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Foncier et stratégies d'accès et de contrôle dans les anciennes plantations coloniales au Cameroun. L'exemple de la compagnie ouest Cameroun.

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par Jonas Aubert Nchoundoungam
Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2016
  

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3. Structure de la C.O.C, un espace en crise : comprendre l'assaut villageois par l'abandon

Parlant de la structure de la C.O.C, celle-ci est l'exemple type d'une grande exploitation qui cherche à se maintenir. L'immensité de celle-ci entraine une occupation illégale des bordures par des populations villageoises voisines (Moupou, 1991 ; Dé L., 1997). Au centre de la plantation se trouve le bâtiment administratif, l'infirmerie, le garage, l'usine et la cantine. Les campements ouvriers étaient construits de façon à les rapprochés le plus possible des parcelles cultivées en café et en cultures vivrières. La résidence du directeur de l'exploitation se situait sur un cône volcanique qui domine l'exploitation de façon à lui permettre d'avoir une vue d'ensemble sur la quasi-totalité de la plantation. Sur le pion de la C.O.C se trouvait un boisement dont les abords étaient utilisés par les boeufs. Sur les 2400 hectares, 624 hectares étaient encore occupés de façon permanente par le café et dont la frange sud avait été brulée en mars 1990 (Moupou). Ainsi structuré, la C.O.C avait les productions les plus élevées de toutes les plantations coloniales installées en pays Bamoun. Toutefois le 23 juillet 1941, la production caféicoles du pays Bamoun étant de 875400kg, les stocks des plantations de la C.O.C à elle seule atteignait parfois 350 tonnes25. Mais à l'heure actuelle, la tendance est à l'inverse, l'espace est en crise. Des bâtiments administratifs à l'infirmerie en passant par le garage et l'usine de torréfaction du café, il n'en reste que des vestiges. Les tracteurs et les machines ont tous disparu, ne laissant aucune trace, preuve que

24 Bart, 1980 ; p.301-317

25 ANC - VT36/309

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l'espace est à l'abandon et sujette à l'envahissement. Les paysans aux vues des nouvelles réalités, c'est-à-dire un espace fertile abandonné, des gestionnaires presque inexistants, se déversent dans ce domaine pour accéder à des parcelles de terrains. Cependant, il arrive parfois que plusieurs paysans ne parviennent à s'entendre sur une même parcelle. Cette situation débouche assez souvent sur un conflit. Les zones de conflits sont le plus souvent celles qui sont proches des voies de communications afin de faciliter l'acheminement des produits vivriers vers les centres de commercialisations.

Carte 2 : Présentation des espaces de conflit à la C.O.C

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PLANCHE I

Photo 1 : Juin 2016

Bâtiment principal qui servait autrefois de direction centrale de la C.O.C. il ne reste de nos jours de cette somptueuse société agricole à caractère industrielle, que des vestiges.

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Planche II

Photo 1 : Février 2016

Pancarte situé au niveau du centre financier, l'on connait très peu de plantations en Afrique en général et au Cameroun en particulier qui possèdent de telle structure si ce n'est des sociétés

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agricoles avec une bonne organisation structurelle. Aujourd'hui toutes ces structures n'existent plus, il ne reste que des traces, preuve que la C.O.C est en crise.

Photo 2 : Juin 2016

A l'arrière-plan, les ruines de l'entrepôt de stockage des productions caféicoles et vivrières autour duquel gravite de nos jours des cultures paysannes de céréales en l'occurrence le maïs.

Planche III

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Photo 1 : Juin 2016

L'infirmerie a cédé place à la brousse. Du matériel et des équipements de soins, l'on n'en retrouve que quelques vieux lits d'hospitalisation.

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2

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Photo 2 : Février 2016

L'usine de torréfaction du café et le séchoir qui permettait le séchage du café ne s'identifie plus de nos jours. Seules les grandes surfaces dallées en ciment nous permettent encore de l'identifier. De l'usine de torréfaction, il ne subsiste plus que quelques piliers, preuve que le temps a eu raison du bâtit.

Planche IV :

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Photo 1 : Avril 2016

Des points de ravitaillement en eau potable qui existaient autrefois « à la C.O.C, il ne reste plus que cette résurgence, qui est considérée ici comme la seule source d'eau (non)potable de toute la plantation, et que les quelques paysans encore présent sur le site utilise.

Photo 2 : De l'édifice religieux servant autrefois de lieux de recueillement (mission catholique), il ne reste plus que des vestiges. La C.O.C, structurellement parlant n'existe plus, elle est morte.

Planche V

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Photo 1, 2, 3, 4, 5 : Avril 2016

Les habitations des campements ouvriers ne tiennent plus que sur un fil, preuve d'un espace en crise.

Un tel espace, structurellement et fonctionnellement dénaturé ne peut que susciter davantage la convoitise et les appétits des paysans, qui du moins recherchent pour la plupart non pas seulement des terres, mais quelle qualité de terre ? Celles-ci se trouvent être le domaine de la C.O.C. cet accaparement foncier par la C.O.C suscite du mécontentement de la part des paysans vu que le domaine est en crise, presque à l'abandon, où les seuls signe de vie se trouve sur les deux campements du « carré », partie apparemment réservée à Jean Fochivé.

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Mon père était un grand notable, très respecté des paysans et des populations des villages voisins jusqu'à Foumbot même. Il a vaillamment travaillé et servi les blancs, puisqu'il était ouvrier dans cette plantation (C.O.C). Je ne vais pas revenir sur l'histoire des titres fonciers de cette plantation car vous connaissez l'histoire «il se raconte à l'échelle locale, que le père de notre interlocuteur, un notable très respecté de la communauté Bamoun, ancien ouvrier à la C.O.C, aurait reçu en récompense des colons blanc, pour ses loyaux services et son dévouement au bon fonctionnement de la C.O.C, les titres fonciers de cette somptueuse et prestigieuse entreprise. Ce dernier aurait été assassiné pendant qu'il dormait paisiblement dans sa case par un groupe assez important d'individus, tous cagoulés, et dès lors aurait perdu les titres fonciers légitimes de cette plantation». Il faut que vous sachiez que les blancs de façon verbale avaient partagé des parcelles aux différents notables des villages sur lesquelles s'étendent cette plantation avant de partir. Par la suite certains notables ont vendu leurs parcelles. En dehors des parcelles octroyées aux notables, il y a eu une appropriation par des groupuscules, qui n'étaient autres pour la plupart que les Bamilékés. A ce moment (après le départ des colons blanc) c'est la loi du premier occupant qui prime. Sachant que les terres de la C.O.C leur appartiennent dorénavant, ils les louent à des nouveaux venus. C'est pourquoi, je vous dis qu'il n'y a pas de désordre à la C.O.C, car dire que les plantations de Fochivé sont prises d'assaut par les paysans serait aggraver les choses. Fochivé d'ailleurs à sa parcelle la bas, la partie qu'on appelle le « secteur du carré », partout où il y a le café, lui appartient. En dehors de cette parcelle, plus rien ne lui appartient encore là-bas car c'est bien structuré. Moi-même j'ai loué une parcelle vers le sommet pour y cultiver des vivres.

Source : enquête de terrain, Juin 2016

Encadre 5: entretien avec Kamougué, 45ans, cultivateur, Foumbot

Des trois cent trente-huit personnes pour un total de quatre-vingt-dix-huit ménages26 présentes sur le domaine de la C.O.C, il n'en reste environ que quatre-vingt personnes. Ils sont entre autres, des bamilékés, tribu dominante sur le site, des Nso, des paysans Bafia venus du Mbam

263e Recensement General de la population et de l'Habitat de 2005 publié par le Bureau Central de Recensement de la Population (BUCREP) en 2010

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par la plaine Tikar, les Bororo, agropasteurs peuls et les Bamoun, peuple autochtone mais minoritaire de nos jours sur les campements de la C.O.C.

Bamoun

5%

Bafia

7%

25%

Nso

Bamiléké Nso Bamoun Bafia Bororo

Bororo

13%

Effectif

Bamiléké

50%

Source : enquête de terrain février- juin 2016

Graphique n°1 : Répartition des tribus présentes à la C.O.C

Le tableau ci-dessus présente les différents groupes ethniques encore présent à la C.O.C. De ce graphique, il apparait clairement que l?ethnie autochtone Bamoun a presque disparu, les Bamiléké étant alors restés maitres du domaine??. Sont-ils véritablement les maitres du domine ou alors de simple squatters?? ? qui contrôle véritablement la terre à la C.O.C ?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo