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Education et autonomisation. Défis et perspectives en faveur de la femme en République démocratique du Congo

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par Jules Muhindo Katsurana
Institut Panafricain pour le Développement - Master en Programmation du Développement et Intégration regionale 2016
  

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4.2. Analyse genrée de la stratégie pour le développement du sous-secteur de l'EPSP

La prise en compte de la dimension genre dans une stratégie de développement revient à concevoir les actions de manière à ce qu'elles répondent aux besoins pratiques et intérêts stratégiques des hommes et des femmes, des garçons et des filles.

Dans le cadre du présent travail, nous nous limitons à analyser la prise en compte des besoins et intérêts des filles par la stratégie de développement du sous-secteur éducation; étant entendu que l'autonomisation de la femme passe par la satisfaction de ses besoins pratiques et la prise en compte de ses intérêts stratégiques.

4.2.1. Analyse du degré de prise en compte des besoins des femmes dans la stratégie de l'éducation en ROC

Elaborée en 2010, la stratégie pour le développement du sous-secteur de l'EPSP constitue, selon le ministère de tutelle, la référence pour le développement de toutes les activités de ce secteur. Il décrit le contexte dans lequel le système éducatif congolais évolue, dresse un diagnostic analytique des faiblesses et opportunités qu'offre l'éducation, et dégage les axes stratégiques et les priorités de développement du sous-secteur de l'éducation primaire, secondaire et professionnel.

Cette stratégie se place dans la ligne droite des OMD 2 et 3 et s'engage à la réalisation des objectifs de l'EPT en RDC.

i. Les axes prioritaires de la stratégie

La stratégie pour le développement du sous-secteur de l'EPSP vise le développement de l'accès à un enseignement de qualité et équitable. Elle prévoit ainsi trois axes stratégiques suivants:

- Objectif stratégique 1: Accroitre l'accès, l'équité et la rétention; à travers, entre autre action, la réduction des disparités géographiques et les inégalités entre les sexes.

- Objectif stratégique 2 : Améliorer la qualité et l'efficacité de l'enseignement; et - Objectif stratégique 3 : Renforcer la gouvernance.

76

ii. Actions et résultats attendus de la stratégie

Tableau 11: Les axes stratégiques de la Stratégie de développement du sous-secteur de l'éducation.

Objectifs
stratégiques

Programmes

Indicateurs de performance

Accroitre l'accès, l'accessibilité, l'équité et la rétention

Appui aux communautés locales pour le développement de l'éducation préscolaire

· Le TBS passera de 3% à 15 %23

· L'équivalent de 3% de la masse salariale du personnel enseignant des écoles maternelles publiques sera investi dans des activités de plaidoyer et de sensibilisation

 

· Le TBS passera de 82% à 118 %

· L'indice de parité filles-garçons passera de 0,84 à 1.

· Le taux brut d'achèvement passera de 43 % à 83%

· La suppression des menaces aux frais
scolaires sera effective en 2015-2016.

Accroitre
l'accès,
l'accessibilité,
l'équité et la
rétention

Renforcement des
capacités d'accueil du
système.

· Mise en place par le gouvernement d'une
stratégie de construction d'infrastructures scolaires

· Réhabilitation de 3% de salles de classe
dans le primaire et le secondaire par an

· Le pourcentage de classes à double vacation
passera de 0,1%à 5%

Améliorer la qualité et la pertinence

Amélioration de l'efficience interne

· Le taux de passage dans le primaire passera
de 78 % à 88 %

· Le taux de redoublement dans le primaire
passera de 15% à 7%

· Le taux d'abandon dans le primaire passera
de 8% à 5%

· Le taux moyen de survie dans le secondaire
passera de 75% à 83 %

· Le taux de redoublement dans le secondaire
passera de 16 % à 10 %.

 

· Mise en place par le gouvernement d'une

stratégie de valorisation de la fonction
enseignante (primaire et secondaire)

· L'équivalent de 5% par an de la masse
salariale des enseignants sera investi dans la revalorisation de la fonction enseignante (primaire et secondaire)

· D'ici 2015, mécanisation de 100% des
enseignants du primaire et du secondaire

· D'ici 2012, uniformisation des zones
salariales (sur base des salaires payés à Kinshasa)

 

23Il s'agit des indicateurs des années scolaires 2007-2008 et 2015-2016.

77

Tableau 11 (suite):

Objectifs
stratégiques

Programmes

Indicateurs de performance

Améliorer la qualité et la pertinence

Fourniture de supports pédagogiques

· D'ici 2010-2011, chaque élève du primaire sera
doté de 2/3 manuels scolaires d'une durée de vie de 4 ans;

· D'ici 2010-2011, chaque enseignant du primaire
sera doté de guides pédagogiques d'une durée de vie de 5 ans;

 

La direction des programmes scolaires et matériels didactiques sera renforcée et l'équivalent de 1% des dépenses courants totales de l'EPSP sera investi dans

l'actualisation et l'optimisation des programmes
d'études.

 

· Réhabilitation de 3% de salles de classe en
secondaire technique et professionnel par an

· Construction et équipement de 120 salles de
classe spécialisées en 2010-2016.

· L'équivalent de 4% par an de la masse salariale
des enseignants du secondaire sera investi dans la formation continue.

Renforcer la gouvernance

Accompagnem ent et mise en oeuvre de a décentralisatio n pour une gestion efficace.

· Dès 2010-2011, transfert annuel par le
gouvernement central des frais de fonctionnement aux bureaux gestionnaires

· Dès 2010-2011, transfert annuel par le

gouvernement central aux écoles primaires
publiques d'une allocation financière destine à leur fonctionnement

· Production annuelle des Annuaires Statistiques

· Le budget de réforme et de fonctionnement du SECOPE passera de 0,1% à 0,5 % par an

· Mise en place du dispositif de coordination, de suivi et d'évaluation de la mise en oeuvre de la stratégie

 

· Les dépenses de planification et de gestion du
sous-secteur passeront de 0,1 % à 1% par an.

 

Source : Document de la Stratégie de développement du sous-secteur de l'EPSP.

78

iii. Analyse du niveau d'égalité de sexe dans l'éducation en RDC

Après étude et analyse des structures éducatives congolaises, nous avons résolu classer la stratégie de développement du sous-secteur de l'ESPS au niveau de l'accès.

En effet, l'analyse des données de l'annuaire statistique de l'EPSP 20082009 nous a conduits à la conclusion qu'il n'existe pas une différence significative entre garçons et filles en termes d'entrée à l'école. A 6 ans, un garçon sur cinq (20,9%) est déjà entré à l'école contre une fille sur cinq (20,3%), à 9 ans, 73,1% des garçons et 69,8 % des filles. Et donc, l'accès à l'éducation est presque égalitaire entre les garçons et les filles.

Par contre, la stratégie n'atteint pas le niveau de prise de conscience car les opérateurs du secteur continu à avoir une certaine inconscience sur la différence de traitement entre les sexes et une faible conviction que les rôles de genre peuvent changer. Les préjugés issus de ces lacunes sont transmis des enseignants aux élèves, des générations en générations. Car, possédant une relation privilégiée avec les élèves, les enseignant(e)s façonnent en grande partie la représentation que les filles et les garçons se font des rapports femmes-hommes.

Pour soutenir nos propos, nous avons mené une enquête CAP (connaissances, attitudes et pratiques) à travers un sondage auprès de 152 enseignants sélectionnés au hasard au sein des écoles primaires et secondaires dans les provinces éducationnelles du Haut Uélé et du Bas Uélé.

Ces enquêtes ont révélé les résultats suivants :

Tableau 12: Présentation des enquêtés par Province, sexe et religion

Province

Femmes

Hommes

 
 

Protest

Kimbang

uiste

Total

Catho

Protes

Réveil

Rel Sans

Total

Total
général

Bas-Uélé

14

8

4

26

26

12

4

1

43

69

Haut-Uéle

24

9

0

33

33

14

2

1

50

83

Total

38

17

4

59

59

26

6

2

93

152

 

61,19%

100%

 

Source : Nos enquêtes

Compte tenu de la faible représentation des enseignantes dans le corps enseignant et du besoin d'atteindre le maximum des enseignants, nous n'avons pas retenu la parité femme/homme comme critère de sélection des répondants. En plus, les catholiques constituant la grande majorité des enseignants de la zone, nos

79

résultats ne sont pas analysés ni interprétés sur base des religions des enquêtés. Ainsi, nos données seront essentiellement analysées selon le sexe des répondants et les provinces dans lesquelles ils vivent.

Notons que les enseignants sont parmi les catégories sociales stables, qui se déplacent rarement de leurs villages. Selon les informations brutes recueillies dans les deux Uélé, lors des vacances la grande majorité des enseignants s'occupent de leurs champs et font très peu de voyage en dehors de leurs territoires. Le risque d'une influence extérieure dans la réponse à nos questions est donc amoindri.

? Est-ce que les filles sont naturellement moins intelligentes que les garçons? Tableau 13: Perception sur la différence de l'intelligence entre fille et garçons

Provinces

Femmes

Hommes

Total

 

Vrai

Total

Faux

Vrai

Total

Faux

Vrai

Total

Bas-Uélé

23

3

26

36

7

43

59

10

69

Haut-Uélé

27

6

33

39

11

50

66

17

83

Total

50

9

59

75

18

93

125

27

152

Pourcentage

85%

15%

100%

81%

19%

100%

82%

18%

100%

 

Source : nos enquêtes

Au regard de nos enquêtes, 18% des enseignants interrogés pensent que naturellement les filles sont moins intelligentes que les garçons. L'écart entre la perception des enseignantes (15%) et enseignants (19%) n'est pas grand.

Cette perception influencerait l'orientation des enfants en termes de choix de filière. Déjà 12,5% de nos enquêtés admettent que les sections techniques sont appropriées aux garçons étant donné que les filles sont naturellement faibles en ces matières.

? La lutte pour l'égalité homme et femme est-elle importante?

A l'issu de cette enquête, nous avons découvert que 36,8% des enquêtés pensent que dans les Uélé les femmes ne sont pas discriminées par rapport aux hommes. Ils admettent donc que l'égalité est acquise. En fait, parmi les femmes interrogées, 33,9 % pensent que les femmes ne sont pas discriminées (contre 38,7% des hommes), et les proportions sont de 39% et 34 % respectivement pour le Bas et le Haut Uélé. Ensuite, 40% de nos enquêtés pensent que la lutte pour l'égalité de sexe est une imposition de l'occident et qu'il n'est pas une émanation congolaise. Les enseignants ne perçoivent même pas la faible proportion des femmes dans les structures éducatives formelles, ni la différence entre filles et garçons dans le parcours scolaire.

Le second outil de Longwe nous permet d'analyser le degré d'engagement de la politique éducative congolaise sur les problèmes des femmes et des filles.

80

Cette faible prise de conscience sur la discrimination de la femme a un effet néfaste sur la nécessité de la lutte contre les discriminations à l'égard de la femme et la possibilité d'une société égalitaire.

Graphique 9 : Perception négative sur l'éducation d'une fille

Il n'est pas important de dépenser beaucoup
d'argent dans les études d'une fille

93,3 87

6,7 13

Enseignantes Enseignants

Oui

Non

Source : Nos enquêtes

Perception sur l'éducation des filles.

7 enseignantes sur 100 et 13 enseignants sur 100 admettent que, comme une fille devra se marier et aller dans une tierce famille, il ne faut pas dépenser autant d'argent dans ses études. C'est ainsi que 5,2% des enquêtés pensent que la place de la femme est à la cuisine et non au bureau. Nous avons découvert que cette dernière idée est acceptée par plus des femmes (8,4 % des femmes interrogées) que les hommes (3,2% des hommes interrogés). Une telle attitude constitue un frein à la motivation des filles, surtout lorsqu'elle est acceptée par des personnes censées transmettre les valeurs d'égalité.

De manière générale, notre enquête a démontré que le corps éducatif est mieux sensibilisé aux relations entre les sexes. Ceci constitue une force sur laquelle les programmes de lutte contre les iniquités peuvent s'appuyer.

iv. Le degré d'engagement de la stratégie quant aux intérêts spécifiques de la

femme

81

Pour ce faire, nous avons analysé la stratégie pour le développement du sous-secteur de l'EPSP, 2010/2011- 2015/2016, son plan d'actions prioritaires (2011-2012) et ainsi que le Plan Intérimaire de l'Education 2012-2014. Ces documents constituent le coeur de la politique congolaise en matière de l'éducation.

Après analyse de cette stratégie, il y a lieu de constater que le gouvernement congolais manifeste de l'intérêt à promouvoir l'équité dans ses programmes. Cet engagement est manifeste dans les préambules des plans précités.

Par contre, cet intérêt n'est pas encore assorti des actions pragmatiques. Certes, la stratégie pour le développement du sous-secteur de l'EPSP retient l'accès, l'accessibilité, l'équité et la rétention parmi ses objectifs. Mais, les programmes prévus pour l'atteinte de cet objectif ne tournent qu'autour de la gratuité de l'enseignement primaire et la construction des salles de classe. Aucun programme ni mesure touchant la rétention à l'école secondaire et l'équité n'y ressort. Il en résulte l'absence de la prévision budgétaire pour l'objectif de l'équité.

Quant au Plan Intérimaire de l'Education, à travers programme d'Optimisation et actualisation d'étude, le ministère s'est engagé à veiller à l'intégration systématique de programmes thématiques transversaux, tel que le genre, dans le programme national. Cependant, cette nécessité ne ressort pas dans le plan d'actions prioritaires.

Par conséquent, nous référant au cadre d'habilitation de la femme, nous concluons que la stratégie pour le développement du sous-secteur de l'EPSP intervient de manière neutre à l'égard de l'égalité de sexe.

En fusionnant les deux conclusions, nous retenons que la stratégie de développement du sous-secteur de l'EPSP intervient de manière neutre face à l'égalité de la femme et qu'elle ne se limite qu'à favoriser l'accès des enfants à l'enseignement. Ce faible niveau d'engagement aux problèmes des filles ne peut pas conduire à l'autonomisation de la femme. C'est pourquoi il s'avère important d'apporter un ajustement à la stratégie de développement pour le sous-secteur de l'EPSP.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire