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Foncier et stratégies d'accès et de contrôle dans les anciennes plantations coloniales au Cameroun. L'exemple de la compagnie ouest Cameroun.

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par Jonas Aubert Nchoundoungam
Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2016
  

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b) Les allochtones

Le terme allochtone ainsi utilisé, caractérise tout individu n'appartenant pas à l'ethnie Bamoun. Ils sont qualifiés ici détrangers''. Dans cette catégorisation, l'on retrouve essentiellement les Bamilékés, les Nso, les Bafia, les Mbororo etc. ; bref des migrants autres que l'ethnie Bamoun, qui sont installés dans les périmètres de la C.O.C. ainsi que dans les villages tout autour de celle-ci.

Pour le cas particulier des Bamilékés, car étant les plus nombreux (confère graphique I), leurs installations avaient été favorisées par l'administration coloniale à travers l'ORT qui s'était chargé de recruter la main d'oeuvre servile des plantations coloniales. Ceux-ci pour la plupart d'entre eux sont arrivés en pays Bamoun et à la C.O.C. particulièrement en 1936 date de fonction effective de la C.O.C. en tant que compagnie agricole à caractère industrielle. Ils ont bénéficié des avantages en matière foncière prévu par l'administration coloniale. Dans les années 1980, suite à la déprise caféière et au départ des colons français, vinrent à la C.O.C., une autre vague non plus transporté par l'ORT ou l'administration coloniale ; Ne pouvant s'installer dans le domaine, car n'étant pas ouvriers, ces derniers, paysans indépendants, travaillaient à leurs propres comptes dans les espaces tout autour des plantations de la C.O.C. Leur implantation ainsi que leur accès à la terre ne pouvait être possible sans l'accord des Nji Ngwèn. Pour des parcelles comprises entre 500m2 et 1ha, les allochtones, migrants devaient en contrepartie offrir à chaque récolte des paniers de vivres issus des parcelles cultivés, or de nos jours la monétarisation de la terre a modifié les différents rapports qu'entretenaient ces peuples avec la terre. Des paniers de récoltes, l'argent a pris de dessus et s'illustre davantage comme le seul moyen pour ces étrangers d'acquérir des terres non seulement à la C.O.C. mais dans la localité de Foumbot tout entière.

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La terre commence à se faire rare ici, et de plus nous (étrangers) avons l'impression que l'on (Autochtone) ne veut plus de nous ici, car depuis pratiquement cinq ans maintenant, le prix de la terre ne fait que grimper, et lorsque nous voulons même négocier, on ne nous écoute pas. Ils nous disent que si nous ne sommes pas satisfaits, nous rétrocédons les terres acquises. Mieux encore, ils nous disent que le prix des vivres a augmenté sur les marchés locaux. Si seulement, ils pouvaient savoir que de l'ensemencement à la vente en passant par la récolte et si l'on associe à tout ceci le prix de location des terres, nous ne gagnons pratiquement pas grand-chose, ils seraient moins exigeants envers nous.

Avant c'était encore passable du temps de nos aïeux. Ils n'avaient pas besoin de payer de l'argent, il leurs suffisaient de faire quelques paniers de vivres qu'on apportait au chef et le problème était résolu, maintenant tout est à vendre ici. Bientôt même j'ai peur qu'on ne nous demande de payer également l'air que nous respirons ici...

Ils nous disent tout le temps qu'ils sont en train de nous aider, mais moi je pense sincèrement qu'ils sont plutôt en train de nous tuer, car nous nous tuons à travailler la terre mais eux, ils profitent mieux que nous des retombés de nos efforts.

Ce qui est curieux dans cette histoire, c'est le fait que ce n'est qu'envers nous qu'ils sont exigeants, si c'était un Bamoun, la situation serait différente. On lui aurait donné davantage d'espaces à un coup moins élevé, mais comme nous ne sommes pas chez nous, on subit. D'ailleurs nous on n'a pas le choix. C'est soit accepter ces conditions ou soit alors on fait nos bagages et on rentre chez nous...

Source : enquête de terrain, Juin 2016

Encadre 7 : entretien avec Momo, 56 ans, paysan Bamiléké à Nkoupa're

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