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Analyse de la stratégie de mobilisation des recettes minières à  la direction générale des mines et de la géologie.

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par Germain Assamam BIMIZI
ISM Adonai Togo - Master II  2016
  

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Section 3 : REVUE LITTERAIRE

Dans cette section il sera question de faire un exposé d'un certain nombre d'ouvrage ayant abordé le sujet de la stratégie de mobilisation des recettes afin de ressortir les nuances avec notre thème. Il s'agira aussi de montrer par la même occasion la démarche théorique que nous choisirons, parmi celles des auteurs qui nous ont précédés dans la recherche d'une meilleure stratégie de mobilisation des recettes minières, pour traiter notre thème.

Les pays conçoivent souvent leur politique fiscale pour l'industrie minière de manière à attirer des investissements dans des activités d'exploration et de mise en valeur des mines. Ils ne prennent pas toujours suffisamment en compte, au départ, les conséquences que de tels investissements peuvent avoir sur les services administratifs chargés d'assurer une application efficace et efficiente du régime fiscal. Il faut, pour pouvoir recouvrer un volume de recettes adéquat, avoir mis en place des procédures et des systèmes administratifs efficaces et disposer d'effectifs compétents en nombre suffisant. Parvenir à attirer des investissements générant des recettes optimales à l'Etat peut être un réel défi pour les Administrations des mines des pays en développement, d'autant plus que ces dernières sont exposées au risque de fuite des investisseurs vers d'autres juridictions minières situées dans d'autres régions du monde qui cherchent, elles aussi, à attirer des capitaux peu abondants mais mobiles. Si les études consacrées aux objectifs et aux principes de la politique fiscale sont très nombreuses, les informations sur les problèmes et les meilleures pratiques liées à l'administration des redevances frappant l'activité minière sont en revanche relativement limitées.

Selon Guj, Bocoum, Limerick, Meaton et Maybee (2013), il faut adopter une démarche structurée pour analyser les défis associés à l'administration des impôts et des redevances frappant l'activité minière et pour trouver les moyens de les surmonter. Ils suggèrent des approches prospectives en matière de politiques et de pratiques pour favoriser le respect des obligations en matière de paiements miniers et promouvoir l'équité, tout en préservant l'attrait des investissements.

Les auteurs font allusion ici à l'analyse des problèmes liés à la mobilisation des redevances relatives à l'activité minière et à leurs mesures correctives. Ils parlent d'une approche prospective qui correspond en fait à une démarche exploratoire en termes de politique et

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pratiques nouvelles. Il s'agit de tester les politiques et pratiques nouvelles afin d'appréhender leur applicabilité à travers les observations ou avis de l'industrie minière.

Dans leur étude pour la conception d'un manuel de référence pour la Banque Mondiale, ils ont procédé à une évaluation des contextes et des pratiques dans le domaine de l'administration du recouvrement des recettes générées par l'activité minière dans certains pays africains (Burkina Faso, Ghana et Mali). Cet examen a porté sur les points de contrôle physiques et financiers, sur la pertinence et la qualité des activités de collecte et de partage des informations, et sur les compétences, les processus, la coopération et les mécanismes de coordination inter-administrations qui ont un impact sur l'efficacité du recouvrement des recettes provenant de l'activité minière. Les données recueillies dans les pays visités ont été analysées et complétées par des éléments tirés des meilleures pratiques en matière de procédures et de processus d'administration du recouvrement des impôts frappant l'activité minière dans les pays développés, en particulier l'Australie.

Cette approche mérite d'être prise comme modèle dans la mesure où elle touche du doigt les facteurs clés d'une bonne stratégie de mobilisation de recettes notamment la qualité des activités de collecte et de partage d'information, les compétences des acteurs, la qualité des processus, la coopération et la coordination. Un autre aspect intéressant que ressort leur étude est la proposition qu'elle fait aux administrations chargées des mines de schématiser les processus d'administration et de recouvrement des redevances pour une facile maitrise par les agents en charge de ces questions. Ils proposent également une auto évaluation de ces systèmes d'administration sur le plan de l'efficacité et de l'efficience.

