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L'assomption en Provence au XVIIème siècle.

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par Charlotte Siat
Université d'Aix-Marseille  - Master II Histoire de là¢â‚¬â„¢Art moderne spécialité Art moderne et contemporain 2013
  

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? CONCLUSION

Cette étude s'est attachée à faire un état des lieux de la production picturale dédiée à l'Assomption, sur un territoire défini, la Provence du XVIIème siècle. Nous avons cependant choisi de sortir de ce périmètre géographique, pour inclure les oeuvres présentes dans le Dauphiné, Avignon et le comté Venaissin. Ce choix justifié par la proximité entre ces comtés, permet de donner une vue d'ensemble de la production, afin de rendre compte, dans un premier lieu qu'une école ou plutôt une manière provençale est décelable dans ces Assomption et qu'elle ne se limite certainement pas aux frontières du comté de Provence. Cette région qui dès l'Antiquité vivait d'échanges, conserve cette particularité au XVIIème, celle d'une terre de passage, de brassage d'influences pour les artistes. Ils circulent dès le XVème siècle des Pays-Bas et des provinces françaises, vers l'Italie, et s'arrêtent en Provence, qui accueille ces vagues presque ininterrompues de peintres importés durant plusieurs siècles. Les leçons italiennes ramenées des voyages successifs effectués par les artistes, ajoute une donnée au paysage artistique de la région. Malgré cet aspect hétéroclite de l'art en Provence, l'étude de la production liée à l'Assomption à permis de démontrer l'existence d'une peinture provençale. Elle a été perpétuée par la population d'artistes locaux et implantés en Provence, dont la production a longtemps été oubliée dans l'ombre d'un art national, celui que l'on rencontre dans la capitale. Si François Mimault, établi dans la région, ou Reynaud Levieux qui en est originaire, sont de bons exemples d'une réhabilitation tardive, un grand nombre de ces peintres qui ont peuplé la vie artistique de la région demeure dans l'anonymat. Cette étude a voulu intégrer ces Assomption privées de signatures, comme autant de témoignages, d'indices menant à l'élaboration de ce que l'on pourrait appeler un mode de représentation spécifique à la Provence. Mais surtout nous nous sommes attachés à discerner l'apport de ces artistes locaux, originaires ou non de la région dans ces toiles.

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Ainsi nous identifions dans nombre d'oeuvres des points communs au niveau de l'appréhension de certaine donnée stylistiques. En premier lieu le traitement des visages : la Vierge arbore une physionomie douce et arrondie dans la grande majorité des oeuvres étudiées. Nous pensons à celles de Levieux évidemment, mais aussi aux oeuvres anonymes de Guillestre, d'Aups ou encore de Grimaud. La seconde particularité qui semble marquer la production provençale réside dans le traitement des couleurs. Les peintres se constituent une palette riche et lumineuse. Alauzen affirme à ce propos que la peinture en Provence « a trouvé son expression de la lumière »259 dès le XVIème siècle. À cela il convient d'ajouter la persistance de certains traits de la peinture du Moyen-âge, visible dans nos oeuvres aux poses figées des protagonistes. Cette caractéristique est particulièrement marquée chez la Vierge, souvent représentée de manière statique, excluant les apports plus modernes. Nous pensons aux leçons italiennes avec l'essor du courant baroque, qui associe la recherche du mouvement à l'expression des passions. Nous n'affirmons pas qu'il s'agisse d'un rejet total, puisque certains artistes font tout de même preuve de modernité par la représentation du paysage dans certaines toiles. Néanmoins cet exemple concerne seulement quatre oeuvres de notre catalogue, l'Assomption anonyme avec sainte Claire d'Ollioules et celles de Monier et Reynaud Levieux.

