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Itinéraires thérapeutiques en cas de maladies des enfants de moins de 15 ans dans l'aire sanitaire de Bomborokuy province de la Kossi (Burkina Faso).

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par Symphorien TRAORE
OUAGADOUGOU - Maitrise 2009
  

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2. 1. 1. 2. Déterminants du recours thérapeutique

Par déterminant il faut plus entendre une caractéristique du malade ou de son entourage statistiquement lié à un choix thérapeutique, que la cause ou l'une des causes de ce choix. En d'autres termes, une variable n'est dite déterminante que lorsqu'elle influence significativement le choix du traitement. Les études des pratiques en matière de recherche en santé publique ont noté que les itinéraires thérapeutiques sont influencés par un certain nombre de facteurs pragmatiques. Selon la classification effectuée par ANDERSON (1968) cité par RICHARD (2001) nous avons les facteurs prédisposants, les facteurs de réalisation et les facteurs de besoins. Ces facteurs permettent d'examiner l'impact d'un certain nombre de caractéristiques démographiques, sociales, économiques et culturelles des habitants sur leurs comportements face à la maladie.

? Facteurs prédisposants

Les facteurs prédisposants sont des caractéristiques sociales, démographiques du malade ou de son entourage immédiat, des opinions sur les systèmes de soins, des croyances et des valeurs concernant la santé et la maladie, des connaissances au sujet de la maladie. Ils incitent à recourir en cas de besoins à un type de soin ou à un service de santé donné. Dans le cadre de ce mémoire, il s'agit des caractéristiques de l'enfant et de ses parents telles que l'âge, le sexe, la religion, l'ethnie, la profession, le niveau d'étude, etc.

5 Il s'agit des enfants de moins de cinq ans

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L'âge et le sexe de l'enfant sont également susceptibles d'intervenir dans le choix thérapeutique (WAITZENEGGER-LALOU, 2001).

L'âge du malade a été testé dans la plupart des études sur les déterminants du recours aux soins. L'âge s'est avéré être un facteur important de différentiation du recours. Les enfants (0-14 ans) camerounais sont soumis à l'automédication moderne (40,2%) et à la consultation moderne (3,3%) plus que les adultes et les personnes âgées (COMMERYRASS et N'DO, 2002). Les ménages ne sont pas disposés à engager beaucoup de frais pour les enfants (LESSERS et al. Cité par SANOU, 2001). Ils s'estiment assez dotés pour s'occuper de leur santé. C'est le traitement à domicile qui sera privilégié pour les enfants, les éloignant ainsi des services de soins professionnels. Toutefois RICHARD (2001) reconnaît que l'âge joue un rôle important dans le premier choix à effectuer face à la maladie, mais l'absence de traitement et le traitement familial sont alors d'autant moins fréquents que le malade est jeune.

Le recours aux soins des enfants est déterminé à l'échelle individuelle ou du ménage. Nous pouvons souligner les caractéristiques démographiques de la mère telles que l'âge et la parité. L'âge peut être un indicateur de l'expérience des femmes dans le domaine des soins aux enfants et du pouvoir de décision. La parité, qui détermine la taille du ménage, influence le recours aux soins à travers la concurrence des enfants pour l'affection maternelle. En effet, lorsqu'une mère a beaucoup d'enfants surtout en bas âges, elle manque le plus souvent de temps à consacrer à chacun d'eux alors qu'ils en ont besoin pour une bonne croissance socio-affective.

Le choix d'une action thérapeutique et de son financement relève généralement du chef de ménage. Notre étude est centrée sur les enfants de moins de quinze ans qui n'interviennent pas directement dans la prise de décision. Lorsqu'un enfant est malade, sa mère et éventuellement d'autres adultes (belles-mères, oncles, tantes, soeurs...) peuvent aussi débattre de la conduite à tenir avec le chef de ménage, mais la décision finale lui incombe. Le nombre d'enfants qu'une femme va élever au cours de sa vie ne correspond pas toujours à sa descendance effective, l'enfant n'est pas toujours élevé par sa mère biologique (GUILLAUME, 1991). Au Burkina Faso, selon l'EDS (KONATE et al., 1993), en milieu urbain dans environ un ménage sur quatre, un ou plusieurs enfants de moins de quinze ans vivent sans leurs mères ni leurs pères biologiques (28,8%). Cette proportion est plus faible en milieu rural (21,1%). Ainsi il y'aurait un investissement sélectif des enfants dans un même ménage dans les domaines notamment de l'alimentation, de la scolarisation et des soins de santé (ROGER PETIT JEAN, 1999). Si antérieurement les enfants quittaient leurs foyers ou familles pour simplement être élevés par des tuteurs ou servir d'aide dans les travaux domestiques ou professionnels, actuellement ces motifs de mobilité sont relégués au second plan derrière la scolarisation.

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La profession du chef de ménage, de la mère, constitue l'un des facteurs les plus étudiés dans le choix des recours, souvent en relation avec le niveau d'éducation formelle et/ou niveau économique. Selon GESSLER et GAGE, 1987 (cité par RICHARD 2001) la profession ou l'activité principale de la mère peut aussi jouer un rôle parce qu'elle influence son niveau de disponibilité en cas de maladie. Les enfants des ménagères y consultent plus souvent que ceux des autres catégories professionnelles mais ils consultent moins souvent les services confessionnels (Centre de santé des religieux) et plus souvent les services de santé publique que les enfants de commerçantes ou d'agricultrices.

Les caractéristiques des parents telles que l'instruction et le niveau économique sont susceptibles d'être associées aux recours aux soins des enfants (BAYA, 1999). Le niveau économique exprime l'accessibilité économique tandis que les mécanismes par lesquels l'instruction influence le recours aux soins sont davantage culturels.

Le niveau d'instruction des adultes est généralement considéré comme un déterminant important du niveau de santé du ménage. Après une revue de la littérature sur plusieurs pays, CLELAND et VAN GIINNKEN (1988, 1989) cités par RICHARD 2001, concluent qu'une à trois années d'écoles sont associées à une chute de 20% du risque de mortalité infantile ; et que chaque année supplémentaire décroît ce risque. Dans une étude limitée à l'Afrique, la Banque Mondiale conclut en 1994 que le taux de mortalité infanto juvénile y serait jusqu'à 50% inférieur lorsque la mère a atteint le niveau secondaire. Les mères éduquées reconnaîtraient qu'une intervention est nécessaire et agiraient plus rapidement. Elles favoriseraient de plus les soins de santé moderne au détriment des pratiques traditionnelles, seraient plus enclines à utiliser les médicaments modernes et à le faire correctement et seraient encore plus confiantes dans leurs relations avec le personnel des services de santé moderne (BARRETT et BROWNE, 1996 cités par RICHARD 2001).

? Facteurs de réalisations

Ce sont les facteurs qui offrent au malade la capacité d'utiliser les ressources disponibles. Parmi les plus importants, nous retenons la proximité des services de santé, la disponibilité de moyens de transport privés, le niveau économique des ménages. Les deux premiers facteurs influencent l'accessibilité géographique aux services de soins et par là même l'ensemble des choix thérapeutiques tandis que le troisième facteur conditionne l'accessibilité financière au système de soins et aux médicaments.

Presque toutes les études sur la relation distance et utilisation des services de santé révèlent une diminution des taux d'utilisation avec l'augmentation de la distance. L'effet de la distance est d'autant plus important dans les pays en développement du fait de l'état des voies de communications, de la rareté des moyens de transport et du coût élevé pour les

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populations pauvres (NOORALI, LUBY et RAHBAR, 1999). Toutefois, la distance n'agit jamais seule. Par exemple, 61% des premiers recours extérieurs des enfants du quartier de Gbegamey à Cotonou, y ont consulté contre 45% des adultes (BOULOUDANI, 1996).

Selon RICHARD (2001) il y'a bien perception, donc utilisation différenciée des catégories d'établissements de santé moderne au regard de la différence des distances moyennes parcourues pour les atteindre. Les guérisseurs jouent un rôle, le plus souvent limité, que dans les villages où ils sont implantés.

La disponibilité des moyens de transport privés (charrette vélo, moto, voiture) devrait permettre à un ménage de s'affranchir dans une certaine mesure de la distance.

De nombreuses études montrent qu'il existe un lien étroit entre le niveau économique des ménages et les comportements de recherche de soins. La maladie constitue un fardeau pour les ménages s'exprimant en terme de ressources, de coûts, de temps. De ce fait, les ménages doivent développer des stratégies pour s'adapter au stress économique qu'engendre la maladie. A Pékine près de Dakar, FASSIN (1992) observe que d'une façon générale le niveau socio-économique intervient moins dans le fait de recourir à un type de soins que sur le lieu de recours. Pour les enfants comme pour les adultes, les produits pharmaceutiques sont d'autant plus utilisés que les parents ont des ressources économiques permettant de subvenir à leurs besoins sanitaires, alors qu'on observe le contraire pour les traitements traditionnels (BOULOUDANI,1996). En fait, plus que le niveau économique en lui même, c'est la capacité des ménages à mobiliser les ressources nécessaires au moment du besoin qui est vraiment déterminante (NOUNTHAN, 1991). Diverses stratégies internes au foyer sont alors mises en oeuvre : ventes de produits agricoles, de bétail, travail salarié (SAUERBORN, NOUGTARA et DIEFIELD, 1995; SAUERBORN, ADAMS et HIEN, 1996). Lorsque ces ressources s'avèrent insuffisantes surtout pour les cas les plus graves de maladie, les proches sont sollicités par le jeu des interrelations. Les difficultés économiques se sont aggravées avec la dévaluation du franc CFA le 12 janvier 1994 pour tous les Etats concernés notamment sur le plan sanitaire. L'augmentation brutale du prix des soins, des déplacements, des médicaments en un mot de la santé, a eu un impact certain sur les recours aux soins. Avec la dévaluation, la marge de manoeuvre des ménages est réduite et leurs priorités doivent être redéfinies. Selon YONLI (1998) la baisse des nouvelles consultations curatives était de 17% après la restauration de la tarification dans dix (10) formations sanitaires de la région du Centre- Nord (Kaya) au Burkina Faso. Selon le Sondage d'opinion auprès des utilisateurs des services publics de base, réalisé en décembre 2003 au Burkina Faso, plus de 60 % des personnes enquêtées se réfèrent à la médecine traditionnelle pour leur besoin de santé du fait de son caractère complémentaire à la médecine moderne. Le second motif de recours à cette médecine est la faiblesse des coûts liée à ses prestations.

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? Facteurs de besoins

Ce sont les facteurs qui décrivent l'état de santé de l'individu, que ce soit la perception de cette santé par l'individu lui même ou ses proches, son évaluation par un médecin ou encore le diagnostic posé. Parmi ces facteurs, nous retenons la nature, la gravité perçue de la maladie par le malade ou les adultes du ménage, la durée de la maladie au moment de la prise de décision.

On ne saurait mener une étude pertinente sur les comportements thérapeutiques sans distinguer les types d'affections et plus précisément la perception du diagnostic par le malade ou son entourage. Face à certaines maladies au moins, la réponse de la médecine moderne apparaît pauvre, incomplète. En effet, la quête thérapeutique ne se borne pas seulement à faire disparaître les manifestations cliniques de la maladie mais consiste aussi à expliquer la cause (CANTRELLE et LOCOH, 1990). Au sein de la population, ont émergé des personnes très aptes à soigner des maladies. Ce sont les guérisseurs traditionnels ou tradipraticiens. L'idée selon laquelle « l'homme n'est pas seulement corps mais aussi âme » n'est pas une notion étrangère aux guérisseurs traditionnels qui, par des procédés vont déterminer les causes profondes du mal dont souffre le patient (AKOTO et al., 2002). Pour les tradipraticiens, être en bonne santé c'est non seulement avoir le bien-être physique, mais aussi moral, familial, clanique, social, culturel, mental, religieux.

La gravité de la maladie s'est révélée un déterminant important de choix thérapeutique (SAUERBORN et al., 1995). Plus la maladie est perçue comme grave, plus la tendance du patient à consulter un spécialiste de la santé (moderne ou traditionnel) est élevée plutôt qu'à se limiter à l'automédication. C'est la perception de son état de santé et non l'état de santé objectivé par un spécialiste de la santé ou un praticien qui conditionne la démarche à suivre. On assiste alors parfois à de longs déplacements pour des problèmes bénins mais aussi des consultations tardives ou à l'absence de consultation pour des problèmes graves. L'inaction thérapeutique diminue avec l'augmentation de la gravité perçue (4,6%) pour les maladies peu ou pas graves contre 1,9% pour les maladies graves. Il en va de même pour l'automédication 77,9% contre 63,2%. Par contre, la fréquence des recours extérieurs (hors du ménage) double pour les maladies très graves par rapport aux maladies peu ou pas graves (34,9% contre 17,5%) (RICHARD, 2001).

Selon AKOTO et al. (2002) en cas de persistance de la maladie, la plupart de ceux qui se soignent eux-mêmes se font consulter par un praticien de la médecine moderne (83%) au Bénin. En Côte-d'Ivoire, soulignent les mêmes auteurs, les pratiquants de l'automédication s'orientent plus vers la médecine traditionnelle et au Mali ce sont les guérisseurs qui sont massivement consultés. Ainsi donc, les patients opèrent un choix et construisent leurs

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itinéraires thérapeutiques selon l'évolution de la maladie et le degré de satisfaction ou non (OUEDRAOGO, 2000). La gravité fera certes changer le comportement du ménage dans la recherche de soins. En effet, la médication s'orientera désormais, d'une part vers un pluralisme thérapeutique par l'utilisation combinée de produits traditionnels et moderne et d'autre part vers la recherche de produits spécifiques plus forts.

La durée de l'épisode morbide influence les itinéraires thérapeutiques qui sont généralement d'autant plus longs et complexes que la maladie se prolonge. Contrairement à ce qui est admis, ce n'est pas seulement la durée totale qui oriente le choix thérapeutique mais aussi le temps qui s'écoule entre les différents recours. En d'autres termes, plus que la durée écoulée depuis le début de la maladie en tant que telle, c'est ce qui a été déjà entrepris pendant cette période qui influence la suite de l'itinéraire thérapeutique (RICHARD, 2001). La durée de la maladie peut s'expliquer par l'échec thérapeutique qui est constaté seulement lorsque toutes les dispositions et les manoeuvres prises sont inopérantes, inefficaces. Alors d'autres formes de recours sont envisagées. Cependant, l'échec à lui seul ne suffit pas, il faut que l'échec ait les colorations du désespoir, il faut que la vie de l'enfant soit réellement menacée.

2. 1.2. Cadre conceptuel de l'étude

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery