etats membres de la SADC ont signé un protocole sur le genre et le développement. L'objectif de ce protocole fut de favoriser le renforcement des moyens d'action des femmes, d'éliminer la discrimination et de réaliser l'égalité entre les sexes par l'élaboration et la mise en oeuvre des législations, politiques, programmes et projets soucieux de répondre aux besoins des femmes comme des hommes. Ainsi, les Etats se sont engagés à adopter des politiques, stratégies et programmes nécessaires tels que la discrimination positive.

Ces mesures de discrimination positive devraient être mises en place avec référence particulière aux femmes et aux filles afin d'éliminer toutes les barrières qui les empêchent de participer de façon significative à toutes les sphères de la vie. De manière spécifique, au terme de ce protocole, les Etats devraient :

? Edicter, au plus tard 2015, des lois qui promeuvent l'égalité d'accès au primaire, secondaire, supérieur, professionnel et non formel (Article 14,1);

? Adopter et mettre en oeuvre au plus tard 2015 des politiques et programmes éducatifs soucieux de l'égalité entre les sexes qui s'attaquent notamment aux clichés et à la violence sexiste (article 14, 2);

? Prendre des mesures appropriées, le cas échéant les mesures législatives, pour décourager les normes culturelles, y compris les pratiques sociales, économiques, culturelles et politiques qui légitiment et accentuent la persistance et la tolérance de la violence, et ce en vue de les éliminer.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery