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Analyse qualitative de l?abandon de taekwondo de compétition chez les jeunes de haut niveau en tunisie

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par jihed abdouli
Institut Supérieure du Sport et de l'éducation physique GAFSA  - Mastère de recherche en sciences humaines et sociales appliqués aux activités physiques et sportives 2013
  

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Troisième partie :

Présentation et discussion des résultats

II. Résultats :

L'axe de la famille: en fonction du « background » sociologique ; le Taekwondo est un élément qui diffère d'une famille à une autre : 

Certaines familles (les familles favorisées) sont préoccupées aux résultats sportifs de leurs enfants. Ils acquièrent des récompenses symboliques qui constituent un capital collectivement instauré, entretenu et partagé par le joueur et sa famille.

Suite à la remise en question des hiérarchies enquêteurs/enquêtés. Nous avons remarqué que les bénéfices sportifs majeurs étaient toujours considérés pour les parents comme une source de mépris . Les ex joueurs (sujet1 ; sujet 5 et sujet 8) décrivent ce capital symbolique comme une source importante de suffisance qui s'inscrire dans le désir familiale et ses attentes : le «taekwondoyste« refuse de perdre le profit de ce capital symbolique et de s'impliquer dans la dépossession des membres de sa famille : La plus part, ont évoqué l'appréhension de « décevoir » un père, une mère, un frère ou une soeur : par ailleurs, ils justifient le désinvestissement en évoquant la crainte de la blessure qui semble considérée comme cause principale de l'abandon précoce.

Sujet 5 d'une fratrie composée d'une seule fille, sa mère cadre universitaire et son père Chef d'entreprise, l'engagement sportif pour lui semble s'inscrire dans le désir de sa famille. Il se présente comme athlète au grand potentiel, et semble être considéré comme une source de fierté.

« J'avais envie d'arrêter le Taekwondo mais j'ai longtemps continué pour faire plaisir à ma soeur et à ma mère. Je me suis forcé pour ne pas décevoir. (...) ma soeur m'a reproché d'avoir arrêté parce qu'elle était fière de son frère, fière de dire ce que je faisais à ses copains. Pour elle j'ai gâché quelque chose, elle dit souvent que je n'aurais pas du arrêter. Mais, il a fallu me casser les deux bras et les deux jambes sinon j'aurais continué ! »

Chez certains joueurs et spécifiquement ceux qui appartiennent aux familles populaires, sont considérés comme des calculateurs rationnels des coûts et des bénéfices (Lucie.Forté ,2006), qui cherchent à maximiser leur gain et à minimiser les dépenses. Pour cela, le désengagement peut se manifester quand l'analyse coûts/bénéfices qui est exprimée par une insatisfaction survenant quand les coûts sont supérieurs aux bénéfices. Dans le domaine sportif, les récompenses ou bien les bénéfices peuvent représenter des conséquences appréciables comme l'argent, ou les trophées. Les coûts représentent généralement l'ensemble de consécrations, comme le temps et les efforts passés dans l'activité y compris les expériences psychiques comme les sentiments d'échec ou le sentiment d'un manque d'autonomie... De ce fait, lorsque le rendement de la participation ne sera plus suffisant, les joueurs interrompent une activité.

«J'ai rien à voir que des coupes et des médailles qui sont exposées sur le buffet de la salle à manger. C'est la honte vraiment... Ceci ne procure que des bénéfices symboliques face aux efforts que je fournis et de nombreux sacrifices tant pour moi-même que pour ma famille aussi, j'étais même obligé de payer beaucoup de choses (transport, tenue vestimentaire, la visite médicale...) avec mon propre argent... » (Sujet 4, d'origine populaire).

Le processus de transmission d'un goût pour la pratique de Taekwondo constitue cependant un critère très différenciateur des deux types de famille (favorisée et populaire) : Par ailleurs, ce processus de transmission se traduit par des formes spécifiques de socialisation qui construisent un rapport au corps  performant et impliquent l'acquisition d'un sens de la compétition. (L.Forté&Ch. Mennesson ,2012). Ces modes de socialisation sont influencés de manière significative par le « background » social de l'individu et notamment la classe sociale et le rapport au sport de ses parents.

 L'axe de l'école : le rapport aux études, orientation professionnelle et investissement sportif ; une situation à double rôle.

La plus part des athlètes interrogés affrontaient des conditions scolaires particulières : répartition de cursus tout au long de la journée, orientation dans des filières qui minimisent les heures de récupération et les activités personnelles (14 sur 16 sont inscrits sur les carnets scolaires sauf que sujet 13 et sujet 14)°. La grande majorité des interviewés ont associé l'expression « réalisation de future» à une réussite professionnelle et, dans leur discours, tous accordent une place majeure à leur investissement scolaire. Alors que le Taekwondo n'est pas envisagé comme un domaine sérieux qui exige d'un métier potentiel. Le plus souvent les joueurs justifient ce point de vue en évoquant aussi la crainte de la blessure qui viendrait interrompre prématurément leur carrière. La poursuite d'un projet professionnel semble totalement incompatible avec la pratique du sport de haut niveau présente une corrélation importante avec le fait de cesser (Lucie.Forté ,2006) de pratiquer le Taekwondo.

« Je me suis toujours dit que je passerai le baccalauréat. D'abord, j'ai commencé à réduire les entraînements avec les révisions du concours et là j'ai réalisé que je n'aurais bientôt plus le temps de faire du sport : entre les titres et le travail personnel, ça n'est vraiment pas compatible ». (Sujet 9, une fille, d'origine sociale populaire)

Notons que la famille semble exercer des effets à la fois directs et indirects sur l'investissement sportif : les perspectives évoquées par les athlètes de haut niveau sont apparues comme étant souvent liées aux professions et loisirs familiaux.

Les propos de Sujet 12, une fille, d'origine populaire, illustrent l'influence d'adhésion aux attentes de l'institut universitaire sur son engagement dans les premières étapes des études universitaires.

« Il était nécessaire de s'engager dans les études supérieures tout en prenant en compte la réalité des choses : ma famille n'a pu supporter encore plus les frais de mon entrainement et sur tout de mon adhésion à l'équipe nationale (j'avais à me déplacer avec mon propre argent) ... il était nécessaire de s'engager dans les études de l'université et arrêter le Taekwondo pour pouvoir continuer le droit de toucher des allocations et éviter le risque de redoublement ... j'ai arrêté le Taekwondo après le baccalauréat parce que tout devenait insupportable. »

L'axe des amies : Relations amicales et milieu sportif ; une relation plus ou moins forte entre l'engagement et la persévérance dans les relations amicales.

En fonction de la manière de communication entres les sujets, nous avons pu identifier deux types d'articulations entre les milieux amical et sportif.

La première forme d'articulation consiste à attacher une importance au milieu des amis extra-sportifs. Un ancien joueur de Taekwondo explique par exemple que ses fréquentations amicales extra sportives l'ont conduit à fumer ses premières cigarettes et à découvrir les « joies » des sorties en discothèque.

« C'est dur de ne pas se laisser influencer parce que quand j'ai quitté le collège, je suis arrivé dans un lycée où on était mélangé, il n'y avait pas que des sportifs. Et là, sans s'en rendre compte, petit à petit, on se détache du groupe d'entraînement on fréquente d'autres bandes d'amis, on les suit en boite, on se met à fumer. On ne sait plus trop comment se positionner par rapport aux copains du groupe d'entraînement ». (Sujet 4, un garçon, d'origine populaire)

Cependant, une articulation cloisonnée des milieux amical et sportif n'est pas systématiquement néfaste (Lucie.Forté, 2006) à la pratique de Taekwondo. Elle peut permettre de diminuer le stress lié aux exigences sportives et de prévenir certaines troubles dépressives, une sorte de distraction.

« Quand je le peux, j'essaye d'oublier un peu le Taekwondo. Avec mes amies le weekend on va à la compagne, on fait du sport, ça me permet de ne pas tout le temps penser aux compétions et par là même de moins stresser. (...) L'été je prends un mois de vacances. C'est primordial, j'ai besoin de cette coupure : de tout oublier pour retrouver l'envie à la rentrée ».( Sujet 10, une fille, d'origine moyenne)

Le deuxième type d'articulation concerne les joueurs qui attachent une forte importance à leurs amis intra-sportifs, plus particulièrement les filles. Plusieurs d'entre elles ont évoqué l'existence de phénomènes d'exclusion liés à des rivalités sportive, géographique, et amoureuse au sein de l'équipe nationale féminine. Parfois, ces tensions deviennent trop pesantes :

« J'ai arrêté le Taekwondo parce qu'il était presque impossible de se faire des amis : trop de clivages et de jalousies entre les filles. Certaines ont pour objectif d'aller en stage ou en sélection afin de s'adonner à leur au sport et de faire fi du reste. Moi pas ».( Sujet 14 , une fillette, d'origine moyenne)

L'axe des partenaires amoureux (ses) : Des relations amoureuses plus ou moins intégrées au milieu sportif.

Tous les sujets ont évoqué la difficulté d'adopter à la fois pratique de Taekwondo de haut niveau et relation amoureuse avec un partenaire extérieur au milieu de Taekwondo. Les raisons évoquées sont en relation à une inaptitude de subir tous les exigences de ses partenaires et de réaliser ces attentes voulues. Le quasi totalité des joueurs qui se sont désinvestis fréquentait, au moment de l'arrêt, un partenaire amoureux extra sportif. Ici encore, l'articulation cloisonnée des deux milieux génère souvent des tensions.

Il apparait que la fréquentation de choisir des partenaires intra-sportifs chez les filles est plus importantes que chez les garçons, c'est apparue très considérable en terme d'une variation des attentes en fonction du sexe. À ce titre, il convient de signaler que les filles «taekwondoystes« de haut niveau « s'autocensuraient » plus fréquemment que leurs homologues masculins dans leur investissement sportif.

Les propos de sujet 15, une fille d'origine populaire, illustrent tout ça :

« Mon petit copain, comme moi il a fait partie de l'équipe nationale. Il habite un peut loin d'ici mais je le vois en stage et dans certaines compétitions ! Quand j'étais membre de l'équipe nationale. J'avais choisi les joueurs d'un bon niveau pour qu'ils puissent comprendre quand je ne peux pas les voir ou quand je m'entraîne. Ça m'évite de m'éparpiller. »

Lorsque les opportunités locales de rencontrer un joueur de haut niveau sont faibles, ces superpositions plus ou moins conscientes, volontaires et stratégiques impliquent le développement de relations courtes (le temps d'un stage ou d'une compétition) ou à distance (Lucie.Forté, 2006) ; le maintien et l'entretien d'une relation est alors le fait d'une variété de moyens de communications : réseaux sociaux, téléphone, courriers électroniques, des SMS.

L'axe de Taekwondo : l'identité de genre ; une tendance à catégoriser ce sport comme approprié ou non.

Nous avons pu remarquer que certaines joueuses ont été désinvesties sous prétexte que le Taekwondo provoque leur nature féministe. Ce qui est mis en cause, ce sont les critères de la féminité, définis par la société et qui s'articulent principalement autour des apparences. L'« être au féminin », c'est-à-dire ce qui est considéré comme faisant la femme, est souvent réduit à l'« être perçu » (Bourdieu, 1998). La définition de la féminité est forcément rapportée au corps des femmes pour lequel des normes s'émergent.

La référence à la femme Fine apparaît encore pour celles qui ont un signe sexuel ressembles aux hommes (des bras trop musclés, des épaules trop carrées, des poitrines non proéminentes ou bien des hanches gommées). Celles-là ont des apparences considérées au mieux comme « hommasses » ou encore, désignation banalisée et qui se veut parfois élogieuse, « des garçons manqués », et qui affecte immédiatement leur identité de femme : « Ce ne sont pas de vraies femmes », « Le sport menace leur beauté ». On sait que le rapport au corps des femmes est socialement déterminé et surtout qu'il est « sans cesse exposé à l'objectivation opérée par le regard et le discours des autres » (Bourdieu, 1998)

De ce fait les joueuses de Taekwondo essayent d'éviter cette activité qu'était inadaptée à leur sexe. Puisqu'elles ressentent une insatisfaction psychologique en recevant des avis négatifs vis-à-vis d'eux-mêmes et de la société lorsqu' elles s'engagent réellement dans ces activités. Sinon elles seront considérées comme Indifférenciées.

Ce comportement est également souligné par sujet 13, une fille d'origine populaire.

«  Deux choses m'éloignent de cette activité sportive : mes épaules qui sont devenues trop carrées et mes hanches aussi sont rétrécis ! Je déteste par-dessus tout me retrouver comme masculine et déguisée de la féminité et ça renvoie à des qualités qui sont reconnus contre ma nature féminine ... En dehors de la pratique, j'essaye d'avoir une vie de femme normale. Je m'habille dans la mesure du possible d'une manière féminine, je choisis des vêtements qui cachent mes formes, je me maquille un peu. En tant que femme, je ne suis pas contente de ces fores, ça ne me plait pas du tout.»

« Bref le Taekwondo c'est dé.sa.gré.able... sur le moment parce que je dois adopter à la fois la combinaison d'un corps sportif de Taekwondo fort et puissant et femme fine et passive, qui serait sûrement très difficile. »(Sujet 16, une fille, d'origine populaire).

Cette dernière avance dans son discours pour nous démontre la construction même d'un sentiment de culpabilité chez elle, à cause de son choix de pratiquer le Taekwondo en rappelant son horrible souvenir.

-« Quant à moi mon plus malheureux souvenir est le décès de mon adversaire,  j'avais 12 ans je connaissais rien à la vie,  je me rappelle très bien de l'événement parce qu'il a bouleversé la vie, le moment où mon adversaire est tombée suite a un coup de pied dans la tête, j'ai pleuré en croyant qu'elle était juste en coma, son entraineur et ses proches l'ont ramené à l'hôpital. Soudain mon coach est venu vers moi en criant pour me dire "Sawsan !! La fillette est décédés...Khawla est morte". C'est la chose la plus horrible...»

Cependant, nous avons pu remarquer l'inverse chez les garçons, le Taekwondo est en faveur du sexe masculin.

« Oui ! En tant que male le Taekwondo s'adapte bien à ma personnalité. Et quand je lis mes résultats, j'ai l'impression de vivre quelque chose de spécial. Je me sens plus fort, plus à l'aise... je ressens une confiance que je n'ai pas toujours eu.» (Sujet 9, un garçon, d'origine populaire)

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery