B. Dynamique d'accumulation du capital
Les variations du stock de capital de
l'économie K sont provoquées d'une part, par l'acquisition de
nouvelles machines (les nouveaux investissements) et de l'autre, par le
vieillissement du capital (amortissement ou obsolescence).
Mathématiquement cette relation s'écrit de la manière
suivante :
21
1k
12
=? = 4 - 5+ avec I = s.F (K, L) et s, la
propension marginale à épargner. ? = s.F (K, L) - 5+
en divisant les deux membres par K, il vient :
|
?
(
|
=
|
6.'#(,L%
(
|
5 Or nous savons que y = &~ , + =
(
L
|
Nous pouvons calculer le taux de croissance de k20
:
|
7( =
|
?
(
|
=
|
?
(
|
-
|
Å
L
|
89-:
|
Å
L
|
= ; ?
|
?
(
|
=
|
?
(
|
- ; ?
|
?
(
|
=
|
?
(
|
+ ; En remplaçant cette
|
dernière expression dans l'équation ci-dessus, il
vient :
|
?
(
|
=
|
6.'#(,L%
(
|
5 -; ? ? = 6.'#(,L%
(
|
* + - #; + 5%+ 89-: + = (-. < =
~
|
& L
|
?= s.F (k) - (n + 5 )K (2)
L'équation (2) est la deuxième équation
fondamentale du modèle de Solow. Le terme s.f(K) représente
l'investissement per capita et le terme (n+5 )
représente le taux de dépréciation du capital par
tête (n et 5 sont constants). La dynamique de cette
équation peut être représentée graphiquement de la
manière suivante :
Fig.2. Dynamique du capital
Sf (k*)= (n+ä)k*

(n+ä)k
Sf(k)
0 K1 K* K2 K
20 Pour calculer le taux de croissance de K
=(i, on introduit le
logarithme : lnk = lnk - lnL. En dérivant les deux membres par
-
-
Å L
89-:
= ;
Å L
1L
=> A
??
k
1k
=>
?
rapport au temps, il vient : 1
=>? @
22
Il ressort de ce graphique que si l'économie se situe
au niveau de l'intensité capitalistique K1, l'investissement
est supérieur au taux effectif de dépréciation, elle aura
donc tendance à aller vers K* alors que si elle se trouve au
point K2 elle aura tendance à rentrer vers K*
parce que l'investissement est inférieur au taux effectif de
dépréciation.
Bref, l'intensité capitalistique aura tendance à
croitre pour tout niveau de K < +* et de décroitre
pour tout niveau de K >K*. L'économie
atteint son état stationnaire (ou état régulier)
c'est-à-dire un équilibre de long terme si et seulement si la
condition suivante est vérifiée :
?=1(
12
= 0 ? D. *#+% = #; + 5%+
L'investissement réalisé à ce point est
qualifié d'investissement de point mort car il compense exactement les
effets négatifs de la croissance démographique et de
l'amortissement de l'intensité capitalistique de l'économie.
~ Propriété de l'état
stationnaire
|
L'état stationnaire est déterminé si est
seulement si : 1k
12
|
= 0
|
? = s.f(K)-(n+6) K=0
s.f(K) = (n + 6) K, avec une fonction Cobb - Douglas de la
forme Y = F (K, L) = KáL1-á, cette fonction
devient en terme per capita : Y = f(K) =Ká.
I
|
s.Ká = (n+6)+ ?
|
+* ( E
FGH~
|
|
|
IJK
|
La production par tête à l'état stationnaire
est donné par :
P
QRP
L* = M N
; + 5O
A partir de ces deux éléments, nous pouvons
déjà donner une première réponse à la
question « pourquoi certains pays sont riches et d'autres pauvres ?
». Certains pays sont riches parce qu'ils ont un niveau d'investissement
élevé et / ou un taux de croissance démographique faible.
Certains d'autres sont par ailleurs pauvres parce qu'ils ont un niveau
d'épargne faible et / ou un taux de croissance démographique
très élevé. Cette proposition de Solow a été
confirmée par les analyses empiriques faites sur différents pays
(Barro, Lucas, Romer, Sala-I-martin, Mankiw, etc.).
23
~ Modèle de Solow avec progrès technique
Dans cette deuxième version du modèle de Solow,
le progrès technique est incorporé pour améliorer la
productivité du facteur travail. Nous avons aussi vu que dans le
modèle simple, la croissance n'existe pas quand on considère les
variables per capita. Mais l'incorporation du progrès technique change
ce résultat.21
Solow retient donc dans son modèle un progrès
technique A qui croit au taux gA et qui améliore l'efficacité du
facteur travail. Dans ces conditions, la fonction de production se
présente comme suit :
Y = F (K, AL)
En divisant chaque terme de cette fonction par AL, il vient :
Y = f(K) avec y = S & et K = S (
qui représente respectivement le produit et le capital
par unité d'efficience et cette dernière croit au
taux gA.
En utilisant les mêmes développements comme au
modèle simple, on trouve aisément l'équation de
l'accumulation du capital :
? = 1(
12
= s.f(K) - (n + 6 + gA) K
L'état stationnaire ou régime permanent est
atteint lorsque l'intensité capitalistique devient constante. A cet
état, nous devons vérifier la relation suivante :
s.f (K*) - (n + 6 + gA) K* = 0
La consommation par tête sera maximisée si le
produit marginal du capital correspond au taux global de
dépréciation du stock de capital. Ce résultat provient de
l'application de la règle d'or de l'accumulation :
f' (K*or) = (n + ä + gA)
Avec une fonction de production du type Cobb-Douglas, on trouve
:
|
+* = M D O
; + 5 + 7S
|
Q
QRP -. L* = M D O
; + 5 + 7S
|
P
|
|
QRP
|
21 Solow, R.M., 1956,
op.cit. pg 11.
24
A l'état stationnaire, le taux de croissance du
capital par unité d'efficience est nul tout comme celui de la production
par unité d'efficience, gY. Toutes les autres variables (Y, K, C)
croissent au taux constant : n+gA.
Dans la version simple de ce modèle, nous avons vu
que le taux de croissance du revenu per capita était nul. Mais
l'introduction du progrès technique permet d'avoir de niveau de vie plus
élevé le long du SCE.
En effet, soit Y = F (K, AL) =
Ka(AL)l-a
La fonction de production per capita est donnée
par : Y _ Al-aKa
En utilisant la transformation logarithmique, le taux de
croissance du revenu per capita sera donné par l'expression suivante
:
|
Y
|
_ (1 - a) Ali. + aK
|
- Yy =
(1-á)gA+áyK
|
Or, nous savons d'après le fait stylisé
que le ratio K/Y est constant. Ce résultat est vrai ssi Yy =
YK et par conséquent Yy = YK. Nous aurons de ce
fait,
Yy = (1-á)gA+Yy H Yy
= YK = YA = gA >_ 0
Le progrès technique permet donc d'avoir la
croissance du revenu par travailleur et du capital per capita contrairement au
modèle simple où ces taux sont nuls sur le SCE. Ce modèle
permet donc d'expliquer les différences de niveau de vie introduites par
le progrès technique à long terme.
n Les limites du modèle de Solow :
ü La croissance a été soutenue et
a cru à un taux relativement constant entre les années 50 et 70,
comme prévu par Solow. Mais depuis 1970, le taux de croissance annuel a
fortement baissé. La comptabilité des sources de la croissance
montre qu'une part significative de la croissance reste non expliquée
par les facteurs traditionnels de travail et de capital
employés.
ü Sous l'hypothèse de la
productivité marginale décroissante du capital, et si le
progrès technique est le même partout dans le monde, les pays en
développement doivent rattraper les pays développés. Or,
il n'en est rien concernant beaucoup de pays en développement. Dans ce
cadre, tout laisse à penser que l'hypothèse de
productivité marginale décroissante du capital peut être
fausse et/ou que le progrès technique n'est pas une « manne
du
25
ciel ». Dans sa définition la plus simple, le
progrès technique est le fruit d'investissements effectués par
des agents. Il n'aurait alors rien de «naturel » mais dépend
étroitement des comportements des agents.22
· · Croissance
endogène
~ Les modèles de croissance endogène
Le terme endogène signifie que la croissance est un
phénomène entretenue, elle ne relève plus d'un
mécanisme extérieur au modèle et considéré
comme une manne du ciel. Les modèles de croissance endogène
attachent une importance capitale à la modélisation du
progrès technique. Ils mettent aux points différentes sources
d'explication de ce progrès technique tentant d'enrichir notre
connaissance des facteurs de croissance.23
Trois hypothèses sous-jacentes gouvernent le
fonctionnement des modèles de croissance endogène :
i' La productivité marginale du capital (humain ou
physique) n'est pas décroissante (comme chez Solow). Elle est constante
et donc ne dépend pas du stock de capital déjà
accumulé.
i' Plusieurs facteurs de la croissance endogène
engendrent des externalités. Ainsi, le rendement privé d'un
investissement en capital physique ou dans de nouveaux produits est toujours
inférieur à son rendement social. Si l'investissement joue un
rôle social alors l'Etat doit ainsi jouer un rôle important dans
l'affectation des ressources.
i' Il y a en général deux secteurs dans
l'économie. Le premier secteur contribue au bien être
présent des individus (agit sur le stock de production). Le
deuxième secteur contribue au bien être futur des individus, il va
agir sur la croissance de cette production. Ce deuxième secteur pouvant
être formel (Secteur de Recherche et Développement,
éducation) ou informel (Information acquise sur le tas,
apprentissage).
Les sources identifiées du progrès technique
agissant sur la croissance:
~ Le capital physique (Romer 1986)
Bien que communes aux deux théories
(Néo-classiques et nouvelle), l'accumulation de capital s'accompagne
d'externalités: l'investissement privé par une firme
bénéficie aux autres firmes par effet d'imitation,
apprentissage.
22 http:/ / www.uac. pt/ ~amenezes/ macroeconomiaII/
macroeconomiaII_20062007/ papers/ solow1956. Pdf
23 Aghion et Howitt, Endogenous Growth Theory, 1999, MIT Pres, Pg
48.
26
Ainsi, l'effet de l'investissement est double sur
l'économie : accroît directement la productivité de la
firme et indirectement celle de toutes les autres firmes.
Participe à un progrès technique et
Productivité moyenne au niveau agrégé s'accroît.
Romer montre ainsi que la croissance économique s'auto-entretient mais
à condition de considérer aussi que la productivité
marginale du capital investit est constante. En revanche, la croissance devient
instable si les rendements du capital sont différents de 1. Si la
productivité du capital est décroissante, son rendement sera
décroissant et ses externalités décroissent
également jusqu'à épuisement de la croissance. Si elle est
croissante, la rentabilité du capital croît
infiniment24.
· La connaissance (Romer, 1987)
Ici il s'agit de savoir si l'état de la connaissance
mise à la disposition du public (comme la recherche et le
développement), peut elle aussi créer de la croissance. La
connaissance est un bien `non rival' (c.à.d. un bien auquel tout le
monde peut accéder en même temps) avec un coût
d'appropriation minimal (Bien public). Chaque chercheur peut alors user de
l'ensemble du stock de connaissance ce qui n'est pas le cas du capital
physique. Pour faire ses propres découvertes (des innovations). La
connaissance devient ainsi une externalité, chaque chercheur contribuant
ainsi à augmenter la productivité moyenne de ses collègues
et donc la croissance de long terme. Ici encore, pour que la croissance soit
auto-entretenue, il faut que le rendement de la connaissance soit unitaire.
Dans cette perspective, l'intervention de l'Etat devient justifiée dans
la recherche fondamentale à forte externalité.25
Ainsi, la diversité des inputs créés
accroît la productivité dans les biens finals et donc participe
à entretenir la croissance. Aussi, la qualité joue un rôle
important dans le sens où un bien de meilleur qualité et plus
efficace, va se substituer à un bien de moins bonne qualité
principe de destruction créatrice: ainsi la croissance aura un contenu
qualitatif plus prononcé tout en augmentant l'efficacité moyenne
de production.
· Le capital Humain (Lucas 1988)
Il s'agit du stock de connaissances appropriées par
chaque individu. Car la connaissance d`un phénomène peut exister
mais pour y accéder il faut se former en capital humain. Chez Solow, le
capital humain n'était qu'un stock de travail. Ici, on tente d'apporter
un fondement économique (déterminants) au capital humain : Il n'y
a pas que la quantité de travail qui va induire une croissance mais sa
qualité
24 Paul Romer, Endogenous Technological Change,
Journal of Political Economy, [[octobre (http:/ / www.pse.ens. fr/ adres/
anciens/ n22/ vol22-01. pdf)] 1990](Article fondateur de la théorie de
la croissance endogène)
25 Romer, D. Advanced macroeconomics, seconde édition
2000. Les trois premiers chapitres, pg 34.
27
aussi va participer à la croissance. Il n'est pas
nécessaire cependant à ce que le capital humain s'accompagne
d'externalités à l'image du capital technologique, car il est
propre à chaque individu (à moins qu'il y ait transmission de ce
capital par effet d'apprentissage du savoir faire propre à chacun
à d'autres)26.
En revanche, le capital humain ou la formation à un
moment présent va aider à être plus productif à un
moment futur. Ainsi, il y a un arbitrage qui va se présenter entre le
capital humain offert à la production d'aujourd'hui et le capital se
formant pour une meilleure productivité dans l'avenir. Ainsi, la
croissance de long terme sera assujettie à la quantité de capital
en formation pour un meilleur rendement dans le futur.
~ Le Capital Public (Barro, 1990)
Le Capital spécifiquement public est constitué
de l'ensemble des infrastructures publiques :
Transports, télécommunication,
éducation, sécurité, etc. Ici également, la
croissance provient des externalités engendrées par
l'investissement public sur le développement du secteur privé.
L'imposition devient positivement corrélée au niveau
d'investissement public et à l'efficacité de l'investissement
privé. Là encore l'hypothèse de rendement constant de
l'ensemble du capital doit être considérée sinon la
croissance sera instable.
S'il est communément admis que toutes ces variables
jouent un rôle primordial dans la croissance des pays
développés, il existe un débat sur l'importance de ces
variables dans les sources de la croissance des pays en développement.
Car, il y a bien d'autres variables qui rentrent en ligne de compte quand on
étudie le développement de ces derniers comme les institutions,
la démocratie, le taux d'ouverture ou autres
phénomènes.27
1.2.2.2.1. Les déterminants de la croissance
exogène
Les déterminants de cette croissance sont de deux types
:
( Les premiers déterminants sont ceux
qui rendent la croissance économique possible, à savoir les
facteurs de production que sont le travail et le capital. Les facteurs de
production déterminent la croissance potentielle ;
26«
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Théorie_de_la_croissance_endogène&oldid=87730867
».
27 Robert Barro et Xavier Sala-i-Martin, Economic Growth, MIT
Press, Cambridge, 2003 (2e édition), P.672 (ISBN 9780262025539). Ce
livre présente la théorie de la croissance néoclassique,
le rôle du capital humain et du progrès technologique dans la
croissance.
28
( Les seconds déterminants sont ceux qui indiquent la
manière dont la croissance économique se produit effectivement.
Ce sont les déterminants de la croissance effective tels que
l'investissement, le progrès technique, l'ouverture, le système
financier et la qualité des institutions.
1.2.2.2.2. Les déterminants de la croissance
endogène (Romer, Résidus du Solow)
Il a été constaté que la plupart des
pays connaissent encore des périodes de croissance prolongée et
accrue avec un niveau presque inchangé de population, d'investissement,
d'ouverture ou des institutions. Ce constat a fini par révéler
que la croissance économique ne dépend pas uniquement des
facteurs exogènes.
La croissance économique semble s'entretenir
d'elle-même et apparait comme un phénomène cumulatif. Elle
peut ainsi être endogène.
D'après Robert Lucas, l'accumulation du capital humain
est un facteur endogène de croissance. Cette dernière
dépend effectivement en grande partie des efforts individuels et sociaux
consacrés à la formation et financés par l'épargne.
Le niveau de l'éducation de l'individu joue tant sur sa propre
productivité que sur le reste de la
société.28
Selon Paul Romer, c'est en produisant qu'une économie
accumule spontanément les expériences et donc le savoir. Plus la
croissance est forte, plus l'accumulation de savoir-faire est forte aussi ; ce
qui favorise davantage la croissance : c'est la théorie du «
Learning by doing ». Pour ces deux théories, le progrès
technique est considéré comme un facteur endogène au
mécanisme de la croissance. Les résidus du Solow est la partie de
la croissance économique qui n'est pas expliquée par les facteurs
travail et capital.
1.2.3. Forme de la croissance
· · Croissance intelligente :
C'est une croissance qui est fondée sur l'exploitation
et l'utilisation de connaissance. Dans ce cas l'accroissement du taux d'emploi
et de la productivité résultera de la formation, de la recherche
et du capital humain.
28 Lucas, R., 1988, « On the Mechanics of
Economic Development », Journal of Monetary Economics, Pg 45.
29
+ Croissance soutenable :
C'est une croissance qui est basée sur la gestion plus
efficiente des ressources non renouvelable au regard du développement
durable entendu comme la satisfaction des besoins des générations
présentes sans remise en cause ou évincer celle des
générations futures.
+ Croissance inclusive :
C'est une croissance qui repose sur la justice, la
solidarité et l'égalité des chances par rapport à
l'accès aux différents marchés des biens et services, du
crédit et d'actifs financiers, de l'emploi et sécurité
sociale. Elle requiert l'officialisation du droit au compte de manière
à permettre au segment pauvre de la population d'accéder au
marché.29
+ Croissance durable :
C'est une croissance qui prend en compte les facteurs
écologiques, c'est-à-dire qu'elle ne détruit pas
l'environnement au contraire elle protège ce dernier, notamment à
la redistribution des revenus issue de cette croissance. Certains auteurs
parlent même du PIB vert.
+ Croissance appauvrissante :
C'est une croissance qui n'offre pas des revenus de
qualité ou intéressants, c'est-à-dire qui offre des
revenus précaires, et de création d'emploi de mauvaise
qualité et non permanente30.
Section II : Chômage
|