Mais plus généralement, nous pouvons tirer plusieurs leçons de l'ensemble de ces représentations de l'Assomption. Ces oeuvres, nous l'avons vu, sont en majorité de composition traditionnelle, aux registres superposés, avec pour beaucoup la présence de saints extérieurs à la scène. Cette tendance en peinture traduit la réalité d'un territoire attaché à ses traditions anciennes, où la recherche de la nouveauté, par la modernisation des formes notamment n'est pas essentielle. Nous constatons que ce qui semble primer dans ces Assomption est le message délivré. Sans pour autant nier le talent de certains peintres

259ALAUZEN, André, La peintre en Provence du XIVe siècle à nos jours, La Savoisienne, Marseille, 1962, p.34.

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évidemment, nous remarquons en effet la répétition des modes de représentation, assurant une lecture aisée des oeuvres. En somme, le lieu de destination est primordial : les oeuvres de notre catalogue ont pour la plupart un aspect utilitaire que l'on ne peut ignorer. Elles illustrent les besoins esthétiques des foyers artistiques majeurs, Aix, Arles et Avignon, mais aussi ceux de communautés beaucoup plus rurales, comme Le Mônetier-les-Bains ou encore Senez. De plus, l'Assomption se révèle être un sujet populaire au sein de divers ordres religieux, pénitents, Franciscains ou encore les Chartreux qui se développent grâce au renouveau de la vie monastique. Particulièrement nombreux en Provence, ces ordres, ainsi que les très nombreux lieux de cultes participent à définir le caractère extrêmement religieux propre à la région.

Si l'on place à part les oeuvres qui font figures d'exceptions dans notre catalogue, - la copie formelle de Vernègues, la toile commandée à Champaigne et les deux compositions260 isolant le groupe de la Vierge - toutes les autres Assomption, qui dévoilent le talent plus ou moins grand de chaque artiste, ont la même caractéristique. Nous sommes forcés d'admettre le rôle prépondérant des commanditaires, qui donnent aux artistes des recommandations iconographiques strictement traditionnelles, ne laissant que peu de place à l'imagination des peintres. Mais notre étude, dès son début, rappelle les prédispositions conséquentes qu'avait un territoire tel que la Provence à perpétuer les traditions religieuses et artistiques qui ont défini son identité avant même le XVIIème siècle.

Ces représentations de l'Assomption sont donc avant tout des oeuvres destinées à susciter la dévotion et la piété, elles offrent un support matériel à ces deux vertus, permettant à tous, y compris les moins instruits, de concevoir le caractère mystique de la fin terrestre de la Vierge.

260 Les oeuvres de Cavaillon et Salon-de-Provence.

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Parallèlement l'étude du culte de l'Assomption et plus généralement du culte marial a permis de démontrer la présence toute particulière de cette figure maternelle dans la région. Les vocables dédiés à la sainte Vierge se multiplient en Provence, et de nombreuses processions ont lieu pour la fête du 15 août, directement issues de la tradition populaire.

Finalement cette étude a voulu éclairer la production d'un thème particulièrement populaire au Grand Siècle, au sein d'une région chargée d'histoire et de religion. Et au fil de ces oeuvres, nous avons découvert une peinture parlante, chaleureuse, qui correspond à la Provence telle que nous la connaissons.

Aujourd'hui, la région conserve toujours un patrimoine religieux particulièrement riche, la Révolution ayant épargnée un grand nombre d'oeuvres cachées dans les églises qui peuplent le territoire. Ces lieux de culte qui étaient si nombreux n'ont pas totalement disparu, les églises des villes et villages sont parfois toujours en activité, mais lorsqu'elles sont fermées, la question de la visibilité de ces oeuvres se pose. La réhabilitation de cette part de la production artistique provençale particulièrement féconde, peuplé d'artistes de tous horizons, est une grande entreprise, dont on doit l'initiative à monsieur Boyer. À ce jour il parait primordial de rappeler l'importance de faire connaitre ce patrimoine, ces oeuvres qui sont les témoins d'une vie artistique intense et prolifique en Provence.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle