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Foncier et stratégies d'accès et de contrôle dans les anciennes plantations coloniales au Cameroun. L'exemple de la compagnie ouest Cameroun.

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par Jonas Aubert Nchoundoungam
Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2016
  

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II.PERSPECTIVES

La problématique de la question foncière dans les anciennes plantations coloniales au Cameroun et parlant, du cas précis de la C.O.C est très cruciale pour le devenir même des paysanneries du monde rural en milieu camerounais. En effet, au Cameroun, l'agriculture occupe plus de 60% de la population totale. Pour ce faire les paysans et particulièrement les cultivateurs ont besoin non seulement des terres mais des bonnes terres pour pouvoir produire durablement.

Or pour l'ensemble, les anciens domaines sont en crises et représentent pour l'ensemble, des bonnes terres très fertiles et susceptibles de favoriser la production agricole à grande échelle. Les difficultés et les contraintes liées à l'acquisition foncière des parcelles dans ces ex-domaines plongent les paysans, eux qui sont à la base de la chaine de production dans une situation de précarité foncière très accrue.

À la C.O.C, les tentatives paysannes d'accès à un plus grand nombre de parcelle s'est avérée être un échec car la terre commence à se faire rare vu la démographie croissante de la région et la recrudescence de la mercantilisassions de la terre qui croit au fil du temps. Pour

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cause, leur revenu insuffisant ne le permet pas. Ces derniers se retrouvent alors très souvent en train d'envahir sans autorisations préalable, les parcelles du domaine, aux risques de se faire molester, pire au prix de leurs vies, ou alors souffrir de se voir leurs récoltes expropriées. Lors de nos différentes missions de terrains, certains paysans exprimaient leurs mécontentements vis-à-vis des autorités traditionnelles villageoises, considérées ici comme les grands « propriétaires terriens » car, lorsque survient un problème entre les différents acteurs au sujet d'une même parcelle, l'un des acteurs plus riches et mieux instruit, peut mobiliser plusieurs instances de régulation non plus traditionnelles mais étatique. Dans bien des cas les transactions foncières entre les paysans et les chefs traditionnels se font le plus souvent de façon verbale. Mais lorsqu'on arrive à se retrouver par exemple devant un juge, les autorités traditionnelles se désolidarisent des paysans et les exposent à la merci des sanctions juridiques relevant du droit moderne.

A notre départ, des tentatives de regroupements paysans s'organisaient pour former des groupes stratégiques capables de porter ensemble, les revendications de ces paysanneries qui n'ont d'autres sources de revenus que le travail de la terre. Ils réclament l'accès à un plus grand nombre de parcelles et une certaine sécurisation de leurs droits d'usages de la terre que seules les instances d'accès, de régulation et de contrôle de la terre étatique peuvent leur garantir.

De tout ce qui a été présenté dans la première partie, l'on se demande s'il faut continuer à maintenir le titre foncier de la C.O.C. qui empêche véritablement les paysans de produire abondamment et ce, de façon durable sur un espace quasiment à l'abandon ? Et où, seules la volonté du plus fort et le pouvoir économique des paysans, font loi, caractérisant et déterminant l'appropriation foncière ?

Tous ces questionnements n'ont véritablement été élucidés par l'Etat, propriétaire de toutes les terres du territoire. Il est censé garantir et réguler l'accès au foncier à un plus grand nombre. La logique du titre foncier s'impose encore avec force, marginalisant davantage les paysanneries dans l'accès au foncier, car ceux-ci sont très pauvres, s'ils ne peuvent louer davantage de parcelles à cause de leurs faibles revenus, à plus un titre foncier et toutes les procédures afférentes ?

Face à tous ces obstacles traditionnels et institutionnels, les paysanneries de la C.O.C s'accrochent, espèrent de voir le jour où enfin, les instances de contrôle et de régulation de l'accès à la terre prendront conscience des enjeux de la libéralisation des terres aux paysans ceci dans l'optique d'améliorer la production agricole, de garantir la sécurité alimentaire, mais surtout de concevoir cette libéralisation foncière comme facteur de développement.

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Le sujet «foncier et stratégies d'accès et de contrôle dans les anciennes plantations coloniales : l'exemple de la C.O.C ou le reflet d'un territoire en crise » ainsi présenté ci-dessus s'inscrit dans une perspective d'analyse et de compréhension des dynamiques Villes-Campagnes, notamment par la clarification sur les notions du droit ainsi que les stratégies d'appropriation foncière en milieu Camerounais.

À la question de savoir qui à qui appartient les terres de la C.O.C ? Nos études nous démontrent à suffisance les rapports de force observés entre le pouvoir traditionnel Bamoun, les paysans et l'Etat, les plus forts ayant tendance à léser les autres. Il démontre en outre, la forte emprise et le rôle des instances traditionnelles et du pouvoir traditionnel Bamoun sur la gestion et la distribution des terres de ce territoire. En effet, avec l'ordonnance de 1974 fixant le Régime foncier au Cameroun, l'on aurait cru que cette ordonnance permettrait un affaiblissement des structures foncières traditionnelles Bamoun sur la gestion et la distribution des terres, mais jusqu'à nos jours un étrangers ne peut déployer un investissement immobilier ou un système de production en pays Bamoun si il n'a auparavant reçu l'autorisation du roi ou du Nji Ngwen.

Outre ceux-ci, le jeu d'acteurs à la C.O.C, démontre aussi la prédominance des comportements égoïstes et malhonnêtes des uns (autochtones) au détriment des autres (étrangers). L'on assiste chaque année à des phénomènes d'expulsions de ces derniers, des parcelles sur lesquelles ils y déploient des systèmes de productions. Néanmoins, le développement agricole y est maintenu grâce au potentiel foncier indéniable de la localité bien même qu'il soit entaché d'insécurité, cela n'empêche nullement les paysans dans leurs pratiques. Ainsi sur des petites parcelles comprises entre 100 et 800 m2, les paysans parviennent à générer des rendements très surprenant. Ils sont obligés de recourir à la polyculture sur un même espace, ce qui peut au moment des récoltes être très laborieux pour ses paysanneries dont la main d'oeuvre se limite très souvent à la seule taille de la famille.

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Planche VII

Photo 1 : association de plusieurs cultures (Maïs en arrière-plan et Gombo à ras de sol) sur une même parcelle

Photo 2 : jeune paysan Bamiléké récoltant des produits maraichers sur sa parcelle.

Photo 3 : regroupement de produits vivriers aux abords d'une voix de communication afin de faciliter l'acheminement vers les Marchés de Kouoptamo et de Foumbot.

Photo 4 : embarcation des produits vivriers au marché des vivres et frais de Foumbot en destination des marchés métropolitains de Yaoundé, Douala et ceux de la sous-région CEMAC.

À la question des stratégies d'accès et de contrôle de la terre, nos travaux démontrent le poids de l'autorité traditionnelle sur les espaces environnant les plantations de la C.O.C. Le grand flou qui existe au niveau de la paternité des titres même de cette plantation, associé à cela l'action des gardiens ayant la charge de surveiller cette plantation rend difficile l'accès et l'usage effective de ces terres par les paysans. Des stratégies de contrôle de la terre,

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l'instigation de la peur et de la crainte de représailles instaurer les chefs traditionnels et les gardiens de la plantation C.O.C. ralentissent toutes démarches paysannes d'appropriation foncière frauduleuse non pas seulement dans ce domaine qui fait désormais l'objet d'une répartition entre les fils de Jean Fochivé mais aussi sur les espaces contrôlés par les autorités traditionnelles locales.

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