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Foncier et stratégies d'accès et de contrôle dans les anciennes plantations coloniales au Cameroun. L'exemple de la compagnie ouest Cameroun.

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par Jonas Aubert Nchoundoungam
Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2016
  

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c) Les paysans

Le terme paysan ainsi utilisé dans ce contexte, désigne toute personne physique ou morale qui cultive la terre, pratique l'élevage du petit bétail (volaille, ovin et caprin, etc..) à la C.O.C. et ses environs. Le paysan est à la base d'une importante activité de production, de distribution et de consommation. Parmi eux, nous distinguons : le paysan autochtone, le paysan non autochtone ainsi que les migrants. Traits respectifs des autochtones, allochtones et des migrants, types d'acteurs rencontrés à la C.O.C.

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Contrairement à la situation foncière qui existait durant la période coloniale, stimulant peu l'exploitant paysan à investir car la terre pouvait lui être retirée du jour au lendemain sans motif valable. Le paysan à l'exception des autochtones qui peuvent revendiquer un droit d'autochtonie et d'appartenance au terroir, est considéré comme le principal acteur, à la base du jeu foncier dans les plantations de la C.O.C.Ils ne sont pas propriétaires des terres au sens propre du terme, mais juste usufruitiers, car dans les conditions précédent leurs installations, la terre en pays Bamoun et autour des plantations de la C.O.C, ne leur appartiennent pas. Elles sont toutes sous l'autorité du roi. Des droits de propriété au sens propre, les paysans qu'ils soient autochtones, allochtones ou migrants n'ont que des droits délégués d'exploitations (Hallaire, 1991 ; Chauveau et Lavigne, Delville, 2002).

Cependant, l'on observe à la C.O.C. et dans ses environs, une stratification assez frappante où, la question identitaire s'impose avec force et explique en partie les rapports sociaux observés entre les différents paysans Bamouns et les autres; si le nombre d'ouvriers encore présent sur le site de campement de la C.O.C. démontre à suffisance la faible présence de ceux-ci dans cet espace, le nombre de paysans travaillant la terre est plus précis. Sur les trois cents trente-huit paysans présent à la C.O.C en 2005, les Bamouns ne représentent que 25% (BUCREP, 2010).Les Bamouns sont peu travailleurs comparés aux Bamilékés et aux Nso, car non loin d'être un peuple agricole, ceux-ci sont un peuple de guerrier (Champaud J., 1983).Bien connu le fait que ce soit les chefs traditionnels (Nji Ngwèn)qui accueillent et installent les autres, les Bamouns s'en orgeuillissent peu du travail de la terre, ce qui les intéressent davantage c'est de pouvoir posséder et d'en disposer convenablement de la terre pour installer davantage de migrants (Kua, 44 ans, paysans à Kouoptamo).

Ici à la C.O.C., il reste très peu de personnes capables de te dire la vérité sur les conditions de leurs arrivées ici.

Moi je suis né ici (plantations de la C.O.C.), et il n'y aucun sujet concernant cette plantation, que je ne sois capable de me prononcer. À l'époque des Blancs, mes parents avaient été transportés ici sous Bonmattin (premier directeur de la C.O.C.) tout comme bon nombres de Bamilékés que tu pourras encore rencontrer sur ce campement qui par ailleurs reste le seul où, il y a encore signe de vie. Or durant les saisons de gloire, il y avait au total six campements villageois. Quand les ouvriers arrivaient, les blancs par l'entremise des contremaîtres, vous donnaient une parcelle de moins de 200 m2 pour que vous puissiez cultiver de quoi vous nourrir, vous et votre famille. Mais ces parcelles se trouvaient toutes, dans les superficies de la plantation. Au fil du temps avec la taille de la famille qui s'alourdissait, ces parcelles devenaient très insignifiantes car les cultures déployées ne pouvaient plus suffire à nourrir tout le monde. Ainsi donc, pour ceux qui avaient fait beaucoup d'enfants, il y avait une autre stratégie pour accroitre nos rendements et cela ne se faisait pas sans risque majeur, car on cultivait et récoltait en cachette dans les superficies que les blancs avaient prévues pour le développement du vivrier et du maraicher (respectivement 500 ha et 10ha ; Ngongang, 1987).

Il était interdit à un ouvrier d'avoir des parcelles de cultures autres que celles données par les blancs, car ils craignaient que les ouvriers ne délaissent les taches dans les plantations coloniales pour se consacrer à leurs propres parcelles étant donné que la culture du café avait été libéralisée. Néanmoins seuls les Nji Ngwèn et les chefs de lignages déjà présents et qui avaient un pouvoir économique très fort pouvaient le faire.

Avec le temps, la démographie de la localité s'est accrue, les blancs ne pouvaient plus donner des terres dans les périmètres de la plantation à tout le monde. C'est donc comme cela que les ouvriers ont commencé à aller cherché des terres tout autour des plantations du domaine de la C.O.C. toutes ces terres appartenaient aux Nji Ngwen qui sont des émissaires du roi. Il fallait soit louer, soit venir travailler dans les plantations de café que ceux-ci entretenaient afin de revendre les récoltes aux blancs. Et c'est comme cela que mes parents eux- aussi ont pu acquérir des droits d'usages sur des parcelles en dehors du domaine de la C.O.C.

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Source : enquête de terrain, Juin 2016

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Encadre 8 : entretien avec Henri T., 83 ans, paysan Bamiléké et ancien ouvrier à la C.O.C De ce qui précède, l'on comprend aisément qu'en ce qui concernait les colons français, il n'était pas question d'une quelconque ségrégation. Tout le monde en dehors des chefs traditionnels et des chefs de lignages, étaient considérés comme des ouvriers.

En ce qui concerne la tenure du sol, les ouvriers uniquement qui avaient été transportés sous l'égide de l'ORT, seuls-eux, bénéficiaient de quelques parcelles de fortunes que l'administration coloniale de la C.O.C. leur garantissait. Il était proscrit d'avoir des terres en dehors du domaine de la C.O.C. La question que l'on se pose à ce niveau est celui de comprendre comment procédaient à cette même temporalité, les migrants qui étaient installés dans les espaces autour de la C.O.C. et quelle est la situation foncière actuelle ?

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