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Problématique du foncier rural et développement local dans la commune de Klouekanmey.

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par Adrien S. A. ALOFA
Université d'Abomey-calavi (Bénin) - Maitrise 2014
  

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CHAPITRE III

CADRE DE REGULATION, MODES DE GESTION DU FONCIER ET
SES EFFETS SUR LE DEVELOPPEMENT LOCAL DE LA COMMUNE

A travers ce chapitre, il est développé, le cadre de régularisation du foncier rural et modes de gestion du foncier et ses effets sur le développement local.

3.1 Cadre de régularisation du foncier rural dans la commune

3.1.1 Cadre législatif et réglementaire du foncier rural dans la commune

Pendant longtemps, les droits fonciers issus de la coutume ou des pratiques locales n'avaient pas une reconnaissance officielle formelle. La loi n°2007-03 du 16 octobre 2007 portant régime foncier rural pose désormais le principe de leur reconnaissance et de leur protection. Ainsi, cette loi détermine les règles et principes fondamentaux relatifs au régime foncier rural en République du bénin. Le titre 1er définit les grandes orientations des politiques et programmes de développement agricoles. Ce titre comprend en outre des dispositions relatives aux terres rurales et pose les principes généraux de gestion des ressources naturelles. Ce titre donne des prérogatives aux communautés à la base. Le titre II donne la composition du domaine rural de l'Etat et des collectivités territoriales et réglemente leur gestion.

Quant au titre 3, il fixe les modalités d'appropriation et de transfert des terres rurales, de leur mise en valeur et de leur gestion et aménagement. Avec pour innovation, l'institution du plan foncier rural (PFR) pour chaque village. Le but ici est de renforcer les droits réels immobiliers acquis selon la coutume et de les protéger afin d'encourager les investissements à long terme et de permettre une meilleure utilisation des terres. A cet effet, le PFR consiste à recenser les terrains ruraux et à en établir une documentation graphique suivie d'une documentation littérale. La délivrance de certificats fonciers ruraux aux ayants droit est l'aboutissement de la procédure PFR. L'institution d'un certificat foncier donne reconnaissance légale sous réserve de contestation aux droits constatés lors de l'élaboration des PFR.

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Le quatrième titre porte sur le contentieux rural et prévoit des dispositions dont la mise en oeuvre confère la force de la chose jugée aux règlements locaux des contentieux fonciers ruraux. Ceci permettra de mettre fin au caractère précaire des arrangements locaux des conflits fonciers.

Les titres V et VI traitent des dispositions pénales, transitoires et fiscales. Il est à retenir que cette loi, rend les collectivités territoriales une garantie des droits coutumiers relatifs au foncier. En ce qui concerne la circulation de la terre entre détenteurs coutumiers et exploitants, cette loi introduit une approche de solution, en évitant désormais les abus et les contestations liés aux transferts de droit. A cet effet, elle décrète le recours obligatoire à l'écrit rédigé devant la section villageoise de gestion foncière sous peine de nullité.

3.1.2 Cadre institutionnel de la gestion du foncier rural dans la commune Plusieurs structures s'occupent de la gestion du foncier en milieu rural au niveau de la Commune à l'ère de la décentralisation. Il s'agit de:

? IGN :

L'Institut Géographique National (IGN) est une structure légale aux prérogatives définies. Déconcentré au niveau départemental, il accompagne les Communes dans la gestion de leur patrimoine foncier surtout dans les zones urbaines et périurbaines. Dans les milieux ruraux, il contrôle la qualité de l'outil PFR, procède aux opérations de vérification et fait des amendements au sujet des plans parcellaires. Il fait au besoin, des recommandations puis sanctionne sur demande, le travail de réalisation de l'outil ou de sa mise à jour, par une certification institutionnelle de la normalité et de l'exploitabilité des PFR.

? Elus locaux

Les conseillers communaux sont répartis dans les différentes instances de gestion. Leurs rôles essentiels est de mobiliser la population autour des activités de réalisation du PFR, de servir d'intermédiaire pour les demandes d'appui et d'accès aux informations et surtout participer aux prises de décisions dans le cadre de l'amélioration de la gestion foncière.

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Dans le souci de renforcer le contrôle foncier, de mieux connaître les acteurs, de collecter les informations liées aux différentes transactions foncières et leur mise à jour aux fins d'une meilleure appropriation de l'outil PFR, trois instances officielles sont impliquées dans la gestion de la propriété foncière. On peut les situer à différents niveaux de la chaîne pyramidale de gestion que sont :

? à la base, les Section Villageoises de Gestion Foncière (SVGF) ;

? au niveau intermédiaire, les Sous-commissions de Gestion Foncière d'Arrondissement (SCGFA) ;

? au sommet, le Comité de Gestion Foncière (CoGeF).

Les rôles de ces instances tout au long du processus sont définis, s'interpénètrent et varient en fonction des compétences technico- légales.

? SVGF

Les dix sept SVGF, que compte actuellement la Commune de Klouékanmè, collectent les données foncières et les traitent. Composées des représentants des catégories socioprofessionnelles et des conseillers villageois, les SVGF constituent les instances les plus proches des communautés locales. Elles relèvent du conseil villageois et ont à leur tête les chefs de villages. De façon spécifique, les SVGF aident les propriétaires terriens à élaborer les contrats qui formalisent les modifications opérées sur leur bien foncier. De même, elles tiennent un registre, où sont enregistrées les mutations de droits fonciers. Elles recueillent également toutes les informations nécessaires à la mise à jour du PFR et font l'archivage des copies des documents PFR. Sur un autre plan, les SVGF apportent leur appui-conseil au règlement des litiges fonciers notamment par la fourniture, lorsqu'il est requis, d'informations foncières susceptibles d'en faciliter le règlement. Par ailleurs, elles mènent des actions d'information, d'éducation et de communication au profit des populations villageoises. Enfin, elles font remonter au CoGeF des informations en leur possession, sur les

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changements affectant les droits fonciers. Les SVGF envoient des représentants au sein de la SCGFA.

? SCGFA

Au nombre de quatre dans la Commune, elles servent de couloir de transmission et de relai des données foncières villageoises, du niveau village au niveau Commune. Composées des représentants des acteurs fonciers dans les arrondissements, les SCGFA constituent un premier niveau de contrôle et de supervision des activités des SVGF. La SCGFA envoie à son tour ses représentants au sein de la CoGeF.

? CoGeF

Le CoGeF de Klouékanmè est l'instance locale supérieure de gestion foncière. Il assiste le Maire dans la gestion des questions foncières touchant au territoire de toute la Commune. En l'occurrence, il appuie la mairie à la bonne tenue de la base de données foncière de la Commune, à la délivrance des Certificat Fonciers Ruraux (CFR) et à la mise à jour des PFR. Il intervient également dans le règlement à l'amiable des litiges fonciers, en collaboration avec le Tribunal de Conciliation et le Tribunal de Première Instance de Lokossa.

La commission de gestion foncière est un lieu d'accueil et d'information : les membres du comité de gestion foncière doivent recevoir tous les usagers pour entendre leurs demandes, dès lors qu'il s'agit de questions relatives à la terre ou aux ressources naturelles.

Plus précisément, le bureau du comité de gestion foncière est chargé, (i) d'accueillir toutes les demandes d'information des usagers portant sur le foncier rural ; (ii) de conseiller l'usager pour la mise en oeuvre de la procédure appropriée de sécurisation foncière, que ce soit pour stabiliser sa situation actuelle ou dans le cadre d'actes susceptibles de modifier le statut juridique d'une parcelle (transmission successorale, cession, location, etc.) ; (ii) expliquer à l'usager la situation domaniale et foncière de la Commune ; (iv) veiller à la mise à jour permanente et à la bonne conservation des documents de toutes

catégories détenus par le comité de gestion foncière, tant pour les besoins de son fonctionnement que pour ceux des usagers (la commission communale de gestion foncière étant un lieu de conservation des archives domaniales et foncières relatives à l'ensemble des terres et des ressources naturelles situées sur le territoire communal) ; (v) servir de lieu de coordination et éventuellement de relais pour les services déconcentrés compétents de l'Etat en matière de gestion de la terre et/ou des ressources naturelles.

De manière générale, il s'agit de répondre à toutes les questions portant sur la situation domaniale et foncière de la Commune. La commission de gestion foncière est un lieu d'information et de décision pour les élus parce que la commission de gestion foncière est une structure d'assistance et de conseil de la mairie pour la gestion des terres et des ressources naturelles situées sur le territoire de la commune dont elle relève.

En somme, les responsabilités sont partagées entre les différents acteurs impliqués dans la gestion foncière, au sein de dispositifs locaux d'administration foncière et sur la reconnaissance des procédures locales d'arbitrage tels que prévus par la loi sur le foncier rural.

3.2 Modes de gestion du foncier rural dans la Commune de Klouékanmè

3.2.1 Gestion traditionnelle du foncier dans la Commune de Klouékanmè Historiquement, il faut reconnaître qu'il n'y a pas eu d'organisation centrale coutumière de laquelle devrait découler les chefs de terre pour gérer la terre dans le département du Couffo en général et dans la Commune de Klouékanmè en particulier. Néanmoins, la soumission aux règles communautaires a longtemps maintenu une relative cohésion sociale et préservé les crises foncières jusqu'à une époque récente.

De nos jours, l'élite foncière coutumière dans la commune est composée des vieux sages, des groupes familiaux et des chefs des villages qui travaillent aux côtés des instances modernes. Les instances coutumières sont essentiellement impliquées dans le partage de l'héritage foncier et de règlement des litiges nés

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tacitement entre les différents protagonistes de l'utilisation de la terre (les collectivités coutumières, les paysans, les citadins, les politiciens, les commerçants et les ruraux). Ces conflits naissent souvent des enjeux économiques, politiques, sociaux et quelquefois contradictoires des acteurs. Les cas de conflits qui ont une forte probabilité de connaître un dénouement heureux sont des conflits nés de l'héritage ou ceux liés à la délimitation des domaines par des essences végétales. Bien que cet organe perde de plus en plus son influence à cause de la désintégration des familles et des valeurs morales, la plupart des acteurs des conflits y font encore recours pour résoudre leur litige.

En fonction des tendances de remise en cause d'acte ou d'accords, de plus en plus fréquente dans les villages, les acteurs protagonistes ont de plus en plus recours aux actes, aux témoins oculaires et auditifs, dans certaines situations. Il peut s'agir des arrangements anciens remis en cause ou contestés par les descendants de ceux qui les ont conclus, émergence de nouvelles formes de transactions pour lesquelles les règles ne sont pas stabilisées et où les contradictions évoluent, dans des contextes de conditions économiques, politiques et de rang social. S'il y a bien, dans un certain nombre de cas, durcissement des conditions d'accès, s'il y a bien des risques de manoeuvres opportunistes liés aux dysfonctionnements des systèmes d'arbitrage.

3.2.2 Gestion moderne du foncier rural dans la Commune de Klouékanmè La gestion du foncier rural est devenue officiel au Bénin avec l'instauration du Plan Foncier Rural (PFR).

Le PFR est institué en République du Bénin par l'arrêté interministériel 015 du janvier 1994 (Ministère de développement rural et de l'intérieur) qui autorise les opérations foncières dans le cadre du Programme de Gestion de Ressources Naturelles (Hounkpodoté, 2000). Selon lui, Le PFR est un mode d'investigation et de gestion foncière, une documentation foncière publique dont le but est d'assurer aux producteurs une meilleure sécurité afin que les pratiques foncières

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ne constituent pas un obstacle aux investissements à long terme et aux efforts d'aménagement pour une gestion soutenue et durable des ressources naturel.

Selon Edja (2004), le Plan Foncier Rural est une intervention de développement mis à la disposition des collectivités locales et qui consiste en une identification de l'ensemble des droits fonciers coutumiers et de leurs ayants droit, sur la base d'une enquête contradictoire in situ, aboutissant à un enregistrement et à une délimitation spatiale des droits et biens fonciers et devant s'insérer, selon des modalités diverses, dans la législation existante ou en gestation. Il apparaît comme une intervention de développement et institution de connaissance et de reconnaissance des droits, une chaîne de production de savoir foncier et de normes, un processus contradictoire mettant en jeu les différents acteurs impliqués (propriétaires limitrophes, public), un enjeu de gouvernementalité et d'ancrage local de l'Etat.

Le degré d'appropriation du PFR dépend de sa visibilité finale et des valeurs-ajoutées attendues. Il est donc particulièrement important de communiquer sur les apports de l'outil pour chaque type d'acteurs. Ainsi, au démarrage de l'introduction de l'outil, une campagne d'information et de sensibilisation a été organisée du sommet à la base et a permis aux acteurs de s'informer sur la pertinence, l'utilité et le processus d'élaboration du projet. Cette campagne a touché le préfet, les commandants de compagnie et de brigade, les juges, les membres de l'administration communale, le Maire et les conseillers communaux, les chefs de village. A l'échelle villageoise, la campagne, organisée sous forme d'Assemblée Générale, a mobilisé les différentes couches socioprofessionnelles, les jeunes, les femmes, les sages, les agriculteurs, les organisations paysannes, les conseillers de village, etc. dans tous les villages de la Commune. L'adhésion des acteurs intervient sur demande des populations signée par les autorités villageoises et personnes ressources touchées par la campagne d'information. Plus les « acteurs intègrent, comprennent et adhèrent aux méthodes utilisées lors de l'analyse préalable d'introduction et y participent

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activement, plus ils s'approprient de ses outils dans le sens attendu par les promoteurs du projet ». Dans ce cadre, il a été organisé dans les villages demandeurs sélectionnés dans la Commune, des diagnostics fonciers participatifs afin d'expliciter et de faire comprendre aux acteurs, les dysfonctionnements ainsi que les méthodes et techniques appropriées relatives au PFR à utiliser pour corriger la situation. Aussi, faut-il souligner la réalisation dans les villages bénéficiaires, de lexique foncier s'inscrivant dans la logique d'appropriation. La planche 2 montre le certificat délivré et une borne posée par le projet MCA-Bénin.

 
 
 

P2a: montrant le CFR du bénéficiaire

P2b: montre une parcelle bornée

 
 

P2c: montrant une borne posée sur la limite

P2d: montrant une borne posée sur la limite

Planche 2: Montrant le CFR et la borne sur les limites des terres en milieu rural. Prise de vue : Alofa, octobre 2013

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Seule une borne est posée au sommet d'une parcelle. Mais le PFR est un outil de sécurisation plus efficace, mais présente des insuffisances. Résolument pragmatique le Plan Foncier Rural se contente d'enregistrer, village après village, par enquête collective les limites des terrains sur lesquels il n'y a pas de contestations et des droits reconnus d'un commun accord. Simple enquête sans portée juridique explicite, elle stabilise de facto le droit des sols et crée un début de sécurité foncière en marge d'une législation irréelle (Gastadi, 2010).Il est désormais clair qu'on ne peut pas concevoir un développement harmonieux de la Commune de Klouékanmè sans une bonne gestion du foncier.

Première ayant bénéficié de l'outil PFR au Bénin, la Commune de Klouékanmè a enregistré au total dix sept (17) PFR dans 17 villages bénéficiaires dont (07) pendant la phase pilote et (10) pendant la phase de généralisation avec le projet MCA-Bénin. Le tableau II présente ; les villages et les superficies prises en compte dans le cadre du projet MCA-Bénin.

Tableau IV: Villages PFR et superficies

Commune Village nombre de parcelle Superficies

Klouékanmè

Kpévidji 664 856 ha 08a 62 ca

Agbago 543 362 ha 96a 53 ca

Total 10 4908 4505 ha 99 a 00 ca

Akimé 648 318 ha 01 a 23 ca

Avéganmè 345 424 ha 20 a 01 ca

Djihami 562 440 ha 88a 95 ca

Glolihoué 469 251 ha 05 a 62 ca

Sawamè-Hossouhoué

Tchokpohoué 345 125 ha 59 a 91 ca

Aglali 698 1200 ha 54a 57 ca

Edahoué-Ahouégangbé

283 383 ha 19 a 95 ca

387 143 ha 43a 61ca

Source: Comité de gestion foncière Klouékanmè, octobre 2013

De la lecture du tableau IV, il ressort que 4908 parcelles ont été enregistrées dans les 10 villages et une superficie totale de 4505 ha 99 a ont été prise en compte. Ces villages choisis représentent les zones de fortes productions agricoles. De plus la figure 9 présente la répartition spatiale des villages PFR.

Figure 9: Répartition spatiale des villages PFR de la Commune Klouékanmè

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