L'aspect coopération est capital ici pour nous car il pourrait assurer le respect des obligations lors que les avis des partenaires majeurs sont pris en compte dans l'élaboration des politiques dans le secteur des mines.

Mais cette démarche ne met pas l'accent sur le facteur intervention de l'Administration minière en termes de contrôle de l'activité minière sur le terrain pour l'obtention des quantités réelles sur la production. Ce facteur s'avère nécessaire dans la mesure où les politiques minières dans leur majeure partie sont sous un régime déclaratif de la production et souvent le contentieux récurrent entre l'Etat et l'industrie minière est marquée par le doute qu'émet l'Etat par rapport aux quantités déclarées par les sociétés minières.

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La Mairie de Cotonou à travers le CIFAL (2010) a présenté ses outils pratiques de mobilisation de recettes. Dans sa stratégie d'optimisation de recettes, elle privilégie le système d'information géographique qui permet d'évaluer le potentiel fiscal, le budget annuel pour effectuer de bonnes prévisions et l'organisation technique de ses services pour le recouvrement et le suivi des activités. Elle a particulièrement confié la mobilisation de ses recettes fiscales à la Direction Générale des Impôts et des Domaines et celle des recettes non fiscales à son département des services économiques et financiers. On note ainsi une division des tâches pour une responsabilisation et un contrôle accru dans le suivi des réalisations.

D'après la Mairie, un autre outil important de sa stratégie est la réforme des textes particulièrement les textes relatifs à la taxe de voirie perçue au cordon douanier et celle des taxes des marchés. Il a été révélé aussi que toutes les taxes prévues par le législateur ne sont pas prises en compte dans la politique de mobilisation de recettes.

Mais aucune mention n'est faite de la consultation des usagers des services municipaux pour la prise en compte de leurs avis en ce qui concerne ces réformes de taxes.

La démarche de mobilisation telle que présentée est presque exhaustive car elle prend en compte le processus depuis la prévision budgétaire jusqu'au recouvrement. Elle est à priori bien ficelée mais le risque majeur est la non inclusion des usagers principaux de leurs services. Elle se révèle à deux niveaux notamment au niveau du processus de prévision où les données sont obtenues avec le système d'information géographique sans précision sur la capacité d'accueil des infrastructures municipaux qui devrait leur permettre d'avoir des données réalistes pour une bonne prévision de recettes. Au niveau de la consultation directe des usagers sur leur chiffre d'affaire potentiel et en termes de politique fiscale. Le plus souvent les services de l'Etat ne font pas des études ou de la sensibilisation avant l'introduction des reformes. Ce risque peut tirer les objectifs d'optimisation vers le bas en engendrant le non consentement volontaire au paiement des taxes, des pratiques semblables au refus de paiement de la taxe et à l'évasion fiscale.

A la différence de l'approche exposée par le CIFAL (Centre International de Formation des Autorités/Acteurs Locaux) qui ne met pas en exergue la consultation des usagers des services et le test des politiques, celle de la Banque Mondiale est plutôt prospective en encourageant fortement le dialogue permanent entre l'Administration minière et les contribuables que sont les sociétés minières.

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Notre mémoire va, pour sa part, plutôt placer la consultation au centre de sa démarche, comme l'a fait la Banque Mondiale dans son manuel de référence, pour assurer une réussite à la réforme qui pourrait en résulter. Cette réussite serait caractérisée par le respect des sociétés minières aux obligations du régime de redevances minières auxquelles elles sont assujetties.

Le Projet d'Appui au Développement Economique Local (PADEL) à travers la MDL (2015) a mené une étude pour relever les problèmes liés à la mobilisation des ressources financières et les stratégies possibles pour améliorer le niveau de ces recettes dans les communes de la région de Louga au Sénégal. Dans son étude la Maison du Développement Local (MDL) a cherché à faire en premier lieu un état des lieux des moyens matériels et humains mise en oeuvre dans l'accomplissement de la tâche de mobilisation des ressources financières. Elle se rend compte que les services des municipalités dans la plupart des cas ont des limites dans l'accomplissement de leurs tâches. Il y a donc nécessite de renforcer les capacités des acteurs locaux en particulier les membres de la commission des finances pour une forte implication dans le processus.

Contrairement aux études que nous venons de parcourir, celle de la MDL (2015) s'écarte en soutenant que les stratégies de mobilisation sont à différencier selon le type de recette. Ceci veut dire que les caractéristiques des recettes sont un élément déterminant dans l'élaboration de la stratégie de mobilisation.

Ainsi, pour le recouvrement des impôts, la meilleure stratégie est sans conteste, la sensibilisation en vue de vivifier au quotidien le sens civique ou civisme fiscal. Ce travail de sensibilisation devant intervenir après le recensement doit être l'affaire de tous les acteurs y compris la société civile à travers notamment les mouvements associatifs. La MDL (2015) insiste alors sur le recensement qui est un pilier essentiel à la maitrise de l'assiette contrairement au CIFAL (2010) qui n'en a pas fait cas de façon détaillée. Mais notre mémoire en soutenant que le problème de recensement ne se pose pas avec acuité au vu du dispositif que représente le permis ou licence instauré dans le secteur des mines va plutôt adhérer à la démarche de consultation ou de sensibilisation.

S'agissant des autres recettes recouvrées au comptant, une stratégie déjà expérimentée dans des communes et qui a donné des résultats probant mérite d'être adoptée. Il s'agit de la

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journée témoins de recettes. Cette stratégie consiste à organiser périodiquement des opérations « coups de poing » de recouvrements devant même faire appel à un personnel temporaire. Ces opérations peuvent être menées de manière séquentielle (tous les trimestres ou semestres). Cette méthode a le double avantage d'améliorer le rendement et de soumettre les secteurs marchands à une évaluation permanente.

Ici ces opérations ressemblent un peu aux descentes inopinées que notre mémoire voudrait encourager fortement lorsque l'Administration minière émet des doutes sur les déclarations de production que font les sociétés minières. Etant donné que ces quantités sont le soubassement même des redevances minières à déterminer et donc des recettes minières à percevoir avec justice.

Dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie de mobilisation des ressources au niveau des communes de la région de Louga, le PADEL a également expérimenté une démarche mixte où toutes les collectivités locales sont ciblées et a travaillé sur six (6) principales recettes : trois (3) recettes fiscales (taxe rurale, patentes et impôts locaux) et trois (3) recettes non fiscales (produits domaniaux, frais de bornage et droits d'alignements, taxe sur la publicité) qui ont été choisies de manière participative. Sur cette base, et après évaluation au bout d'une année, l'introduction d'autres recettes pouvait être envisagée sur la base de la performance enregistrée.

De manière générale, les stratégies à mettre en oeuvre sont déterminées par le profil des ressources à mobiliser. Ainsi, au niveau des impôts fonciers et des impôts sur les activités professionnelles (patente et licence), les stratégies peuvent être de deux ordres, les travaux d'assiette qui consistent à reprendre le recensement général de la matière imposable pour mieux maîtriser le gisement fiscal et à élaborer un calendrier fiscal chaque année et le respecter rigoureusement et les travaux de recouvrement qui consistent à sensibiliser les populations sur la distribution des avis d'imposition. Il s'agit de leur faire prendre conscience de la nécessité de payer l'impôt, le rôle qu'elles doivent jouer (c'est-à-dire leurs responsabilités dans le développement de leur commune).

Au niveau des stratégies de mobilisation des ressources non fiscales tels que les Droits de place sur les marchés, elles doivent permettre de : (i) mieux connaître tous les marchés de la commune qui s'animent avec leurs caractéristiques (superficie, influence locale, régionale ou

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internationale ; périodicité d'animation ; équipements); (ii) mieux connaître le nombre de places que chaque marché offre à partir de ses équipements et d'attribuer un numéro à chaque place ; (iii) procéder à un décompte systématique des occupants du marché ; évaluer le niveau de leur recettes journalières afin d'avoir l'assiette qu'offre chaque marché.

Dans tous les cas, les stratégies de mobilisation des ressources doivent être intégrées dans un plan d'action élaboré avec l'appui des commissions « Finances ».

Dans ce dernier paragraphe, les pratiques de la stratégie déclinées ressemblent bien à ce que notre mémoire voudrait suggérer vivement dans le cadre du processus de prévision de recettes au niveau de la Direction Générale des Mines et de la Géologie. Il en fait un élément important de sa démarche car les prévisions sont la première étape de la chaine de mobilisation de recettes et s'il y a biais à ce niveau toute la chaine va en pâtir forcément. Il s'agit donc de se baser sur des données concrètes pour faire des prévisions réalistes et réalisables. Ce ci voudrait dire que soit on descend sur le terrain comme dans le cas de la MDL (2015) ou on obtient les données des redevables eux-mêmes comme notre mémoire voudrait le proposer.

Guj (2012), dans son ouvrage intitulé «les redevances minières et les autres impôts spécifiques à l'industrie minière» parle des bonnes pratiques d'une stratégie de mobilisation de recettes en insistant sur la compétence et la capacité des services administratifs à pouvoir administrer la politique minière en vigueur. S'il parle de l'objectif d'optimisation des recettes pour les gouvernants, il nuance sa position en relevant que cet objectif doit garantir l'équité dans l'impact de l'imposition de l'industrie minière. Selon lui, l'équité dans l'imposition prend en compte la capacité à payer de l'industrie minière pour lui éviter de grever ses charges. Il ne sert à rien d'avoir par exemple un régime fiscal minier sophistiqué qui ne permet pas aux contribuables d'honorer facilement leurs obligations. C'est pour cette raison il insiste aussi, comme les autres auteurs du manuel de référence de la Banque mondiale, sur la consultation permanente de l'industrie minière pour garantir cette équité entre les deux parties.

Il propose que le régime d'imposition minier soit approprié, clair, stable et associé à des pistes de vérification claire évitant l'ambiguïté qui pourrait créer des blocages dans son administration.

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En ce qui concerne l'inspection des industries minières sur le terrain, il parle du principe d'absence de surprise qui devrait permettre à l'Administration minière de faire des descentes inopinées pour contrôler les quantités et les volumes de vente des minerais exportés. Dans ce sens il prône la coordination et le partage des informations et systèmes entre les ministères et départements impliqués dans la politique et l'administration de l'imposition minière. Cette pratique servira de contre vérification afin d'effacer le doute qu'émettent les services de l'Etat sur les quantités que l'industrie minière communique périodiquement afin de leur permettre de faire les calculs de liquidation et d'ordonnancement des redevances minières.

A la différence des auteurs du référentiel de la Banque Mondiale et de la Mairie de Cotonou, Guj (2012) propose qu'on modélise l'impact des changements qu'induisent les réformes avant de les mettre en oeuvre. Il est pour des pénalités proportionnelles et progressives en cas de non-respect des obligations de l'industrie minière.

Le Groupe international d'études sur les régimes miniers de l'Afrique dans son rapport, révèle le problème de la stabilisation fiscale comme l'un des freins à une bonne stratégie de mobilisation des recettes minières. Selon le rapport, l'expérience aussi bien que la prudence soulignent qu'il importe de privilégier non seulement des éléments particuliers mais aussi l'ensemble des mesures fiscales dans les projets miniers (Commission Economique pour l'Afrique, 2011). En effet, ce rapport dénonce le fait que les gouvernements signent des contrats miniers particuliers qui stabilisent les régimes minier sur le long terme en dehors de la loi minière qui devait régir tout le secteur sans distinction aucune.

Pour remédier à cet état de fait, il propose que les clauses de stabilité soient opérationnelles pour les périodes de récession mais soient levées pour les périodes d'expansion. Ces clauses devraient s'arrimer au trend des prix des matières premières de telle sorte que pour les périodes de prix faibles les clauses de stabilité soient observées et ne le soient pas pour les périodes de prix élevés. Dans le même sens, il propose que ces clauses soient maintenues seulement pendant la période permettant aux projets miniers de rembourser les prêts aux bailleurs externes afin de réduire la durée des effets néfastes de ces clauses sur les objectifs d'optimisation de recettes des Administrations.

Pour eux, les Etats devraient miser sur un certain nombre de facteurs permettant d'optimiser les recettes minières. Il conseille la fixation d'une valeur marchande équitable pour les

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ressources c'est-à-dire l'octroi des permis par le système de vente aux enchères publiques, une combinaison entre bonus de signature , taux de redevances, impôt sur les sociétés, retenues à la source et impôt sur le revenu locatif des ressources.

Cette alternative ne peut pas faciliter une bonne mobilisation des recettes minières car l'approche se focalise trop sur les mécanismes fiscaux et ne parle pas suffisamment de la qualité des ressources humaines des administrations minières, de l'applicabilité des textes et des relations avec l'industrie minière. C'est justement ces clauses de stabilité qui bloquent toute tentative de révision des mécanismes fiscaux prévu par les pays propriétaires des ressources naturelles.

Comparativement aux autres auteurs l'approche du Groupe international d'études sur les régimes minier de l'Afrique est peu rigide et peu limitatif car elle privilégie la régulation par les mécanismes fiscaux auxquels les clauses de stabilité résistent.

Dans sa stratégie de mobilisation des recettes minières, le Gouvernement du Québec (2013) opte pour une part importante pour la modification du régime minier afin d'optimiser les redevances minières. A travers le rapport intitulé « un nouveau régime d'impôt minier équitable pour tous : stimuler les investissements miniers » le Gouvernement du Québec a présenté les orientations et priorités dans la mise en place de son nouveau régime minier. Ce nouveau régime est caractérisé par la mise en place d'un impôt minier minimum et d'un impôt minier sur le profit à taux progressifs qui permettront d'accroitre le niveau des redevances perçues. Ces deux mesures viendront s'ajouter à la redevance ad valorem qui a montré ses limites jusqu'ici. Dans ces conditions le Gouvernement du Québec s'assure de la perception des redevances dans toutes les situations possibles dans la vie d'une entreprise minières à savoir lorsqu'elle vend, lorsqu'elle réalise un profit et même lorsqu'elle fait une perte. Il a impliqué l'industrie minière en organisant un forum sur les redevances minières. Il garantit ainsi la préservation de l'intérêt des investisseurs miniers grâce auxquels les ressources minières deviennent une source de richesse. Cette approche est pertinente sur le plan de la consultation en allant dans le même sens que celle du référentiel de la Banque Mondiale qui privilégie la prise en compte des opinions des sociétés minières en vue de l'amélioration de la stratégie de mobilisation des recettes minières. Mais sur le plan de la mise en place de nouveaux mécanismes fiscaux, elle est périlleuse car elle peut créer une fuite des entreprises minières vers les pays où la fiscalité minière est faible ou moins diversifiée.

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A la différence de l'option du gouvernement québécois, ce mémoire n'a pas pour objectif de modifier le régime d'impôt minier mais tente de proposer des suggestions qui pourraient contribuer à une amélioration du cadre d'administration et de perception des redevances minières afin de participer à l'amélioration de la stratégie de mobilisation des recettes minières. La question de la modification du régime d'impôt minier est très délicate dans la mesure où elle exige une évaluation globale de tous les bénéfices provenant du secteur minier tirés par l'Etat au-delà de la seule perception de redevances minières. Dans ce cas il faut faire intervenir les dimensions comme l'emploi, la protection de l'environnement, les recettes fiscales qui rende difficile les calculs d'autant plus que l'Etat peut gagner en augmentant le taux des redevances mais perdre sur les autres plans.

La question de la modification du régime minier comme facteur principale à une amélioration de la stratégie de mobilisation en vue d'une optimisation des recettes a montré ses limites à cause des clauses de stabilité que négocient d'entrée les investisseurs miniers pour se protéger contre cette éventualité. C'est pour cette raison que Guj (2012) focalise plutôt son étude sur les meilleurs pratiques dans l'administration des politiques minières en parlant de la compétence et des capacités des services chargés de la mobilisation des recettes.

En somme au vu de la littérature que nous venons d'analyser, certains auteurs ont traité la question de l'analyse de la stratégie de mobilisation des recettes de façon pertinente comme dans le cas du référentiel de la Banque Mondiale en privilégiant l'amélioration du cadre d'administration des redevances avec à la clé une démarche prospective. D'autres ont analysé le problème en privilégiant l'amélioration du régime minier c'est le cas du Gouvernement du Québec et de la Mairie de Cotonou avec la réforme des textes fiscaux qu'ils proposent. En revanche, Guj (2012) dans son ouvrage opte pour une amélioration de la qualité des prestations et du cadre de perception des administrations chargées des mines dans son approche. Il propose qu'on modélise l'impact des changements qu'induisent les réformes avant de les mettre en application.

Notre mémoire optera, dans sa démarche pour une amélioration de la stratégie de mobilisation des recettes minières, pour une approche prospective qui se focalise sur l'amélioration de la qualité des prestations et du cadre de perception. Cette démarche résulte en fait d'une synthèse entre l'approche du référentiel de la Banque Mondiale et celle proposée par Pietro Guj dans son ouvrage. A la différence de ce dernier notre mémoire ne pourra pas modéliser

les impacts des changements que pourrait induire la réforme qu'il pourrait susciter compte tenu de ses moyens limités. En revanche, il tentera de tester le degré de réussite de ses suggestions en essayant de soumettre les questions liées aux changements majeurs envisageables à l'appréciation des acteurs clés de l'industrie minière qui auront l'obligation de respecter ces nouvelles mesures. Ce test sera l'une des particularités de notre mémoire car il inclura les résultats de celui-ci pour prouver l'applicabilité ou non des mesures qu'elle proposera. Ce que les auteurs que nous venons de voir n'ont pas assez clarifié dans leur étude pour corroborer la faisabilité de leur suggestions car ceux qui ont parlé de la modélisation des impacts de l'imposition ou de la consultation des contribuables n'ont pas affiché les résultats de ces études pour renforcer leur position afin de rassurer les destinataires de leur recherche.

Dans cette démarche, un accent particulier sera mis sur les redevances minières pour la simple raison qu'elles représentent en moyenne 89,45%9 des recettes minières au Togo sur la période de 2010 à 2015 et sont à l'origine des importants écarts constatés dans la mobilisation au fil des années. Ce mémoire s'inscrit, par ailleurs, dans la dynamique d'une approche de consultation, d'information de l'industrie minière et d'une approche de sanction quand celle-ci enfreind aux dispositions du code minier, des conventions, des contrats miniers et des autres textes règlementaires.

Ce chapitre vient donc renforcer la compréhension de notre mémoire et prépare avec le premier à l'entame du travail proprement dit en termes de présentation de sa méthodologie, de ses résultats et des suggestions qui découleront des diverses investigations qui seront menées.

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9 DGMG (2016), rapport périodique.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera